Alors qu’un coup d’état parlementaire a destitué la présidente Dilma Rousseff, Anita Prestes – prestigieuse figure du mouvement communiste brésilien – a accepté de répondre aux question d’Initiative communiste, journal du PRCF
A la tête de la Marche de la Colonne à laquelle allait être attribué son nom, Luiz Carlos Prestes a dirigé dans les années 1920 une épopée militaire qui l’a conduit sur 25 000 km du Sud au Nord et de l’Est en Ouest de Brésil pour brandir le drapeau de la liberté. Apogée du « tenentismo » (mouvement dirigé par la jeunesse militaire d’opposition au pouvoir oligarchique qui existait dans le pays jusqu’en 1930), la Colonne Presto est restée connue sous le nom de Colonne invaincue, car les troupes gouvernementales ne purent jamais la mettre en déroute. La misère des travailleurs ruraux que Prestes, le « Cavalier de l’espérance », a rencontrés durant ce périple l’a poussé à trouver d’autres chemins pour l’émancipation du peuple brésilien, renforçant ainsi la qualité de la direction communiste au Brésil durant tout le XXe siècle.
Anita Leocadia Prestes est la fille de Luiz Carlos Prestes et d’Olga Benario Prestes. Née le 27 novembre 1936 à Berlin, dans une prison de femmes, où sa mère était détenue, après que Getulio Vargas l’eut livrée à l’Allemagne nazie, où elle a été assassinée dans une chambre à gaz du camp de concentration de Bernburg.
Anita a été militante communiste, affiliée au Parti communiste brésilien (PCB). En 1973, elle fut condamnée par contumace à quatre ans et demi de prison et à la privation de ses droits politiques. Elle s’est éloignée du PCB en même temps que son père, à la fin des années 1970
Anita a publié 12 livres liés à l’activité politique de Luiz Carlos Prestes et des militaires au Brésil ainsi qu’à l’histoire du PCB. Elle a publié également des chapitres de livres et des articles dans des journaux et revues spécialisées. Son dernier livre, une biographie politique de Luiz Carlos Prestes, a été publié en 1015 : Luiz Carlos Prestes: um comunista brasileiro (Ed. Boitempo). Elle est actuellement professeur du Programme post-doctoral en Histoire comparée de l’Université fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ) et présidente de l’Institut Luiz Carlos Prestes (www.ilcp.org.br).
Initiative Communiste : quel bilan tirez-vous de la présence au pouvoir de Lula puis de Dilma?
Anita Leocadia Prestes : Je suis d’avis, en accord avec mon père, Luiz Carlos Prestes, décédé en 1990, que le PT n’a jamais été un parti de gauche. Au contraire, depuis qu’il a accédé à la présidence de la République en 2003, il ne s’est pas démarqué des politiques néo-libérales de ses prédécesseurs. Lula comme Dilma ont mis en pratique lesdites « politiques compensatoires » pour favoriser dans une certaine mesure, les secteurs les plus pauvres de la population, en accord avec les avis de la BID (Banque inter-américaine de développement). Ces politiques ne se sont pas attaquées aux graves problème structurels qui touchent la société brésilienne et accentuent la domination impérialiste sur le Brésil. Entre-temps, l’adoption de certaines mesures allant en contradiction avec les intérêts de l’impérialisme, et en particulier des USA, comme l’adhésion aux BRICS, ont fait que des secteurs de la droite, comptant avec le soutien probable et la participation du gouvernement étasunien, ont déclenché le « coup d’Etat parlementaire » contre la présidente Dilma. Nos sommes confrontés à une grave atteintes aux libertés démocratiques au Brésil.
Initiative Communiste : Etant donné le bilan très contestable du PT, le mouvement populaire et les communistes doivent-ils se désintéresser de la résistance démocratique actuelle au retour en force de la réaction brésilienne, avec ses conséquences négatives probables sur le mouvement progressiste latino-américain et mondial ?
Anita Leocadia Prestes : Bien sûr, face à la situation créée dans le pays avec le « coup d’Etat parlementaire » qui a déposé la présidente Dilma (une farce injustifiable vu que l’accusation de prétendu crime de « responsabilité fiscale » n’a pas été confirmée), il faut mobiliser toutes les forces populaires et démocratiques dans la lutte contre la réaction et pour la garantie des droits démocratiques et des conquêtes des travailleurs. En ce sens, comme Prestes l’a toujours défendu, il faut rassembler des forces pour faire avancer l’organisation populaire dans la lutte pour ses revendications, contribuer à faire émerger de nouvelles directions, aptes à répondre aux aspirations populaires et capables d’impulser le renforcement et la formation d’organisations révolutionnaires qui conduisent notre peuple sur le chemin de son émancipation économique, sociale et politique, c’est-à-dire sur le chemin de la conquête d’un avenir socialiste. C’est cela qui devrait être la contribution principale des forces progressistes brésiliennes pour les luttes des peuples frères d’Amérique latine.
Initiative Communiste : Que proposent les communistes brésiliens et leurs amis pour mettre la classe ouvrière et la paysannerie à la tête des luttes pour l’indépendance nationale, la démocratie et le socialisme
Anita Leocadia Prestes : Le mouvement communiste au Brésil est divisé et il y a de nombreux communistes, dont je fais partie, qui ne sont membres d’aucun parti. Je considère, de façon générale, que le chemin qu’il faut frayer est ce dont nous avons parlé pour répondre à votre deuxième question, ce qui était prôné par Prestes dans les années 1980, après son retour d’exil.
Interview réalisée depuis Rio de Janeiro, 3/9/2016 – traduction AM pour www.initiative-communiste.fr depuis le portugais
#naõvaitergolpe Les manifestations pro démocratie sévèrement réprimées au Brésil
d’après les images tournées par les caméra de TELESUR, c’est une violente répression policière qui se déchainent dans les rues des villes du brésil pour faire taire le peuple qui crie « Fora Temer » : Temer dégage.
Appelant au départ du vice président meneur du coup d’état parlementaire, un vice président dont le nom est régulièrement cité dans les enquêtes en cours sur les affaires de corruption.
https://youtu.be/kUKJMdCdynA
Question 1:
Defendo a opinião, que coincide com a que tinha meu pai, Luiz Carlos Prestes, falecido em 1990, que o PT nunca foi um partido de esquerda. Pelo contrário, desde que assumiu a presidência da República em 2003, caracterizou-se por dar continuidade às políticas neoliberais dos seus antecessores. Tanto Lula quanto Dilma puseram em prática as chamadas “políticas compensatórias” para favorecer em alguma medida os setores mais pobres da população, de acordo com os ditames do BID (Banco Interamericano de Desenvolvimento). Tais políticas não enfrentaram os graves problemas estruturais que afetam a sociedade brasileira e acentuaram a dominação imperialista do Brasil. Entretanto, a adoção de algumas medidas contraditórias com os interesses do imperialismo e, em particular, dos Estados Unidos, como a adesão aos BRICS, contribuíram para que setores da direita, contando com o provável apoio e participação do governo norte-americano, desfechassem o recente golpe parlamentar contra a presidente Dilma. Estamos diante de um grave atentado às liberdades democráticas no Brasil.
Question 2:
Certamente, diante da situação criada no país com o golpe parlamentar que depôs a presidente Dilma – uma farsa injustificável, pois não se confirmou a acusação de suposto crime de “responsabilidade fiscal” -, é necessário mobilizar todas as forças populares e democráticas na luta contra a reação e pela garantia dos direitos democráticos e das conquistas dos trabalhadores. Nesse sentido, conforme sempre foi defendido por Prestes, é necessário somar forças para fazer avançar a organização popular na luta pelas suas reivindicações mais sentidas, contribuindo para o surgimento de novas lideranças, comprometidas com os anseios populares e capazes de impulsionar o fortalecimento e a formação de organizações revolucionárias que conduzam nosso povo pelo caminho da sua emancipação econômica, social e política, ou seja, no caminho da conquista de um futuro socialista. Esta deverá ser a principal contribuição das forças progressistas brasileiras para as lutas dos povos irmãos da América Latina.
Question 3:
O movimento comunista no Brasil está dividido e há muitos comunistas, entre os quais eu me incluo, que não fazem parte de nenhum partido. Considero que, em linhas gerais, o caminho a ser trilhado é o exposto na question 2, o qual era defendido por Prestes nos anos 1980, após seus retorno do exílio.
Rio de Janeiro, 3/9/2016
Anita Leocadia Prestes