Réuni le dimanche 11 novembre 2023, le Comité central du PRCF a adopté à l’unanimité cette motion au sujet de la situation internationale, caractérisée par la confrontation croissante entre l’Axe UE-OTAN et le bloc anti-hégémonique hétéroclite et nourri de contradictions, mais qui a au moins le mérite de s’opposer à la logique belliciste mortifère qui menace le monde d’une conflagration nucléaire, de Cuba à la mer de Chine en passant par l’Ukraine, l’Afrique et la Palestine.
Une motion plus que jamais en phase avec l’actualité et qui rappelle la nécessité de reconstruire un Mouvement communiste international (MCI) et d’articuler les multiples fronts existants, comme y appelèrent Lénine, Dimitrov ou Mao Zedong. Il en va de la paix de la mondiale et de la survie du genre humain !
MOTION SUR LA SITUATION INTERNATIONALE PROPOSEE AU COMITE CENTRAL DU 12 NOVEMBRE 2023
Par Georges G., mandaté par la commission Internationale
RESISTER ENSEMBLE A L’AGRESSION GENERALISEE DE L’IMPERIALISME-HEGEMONISME ETATS-UNIEN ET DE SES VASSAUX CONTRE LA SOUVERAINETE DES PEUPLES, LES LIBERTES DEMOCRATIQUES ET LA PAIX MONDIALE
I – DENONCER LA MARCHE EURO-ATLANTISTE ACCELEREE VERS LA GUERRE MONDIALE IMPERIALISTE
La situation mondiale est de plus en plus menaçante, voire explosive, pour ce qui subsiste de la paix mondiale. Celle-ci est méthodiquement torpillée par l’hégémon (1) du monde capitaliste-impérialiste actuel, l’impérialisme états-unien escorté par ses zélés vassaux anglo-saxons (« AUKUS » (2)), mais aussi par le Japon en plein réarmement ainsi que par le régime sud-coréen. Sans oublier bien sûr l’Union européenne indéfectiblement arrimée à l’O.T.A.N. et servilement suivie et servie par le régime Macron.
Provoquée par l’expansion continue vers l’Est de l’U.E.-O.T.A.N. aux dépens de la Fédération de Russie, l’escalade militaire occidentale sans limite dans la guerre dite russo-ukrainienne et l’agression continue du régime pronazi de Kiev à l’encontre du peuple ouvrier et russophone du Donbass s’accompagnent désormais d’une déstabilisation majeure du Proche-Orient et d’une aggravation permanente du siège potentiellement génocidaire de l’enclave de Gaza organisée par le fasciste Netanyahou et par ses parrains washingtoniens. Sûr de l’impunité que paraît lui conférer ad vitam aeternam la protection nord-américaine, Tel-Aviv se permet même désormais officiellement de bombarder aussi la Syrie souveraine comme il a déjà frappé l’Iran. Dans ces conditions, les risques de conflagration générale entre Israël et ses protecteurs euro-atlantistes d’une part, le peuple palestinien en lutte, la population chiite du Liban et l’Iran, voire la masse des peuples arabo-musulmans et de tous les humains épris de justice d’autre part, s’accroissent vertigineusement. Au lieu de tenter de calmer le jeu, l’irresponsable Macron ne trouve rien de mieux à faire que d’aller proposer en Israël la formation autour du gouvernement fasciste d’Israël d’une « Grande Coalition » euro-atlantiste analogue, aux dires du chef de l’exécutif français, à celle qu’a naguère déployée Washington « pour abattre Daesh » (sic). Qui ne voit pourtant que, par ses effets géopolitiques hautement prévisibles, la réalisation de ce projet provocateur pourrait fournir un déclencheur direct à la Troisième Guerre mondiale !
– Dans le même temps, les Etats-Unis, docilement secondés par la Marine française croisant à 12 000 km de l’Hexagone (!), patrouillent dans le Détroit de Taiwan en violant le fondement diplomatique des relations sino-américaines depuis la rencontre historique organisée à Pékin entre Nixon et Mao ; à savoir qu’«il n’y a qu’une Chine » ! Et comme si cela ne suffisait pas, le Pentagone se sert de la Marine philippine pour « tester » en Mer de Chine les réactions politico-militaires de Pékin …
– Washington nourrit également une tension militaire à haut risque avec Pyongyang dans la Péninsule coréenne où, depuis les années 1950, les U.S.A. entretiennent une armada destinée à maintenir artificiellement l’état de guerre entre les deux parties de la Corée ;
– Alors que le gouvernement euro-atlantiste fantoche de Géorgie réclame à cor et à cris son rattachement à l’U.E.-O.T.A.N., la Turquie atlantiste et néo-ottomane d’Erdogan profite de l’instabilité mondiale pour harceler, encercler, et si possible, liquider l’Arménie postsoviétique. Ouvertement armée par Israël, Ankara téléguide à cette fin l’Azerbaïdjan turcophone (qui vient froidement de procéder à la purge ethnique du Haut Karabakh), l’U.E.-O.T.A.N. étant ravie de son côté de pouvoir ainsi déstabiliser le Caucase frontalier de la Russie. Tout cela met en danger la vie des populations caucasiennes qui vivaient jadis en bonne intelligence au sein de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques…
– En Amérique latine, l’Oncle Sam assiège économiquement Cuba socialiste et tente de stranguler les pays de l’Alternative bolivarienne des Amériques (AL.B.A.), Nicaragua, Venezuela, Bolivie politiquement ralliés par le Honduras…
– En Afrique, le retrait piteux et précipité de l’impérialisme français en déroute s’accompagne à la fois d’une salutaire offensive des peuples, notamment au Burkina Faso, au Niger ou au Mali, et de manœuvres de l’impérialisme US pour faire main basse sur la région en activant ses relais néocoloniaux locaux, comme on l’a récemment vu au Gabon. De son côté, Macron affame le Niger en dressant contre lui le Nigéria et la « C.E.D.A.O. ». Quant au Ruanda de Kagamé, son intrusion militaire continue en R.D.C. saigne à blanc la République démocratique du Congo avec la bénédiction des impérialistes occidentaux. Lesquels ont déjà semé l’ingérence, la scission territoriale et le chaos au Soudan !
Bref, si tous les fronts de cette pré-guerre mondiale finissaient par « faire jonction » à l’initiative de l’O.T.A.N. (dont le chef de file Jeff Stoltenberg clame qu’ « elle a les moyens de tenir tous les fronts »), la conjoncture géopolitique pourrait vite devenir celle d’une mondialisation de la guerre. Avec, à l’arrière-plan, l’usage, quasi inévitable à terme si la guerre mondiale éclate, d’un énorme surarmement nucléaire potentiellement exterminateur pour l’humanité et pour toute forme de vie organisée sur Terre. On n’en est que plus effaré de voir les Verts, un mouvement jadis pacifiste et activement opposé à l’O.T.A.N., se conduire en fer de lance de l’interventionnisme et du bellicisme euro-atlantiques en Ukraine et dans le Caucase ! Ne parlons pas de l’attitude non moins guerrière et objectivement atlantiste du (ou des) N.P.A. (particulièrement de la fraction Besancenot-Poutou) sur ce dossier !
Les pièces de cette possible conflagration mondiale s’ajustent de plus en plus précipitamment les unes aux autres alors que les graves problèmes sociaux, sanitaires et environnementaux posés à l’humanité nécessiteraient au contraire la mobilisation de tous les moyens financiers, scientifiques et techniques existants, et ce dans chaque pays comme à l’international, pour liquider la misère, en finir avec l’analphabétisme, supprimer la faim, sauvegarder la biodiversité mondiale en voie d’effondrement, contrer l’angoissant emballement climatique, en un mot, préserver ensemble l’avenir de notre espèce, voire celui du vivant terrestre globalement menacé ! Comme l’avait prévu Marx, cet état de fait angoissant résulte de la dégénérescence historique du mode de production capitaliste dont l’auteur du Capital disait déjà qu’il « ne produit la richesse qu’en épuisant la Terre et le travailleur ». Cela signifie que, plus que jamais, notre époque porte l’exigence objective d’une transition révolutionnaire entre le capitalisme-impérialisme à bout de souffle et la société communiste de l’avenir dont l’avènement le plus universel possible devient proprement vital pour l’humanité. Faute de quoi, comme l’envisageait encore Marx, le genre humain n’aurait plus guère « le choix qu’entre un effroi sans fin et une fin pleine d’effroi »…
II – EN FRANCE ET DANS LE MONDE, FASCISATION GALOPANTE, RABOTAGE DES SOUVERAINETES NATIONALES, ATTAQUES FRONTALES CONTRE LES TRAVAILLEURS…
Cette marche impérialiste à la guerre mondiale sur tous les fronts s’accompagne d’une tendance générale, de plus en plus marquée dans l’actuelle France américano-alignée et en voie d’euro-dissolution, à la régression sociale globale, à la fascisation accélérée, au recul même plus dissimulé des salaires réels, tout cela sur fond d’arasement des conquêtes du Front populaire et des avancées sociales dues aux ministres communistes de 1945/47. Pour ne parler que du sous-continent européen, ce sont l’U.E. et ses relais de plus en plus despotiques de France et d’ailleurs qui orchestrent les régressions sur tous les fronts (chez nous : casse des retraites, de la Sécu, de la valeur réelle des salaires, des services publics, du R.S.A., du produire en France, etc.). C’est encore l’U.E. arrimée à l’O.T.A.N. qui prend appui sans vergogne sur les régimes ouvertement facho-nostalgiques d’Italie, de Hongrie, d’Ukraine, des Pays baltes, etc. ; c’est toujours l’U.E. qui impulse un processus de fascisation continentale en cultivant la monstrueuse équation négationniste « communisme = fascisme« : le but étant de diaboliser rétrospectivement l’U.R.S.S., et dans la foulée la Russie actuelle, de stigmatiser tous les militants ouvriers de classe, de désorienter en profondeur la jeunesse populaire et de banaliser in fine l’extrême droite raciste, l’intégrisme religieux, l’antisémitisme recuit et la xénophobie sous toutes leurs formes (résolution du 16.09.2021, résolution du Parlement français sur « l’Holodomor », etc.), voire de réhabiliter les bataillons néonazis ukrainiens que l’O.T.A.N. a carrément contribué à armer. Quelle hypocrisie que de voir ensuite ces mêmes eurocrates applaudis par des « intellectuels » stipendiés « déplorer » la montée de l’extrême droite alors que les euro-pouvoirs en place, Macronie en tête, font tout pour criminaliser leurs oppositions anticapitalistes, fussent-elles inconséquentes, tout en banalisant l’alternative de mort portée par Le Pen, Zemmour, Ciotti, et par leurs homologues européens !
C’est ainsi que dans la dernière période, la fascisation, la régression sociale et l’euro-dissolution ont effectué un saut qualitatif de nature préfasciste. Se servant du conflit « israélo-palestinien » surdéterminé par l’impérialisme étatsunien, le pouvoir macroniste, ministres de la « justice » et de la police en tête, a notamment édicté une circulaire scélérate qui criminalise par avance tous ceux, députés non alignés, syndicalistes internationalistes, militants anti-impérialistes, intellectuels critiques, organisations franchement communistes, qui refuseraient le narratif gouvernemental à propos de la guerre engagée entre le régime « fasciste » de Netanyahou (dixit le maire de Tel-Aviv!) et le peuple palestinien dans son ensemble. La liberté d’expression est désormais lourdement violée dans notre pays, où des parlementaires non strictement alignés, voire des syndicalistes C.G.T. sont incarcérés par le pouvoir, et où le P.R.C.F. lui-même a récemment eu l' »honneur » d’être harcelé à la Fête de l’Humanité par des « journalistes » au comportement grossièrement flicard. Cette fascisation est inséparable de la casse sociale du pays (comme on le voit avec les poursuites sans précédent lancées par le Macronat à l’encontre de dirigeants et militants de la C.G.T.-Energie !). A son tour, ce saccage antisocial et antidémocratique du pays va de pair avec la vassalisation accrue de notre pays à l’égard de l’U.E.-O.T.A.N. et s’accompagne de la liquidation de tout vestige de la diplomatie gaulliste passée (laquelle entretenait des relations moins déséquilibrées avec la Russie, la Chine et le monde arabe). L’euro-défaisance de la France rime également avec le démantèlement de la « République une et indivisible » au profit de l’ « autonomie » sous contrôle européen (donc de l’inégalité renforcée) de certains « territoires » métropolitains (Corse, Bretagne, Alsace, etc.), avec en prime la relégation de la langue française au profit d’une officialisation paneuropéenne rampante de l’anglo-américain, avec le délabrement systématique des services publics (Education nationale, hôpitaux publics, Poste, E.D.F., etc.) sans oublier la dissolution en cours de Renault, de P.S.A., d’Alsthom, etc. dans des conglomérats capitalistes transnationaux comme Stellantis. Ces attaques contre la Nation ciblent tous azimuts la classe ouvrière et le monde du travail. Ces derniers sont attaqués dans leur emploi, leurs revenus salariaux, leur accès aux services publics, leur droit à la protection sociale et à la retraite, leur capacité à faire front tous ensemble en même temps à l’échelle du pays, sans oublier la diabolisation permanente des références mentales et symboliques qui permettaient jusqu’ici à notre peuple désorienté de se rapporter à son grand passé révolutionnaire.
III – DES RESISTANCES POPULAIRES ET PATRIOTIQUES APPELEES A S’INTENSIFIER SUR FOND DE VASTES CONTRE-ATTAQUES PROLETARIENNES
Cette offensive planétaire, européenne et hexagonale des milieux impérialistes et réactionnaires travestis en défenseurs des droits de l’homme est la réponse du capitalisme-impérialisme à la crise générale de son système taraudé par sa quête du profit maximal, par la baisse tendancielle de son taux de profit, mais aussi par le déclin de l’hégémon états-unien voué à la décrépitude politique interne (cf les affrontements à la tête de l’Etat fédéral américain), au déclin économique (endettement, contestation croissante du rôle mondial du dollar…), voire à la décomposition culturelle et sociétale (cf les fusillades absurdes que subissent chaque année aux U.S.A. les écoles, églises et supermarchés!).
Heureusement, face à cet état de fait, on observe en de nombreux pays une remontée des luttes et/ou des grèves ouvrières et paysannes (Inde, Etats-Unis, Grande-Bretagne, France…).
On constate aussi une salutaire prise de conscience des habitants des pays de l’Est, et notamment des travailleurs russes, à propos du bilan terrifiant de la destruction contre-révolutionnaire du socialisme.
De même on assiste en Amérique latine à une terrible bataille politique entre la pire réaction (libertarienne-fasciste, cf l’Argentine !) et une gauche patriotique et populaire qui se montre hélas inégalement avancée et idéologiquement résistante selon les pays concernés.
On doit également saluer l’éveil général de l’Afrique francophone, notamment de sa jeunesse urbaine rejetant la Françafrique néocoloniale de Niamey à Ouagadougou.
Enfin on constate une montée générale en puissance des B.R.I.C.S. dont les contradictions sont profondes, mais qui n’en sont pas moins, fût-ce inconséquemment et transitoirement, un puissant levier permettant aux milliards d’humain(e)s surexploité(e)s et dominé(e)s qui n’en peuvent plus de l’humiliation travestie en « liberté », de se dresser contre l’impérialisme euro-atlantiste ; lequel constitue à l’heure actuelle l’obstacle principal, sinon le seul, à un avenir franchement humain pour les membres de notre espèce.
C’est pourquoi, sans pour autant cautionner idéologiquement tout ce qui est fait au nom de la résistance au colonialisme israélien ou aux intrusions politico-militaires occidentales en Asie, en Afrique ou en Amérique latine, le P.R.C.F. ne renverra dos à dos le nouveau Drang nach Osten1 de l’U.E.-O.T.A.N. et la Fédération de Russie alliée au Donbass ouvrier, pas plus que le Pôle ne tracera jamais un trait d’égalité entre le pouvoir macroniste « traître à la France des lumières » (dixit le représentant malien à l’O.N.U. !) et les jeunesses d’Ouagadougou, Bamako ou Niamey admiratrices de Lumumba, de Dulcie September ou de Sankara. De même, le P.R.C.F. refuse-t-il toute forme d’équidistance (sans pour autant avaliser, par principe, quelque crime de guerre que ce soit perpétré par qui que ce soit et où que ce soit à l’encontre d’enfants ou de civils désarmés), entre, d’une part, le peuple palestinien martyrisé depuis sept décennies, et d’autre part l’armée coloniale structurellement prédatrice d’Israël et de son mentor étatsunien.
En outre, et sans trancher par avance la question digne d’études de savoir s’il existe ou non des éléments (mineurs ou majeurs, en puissance ou en acte) d’impérialisme ou de pré-impérialisme, au sens léniniste du mot, dans tel ou tel Etat se réclamant des B.R.I.C.S., notamment la Russie (et sans doute les réponses devront-elles être fort différenciées selon les 11 pays formant aujourd’hui les « nouveaux B.R.I.C.S. »), il faut considérer que l’impérialisme moderne a pris aujourd’hui, dans sa forme dominante, véritable clé de voûte du système capitaliste-impérialiste mondial, la figure maximalement dangereuse d’un hégémonisme mondial. Comme l’a démontré notre camarade, l’historienne émérite Annie Lacroix-Riz, la géopolitique des « sphères d’influence » impérialistes relativement étanches et périodiquement repartagées entre impérialismes complices et rivaux (fût-ce au prix de confrontations violentes périodiques) a été méthodiquement, et de plus en plus contestée et évincée par l’impérialisme étatsunien ; cette tendance proprement hégémoniste s’est affirmée crescendo et de manière de plus en plus cynique à partir du début du XXème siècle, les deux guerres mondiales et la disparition de l’U.R.S.S. marquant à chaque fois de nouveaux seuils d’agressivité et d’aspirations brutales à l’hégémonisme planétaire, dit « unilatéral » ou « unipolaire », sans aucun partage possible.
Cela ne signifie aucunement que l’ère des conflits inter-impérialistes serait révolue et que règnerait désormais sur le monde capitaliste un « hyper-impérialisme » harmonieux tel qu’en rêvait jadis le théoricien social-démocrate Kautsky, adversaire de Lénine. Au contraire, les conflits de ce type s’aggravent et on les voit poindre de manière mal dissimulée entre les U.S.A. et l’U.E. sous pilotage allemand à propos des hydrocarbures russes. Mais c’est précisément pour colmater ces lignes de faille inter-impérialistes et pour fédérer sous sa houlette l’ensemble de ses vassaux européens, japonais et autres, que ces derniers soient satisfaits ou sourdement insatisfaits de son étouffante hégémonie, que l’Oncle Sam redouble sans cesse d’agressivité contre la Russie et la Chine. Hier, Washington fédérait encore ses vassaux et concurrents impérialistes européens, océaniens, sud-coréens et japonais en les regroupant sous le drapeau de la croisade antisoviétique mondiale : aujourd’hui il procède de même sous l’étendard du « conflit global de haute intensité » fomenté par ses soins entre l’ « Occident global » (additionné du Japon et de la Corée du Sud) et l’axe défensif eurasiatique dont il pressent qu’il peut être soutenu par toutes les forces contre-hégémoniques de la planète, forces prolétariennes et populaires en tête. Et cela permet à Washington de faire coup double en ciblant militairement les rivaux « non systémiques » russe et chinois tout en ruinant ses rivaux « intrasystémiques » de la grande industrie allemande méthodiquement coupée du gaz russe qui l’alimentait à bas coût avant le 22 février 2022 et les « sanctions » économiquement suicidaires édictées par l’U.E. contre Moscou sur pression de Washington.
Dès lors, si l’on n’a pas tout oublié des leçons du dialecticien matérialiste Mao Zedong appelant, dans son essai De la contradiction, à distinguer entre l’ennemi principal et les ennemis secondaires du moment, entre la contradiction principale et la contradiction secondaire, entre les aspects principaux et les aspects secondaires de la contradiction, etc., et pour peu que l’on n’ait pas renié par ailleurs, de manière trotskisante, les attendus et les conclusions de l’ultime Congrès de l’Internationale communiste (rapport introductif et conclusions de Georges Dimitrov au VIIème congrès du Komintern) qui, tout en pointant le caractère impérialiste des U.S.A., de l’Angleterre et de la France d’alors, n’en désignait pas moins le camp nazi-fasciste comme l’ennemi n°1 des peuples2, il faut tenir l’ hégémon euro-atlantiste du capitalisme-impérialisme mondial pour l’ennemi n°1 des peuples et de la paix, et conséquemment, de tous les marxistes conséquents.
Cela n’implique aucunement d’idéaliser le régime contre-révolutionnaire de Poutine, contre lequel nous soutenons politiquement et idéologiquement les communistes russes, ni celui de Narendra Modi (Inde) et des autres B.R.I.C.S. contre la direction desquels nous appuyons au besoin, et s’ils le demandent, nos combatifs camarades des P.C. brésilien, indien, sud-africain, etc.
Il ne s’agit pas davantage de cesser toute discussion argumentée et documentée portant sur la Chine populaire ; il convient au contraire d’approfondir la réflexion du P.R.C.F. à ce propos en partant pour cela des orientations définies sur ce point par les conférences nationales. Pour autant il ne saurait être question de ravaler sommairement la R.P.C. au rang de « pays impérialiste » comme nous en font sommation certaines directions de Parti européens. Comment ignorer en effet qu’en Chine, c’est un parti se réclamant publiquement de Marx et de Mao – le P.C.C. – qui fixe l’orientation générale et que les secteurs stratégiques de l’économie sont demeurés publics en R.P.C. ? Comment négliger le fait patent que, sur demande de Xi Jinping, des cellules du P.C.C. interviennent désormais à nouveau dans chaque entreprise, y compris dans les entreprises capitalistes étrangères, et que les salaires, pensions de retraite et autres acquis sociaux sacrifiés à l’époque des « réformes » néolibérales des années 2000, ont été abondés ou (partiellement) rétablis ces dernières années ? Et comment méconnaître cette donnée lourde de la vie nationale chinoise que le P.C.C. est sans doute la seule force politique chinoise à même de garantir l’unité territoriale, la capacité de résistance militaire et la stabilité sociopolitique du pays face aux entreprises subversives récurrentes de l’impérialisme occidental (Hongkong, Tibet, Sinkiang…). Il est de même pour le moins précipité d’assimiler l’initiative chinoise planétaire dite Ceinture et Routes, qu’appuient désormais plus de 100 pays de l’Est et du Sud, à une entreprise impérialiste classique alors que nombre de pays du Sud y trouvent au contraire un moyen efficace de rattrapage technico-scientifique, voire une alternative au pillage néocolonial traditionnellement pratiqué par les ex-Empires coloniaux et par leurs institutions délétères (F.M.I., franc C.F.A., O.M.C., etc.). Il faut aussi noter que les relations politico-commerciales chinoises s’accommodent en général aux langues et aux coutumes de ses partenaires économiques (par ex. la Chine tient à parler français à l’Afrique francophone, ce que ne font presque plus les entreprises « françaises » du C.A.C. 40 travaillant avec elle !) en s’abstenant de s’ingérer dans les affaires des Etats-partenaires, et encore moins d’y provoquer périodiquement des coups d’Etat, voire des putschs carrément contre-révolutionnaires (cf au Burkina Faso, le renversement et l’assassinat de Thomas Sankara…).
C’est pourquoi, tout en réaffirmant son grand respect pour le K.K.E., pour ses luttes combatives en Grèce et pour sa grande histoire antifasciste, le P.R.C.F. ne peut que redire son désaccord avec une analyse géopolitique qui renvoie dos-à-dos l’impérialisme-hégémonisme euro-atlantiste et les pays grands ou petits qu’il agresse à toute occasion d’un bout à l’autre de la planète. Ce type d’amalgame politique ne peut en effet qu’émousser le « défaitisme révolutionnaire » des organisations anti-impérialistes occidentales ; il favorise également un trop confortable « ni-ni » qui ouvre une brèche à la russophobie et à la sinophobie déchaînées des impérialistes occidentaux et qui conduit même à considérer comme partiellement « légitime » la « résistance » du régime pronazi de Kiev.
Du reste il n’y a pas d’opposition de principe entre, d’une part, la construction de fronts larges contre l’hégémonisme et l’impérialisme, et d’autre part l’indispensable conquête par les partis communistes d’un rôle dirigeant dans le combat anti-impérialiste et, a fortiori, dans la lutte anticapitaliste. Plus que jamais, la lutte anti-impérialiste complétée par la lutte contre-hégémonique s’articule en définitive à la bataille pour sortir du capitalisme que peut seul mener le prolétariat international conduit par des partis communistes fidèles au léninisme. Il n’y a pas à choisir entre la réaffirmation de l’identité prolétarienne et léniniste des partis communistes, et leur présence aussi offensive que possible à la tête de larges fronts, qu’ils soient internationaux ou internes à tel ou tel pays; car une lutte conséquente contre l’impérialisme avec, à la tête des fronts anti-impérialistes, des partis communistes solidement arrimés au prolétariat, serait évidemment le meilleur moyen pour rouvrir la voie du socialisme-communisme à l’humanité comme on l’a vu notamment naguère dans les années qui suivirent la victoire de la Coalition antihitlérienne impulsée par l’U.R.S.S. Ni isolement ruineux, signifiant la défaite assurée du prolétariat et menant à une attitude semi-complaisante à l’égard du régime bandériste de Zelensky, ni alignement des P.C. nationaux et du Mouvement communiste international (M.C.I.) sur des forces bourgeoises ou petite-bourgeoises actives dans les fronts anti-impérialistes existants, mais intervention offensive des partis communistes pour construire de tels fronts, pour les orienter vers la victoire finale et pour mettre ainsi la classe ouvrière, pays par pays comme à l’international, dans les meilleures conditions possibles pour accomplir la révolution socialiste avec le soutien le plus large possible, non seulement des travailleurs salariés, mais de l’ensemble des couches populaires et non-oligarchiques.
Enfin il ne faut pas oublier que, comme les futurs fondateurs du P.R.C.F. l’expliquaient déjà à la veille de la « crise des euromissiles » de 1984, l’exterminisme s’affirme comme une dimension centrale du capitalisme impérialiste.Depuis longtemps en effet, le mode de production capitaliste est devenu historiquement obsolète si bien que son maintien de plus en plus violent et artificiel ne peut qu’exposer l’humanité à des risques croissants pour sa survie sur les plans militaire, environnemental, civilisationnel, etc. Il n’en faut déduire aucun pessimisme historique (ni « déclinisme » ni « effondrisme » désespérants !), mais un engagement militant accru à fédérer autour du combat prolétarien l’ensemble des forces qui veulent préserver la vie et faire du « bonheur commun » le « but de la société », comme en rêvait le grand révolutionnaire Gracchus Babeuf. Alors que l’humanité compte désormais plus de huit milliards d’individus, dont une majorité relative de jeunes, le mot de Paul Vaillant-Couturier « le communisme est la jeunesse du monde » et celui de Fidel Castro déclarant « le socialisme ou la mort, la (les) patrie(s) libre(s) ou mourir, nous vaincrons ! », entrent dorénavant en résonance de plus en plus fortement.
1 Ruée vers l’Est. Terme désignant la volonté du IIIème Reich de s’étendre au détriment des Slaves.
2 Dimitrov appelait du même coup, comme l’avait du reste déjà spontanément entrepris le P.C.F. à l’échelle nationale en 1934 sous l’égide de Thorez/Duclos/Frachon, à construire de larges Fronts antifascistes, patriotiques, populaires et pacifiques ainsi qu’une Coalition antihitlérienne mondiale
IV – QUE FAIRE DANS L’IMMEDIAT POUR DEFENDRE LA PAIX et L’AVENIR SOCIALISTE-COMMUNISTE DE L’HUMANITE ?
1°) Lier méthodiquement les luttes pacifiques, anti-impérialistes, contre-hégémoniques, antifascistes et anti-exterministes aux luttes sociales des travailleurs
En effet, Macron et ses ministres policiers voudraient détourner l’attention des masses, dont une bonne partie ne mange déjà plus à sa faim, qui se sont vu imposer une casse des retraites très impopulaire et qui ne « reconnaissent » plus la légitimité du régime. Dès lors, pour faire diversion, le pouvoir coupe les questions internationales des questions sociales « internes » à la France et il stigmatise, voire tente de réprimer, les forces qui refusent peu ou prou, y compris parfois de manière mal ciblée ou peu appropriée, de « s’insoumettre ». Au contraire, il faut aider les travailleurs à lier étroitement l’engagement pour la paix mondiale et les luttes pour la souveraineté des peuples au combat social pour les salaires, pour l’emploi, les conquêtes sociales, les services publics, le produire en France, les libertés démocratiques. C’est d’autant plus nécessaire que l’U.E. sert à la fois de pivot européen aux agressions extérieures de l’O.T.A.N., à la course aux armements en France et en Europe et à l’intérieur même de notre pays, au recul des salaires réels, au tassement des pensions, des indemnités chômage, des revenus de survie ainsi qu’aux fusions capitalistes transcontinentales et à l’écrasement progressif de la protection sociale, des retraites et des services publics.
2°) dans chaque action anti-impérialiste, il faut souligner l’unité de l’anti-impérialisme, de l’antifascisme, du patriotisme populaire et des contre-offensives sociales. Une même logique capitaliste inspire et commande en effet les attaques antisociales, la destruction de la dignité nationale, l’euro-fascisation du pays dopée par le négationnisme anticommuniste et la marche aux conflits continentaux et mondiaux « de haute intensité » décrite ci-dessus ;
a) concernant le Proche-Orient, il faut réaffirmer nos positions fondamentales : sans qu’il soit question de flirter le moins du monde avec les secteurs ultraréactionnaires qui profitent du conflit israélo-arabe pour réactiver le hideux antisémitisme, et pas davantage avec les racistes et autres xénophobes qui s’en servent symétriquement pour stigmatiser non moins globalement et non moins odieusement « les » musulmans de France et d’ailleurs, sans montrer non plus quelque complaisance que ce soit pour les positions intégristes, et cela, de quelque communauté religieuse qu’elles émanent (nous restons fondamentalement des militants laïques, comme l’a du reste toujours été l’O.L.P. de Yasser Arafat), nous n’en rejetons pas moins, là encore, toute espèce de ligne confortablement « ni-niste » traçant un lâche signe égale entre la politique structurellement coloniale d’Israël (et c’est plus vrai encore de nos jours s’agissant du fasciste exterminateur Netanyahou) et la résistance légitime du peuple palestinien nié et écrasé sous les bombes, si ce n’est menacé de purification ethnique massive, pour ne pas dire d’un franc génocide. Le droit à la résistance de ce peuple n’est du reste pas plus discutable juridiquement, politiquement et moralement que ne l’était celui du peuple français à résister comme il l’a fait, notamment par l’entremise de l’héroïque résistance armée des F.T.P.F. et des F.T.P.-M.O.I., durant la Seconde Guerre Mondiale !
Nous revendiquons donc haut et fort dans l’immédiat le droit des Palestiniens et des Israéliens à disposer chacun d’un Etat de plein exercice comme y obligent du reste les résolutions de l’O.N.U. et les Accords d’Oslo jadis signés par Israël et l’O.L.P. Or ces accords ont depuis lors été violés unilatéralement par Israël, lequel a même accéléré sa colonisation illégale et sa purge ethnique des terres palestiniennes tout en organisant une politique d’apartheid caractériséepar l’humiliation quotidienne des Palestiniens. Toutefois, la solution diplomatique immédiate dite « à deux Etats » n’interdit nullement de réfléchir, à terme, quand les terribles tensions actuelles seront un tant soit peu retombées, et dans la mesure où, bien entendu, les habitants de toute religion de cette région en auront librement débattu et décidé, d’un seul Etat démocratique, laïque et social clairement séparé de tout culte. Dans un tel cadre, les citoyens de langue hébraïque et de langue arabe de la région, qu’ils soient arabes, juifs, chrétiens ou libres penseurs, pourraient enfin construire leur avenir ensemble. Mais ce sera aux habitants des deux Etats de cette région d’en décider alors dans le respect mutuel, une exigence démocratique et humaniste de bon sens que la politique coloniale de Tel-Aviv a délibérément torpillée et compromise.
b) Concernant le Donbass, nous affirmons le droit de sa population ouvrière et russophone, historiquement attachée à l’U.R.S.S. et à la Russie soviétique, à s’affranchir du régime russophobe et pronazi de Kiev pour adhérer à la Fédération de Russie, comme l’a du reste souhaité avant elle la population russophone de la Crimée à une écrasante majorité. Sans cautionner idéologiquement l’anticommuniste Poutine, et tout en soutenant fermement, en Russie comme en Ukraine, les courageux partis communistes de ces pays, nous jugeons que la responsabilité de la guerre actuelle repose entièrement sur Washington, l’U.E. et l’O.T.A.N.… Ces derniers ont en effet tout fait pour opposer à Moscou les ex-pays socialistes d’Europe, mais aussi les Républiques baltes, la Géorgie, l’Ukraine, etc. dans le but de presser militairement la Russie, fût-elle devenue officiellement anticommuniste, de la recoloniser comme à l’époque de Boris Eltsine, de la séparer de la Chine populaire, pour, le jour venu, la dépecer territorialement ainsi que l’envisagent déjà publiquement certains milieux influents des U.S.A. – F. Hollande et A. Merkel ont du reste une responsabilité majeure dans la guerre russo-ukrainienne actuelle puisque l’un et l’autre se sont publiquement vantés d’avoir utilisé les Accords de Minsk, garantis par Berlin et Paris, comme un leurre diplomatique permettant à Kiev de continuer à s’armer tout en préparant une offensive militaire contre Moscou. La moindre des choses que l’on puisse demander en la matière est donc que la France officielle, n’en déplaise aux députés « socialistes », « écolos » et « communistes » qui ont honteusement voté les livraisons d’armes lourdes françaises à Kiev, milite enfin pour la désescalade et qu’elle apporte son aide aux efforts diplomatiques (par ex. le plan de paix chinois) pour prévenir une possible catastrophe d’ampleur mondiale en exigeant la reprise du dialogue Est-Ouest et du dialogue Nord-Sud.
c) Concernant la Chine,le P.R.C.F. condamne toute remise en cause de l’unité territoriale de la Chine, que ce soit au Sinkiang, au Tibet ou à Hongkong où il faut continuer de dénoncer les campagnes de désinformation antichinoises et anticommunistes des médias sous influence. Que ce soit dans le Détroit de Taiwan ou en Mer de Chine, la Marine nationale française doit cesser de jouer les supplétifs de l’U.S. Marine alors même que notre pays n’a, ni n’a jamais eu évidemment le moindre contentieux proprement national avec la Chine !
d) En Extrême-Orient, le P.R.C.F. soutient les efforts de la R.D.P. de Corée pour une réunification pacifique de la Péninsule sur la base du principe « Un pays, deux systèmes » ; l’unique préalable de cette réunification patriotique et pacifique du peuple coréen est le départ inconditionnel de l’armada américaine au Sud du pays.
e) Le P.R.C.F. condamne le réarmement massif du Japoncomme il fustige leretour du militarisme allemand en Europe à la faveur de cette revanche sur Stalingrad et sur les partisans communistes yougoslaves de 1940-1945 que sont, d’une part, l’envoi massif d’armes allemandes à Kiev pour « libérer l’Ukraine » (!), d’autre part la présence provocante de militaires allemands dans certains fragments de l’ex-Yougoslavie démembrée par l’O.T.A.N., voire l’encouragement donné par l’U.E.-O.T.A.N. aux gouvernants mafieux du Kosovo à tenter d’attiser une nouvelle guerre contre les Serbes au nord du Kosovo.
f) Le P.R.C.F. combat aussi les prétentions constantes de Berlin (des prétentions « accompagnées » à mi-voix par Macron !) à faire main basse sur le siège français permanent au Conseil de sécurité de l’O.N.U. et à disposer en outre du « parapluie nucléaire » français pour couvrir l’ensemble du territoire de l’Union européenne. Ce reniement de la doctrine officielle d’usage de l’arme atomique française ferait en effet courir des risques insensés à notre pays, y compris celui de sa disparition immédiate en cas de conflit européen majeur. Dans le même esprit, il faut dénoncer l’hégémonie allemande renforcée sur l’Europe via la mise en place totalement antidémocratique du prétendu « Etat fédéral européen » réclamé par Olaf Scholz et applaudi d’avance par Washington1. C’est cela que signifie la marche aux « Etats-Unis d’Europe » que portent les députés macronistes et L.R. avec le soutien de la fausse gauche euro-atlantiste et des Verts.
g) Soutenir la F.S.M. anticapitaliste, antifasciste et anti-impérialiste et dénoncer plus fortement le syndicalisme jaune de la C.S.I., de la C.E.S. ainsi que les apparatchiks des confédérations hexagonales qui les relaient. Pour faire aboutir leurs projets criminels contre les travailleurs, mais aussi contre les Nations souveraines et la paix mondiale, les oligarchies euro-atlantistes, M.E.D.E.F. et C.A.C. 40 en tête, doivent disposer de relais « syndicaux » à la tête des confédérations euro-formatées et douillettement installées dans les institutions de la société capitaliste. Héritière de la guerre froide antisoviétique et notoirement financée à l’origine par la C.I.A., la C.S.I. est entièrement dévolue à la collaboration des classes capital/travail qui sert à « mettre en musique » syndicalement les contre-réformes maastrichtiennes et les campagnes idéologico-militaires de l’impérialisme. Il en va de même de la C.E.S., cette courroie de transmission « syndicale » totalement soumise à la Commission de Bruxelles. Présidée ces derniers temps par Laurent Berger, l’ex-chef de file de la C.F.D.T. qui vient de mener les travailleurs français à une défaite retentissante, la C.E.S. milite elle aussi pour l’escalade en Ukraine. Face à cette entreprise de dévoiement du monde du travail, les militants franchement communistes militent haut et fort pour un soutien déterminé à la Fédération Syndicale Mondiale qui, lorsque la C.G.T. lui était affiliée, a contribué à l’international aux plus belles avancées sociales, humanistes et démocratiques de l’après-guerre en France.
3°) Pour la relance d’un Mouvement communiste international (M.C.I.) franchement communiste, anti-impérialiste et marxiste-léniniste – Il est dommageable que, en pleine mondialisation capitaliste, les communistes qui, avec Marx, ont inventé le concept moderne d’internationalisme, ne disposent toujours pas d’un véritable M.C.I. de combat, et moins encore d’une Internationale communiste, laquelle a été dissoute en 1943 sans que jamais depuis, le bilan de long terme de cette dissolution n’ait été collectivement dressé par les partis issus du Komintern. Sous peine de vider de tout contenu effectif l’hymne de combat de tous les communistes du monde, une discussion internationale rigoureuse sur ce bilan, et surtout, sur l’avenir de l’internationalisme communiste ne pourra plus être éludée très longtemps.
Le P.R.C.F. appuiera donc, comme il l’a toujours fait, tout effort visant à la renaissance d’un Mouvement communiste international de combat d’autant plus nécessaire qu’à notre époque de mondialisation capitaliste, toute lutte prolétarienne d’ampleur comporte nécessairement une forte dimension internationale au moins implicite. L’expérience récente montre que le M.C.I. ne doit pas tenter de se recomposer sur la base d’une ligne prédéfinie imposée par tel ou tel parti s’autoproclamant le guide de la renaissance internationaliste sans même avoir effectué la révolution socialiste chez lui; pour des raisons de principe et d’efficacité, cette reconstitution devrait s’opérer sur la base, pour chaque parti communiste national, de la recherche d’un profond ancrage prolétarien et populaire, de l’action anti-impérialiste continue de tous les partis communiste, de leur défense commune de la mémoire révolutionnaire contre le négationnisme historique, de leur engagement partagé pour la défense du marxisme-léninisme et contre toutes les variantes de droite et « de gauche » de révisionnisme et de dogmatisme, d’un effort constant pour dégager ensemble une analyse marxiste-léniniste commune des grands problèmes contemporains, de l’articulation dialectique des luttes d’émancipation sociale et des luttes d’émancipation nationale de manière à faire vivre au présent la devise du Komintern « Prolétaires de tous pays, peuples opprimés du monde, unissez-vous! ». Il s’agirait ainsi, non seulement d’éditer de temps à autre d’estimables « déclarations communes » peu suivies d’actions, mais de mener de véritables campagnes communistes internationales communes, par ex. sur les points suivants qui relèvent de ce que nous proposons d’appeler les travaux pratiques de la renaissance communiste internationale:
a) la solidarité politique indéfectible avec Cuba socialiste et avec les autres pays de l’AL.B.A.
b) la solidarité de classe internationaliste avec tout parti communiste, tout syndicat de classe persécuté en Europe ou ailleurs.
c) la défense de la mémoire communiste et révolutionnaire inlassablement diffamée par le négationnisme historique qui en profite sans relâche pour banaliser et réhabiliter doucereusement le nazi-fascisme, l’intégrisme fanatique, etc. Cela n’implique nullement de renoncer au droit inaliénable de tout Parti communiste, et plus largement, de tout historien marxiste, de procéder, s’ils le jugent utile, à une réflexion critique approfondie et argumentée portant sur le passé du Mouvement prolétarien international. C’est du reste à une telle critique que Marx avait jadis procédé dans La guerre civile en France après la défaite des Communards de Paris, Lyon et Marseille ; et c’est de cette indispensable critique marxiste que partirent Lénine et les bolcheviks pour concevoir avec rigueur les rapports entre Etat et révolution dans le processus complexe de la révolution russe. Mais bien entendu, cette critique ne prendra solidement pied sur le sol du communisme scientifique, elle ne se gardera efficacement de tout dérapage social-démocrate ou trotskiste que pour autant qu’elle ne s’autorisera jamais à franchir conceptuellement la « barricade de classe » en adoptant le point de vue, non pas des intérêts d’ensemble du prolétariat luttant pour une société sans classes (laquelle constitue le véritable « universel concret », pour parler un langage hégélien), mais celui de la bourgeoisie ou de la social-démocratie dissimulées derrière les abstractions indéfiniment malléables et manipulables des « droits de l’Homme » en général ou des « valeurs universelles de l’humanité » soi-disant « au-dessus des classes »2, ces camouflages protéiformes des manigances impérialistes.
Pour passer de la défensive apeurée à l’offensive culturelle généralisée, cette défense de la mémoire communiste impose de mener régulièrement des campagnes communes, à des dates emblématiques du communisme historique (Commune de Paris, Octobre 1917, Stalingrad, etc.).
e) le soutien résolu apporté au peuple palestinien et aux autres peuples affrontant l’impérialisme et ses créatures
f) la lutte commune résolue contre l’U.E.-O.T.A.N. et les autres institutions de l’euro-mondialisation capitaliste placée sous hégémonie euro-atlantiste. Dans ces conditions, l’un des mots d’ordre des communistes d’Europe ne devrait-il pas être clairement : « Monde pacifique ou Europe atlantique, il faut choisir ! » ?
Pour reconstituer le M.C.I. sur des bases combatives et pour en finir avec sa quasi paralysie actuelle aggravée par la dissolution unilatéralement prononcée par un parti de l’ « Initiative européenne des P.C. », il est urgent de ne plus héberger dans ce Mouvement, sur la base d’une simple routine historique devenue obsolète, les partis qui ont naufragé le camp socialiste, et/ou qui continuent de torpiller le communisme international, que ce soit initialement en suivant Gorbatchev ou l’ « eurocommunisme », ni bien entendu les mouvements trotskistes qui, de tous temps, ont combattu le socialisme réel tout en cultivant un gauchisme stérile. En particulier, il est contre-productif de continuer à accueillir dans le M.C.I. des partis affiliés au Parti de la Gauche Européenne, cette officine social-démocrate subventionnée par l’U.E. En effet, la fonction social-impérialiste du P.G.E., comme celle de la C.E.S. sur le plan syndical, est d’arrimer suicidairement les classes travailleuses d’Europe à une « construction » euro-atlantiste globalement aussi néfaste pour les peuples que pour la paix mondiale.
Enfinne saurait être tenue pour un avatar légitime de l’Internationale communiste léniniste une « Cinquième Internationale » dénuée de contours de classe et de délimitation doctrinale précisetmêlant des partis communistes et des partis patriotiques bourgeois ou petit-bourgeois. Cette manière confuse de procéder conduirait à dissoudre les P.C. existants dans un conglomérat non prolétarien alors que tous les peuples ont besoin de partis communistes, et aussi d’un M.C.I. pleinement indépendants, non seulement pour accomplir la révolution sociale, mais pour mener les combats anti-impérialistes à la victoire. Cette manière d’opérer ne serait pas moins contre-productive du point de vue du rassemblement des anti-impérialistes ; car confondre sommairement le regroupement anti-impérialiste avec le regroupement des Partis communistes et ouvriers ne peut qu’atrophier le périmètre du rassemblement anti-impérialiste nécessaire tout en aggravant la confusion idéologique dans les rangs marxistes.
1 L’Europe fédérale des régions fonctionnant sur le modèle et sous l’égide de la R.F.A. est promue par Macron sous les noms codés de « souveraineté européenne », d’ « armée européenne » et de « Pacte girondin »…
2 Le révisionnisme anti-léniniste des Gorbatchev, Chevarnadzé, Yakovlev, etc. se condensait dans la formule dévastatrice sous laquelle s’unirent tous les partisans de la « perestroïka » liquidatrice : « préférer les valeurs universelles de l’humanité aux intérêts de classes du prolétariat ». Cette formule signifiait, comme les fondateurs de la Coordination communiste du P.C.F., puis du P.R.C.F. le dénonçaient dès 1988, adopter le point de vue de la bourgeoisie dans les affaires nationales et internationales de l’U.R.S.S. et rechercher la convergence à tout prix (« l’unité de la civilisation », disait le jocrisse Gorbatchev) entre le Kremlin et la Maison-Blanche : on a vu à quelles énormes trahisons tout cela a mené dans la pratique.
A noter que la juste réponse des marxistes à « Gorby » et à sa clique renégate ne devait nullement consister à inverser platement la formule citée ci-dessus (« préférer les intérêts du prolétariat aux valeurs universelles de l’humanité » serait une formulation gauchiste, sectaire et dangereuse) et dont le caractère antidialectique saute aux yeux. L’œuvre de Marx et d’Engels prouve au contraire que l’intérêt universel concret de l’humanité passe dialectiquement par la lutte des classes prolétarienne menée jusqu’à la société sans classes et que c’est même cette dialectique concrète qui définit le communisme de la manière la plus matérialiste et rationnelle qui soit. Comme le dit le chant de lutte des communistes du monde entier, « l’Internationale sera le genre humain ».
C’est encore plus vrai à notre époque où le capitalisme-impérialisme-hégémonisme prend un tour exterministe si bien qu’il revient au communisme prolétarien d’assumer concrètement l’avenir global de l’humanité en s’efforçant de diriger la lutte nationale et/ou mondiale des travailleurs et des peuples contre la guerre mondiale et/ou la destruction environnementale globale objectivement générées par le capitalisme-impérialisme-exterminisme.
mbats anti-impérialistes à la victoire. Cette manière d’opérer ne serait pas moins contre-productive du point de vue du rassemblement des anti-impérialistes ; car confondre le regroupement anti-impérialiste avec le regroupement des Partis communistes et ouvriers ne peut qu’atrophier le périmètre du rassemblement anti-impérialiste nécessaire tout en aggravant la confusion idéologique dans les rangs marxistes.
Conclusion
Plus que jamais les communistes doivent conjoindre l’effort pour reconstituer, partout où ils n’existent pas encore, des partis léninistes liés aux travailleurs, et le travail visant à regrouper les forces anti-oligarchiques, antimonopolistes, voie contre-hégémoniques, tout en respectant les caractéristiques propres à chacun des niveaux d’intervention considérés. Le P.R.C.F. qui, à l’issue du travail pluri-décennal des commissions internationales successives de la Coordination communiste du P.C.F., de la F.N.A.R.C., puis du Pôle initialement animées par le camarade René Lefort puis par le camarade Daniel Antonini, correspond à l’étranger avec plus de cent partis et organisations communistes, approfondira ce travail en le liant étroitement au travail de reconstruction du parti communiste en France : car le plus grand service que le P.R.C.F. puisse rendre aujourd’hui au M.C.I., c’est de contribuer de toutes ses forces, encore modestes certes, mais en dynamique, à la renaissance d’un grand parti communiste de combat en France même.
(1) Terme de géopolitique qui désigne le chef de file mondial d’un camp d’envergure continentale ou planétaire, en l’occurrence l’oligarchie des U.S.A.
(2) Australia, United Kingdom (Royaume-Uni), United States of America, soit le premier cercle anglo-saxon des vassaux washingtoniens.
[1] Ruée vers l’Est. Terme désignant la volonté du IIIème Reich de s’étendre au détriment des Slaves.
[2] Dimitrov appelait du même coup, comme l’avait du reste déjà spontanément entrepris le P.C.F. à l’échelle nationale en 1934 sous l’égide de Thorez/Duclos/Frachon, à construire de larges Fronts antifascistes, patriotiques, populaires et pacifiques ainsi qu’une Coalition antihitlérienne mondiale
[3] L’Europe fédérale des régions fonctionnant sur le modèle et sous l’égide de la R.F.A. est promue par Macron sous les noms codés de « souveraineté européenne », d’ « armée européenne » et de « Pacte girondin »…
[4] Le révisionnisme anti-léniniste des Gorbatchev, Chevarnadzé, Yakovlev, etc. se condensait dans la formule dévastatrice sous laquelle s’unirent tous les partisans de la « perestroïka » liquidatrice : « préférer les valeurs universelles de l’humanité aux intérêts de classes du prolétariat ». Cette formule signifiait, comme l’auteur de ces lignes le dénonçait déjà dès 1988, adopter le point de vue de la bourgeoisie dans les affaires nationales et internationales de l’U.R.S.S. et rechercher la convergence à tout prix (« l’unité de la civilisation », disait le jocrisse Gorbatchev) entre le Kremlin et la Maison-Blanche : on a vu à quelles énormes trahisons tout cela a mené dans la pratique.
A noter que la juste réponse des marxistes à « Gorby » et à sa clique renégate ne devait nullement consister à inverser platement la formule citée ci-dessus (« préférer les intérêts du prolétariat aux valeurs universelles de l’humanité » serait une formulation gravement gauchiste, sectaire et dangereuse) et dont le caractère gravement antidialectique saute aux yeux. Toute l’œuvre de Marx et d’Engels prouve au contraire que l’intérêt universel concret de l’humanité passe dialectiquement par la lutte des classes prolétarienne menée jusqu’à la société sans classes et que c’est même cette dialectique concrète qui définit le communisme de la manière la plus matérialiste et la plus ramassée qui soit. Comme le dit le chant de lutte des communistes du monde entier, « l’Internationale sera le genre humain ».
C’est encore plus vrai à notre époque où le capitalisme-impérialisme-hégémonisme prend un tour de plus en plus exterministe si bien qu’il revient au communisme prolétarien et révolutionnaire d’assumer concrètement l’avenir global de l’humanité en s’efforçant de diriger la lutte nationale et/ou mondiale des travailleurs et des peuples contre la guerre mondiale et/ou la destruction environnementale globale objectivement générées par le capitalisme-impérialisme-exterminisme.