Jesus Martinez Barrios, un ancien guérillero, ministre vénézuélien du Travail social s’est entretenu avec le journal Granma au sujet des conséquences d’une abrogation – annoncée par la bourgeoisie d’opposition – de la Loi organique du travail, des travailleurs et des travailleuses, une loi révolutionnaire et inclusive. www.initiative-communiste.fr rediffuse cet entretien.
Il est utile de se rappeler que Manuel Valls et son gouvernement ont participé à la campagne de la droite au venezuela, félicitant la coalition patronale pour leur succès électoral aux législatives, félicitant cela même qui ne cessent provocations, agitations et tentative de coup de force au Venezuela pour empécher le pouvoir du peuple dans ce pays depuis le début de la révolution bolivarienne. Mais les travailleurs français savent bien que dans la lutte des classes, le PS et ses alliés ont choisi leur camps, celui de la classe capitaliste, celui de l’exploitation, de la haine, de la guerre, celui des patrons des banquiers et des multinationales.
CARACAS. — Après l’annonce des résultats officiels des élections législatives au Venezuela, l’éventuelle abrogation de la Loi organique du travail, des travailleurs et des travailleuses a été sans doute la première menace majeure proférée par la bourgeoisie de l’opposition, contre l’ensemble des mesures révolutionnaires adoptées par le gouvernement bolivarien.
Très tôt, la coalition de droite, qui a remporté la majorité des sièges l’Assemblée nationale, a confirmé sa mission de répondre à la volonté de l’oligarchie économique, avec l’annonce anticipée de l’abrogation de cette Loi, à la demande expresse des organisations patronales.
Conscients de la valeur revendicative de cette loi, adoptée en 2012 à la suite d’un long processus de réflexion au sein de la Révolution, l’opposition de droite sait qu’en la supprimant, elle démonterait la principale Loi – après la Constitution – qui réglemente les relations du travail à partir d’une réelle autonomisation de la classe ouvrière, ce qui faciliterait le retour aux anciens mécanismes d’exploitation.
À ce jour, il ne s’agit que d’une menace, mais après le 5 janvier, lorsque le bloc de droite sera installé, il pourrait exercer des pressions juridiques qui mettraient la loi en danger, et par conséquent renverraient une grande masse de travailleurs libérés à un passé révolu.
Jesus Martinez Barrios, un ancien guérillero et infatigable défenseur du prolétariat vénézuélien, sait ce qu’il en a coûté de faire de cette Loi une réalité, et depuis son poste actuel à la tête du ministère du Travail social du Pouvoir populaire, il s’est entretenu avec Granma sur les éventuelles conséquences d’une abrogation de cette Loi.
Pour lui, la première chose qui serait perdue serait « le concept inédit de l’homme en tant que tel, l’être humain », par rapport à la perspective bourgeoise qui le considère comme un objet.
« En principe, la Loi organique du travail, des travailleurs et des travailleuses (LOTTT) reconnaît le travail comme un processus social, et cela signifie qu’elle ne considère pas la personne comme une marchandise, qui reçoit un salaire pour la vente de sa force de travail. Le travailleur cesse d’avoir un prix, reconstruit sa condition d’être humain.
Elle consacre la participation réelle de l’ouvrier dans tout le processus du travail, « depuis la production jusqu’à la distribution équitable de la richesse, notamment à travers les avantages directs des missions et des grandes missions sociales, y compris les salaires et les conventions collectives, qui deviennent également des instruments de cette distribution ».
Elle souligne également le rôle du syndicat, qui cesse d’être une organisation de commercialisation de la main-d’œuvre.
« Maintenant, cet organe n’est plus là pour évaluer à travers la convention collective quel est mon prix en tant que travailleur, combien je peux vendre ma force de travail, mais il discute de la distribution, et il a la faculté de déterminer le coût de production et le prix juste qui permet l’accessibilité de toutes les personnes au service ou au bien produit.
« Quand la droite menace la Loi du travail, elle menace la base juridique qui permet à la classe ouvrière d’assumer sa responsabilité historique. La droite sait ce qu’elle est en train d’attaquer.
« Voilà pourquoi la président de Consecomercio (Conseil national du commerce et des services), Cipriana Ramos, a déclaré qu’une Loi du travail ne peut pas bénéficier aux travailleurs, parce que les lois du travail dans le système capitaliste favorise le capital, donne un prix à l’homme, et cela est une aberration que la Loi sur le travail a dépassé.
« Dans la société que nous construisons, notre Loi est devenue l’instrument juridique dont dispose la classe ouvrière pour assumer son rôle historique de diriger la société et d’entrer dans la deuxième partie de la transformation révolutionnaire, qui est d’enlever ce rôle à la bourgeoisie. »
Quelles revendications seraient menacées dans l’immédiat ?
Toutes, et c’est pour cela que le peuple vénézuélien a déjà commencé à se mobiliser, parce qu’il a vu à travers des résultats objectifs ce que signifie la distribution équitable de la richesse, visible notamment dans les missions et les grandes missions sociales : logement, mission Barrio Adentro (Au cœur du quartier), mission Robinson pour l’alphabétisation, transport, alimentation ou mission Mère du quartier…
Par ailleurs, certaines garanties sont prévues par la Loi. Comme jamais auparavant, aujourd’hui, un chapitre entier est consacré à la famille. L’opposition menace et tentera d’abroger une loi protégeant la maternité, les parents, les mères qui élèvent et éduquent leurs enfants. Une Loi qui créée les conditions pour que l’entreprise garantisse à la femme son droit d’allaiter son enfant, que l’enfant ait une école maternelle, une école primaire …
La stabilité absolue de l’emploi est régulée. Pour être licencié, il faut avoir commis des fautes bien définies, parce que la Loi ne protège pas celui qui ne travaille pas, mais celui qui travaille. Elle ne défend pas les « mous », comme dit la bourgeoisie.
Autrement dit, ce n’est pas la loi capitaliste qui dicte les exigences en matière de licenciements, qui fixe ton prix en tant que marchandise; mais qui se soucie de la famille, de la maternité, et aussi de la formation intégrale et permanente des travailleurs, dans le cadre du processus de travail.
C’est une loi qui définit l’éducation comme l’essence du processus du travail social, c’est-à-dire qu’elle ne sépare l’éducation du travail, l’accès à la connaissance du processus de production. Elle prévoit que les deux se conjuguent depuis l’usine même, pour que l’ouvrier apprenne, innove, génère des connaissances en même temps qu’il produit.
Il est clair que l’opposition ne perdra pas de temps pour tenter d’abroger cette loi, mais je pense que ces derniers temps, elle a un peu baissé le ton : d’une part parce qu’elle devrait aller à l’encontre de la Constitution, et d’autre part parce qu’elle est en butte aux réactions des masses laborieuses.
Cela démontre que le peuple a réellement conscience de ce qui serait perdu si ces menaces étaient mises à exécution, et là où il peut y avoir des vides, nous venons de lancer un grand débat public, dans les usines, les entreprises, afin de promouvoir une connaissance plus profonde de la Loi.
L’opposition a-t-elle proposé une alternative concrète?
Jusqu’à présent, elle n’a rien proposé, rien clairement, et nous aimerions bien savoir ce qu’elle propose. L’affirmation la plus éloquente a été celle de la présidente de l’organisation patronale Consecomercio, selon laquelle une Loi sur le travail ne doit pas favoriser les travailleurs. C’est cela le plus concret. Revenir aux règles du capitalisme est l’objectif, il n’y a rien de différent.
Pendant ce temps, nous continuons à impulser le débat dans les masses laborieuses, à promouvoir la bonne application de la Loi, et à faire comprendre que concevoir le travail comme un processus social, nous libère.
De même qu’avec la nationalisation des industries stratégiques, nous avons évité que 80% des revenus du pays ne quittent le pays, avec la Loi organique sur le travail nous avons définitivement libéré la classe ouvrière de l’exploitation capitaliste. Ce doit être le slogan de notre combat.
Après le Janvier 5, et avant les tentatives inconstitutionnelles d’abroger la Loi, ce que la bourgeoisie va sans doute promouvoir, il y aura certainement une réaction de l’ensemble de toutes les masses laborieuses.
Ce dont je suis convaincu, c’est que toute réponse aura comme leader le président ouvrier Nicolas Maduro, et qu’il n’y aura aucune action contraire aux objectifs de la plus haute direction de l’État.
La classe ouvrière a commencé à débattre de la stratégie depuis l’instant même de la menace, et des manifestations ont déjà eu lieu, car si l’opposition bourgeoise sait très bien ce qu’elle attaque, nous sommes très conscients de ce que nous représentons
source : http://fr.granma.cu/mundo/2016-01-08/ce-quils-attaquent-et-ce-que-nous-defendons