Cela ne lui suffit plus d’écraser Gaza sous les bombes américaines, de raser méthodiquement ses hôpitaux, d’affamer sans pitié deux millions d’humains (pardon, d' »animaux », dixit son ministre de la guerre…) dont un million d’enfants, d’assassiner jusqu’au dernier des humanitaires courageux, de chasser de chez eux les Palestiniens de Cisjordanie (pardon, de « Judée-Samarie »…), d’adresser des doigts d’honneur à répétition à l’ONU, au Conseil de Sécurité, à la Cour Internationale de Justice le sommant de couper court aux pratiques génocidaires de « Tsahal »…. Pourquoi, du reste, « Bibi » Netanyahou se gênerait-il puisque les Etats-Unis de Biden et de Trump, l’UE d’Ursula von der Leyen, l’Anti-France de l’anti-Jaurès et de l’anti-de Gaulle Emmanuel Macron, la RFA en voie de réarmement d’Olaf Scholz, continuent de surarmer l’aimable « Tsahal » tout en feignant de la morigéner paternellement ?
Et voilà que, stimulé par la collusion manifeste de l’Occident « humaniste » (notamment par celle de l’UE qui fait d’Israël un « Etat associé de l’UE »), le « fasciste » Netanyahou (ainsi le qualifie le maire de Tel-Aviv Ron Huldai !) provoque méthodiquement tous ses voisins en bombardant tour à tour le Liban, la Syrie, l’Iran, et dernièrement, pourquoi se gêner, un consulat iranien situé à l’étranger ?
Ces réalités devraient du reste inciter certains défenseurs sincères, mais inconséquents, des Palestiniens à réviser leur discours et leur stratégie. Trop souvent, certains d’entre eux se contentent en effet de dénoncer le « deux poids deux mesures » (du reste bien réel) de l’Axe euro-atlantique qui criminalise la Russie, mais cajole Netanyahou, ce partisan du « Grand Israël » pour qui le droit international passe très loin derrière les prédictions du sionisme le plus extrême… et aussi derrière le maintien à tout prix de « Bibi » à la tête du gouvernement israélien. Or, Gaza n’est qu’un « saillant » particulièrement sanglant du grand « rift » planétaire qui, sous l’égide de l’euro-suprémacisme états-unien, nous conduit à vitesse accélérée vers un « conflit global de haute intensité » possiblement nucléaire de la Baltique à la Péninsule coréenne en passant par l’Ukraine, par l’étranglement militaro-économique de l’Iran, par l’hécatombe en Palestine, par l’embrasement de la Mer rouge, par l’instabilité organisée du Caucase, par les provocations de l’US Marine en Mer de Chine et dans le Détroit de Taiwan. Sans oublier ce front second, mais nullement secondaire pour les populations concernées, que dessine la tentative de Biden de liquider la résistance opiniâtre, sur les arrières directs de l’Oncle Sam, de Cuba socialiste et des autres pays de l’ALBA comme le Nicaragua. Y compris, dernièrement, en sous-traitant au pouvoir vassal de l’Equateur l’envahissement illégal de l’ambassade du Mexique à Quito…
Pour l’instant, on doit à la retenue très relative – déjà affaiblie par l’attaque massive de drones iraniens consécutive à l’attaque meurtrière de l’ambassade iranienne à Damas – du pouvoir iranien que le conflit généralisé n’éclate pas. Un régime iranien qui n’est certainement pas une référence en matière de démocratie, de féminisme, de « lumières » et de droits ouvriers, mais qui sait au moins, semble-t-il, mesurer un rapport des forces géopolitique : le fait que le Proche-Orient ne flambe pas encore tout entier au risque d’allumer l’incendie possiblement nucléaire de la guerre mondiale opposant l’impérialisme hégémoniste euro-atlantique à ses contestataires de l’Eurasie et du « Sud global », Afrique francophone insurgée en première ligne.
Bref, ceux qui appuient Gaza tout en soutenant, comme Manon Aubry (LFI), l’envoi d’armes françaises et européennes au régime corrompu, pronazi et ultra-atlantiste de Kiev, combattent en même temps des deux côtés du front mondial (le grand « rift ») opposant le suprémacisme euro-atlantiste aux forces qui, de manière certes encore très confuse, aspirent à un ordre mondial non hégémonique. Dès lors, les soutiens – sincères sans doute – du peuple palestinien, sont bien du côté de la paix et de la vie à Gaza ; mais ils se portent objectivement du côté de l’ennemi principal… du peuple palestinien et de la paix mondiale en soutenant sur le front ukrainien, l’autre « saillant » du rift planétaire de la troisième guerre mondiale en marche, les alliés de Washington et de Netanyahou, les autres « saillants » potentiels se situant dans le détroit chinois de Taiwan, en Mer de Chine ou dans la Péninsule coréenne. Cette dernière est elle aussi aux portes de l’embrasement du fait de Washington, dont la présence nucléarisée là-bas, à des milliers de kilomètres des côtes américaines, empêche depuis sept décennies le retour à la paix (jamais signée depuis la première guerre de Corée !) ainsi que la réunification pacifique du peuple coréen.
Résumons-nous : des plaines d’Ukraine aux monts de Corée en passant par Gaza, il n’existe qu’un seul front continu et qu’un seul ennemi principal des peuples et de la paix mondiale. Partout, cet ennemi exaspéré fait flèche de tous bois, s’alliant ici aux néonazis ukrainiens d’Azov, là aux illuminés du « Grand Israël », ailleurs aux islamistes les plus rétrogrades (ce fut le cas hier avec l’alliance initiale, revendiquée par Brzezinski, entre la CIA et Ben Laden pour détruire la révolution progressiste et féministe afghane), s’en prend à tous les peuples, y compris les peuples jadis frères de l’ex-URSS décommunisée et écartelée par Eltsine : peuples iranien, syrien, palestinien (qui aujourd’hui fait les frais les plus énormes de ce qu’il faut bien nommer l’exterminisme capitaliste), et demain, si la gauche occidentale continue de se laisser hypnotiser par le crotale euro-atlantiste, peuples d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique menacés de recolonisation brutale.
La cause du peuple martyrisé en continu de Gaza était déjà depuis longtemps une cause humaine universelle sur les plan moral et politique. Elle est désormais devenue une cause physiquement universelle, un peu comme l’était celle de l’Espagne républicaine en 1936, puisque Netanyahou, cette tête chercheuse de l’exterminime capitaliste contemporain qui se croit tout permis à l’abri du parapluie US, et derrière lui ses parrains euro-washingtoniens, menacent désormais le monde d’un Gaza planétaire potentiellement suivi d’un Hiroshima mondial.
Gens de gauche ou qui nous voulons tels, tirons-en vite les conséquences… en renonçant à nos propres inconséquences, car il est minuit moins deux !