Déclaration de la commission internationale du PRCF – 22 février 2021
Par Pierre Pranchère, président de la commission International du PRCF, ancien représentant du PCF auprès du Front Polisario,
Georges Gastaud et Rachida El Fekaïr, membres du secrétariat national
L’impérialisme occidental et ses médias ont trop vite enterré les mouvements populaires dits du « Printemps arabe » qui, à la suite du renversement du despote Ben Ali et d’une manière inévitablement confuse en l’absence d’Internationale communiste et de partis communistes de masse, réclamaient, voici quelque dix ans, l’établissement plénier des libertés démocratiques, une indépendance nationale véritable affranchie des liens néocoloniaux, la fin de la corruption étatique, le développement économique et le progrès social.
Durant dix ans, les officines impérialistes et leurs alliés pétromonarchiques (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, etc.) ont tout fait pour dévoyer le « Printemps arabe » et pour susciter, sous ce nom usurpé, de sanglantes menées islamistes tournées notamment contre les États syrien ou libyen: le tort principal de ces deux régimes n’était nullement d’ailleurs, aux yeux des impérialistes, d’être brutaux, népotistes, répressifs et paternalistes (car le régime saoudien l’est dix fois plus sans que cela gêne en rien les capitales occidentales…), mais d’avoir osé nationaliser le pétrole et de porter encore quelques traces vestigiales du panarabisme et/ou du panafricanisme progressistes et socialisants des années 1960, tout en maintenant des liens avec la Russie « post-soviétique » (dans le cas de la Syrie). Mais, même en s’alliant peu ou prou avec des égorgeurs, l’impérialisme et l’oligarchie ne peuvent pas éradiquer les masses populaires et les aspirations irrépressibles des individus à l’émancipation sociale et à l’indépendance nationale, pas plus que l’on ne peut étouffer l’aspiration de milliards de femmes à l‘égalité complète avec les hommes.
C’est pourquoi le PRCF se réjouit de voir ressurgir en ce moment le grand mouvement des masses populaires, de la jeunesse et des femmes de Tunisie contre un pouvoir politico-économique toujours détenu à Tunis par la haute bourgeoisie, et aussi contre les cléricaux réactionnaires du parti Ennahdha.
De même qu’il est réjouissant de voir l’intrépide jeunesse populaire algérienne, femmes en tête, occuper la rue malgré la répression du régime militaire usurpateur du combat indépendantiste.
Bien entendu, nous n’ignorons pas que la satisfaction des revendications démocratiques et progressistes des masses populaires ne pourra trouver pleinement satisfaction que dans le cadre d’une lutte de classe et de masse orientée vers le socialisme et conduite par la classe ouvrière: c’est pourquoi nous sommes tout particulièrement solidaires des courageux militants d’Algérie et de Tunisie qui font vivre l’idéal communiste dans des conditions difficiles héritées de décennies de répression brutale. Nous n’ignorons pas non plus que la revendication de « liberté », quand elle n’est pas suffisamment précisée en termes de classes, peut déboucher sur une récupération bourgeoise de type néolibéral servant à briser ce qui subsiste des structures nationalisées de l’Algérie indépendante issue de la guerre de libération. C’est pourquoi, tout en soutenant fermement les masses populaires algériennes et tunisiennes en mouvement, nous sommes également très attentifs à tout ce qui peut aider la classe ouvrière et le peuple algérien à se doter d’une puissante avant-garde communiste et marxiste-léniniste.
Il est en tout cas réjouissant de voir que les masses populaires arabes, femmes et jeunesse en tête, résistent aux plans impérialistes parrainés par l’impérialisme américain, soutenus par l’UE et concrètement portés par ses sous-traitants de la Turquie néo-ottomane d’Erdogan, des pétromonarchies du Golfe et de la monarchie marocaine désireuse d’annexer définitivement le Sahara occidental : tous ces potentats réactionnaires espéraient en effet, en s’alignant sur Trump et en reconnaissant tous ensemble et en même temps l’État colonialiste et raciste d’Israël, étouffer les aspirations progressistes que continuent d’incarner contre vents et marées la cause palestinienne et le combat du Front Polisario pour l’indépendance du Sahara occidental.
Ce qui se passe actuellement en Algérie, où le pouvoir manœuvre en recul et tente de dévoyer les aspirations populaires en provoquant des « élections » sous forte influence étatique, et en Tunisie, où le peuple travailleur, les femmes et la jeunesse se contentent de moins en moins de promesses creuses, démontre que, dans le monde dit « arabo-musulman » comme dans le reste du monde, le dernier mot n’appartiendra jamais à l’impérialisme, aux prédateurs du grand capital et à leurs États vassaux, les régimes monarchiques, cléricaux, féodaux et patriarcaux, voire semi-esclavagistes.