Le 6 Janvier Emmanuel Macron réunissait à une date très inhabituelle la Conférence annuelle des Ambassadrices et ambassadeurs
En effet polarisé tout l’été 2024 par les Jeux Olympiques le Président avait manqué de temps pour organiser cette habituelle réunion de rentrée en Septembre 2024.
Son exposé repris en 22 pages PDF sur le site de l’Elysée aborde tous les sujets comme un capitaine à la passerelle balaie d’un vaste regard circulaire un horizon agité qu’il place lui-même dans son introduction, sous l’empire du désordre. Pour illustrer son propos il cite aussitôt quelques lieux :
« À Kiev, à Beyrouth, à Jérusalem et Tel-Aviv, à Bamako, Ouagadougou, à Port-au-Prince, Port-Vila, à Caracas, » (on remarquera que le nom de Gaza n’est pas cité)
Cette allusion au Venezuela va être explicitée beaucoup plus loin dans l’avant-dernier paragraphe du discours sous le thème du soutien aux « combattants de la liberté ». L’expression a une longue histoire et a été utilisée dans divers pays mais il revient à Reagan dans son discours sur l’état de l’union en 1985 de l’avoir imposée comme l’étendard de sa croisade antisoviétique. Emmanuel Macron, ancien Young American Leaders peut ainsi sans difficulté chausser les bottes de la réaction internationale. Mais revenons au Venezuela.
« Je demande au réseau de continuer d’être engagé auprès de tous les combattants de la liberté. En Géorgie, auprès de tous ceux qui se sont battus pour une élection, auprès de cette présidente courageuse et de ces manifestants, et en nous battant pour que les transparences soient faites, et si la sortie de crise doit être la réorganisation d’une élection, pour le faire. »
Comaguer . La « présidente courageuse », ancienne diplomate française ayant représenté la France au siège de l’OTAN et renaturalisée géorgienne pays dont sa famille est originaire a été remplacée à son poste suivant la procédure constitutionnelle régulière. Depuis elle a fui la Géorgie et s’est vu attribuer en consolation le prix Kissinger par la fondation Mac Cain !
« Au Venezuela, où nous ne devons pas regarder avec complaisance ou défaitisme la date du 10 janvier comme une évidence, et où nous devons, là aussi, nous battre aux côtés de ceux qui œuvrent avec un immense courage pour le pluralisme et la démocratie, leur parler, et, là aussi, nous battre pour que des élections libres soient réorganisées, et le faire en lien avec tous nos partenaires de la région »
Comaguer Le 10 janvier Nicolas Maduro a été installé à la tête du Venezuela pour un nouveau mandat alors que depuis le scrutin qu’il a remporté et qui a été validé par la cour constitutionnelle mais les Etats-Unis et l’Union Européenne n’ont pas cessé pendant des mois depuis le scrutin du 28 Juillet 2024 de faire croire que leur candidat avait gagné. Malheureusement cette campagne médiatique internationale effrénée n’a pas eu beaucoup d’écho sur place et le candidat de l’occident impérialiste Mr Gonzales s’est réfugié en Espagne sans plus revendiquer. Et Macron de nous resservir la demande de réorganisation de nouvelles élections. L’air est connu : « Les seules élections valables sont celles gagnées par le candidat de l’Occident ». Ce « respect de la démocratie » vient encore d’être illustré en Roumanie où l’arrivée en tête du premier tour de l’élection présidentielle d’un candidat inattendu à Bruxelles et à Washington a conduit la Cour Constitutionnelle à annuler ce vote 4 jours après l’avoir elle-même validé .
Effectivement le 10 janvier Nicolas Maduro a bien été installé à la tête du Venezuela pour son nouveau mandat et la journée a été marquée par de fortes manifestations de soutien populaire.
Mais les propos d’Emmanuel Macron ne sont pas passés inaperçus à Caracas et la riposte, toute diplomatique qu’elle soit, a été cinglante. Le Venezuela a demandé à la France de réduire sans tarder sa représentation diplomatique à 3 personnes auxquelles il est interdit de s’éloigner de plus de 40 kilomètres de l’ambassade.
Il se trouve que deux autres pays de l’UE dirigé l’un par l’extrême droite l’Italie, l’autre par la droite extrême les Pays Bas – la France est en bonne compagnie -ayant aussi fait campagne contre Nicolas Maduro ont été soumis aux mêmes sanctions diplomatiques que la France pour « soutien à des groupes extrémistes » et « ingérence dans les affaires intérieures ». L’Union Européenne s’est vue dans l’obligation de riposter en demandant l’annulation immédiate de la mesure qu’elle qualifie d’« unilatérale et inacceptable » et en accompagnant cette demande de diverses sanctions. Les méthodes de Bruxelles sont copiées fidèlement sur celles de Washington
Une réponse claire est venue de l’ALBA l‘Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique qui regroupe les pays suivants : Antigua-et-Barbuda, Bolivie, Cuba, Dominique, Grenade, Nicaragua, Sainte-Lucie,Saint-Christophe-et-Niévès, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Suriname, Venezuela.
Le secrétaire général de l’ALBA), Jorge Arreaza, ancien ministre vénézuélien des Affaires étrangères dans son compte Telegram a critiqué la demande de l’UE, qui ne considère pas l’administration Maduro légitime mais critique la mesure prise par Caracas .Il a accusé l’Union européenne de cynisme : « Ils ne reconnaissent pas le gouvernement constitutionnel vénézuélien, ils collaborent à la campagne de déstabilisation mondiale contre le Venezuela, ils imposent des sanctions illégales, mais ils sortent pour se plaindre et pour dénoncer une série de mesures dignes, souveraines et souples, pleinement valable en droit international. Les bourreaux habituels, se victimisant eux-mêmes comme toujours », a écrit
A noter qu’après l’investiture de Maduro, les missions diplomatiques vénézuéliennes à Lisbonne (Portugal), Vigo (Espagne), Francfort (Allemagne) , Oslo (Norvège), Medellín (Colombie) et San José (Costa Rica) ont été victimes d’actes de vandalisme. On devine ainsi d’où venaient les groupes extrémistes dont des membres préparaient des attentats au Venezuela et ont été arrêtés avant de les avoir commis.