Le 11 juin 2019, l’agence XINHUA annonçait que les échanges entre la Russie et la Chine approchent désormais les 200 milliards de dollars. Le ministre russe du développement économique M. Oreshkin souligne que le « mémorandum de compréhension russo-chinois signé récemment à Moscou va aider à augmenter les échanges bilatéraux ». Ces échanges ont déjà atteint les 100 milliards d’euros en 2018.
Alors que Washington utilise le dollar comme instrument de guerre économique, organisant ainsi le blocus contre Cuba, le Venezuela ou encore l’Iran, le président russe Vladimir Poutine a appelé à « repenser le rôle du dollar » dans le système financier mondial, estimant que la monnaie américaine était devenue « un instrument de pression » utilisé par les États-Unis. Ce mouvement de dédolarisation s’est déjà amorcé en Russie où la banque centrale a compté qu’entre 2013 et 2017 la part de paiements en dollars américains dans les exportations de biens et services a décliné de 80% à 68%. Parallèlement, la part de l’euro est passée de 9% à 16% et celle du rouble de 10% à 14%. Pour les importations, le mouvement est moins fort mais la part du dollar est passée de 41% à 36%
Russie-Chine : le Sommet qui ne fait pas l’info !
par Manlio Dinucci
Les projecteurs médiatiques se sont focalisés le 5 juin sur le président Trump et les leaders européens de l’OTAN qui, pour l’anniversaire du D-Day, auto-célébraient à Portsmouth “la paix, liberté et démocratie assurées en Europe” en s’engageant à “les défendre en tout moment où qu’elles soient menacées”. La référence à la Russie est claire.
Les grands médias par contre ont ignoré ou relégué au second plan, parfois sur un ton sarcastique, la rencontre qui s’est déroulée le même jour à Moscou entre les présidents de la Russie et de la Chine. Vladimir Poutine et Xi Jinping, à leur presque trentième rencontre en six ans, ont présenté non pas des concepts rhétoriques mais une série de faits.
Les échanges entre les deux pays, qui ont dépassé l’an dernier les 100 milliards de dollars, se trouvent accrus d’environ 30 nouveaux projets chinois d’investissement en Russie, notamment dans le secteur énergétique, pour un total de 22 milliards.
La Russie est devenue le plus grand exportateur de pétrole en Chine et s’apprête à le devenir aussi pour le gaz naturel : en décembre entrera en fonction le grand gazoduc oriental, auquel s’en ajoutera un autre depuis la Sibérie, plus deux gros sites pour l’exportation de gaz naturel liquéfié.
Le plan USA d’isoler la Russie par les sanctions, opérées aussi par l’UE, et avec la coupure des exportations énergétiques russes en Europe, va être ainsi rendu vain.
La coopération russo-chinoise ne se limite pas au secteur énergétique. Ont été lancés des projets conjoints dans le domaine aérospatial et autres secteurs de haute technologie. On est en train de faire monter en puissance les voies de communication ferroviaires, routières, fluviales et maritimes entre les deux pays. En forte augmentation aussi les échanges culturels et les flux touristiques.
Coopération tous azimuts, dont la vision stratégique émerge de deux décisions annoncées au terme de la rencontre : la signature d’un accord intergouvernemental pour étendre l’utilisation des monnaies nationales, le rouble et le yan, dans les échanges commerciaux et dans les transactions financières, comme alternative au dollar encore dominant ; l’intensification des efforts pour intégrer la Nouvelle Route de la Soie, promue par la Chine, et l’Union économique eurasiatique, promue par la Russie, avec “la visée de former dans l’avenir un plus grand partenariat eurasiatique”.
Que cette visée ne soit pas simplement économique est confirmé par la “Déclaration conjointe sur le renforcement de la stabilité stratégique mondiale” signée à l’issue de la rencontre. Russie et Chine ont “des positions identiques ou très proches”, de fait contraires à celles des USA/OTAN, par rapport à la Syrie, l’Iran, le Venezuela et la Corée du Nord.
Elles préviennent : le retrait des USA du Traité FNI (dans le but de déployer des missiles nucléaires à portée intermédiaire au bord de la Russie aussi bien que de la Chine) peut accélérer la course aux armements et accroître la possibilité d’un conflit nucléaire. Elles dénoncent la décision des USA de ne pas ratifier la mise au ban total des essais nucléaires.
Elles déclarent “irresponsables” le fait que certains États, bien qu’adhérant au Traité de non-prolifération, pratiquent des “missions nucléaires conjointes” et leur demandent “le retour dans les territoires nationaux de toutes les armes nucléaires déployées hors des frontières”.
Requête qui concerne directement l’Italie et les autres pays européens où, violant le Traité de non-prolifération, les États-Unis ont basé des armes nucléaires utilisables aussi par les pays hôtes sous commandement étasunien : les bombes nucléaires B-61 qui seront remplacées à partir de 2020 par les encore plus dangereuses B61-12.
De tout cela n’ont pas parlé les grands médias, qui le 5 juin étaient occupés à décrire les splendides toilettes de la First Lady Melania Trump aux cérémonies du D-Day !
Édition de mardi 11 juin 2019 de il manifesto
https://ilmanifesto.it/russia-cina-il-vertice-che-non-fa-notizia/
Traduit de l’italien par M-A P.
En fait beaucoup de médias capitalistes en ont parlé avec la crainte que la Russie ne s’allie définitivement avec la Chine communiste et coupe tout lien avec l’occident (autrement dit que la Russie se libère de l’impérialisme comme la Chine communiste).
Pa contre l’Humanité boboisée a totalement occulté cet évènement et pour cause.