En se posant en chef de guerre sur la base militaire d’Abidjan en Côte d’Ivoire, Macron a voulu faire d’une pierre trois coups, dans une opération de propagande bien huilée avec la collaboration des rédactions des médias des milliardaires :
- prendre parti dans la campagne électorale ivoirienne pour soutenir le régime Ouattara impopulaire mais mis en place à la suite d’une intervention militaire de la France (opération Licorne);
- secouer les chefs d’État mis en place au Mali, au Niger, au Burkina Faso ou au Tchad par la France, coupables, selon Macron, de ne pas contrôler suffisamment leurs peuples : les manifestations populaires puissantes contre l’impérialisme français et sa présence militaire sous le label de l’opération Barkhane se multipliant, du Mali au Niger. C’est bien le sens également de la convocation à Pau des chefs d’État du G5 Sahel par Macron. Démontrant toute l’hypocrisie des propos sur la colonisation tenue par un Macron à Abidjan qui s’inscrit dans les faits exactement dans la même continuité de la Françafrique;
- se poser en chef de guerre, à grand renfort de communication sur les opérations militaires au Sahel, alors que le régime Macron est fragilisé par un puissant mouvement social contre la réforme des retraites en France. Démontrant une fois de plus que les guerres de l’impérialisme français frappent non seulement les travailleurs des pays où elles ont lieu, mais également les travailleurs de France.
Pourtant la situation au Sahel n’a rien de positif, ni pour les pays concernés, ni pour le peuple français. Des années d’interventions militaires françaises, avec les opérations Serval puis Barkhane n’ont pas amené la sécurité et encore moins la démocratie. Elles n’ont fait que conforter les pouvoirs anti-démocratiques et les régimes de corruption aux ordres de Paris, tout en préservant la main mise impérialiste de Paris et de ses multinationales sur les richesses de la région, notamment minières (uranium et bauxite notamment). Les massacres de civils, les morts très nombreux des armées malienne ou nigérienne et les morts dans les rangs de l’armée française montrent d’ailleurs l’absence de progrès effectifs contre les groupes armés.
Il est donc absolument indispensable d’écouter et d’entendre en France les voix progressistes et démocratiques qui s’élèvent au Mali, notamment celle des camarades du Parti SADI que nous avons sollicités.
Alors que des milliers de personnes manifestent à Bamako contre le président et l’armée française, quelle est l’analyse du parti SADI, l’un des principaux partis d’opposition progressistes au Mali ? Quelle alternative progressiste et patriotique est proposée par le parti SADI pour le Mali ? Serait-il possible de repousser les forces intégristes par les seules forces du peuple malien et de son armée nationale ? Quel avenir possible pour l’amitié entre les peuples de France et du Mali une fois surmontée la Françafrique néocoloniale ? L’entretien accordé par Oumar Mariko permet d’apporter des éléments de réponse précis et factuels, des propositions et des solutions pour le Mali. Une analyse et des propositions qui doivent être également entendues en France, où la problématique malienne n’est présentée que de façon univoque sous l’angle de la propagande de guerre de l’opération Barkhane, occultant la nature impérialiste des agissements de Hollande puis de Macron.
Mali : Entretien avec Oumar Mariko, président du parti SADI, 8 décembre 2019
Entrevue d’Oumar Mariko sur les questions sécuritaires au Mali, au Niger, au Burkina Faso ou au Tchad et la politique néo-coloniale de l’impérialisme français.