Tout porte à croire que la prise de Al-Qousseïr par l’Armée arabe syrienne a représenté début juin un événement comparable à la bataille de Cuito-Carnavale qui scella le sort de l’Apartheid voici 25 ans. Comme dans toute guerre civile, cette victoire n’a pas que des causes militaires.
Il n’y a pas aujourd’hui d’alternative crédible au pouvoir syrien qui soit de nature à garantir la quasi-intégrité du territoire de ce pays (sous réserve d’une partie qui demeure occupée par Israël) et la coexistence pacifique des populations qui le composent. La contre-révolution à l’Est et les programme d’ajustement n’ont pas annihilé la capacité de résistance de certains Etats et des peuples du « tiers-monde ». Sur le plan militaire, la page d’histoire ouverte voici près de 60 ans par la chute de Dien Bien Phu n’est pas encore refermée. On ne saurait assez le souligner !
Pour les impérialistes, le parti Baas n’était pas assez soumis aux multinationales. Peut-être même l’existence d’Etats Arabes structurés lui devient t’elle intolérable au voisinage d’Israël. Le projet consistait-il , au-delà des frontières de la Palestine du mandat, d’ajouter d’autres bantoustans aux entités en voie de constitution dans les confettis de la Cisjordanie et plus difficilement à Gaza ?
Un scénario « à la lybienne » a été orchestré. Des manifestations de rue ont bénéficié d’un large soutien extérieur. Etaient-elles plus ou moins totalement factices ? Seuls les historiens pourront l’établir. L’intervention de groupes armés extérieurs fut ensuite presqu’immédiate, les monarchies du Golfe jouant le rôle de petites mains au service de la C.I.A. Ces combattants humanitaires de l’ »axe du bien » prirent à peine la peine de se dissimuler leur présence.
L’attitude de la diplomatie française, particulièrement en pointe fut scandaleuse de bout en bout, sans qu’une feuille de cigarette ne sépare l’ère Juppé de l’équipe actuelle. Foulant au pieds toute forme de souveraineté des Etats, elle posa comme préalable le départ du Gouvernement syrien, faisant obstacle à toute tentative de médiation. Cette position intenable vient, enfin d’être abandonnée de fait. Résultat : le président syrien apparaît comme un héros de la lutte anti-impérialiste. Ceux qui, à tort ou à raison, combattent sur place une éventuelle personnalisation du système politique en seront évidemment affaiblis. Comme dirait le barde, « si c’est exprès, c’est des salauds, si ça l’est pas, c’est encore pire ! »
La totalité des média français a relayé et parfois créé les mensonges bellicistes les plus grossiers. A les en croire, le gouvernement syrien ne jouissait plus d’aucun soutien, ni dans l’appareil d’Etat ni dans la population. Il aurait du être renversé depuis des mois. Dans ce jeu, la presse « de gauche » s’est particulièrement distinguée. Des journalistes irresponsables du « Monde » ont relayé la fable des « armes chimiques ». Etait-ce pour masquer la défaite de leurs alliés ou pour susciter l’intervention directe des forces otaniennes ?
De l’extrême-droite à l’extrême-gauche, la quasi-totalité des forces politiques françaises étaient au diapason. Israël s’est autorisé à bombarder son voisin syrien sans qu’aucune des structures de solidarité avec le peuple palestinien n’y trouve à redire. Le mouvement de solidarité antiimpérialiste de notre pays est à reconstituer sur des bases de vigilance renouvelées. Il importe en particulier de faire obstacle aux velleïtés d’inscription du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes et d’exiger la libre possibilité d’accès des citoyens et résidents français aux cyber-moyens d’expression de ce mouvement de libération.
L’attitude ferme de la Russie et de la Chine crée une donne nouvelle sur la scène internationale. L’Impérialisme n’en sera que plus virulent pour exiger des mesures de rétorsion notamment par la remise en cause de l’organisation actuelle de l’O.N.U. . Le Pôle de Renaissance Communiste n’en demeure pas moins sans illusion sur le caractère « national » du capitalisme russe et sur le patriotisme de la grande bourgeoisie qui se développe dans ce pays. De son côté, l’engagement du gouvernement clérical turc dans le conflit a eu un effet boomerang manifeste puisque la revendication de non-ingérence s’est fait fortement entendre dans les manifestations d’Istambul. Il faut s’en féliciter.
Le Pôle de Renaissance Communiste s’incline devant (toutes ?) les victimes syriennes de cette « guerre par procuration » que la France officielle a tout fait pour prolonger voire susciter. Il exige que le gouvernement français cesse toute livraison d’armes, s’abstienne de participer aux manœuvres de l’armée américaine en Jordanie, reprenne des relations diplomatiques normales avec la Syrie et réaffirme l’exigence du retrait d’Israël des zones illégalement occupées du Golan.
La France officielle a perdu toute crédibilité pour intervenir comme médiatrice. Mais, avec d’autres notre peuple peut contribuer à ce qu’il soit mis fin aux tentatives de prolonger ce conflit artificiel.
Olivier. R (PRCF)