Par Georges Gastaud, auteur de « Lumières communes » et du « Nouveau défi léniniste » et Fadi Kassem
Personne, et notamment aucune femme consciente de ses droits pas plus que nul(e) ami(e) des Lumières, ne se réjouira de l’entrée triomphale à Kaboul d’une milice obscurantiste, intégriste et clairement phallocratique. Cependant nul ne doit non plus se lamenter, comme le fait à l’unisson la fausse gauche occidentale, de la nouvelle débandade subie à cette occasion par l’Empire américain et par ses piteux vassaux du conglomérat euro-atlantique.
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Après l’Irak et la Syrie, d’où les USA sont déjà repartis la queue basse, sans parler de Saigon 1975 où c’étaient clairement des communistes qui menaient l’assaut, c’est la troisième fois dans la période récente que les « invincibles » G.I. chassés par des « miséreux » mille fois moins harnachés qu’eux, doivent partir précipitamment en abandonnant armes et bagages et en « plantant » lâchement sur place leurs supplétifs locaux!
D’abord, souvenons-nous du fait que c’est cet impérialisme global qui a littéralement armé, financé, encadré et porté médiatiquement les sanguinaires seigneurs de guerre afghans et la Chouannerie fanatique afghane au cours des années 1978/92: c’était l’époque où le Parti populaire afghan aidé par l’URSS, tentait de mettre en place la réforme agraire, la modernité et la mixité scolaire tout en respectant la religion musulmane. Rappelons que l’Armée rouge n’a nullement « envahi » et « occupé » l’Afghanistan, comme le répète en perroquets de l’impérialisme la plupart des folliculaires de la gauche et de l’extrême gauche établies, euro-trotskistes en tête : c’est le gouvernement afghan légal qui, en vertu d’un traité soviéto-afghan signé par les rois afghans, avait préalablement demandé à l’URSS, conformément au droit international et aux règles de l’ONU, de l’aider à tenir tête aux ingérences de l’impérialisme US et aux rébellions suscitées par les féodaux menacés dans les campagnes arriérées et dans les montagnes reculées. On ne répètera jamais assez, notamment à l’usage des féministes bourgeoises et anticommunistes, qu’en 1980, sous les « méchants » communistes, il y avait une majorité de filles inscrites à l’Université de Kaboul!
Ensuite, parce que l’impérialisme euro-atlantique est le principal ennemi des peuples et de la paix mondiale. Rappelons que depuis 1950, pour ne parler que de lui, l’impérialisme US a mené plus de cinquante guerres fort loin de ses frontières, sans parler du nombre inouï de coups d’Etat fascistes que la CIA a suscités dans les pays du Sud, Amérique latine en tête. Et non seulement les USA ont alors constamment bafoué la souveraineté des Etats et la Charte de l’ONU, mais nulle part ils n’ont apporté la paix civile, la démocratie, l’émancipation sociale et l’instruction. Tout au contraire, ils ont systématiquement pactisé avec les forces les plus féodales et esclavagistes des pays où ils intervenaient (en quoi la pétromonarchie des Saoud, ouvertement dirigée par un équarisseur d’être humain, qui règne depuis un siècle sur la Mecque, qui se sert du Coran pour « tenir » les barils de pétrole et qui verrouille continentalement, pour le compte de l’impérialisme mondial, le très éruptif monde arabo-musulman, vaut-elle plus cher que les talibans, Messieurs les journalistes de France-Inter et de Libé, du point de vue des droits humains?).
La vérité, c’est que nos « grands journalistes » qui versent des larmes de crocodile sur le sort des femmes afghanes, déplorent surtout la fin de la toute-puissance nord-américaine qui a brièvement fait suite à l’implosion contre-révolutionnaire du camp socialiste européen. La vérité, c’est que ces messieurs, grands profiteurs de l’ « ordre » capitaliste-impérialiste mondial, redoutent surtout l’émergence irrépressible de pays comme la Russie et la Chine, et à leur suite, de ces milliards d’êtres humains sans terre et sans espoir qui sont les parias miséreux de l’ « ordre » impérial mondial. La vérité, c’est aussi que ces hypocrites se désolent de voir que, malgré le SIEGE en règle dont elle fait l’objet depuis soixante ans en vue de l’affamer, Cuba socialiste, conduite par son Parti communiste, « ne se vend ni ne se rend ». Bref, ce qui désole ces Messieurs-Dames des médias bien-pensants, c’est que touche peut-être à sa fin, si tous les militant du progrès humain le comprennent et agissent offensivement en conséquence, la nuit contre-révolutionnaire qui commença peu après 1975 quand, sous l’égide de Reagan, Kohl et Thatcher, avec le renfort de la social-démocratie (notamment de Mitterrand) et de l’ « eurocommunisme », l’impérialisme a lancé sa contre-offensive mondiale pour reconquérir l’initiative historique qu’il n’avait cessé de perdre de Petrograd 1917 à Ho Chi Minh-Ville 1975.
Alors, certes, on n’en est pas encore à la rouge aurore du socialisme-communisme de nouvelle génération nimbant la Terre entière : pour cela il faudra le ressourcement marxiste-léniniste plénier du Mouvement communiste international, voire la renaissance d’une Nouvelle Internationale Communiste alliée à un large Mouvement anti-impérialiste et à un vaste mouvement pour les Lumières et contre les « talibans » de toutes confessions. Mais ce n’est déjà plus tout-à-fait la nuit noire de la contre-révolution et de l’impérialisme régnant sans partage sur la planète. Bref, c’est l’aube, encore blafarde et indécise, « où blanchit la campagne », pour parler comme le Victor Hugo des Contemplations.
A nous tous, militants de la Renaissance communiste, de la Reconstruction des nations bafouées, de la Défense anti-impérialiste de la Paix, de la lutte pour la sauvegarde de l’environnement contre le Tout-Profit, à nous les syndicalistes de classe restés vigilants en pleine nuit pour ne « rien lâcher » des acquis du passé, de saluer cette aube nouvelle, de rester vigilants contre le retour des ténèbres… Et de préparer la rougeoyante aurore des luttes victorieuses de demain!