L’Association pour le Souvenir de l’Exil Républicain Espagnol en France (ASEREF) s’indigne des propos tenus par le secrétaire national du Parti Socialiste, monsieur Harlem Désir, lundi 21 janvier 2013 lors de l’émission « Mots Croisés » sur France 2. Le sujet de l’émission était l’intervention française au Mali. Le Secrétaire du Parti Socialiste, député européen, a tenu les propos suivants :
« Juste avant cette émission, j’étais à Montreuil où nous organisions une réunion de solidarité avec le peuple malien et j’ai vu des hommes et des femmes, beaucoup de Maliens de France, qui étaient à la fois inquiets, pour leur pays, comme ont pu être des réfugiés, vous savez, des Espagnols ou autres qui ont été accueillis en France au moment où leur pays traversait des drames, ou des guerres, et qui en même temps étaient fiers de la solidarité de la France qui étaient soulagés, qui étaient reconnaissants ».
Monsieur Harlem Désir n’ignore pas l’Histoire. Ces propos ne relèvent pas d’une méconnaissance de ce qui s’est passé en 1939 lors de l’exil des républicains espagnols, ces propos confirment la volonté au plus haut niveau de l’Etat de nier certaines pages honteuses pour la France. S’il y a eu en France solidarité à l’égard des réfugiés espagnols, elle venait du peuple français et non pas des autorités gouvernementales de la troisième République.
C’est bien le gouvernement du Président du Conseil Radical-socialiste Edouard Daladier qui enferma des dizaines et des dizaines de milliers de républicains espagnols dans des camps de concentration, plusieurs milliers y sont morts.
C’est bien le gouvernement de la troisième République qui en 1939 a signé des décrets de surveillance des espagnols, qui les a fiché camp par camp. Des fiches récupérées ensuite par Vichy pour faire déporter les espagnols vers l’Allemagne nazie ou les renvoyer chez Franco.
C’est bien la France de la troisième République qui a utilisé les espagnols dans l’économie nationale pour remplacer la main d’œuvre française mobilisée par la mise en place de compagnie de travailleurs étrangers étroitement surveillées.
N’est-ce pas le ministre de l’intérieur du cinquième gouvernement radical-socialiste de monsieur Daladier qui signe cette circulaire aux Préfets le 30 octobre 1939 ?
Extraits :
« Il m’est apparu qu’il était nécessaire de préciser à nouveau les conditions dans lesquelles doivent être utilisés les miliciens espagnols internés dans les camps du Sud-Ouest (…) ne seront désormais employés à titre individuel, soit dans l’industrie, soit dans l’agriculture, que les miliciens sur lesquels des renseignements favorables auront été recueillis (…) en conséquence les services de police devront effectuer une enquête minutieuse concernant la conduite de ces étrangers depuis qu’ils sont en France et, si cela est possible, leur activité avant leur arrivée dans notre pays (…) Placement dans l’industrie et l’agriculture : les miliciens pourront être mis à disposition , ils seront nourris par leurs employeurs et hébergés par la commune (…) je vous rappelle qu’il convient de soumettre les intéressés à la surveillance des services de police et de faire vérifier notamment s’ils rejoignent, chaque soir, le local où ils sont logés… » signé : Le secrétaire général du Ministre de l’Intérieur J. Berthoin. ».
Ainsi Monsieur Désir la France de la Troisième République montrait sa « solidarité » à l’égard des espagnols par une surveillance de chaque instant par les services de police, par leur exploitation éhontée dans l’industrie et l’agriculture.
« Ces espagnols étaient reconnaissants …» dites-vous. C’est la France qui devrait être reconnaissante à l’égard des républicains espagnols qui ont dans la résistance et dans l’armée contribué à libérer la plupart des villes de France dont Paris.
Comme nous l’avons déjà écrit au Président de la République, François Hollande, nous demandons vérité, justice et reconnaissance officielle pour les républicains espagnols. Nous demandons que ces pages de l’histoire que vous voulez occulter puissent intégrer les manuels scolaires.
Vos propos à la télévision relèvent d’une volonté de travestir l’Histoire et de l’enjoliver, ils sont choquants. Je tenais au nom familles et descendants des républicains espagnols et de tous leurs amis vous faire part de notre indignation et de notre volonté de mettre au grand jour une réalité historique que vous essayez de nier.
Eloi Martinez Monégal
Président de l’Association pour le Souvenir de l’Exil Républicain Espagnol en France (ASEREF)
Fils d’un républicain espagnol interné au camp de concentration d’Argelès sur Mer en février 1939
Résistant en Normandie et en Ariège et intégré en 1944 dans les FFI
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