Multipliant les mauvais coups de toutes sortes contre le gouvernement bolivarien héritier de Chavez, la droite vénézuélienne, le grand patronat et leurs inspirateurs états-uniens bandent toutes leurs forces pour battre les forces de progrès lors de l’élection de dimanche. Après avoir remis en place la droite dure et anti-bolivarienne en Argentine, mettant à profit la politique de plus en plus ouvertement patronale et néolibérale du PT au Brésil, l’impérialisme américain en difficultés au Proche-Orient espère prendre sa revanche dans son arrière-cours en déstabilisant l’ALBA, qui comprend entre autres Cuba socialiste, le Venezuela, la Bolivie d’Evo Morales, l’Équateur de Rafael Correa, le Nicaragua sandiniste…
. Pour cela le souriant Obama a mené une manœuvre politico-économique de grand style qui n’est pas sans rappeler la façon dont Kissinger avait déstabilisé le Chili d’Allende en tirant au plus bas les cours mondiaux du cuivre, le « salaire du Chili ». Avec l’appui des féodaux d’Arabie saoudite et du Qatar, ils ont plombé au maximum les prix du pétrole pour nuire à la fois au Venezuela et à la Russie. Et cela a gravement handicapé la politique sociale au Venezuela puisque le prix du baril est passé de 100 dollars avant les manœuvres économiques de Washington et de Riyad, à moins de 35 dernièrement.
Les forces progressistes vénézuéliennes résistent et se mobilisent dans un climat permanent d’appel à la violence de la part des grands « démocrates » vénézuéliens, aussi démocrates en vérité que le gouvernement pro-nazi de Kiev ou que les « forces rebelles » syriennes que soutient encore aujourd’hui le gouvernement Hollande…
Bien entendu, la contre-attaque impérialiste n’eût pas pu prendre une telle ampleur si dans le bloc bolivarien, beaucoup de forces liées à la bourgeoisie ne s’employaient pas en permanence à freiner et à dévoyer le processus révolutionnaire et anti-impérialiste. Plus que jamais, au Venezuela comme partout, le choix est entre une politique résolument patriotique et progressiste tournée vers la révolution socialiste – et à terme vers le pouvoir de la classe ouvrière alliée aux autres couches populaires – et le retour, inévitablement fascisant, dans le giron impérialiste avec en prime des dangers pour les autres pays de l’ALBA.
Raison de plus pour le PRCF d’appuyer les Vénézuéliens vivant en France à ne pas se laisser manipuler par nos médias grossièrement anti-chavistes ; raison de plus pour soutenir politiquement nos camarades du Parti Communiste du Venezuela qui ont eu raison, sans s’isoler du processus bolivarien, de mettre en avant la nécessité d’un parti d’avant-garde de la classe ouvrière vénézuélienne. Raison de plus pour ne pas pratiquer l’équidistance entre l’ALBA et l’impérialisme qui s’efforce de le disloquer en sachant très bien que ce serait un nouveau coup contre les forces progressistes à l’échelle mondiale.
Solidarité avec le peuple vénézuélien et avec tous les peuples latino-américains en lutte contre l’Empire, leurs défaites seraient les nôtres, leur victoire sera la nôtre !
Pierre Pranchère, président de la Commission internationale du PRCF,
Antoine Manessis, secrétaire de la Com Internationale du PRCF
Souvenons nous :
Peu de temps après l’élection à la présidence de Salvador Allende, le commandant en chef de l’armée chilienne, le général René Schneider, est assassiné par un groupe d’officiers. Cet acte survient après que Schneider se soit engagé à respecter le processus démocratique malgré l’élection d’un président d’obédience marxiste.
Le 4 septembre 1970, la victoire électorale de Salvador Allende de l’Unité populaire, une coalition de gauche, plonge le Chili au coeur d’une crise politique ayant des ramifications internationales. Dans le contexte de la Guerre froide, l’administration américaine envisage même la possibilité d’encourager des militaires chiliens à faire un coup d’État. Le commandant en chef de l’armée, le général René Schneider, constitue un obstacle à cette stratégie. Avant le scrutin, il a émis une directive (la doctrine Schneider) selon laquelle la mission de l’armée se limitait à s’assurer du fonctionnement régulier du système politique tant que le gouvernement respecte le cadre légal et constitutionnel. Excluant la force pour renverser le verdict populaire, Schneider affirme même que ce recours serait considéré comme un délit de haute trahison. Néanmoins, deux opérations distinctes, dirigées par des généraux chiliens et financées par la Central Intelligence Agency (CIA), sont mises sur pied pour barrer la route à Allende. Elles ont pour but d’enlever Schneider et d’en accuser la gauche afin de justifier une intervention militaire. Même si Washington retire son appui à ces initiatives, les généraux tentent deux enlèvements le 19 et le 20 octobre. Ils échouent. Mais une embuscade, le 22 octobre, se solde par la mort de Schneider. Cet incident génère un fort courant de sympathie à Allende qui est assermenté sans problèmes. Deux rapports du Congrès américain -Church (1975), Hinchey (2000)- ainsi que la «déclassification» de documents, en 1999 et 2000, démontreront l’implication américaine dans cette opération clandestine. Les généraux chiliens mêlés à la mort de Schneider seront pour leur part inculpés et reconnus coupables. source