Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a « fermement » appelé vendredi le président Maduro à « s’interdire toute forme de répression de l’opposition ». Il a ajouté que Paris apportait son « plein soutien » au Parlement et son président, Juan Guaido, désormais également président autoproclamé du pays.
Cette attitude du régime macroniste confirme ainsi son rôle actif dans sa contribution à l’offensive impérialiste/fasciste dirigée par Trump et à la fascisation de notre pays. Les irresponsables et les idiots utiles du capital qui, au deuxième tour des présidentielles, ont appelé à voter pour Macron pour « faire barrage » au FN devraient rougir de honte. Macron prépare le FN, il ne lui fait pas barrage !
Guaido, agent impérialiste pièce d’une tentative d’un putsch revendiqué avant qu’il n’ait encore eu lieu par Washington
Juan Guaido, 35 ans, qui a fait ses études aux Etats-Unis et qui est très probablement un agent de l’impérialisme yankee, a été très rapidement reconnu par les Etats-Unis et peu après par les gouvernements d’Amérique latine et le Canada. tous à la botte des impérialistes étasuniens. Le signal du coup d’état a été donné d’ailleurs par l’Exécutif étasunien : dès le 22 janvier, à 7h30 du matin, le vice-président des États-Unis, Mike Pence, annonçait la tentative de coup d’État du lendemain, publiant sur Twitter : » Alors que le brave peuple du Venezuela fera entendre sa voix demain, nous disons, au nom du peuple américain, nous sommes avec vous ».
La communauté internationale soutient la souveraineté du Venezuela et son président légitime Nicolas Maduro
Le Mexique, Cuba, le Bolivie, le Nicaragua mais aussi l’Uruguay et le Surinam soutiennent la démocratie et la souveraineté du Venezuela et donc son président légitime Nicolas Maduro. Le ministre des affaires étrangères de Cuba, Bruno Rodriguez, a exprimé son soutien à Nicolas Maduro. « Soutien ferme et solidarité de Cuba au président constitutionnel Nicolas Maduro face à la tentative de coup d’Etat. La volonté souveraine du peuple du Venezuela prévaudra face à l’intervention impérialiste. L’histoire jugera ceux qui encouragent et reconnaissent l’usurpation putschiste ».
Poutine dénonce une « ingérence extérieure destructrice qui bafoue de manière grossière les normes fondatrices du droit international » Lavrov, ministre russe des affaires étrangères, a fait savoir que la Russie continuerait de « protéger la souveraineté du Venezuela » et le « principe de non-ingérence dans ses affaires intérieures ». « La Chine soutient le gouvernement vénézuélien dans ses efforts pour maintenir la stabilité, préserver la souveraineté et l’indépendance. Nous adhérons toujours au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays et nous nous opposons à toute ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Hua Chunyin.
La Syrie, l’Iran et bien d’autres pays qui souffrent des ingérences impérialistes des E-U et de l’UE ont exprimé leur soutien au Venezuela bolivarien et à son président Maduro, seul et unique président légitime du pays.
L’Union Européenne toujours en première ligne pour écraser les peuples
S’enfonçant dans l’ignominie et sa nature impérialisme l’UE prépare une nouvelle déclaration appelant à la convocation rapide d’élections au Venezuela, faute de quoi plusieurs de ses Etats membres plaident pour une reconnaissance du putschiste Juan Guaido. Berlin et Madrid ont en effet poussé leurs partenaires à accélérer cette ingérence grossière. Mais certains Etats membres, dont la Grèce, sont réticents à formuler un tel ultimatum…tant les peuples ne sont pas dupes de la propagande grossière déversée à flot continu dans médias chien-de-garde.
Comme l’ a écrit le journaliste Romain Migus qui se trouve à Caracas:
« Imaginez que les plus hautes autorités chinoises appellent les Gilets jaunes à prendre les rues de Paris et des grandes villes françaises. Imaginez que la Russie décide de ne plus reconnaître le président Macron et déclare que le nouveau président français légitime est Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. Imaginez que l’Iran finance et arme des groupes paramilitaires pour mettre le pays à feu et à sang. Comment appelleriez vous cela ? Peu importe l’opinion que vous ayez de M. Macron, seriez-vous prêts à accepter pareille ingérence étrangère dans les affaires de notre République ?Situation incongrue ? Et pourtant c’est exactement ce qui est en train de se dérouler au Venezuela. »
Macron l’ami des dictateurs soutien des coups d’Etat
Et quand on voit que Macron va faire la danse du ventre devant son ami le dictateur-maréchal al-Siss en Égypte pour vendre quelques Rafales de plus on se dit que la notion de démocratie, de souveraineté populaire et respect des droits humains de Macron n’est pas celle communément admise. Rappelons que l’ami de Macron a fait un coup d’Etat pour renverser le président élu, qu’il a abrogé la Constitution égyptienne, qu’il a été élu avec un score de 91% après qu’il ait massacré, réprimé, torturé : 60.000 personnes arrêtées, 500 « disparus », 500 condamnés à mort, torture généralisée dans les prisons etc. Ce n’est plus du deux poids deux mesures, c’est de la complicité.
Quelques nouvelles du Venezuela à travers une revue de presse internationale
«Un coup contre le droit international» le dernier expert des Nations Unies à s’être rendu au Venezuela, l’Etasunien Alfred de Zayas dénonce la tentative de renversement de Nicolas Maduro et plaide pour une médiation onusienne.
JEUDI 24 JANVIER 2019 BENITO PEREZ
Nicolas Maduro, le 23 janvier à Caracas. « Il y a, au Venezuel, 6 à 7 millions d epersonnes fidèles au ‘chavisme' » estime Alfred de Zayas. KEYSTONE
VENEZUELA La tentative de coup de force du président du parlement vénézuélien et de ses alliés continentaux a ravivé les tensions dans le pays latino-américain. Pour nombre d’observateurs, la non-reconnaissance du président, Nicolas Maduro, tant par l’opposition que par la plupart des Etats de la région ferme de facto la porte à un dialogue national de sortie de crise. Une polarisation sans fin qui pourrait entraîner le pays vers la guerre civile, craint le juriste étasunien Alfred de Zayas, dernier expert des Nations Unies à avoir visité le Venezuela, en 2017.
Si le professeur de droit à la longue carrière onusienne n’est pas tendre avec la manœuvre de l’autoproclamé président Juan Guaido, il est encore plus sévère avec son propre pays. Interview.
Comment avez-vous réagi à l’autoproclamation de Juan Guaido et à sa reconnaissance par de nombreux pays,
dont les Etats-Unis?
Alfred de Zayas: Nous assistons à une rébellion contre le droit international et contre le principe démocratique. Il est incroyable que les Etats-Unis s’arrogent le droit de dire aux Vénézuéliens qui doit être leur président! Il n’y a rien de moins démocratique qu’un coup d’Etat [en français]! Ou de boycotter des élections. Pourquoi l’opposition l’a-t-elle fait? Parce qu’elle se savait trop divisée pour les gagner.
L’opposition avait pourtant remporté les législatives en 2015 mais le parlement a été suspendu. N’y a-t-il pas un vrai conflit de légitimité entre le parlement, dont Juan Guaido est le président, et le chef de l’Etat, Nicolas Maduro?
Dans tous les Etats de droit, il y a une séparation des pouvoirs. Le parlement est «suspendu» car il a outrepassé ses compétences et désobéi au Tribunal suprême. Le législatif avait accepté que prêtent serment trois députés [sur 167] dont l’élection avait été invalidée par la justice pour fraude. Si la majorité qui tient le parlement avait voulu – ou voulait enfin – revenir sur ces assermentations, la suspension n’aurait pas lieu d’être. Mais dès le départ, l’objectif avoué était de faire tomber le président. Les parlementaires s’étaient explicitement donnés six mois pour y parvenir. Et comme, selon la Constitution, cette prérogative ne leur appartient pas, ils ont misé sur l’agitation de rue et la dénonciation de la prétendue «dictature».
La stratégie était concertée avec les Etats-Unis. Cela a été patent lorsque – après deux ans de pourparlers avec le gouvernement – le leader de l’opposition, Julio Borges à l’époque, a soudainement refusé de signer l’accord de conciliation obtenu sous l’égide de l’ex-premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero. Les sanctions étasuniennes – interdites par le droit international – vont dans le même sens: susciter la confrontation.
L’ingérence des Etats-Unis dans les affaires du Venezuela me fait penser à la campagne de 2002-2003 contre l’Irak. Pendant des mois des fake news sur des armes de destruction massive avaient préparé l’opinion à un changement de régime en Irak. Ce fut une «révolution» contre le droit international, avec l’appui des quarante-trois Etats de la coalition! Les Américains se voient comme des missionnaires de la démocratie. Chaque fois, ils sont très étonnés de ne pas être reçus comme des héros…
Le Venezuela est-il une démocratie?
Depuis qu’Hugo Chávez a été élu, il y a eu 25 scrutins nationaux démocratiques, ouverts et fiables. Le système électoral vénézuélien est bien supérieur à celui de la plupart des pays! Jimmy Carter, dont la fondation a observé plusieurs scrutins, l’a reconnu, estimant infime le risque de fraude.
La réélection de Maduro est pourtant très contestée.
A tort! Le système est demeuré celui que M. Carter qualifiait de «meilleur du monde». Mais l’opposition l’a boycotté.
«Un coup d’Etat c’est prendre le risque d’une guerre civile!» Alfred de Zayas
L’opposition pointe l’absence d’observateurs internationaux.
C’est un mensonge. Il y a eu des observateurs, j’ai moi-même été invité mais j’ai décliné, je ne travaille pas pour le compte de gouvernements, uniquement sur mandat de l’ONU. D’autres, comme les observateurs du CEELA [Consejo de Expertos Electorales de América Latina, composé d’ex-magistrats de tribunaux électoraux], y sont allés. Par ailleurs, il faut rappeler que ce sont les Européens qui ont décliné l’invitation à venir observer. Il faut une sacrée dose de mauvaise fois pour ensuite regretter cette absence d’observation étrangère! Même chose avec l’argument de l’abstention. Malgré l’appel au boycott d’une partie de l’opposition, avec 67,84% des voix et 46,1% de participation, Maduro a obtenu davantage que le président français1 qui aujourd’hui parle d’une «élection illégitime».
Et la répression des opposants dénoncée par des ONG?
Les leaders de l’opposition arrêtés sont surtout ceux qui ont appelé ou ont été mêlés à la violence. Je connais cette situation. J’ai moi-même intercédé auprès du gouvernement, afin qu’il libère certains prisonniers. Ce qui fut fait au-delà de mes espérances. Cela dit, mon mandat ne couvrait pas les détentions arbitraires, mais «l’ordre international démocratique et équitable».
La liberté d’expression est largement respectée au Venezuela. Il suffit de lire les journaux! El Nacional et El Universal sont très critiques envers le gouvernement. De plus, le pays compte 336 chaînes TV et radio, dont 198 privées et 44 communautaires. S’il est clair que le gouvernement, qui compte plus d’idéologues que de technocrates, a fait d’énormes erreurs, je peux vous assurer que les médias ont beaucoup de latitude pour exagérer quotidiennement son incompétence!
Comment sort-on de cette crise?
Il faut dialoguer. Il n’y a pas d’autre issue. Il y a, au Venezuela, 6 à 7 millions de personnes fidèles au «chavisme». Vous pouvez renverser le gouvernement mais pas les faire disparaître. Elles ne rentreront pas chez elles sans se battre. Un coup d’Etat c’est prendre le risque d’une guerre civile!
L’ONU peut-elle encore jouer un rôle de médiation?
Le comportement de Zeid Ra’ad Al-Hussein [ex-haut-commissaire aux droits humains] a été problématique. Il a écrit des rapports sans aucun mandat. Des travaux réalisés avec un manque de professionnalisme. Il a ainsi «omis» de faire référence aux violences commises par des manifestants, qui avaient pourtant été documentées.
Désormais, Michelle Bachelet a reçu mission formelle du Conseil des droits humains de travailler sur le Venezuela. Et le secrétaire général, Antonio Guterres, a appelé au dialogue pour éviter la catastrophe. J’ai moi-même demandé à Mme Bachelet d’appuyer cet élan de médiation.
ENTRE LES DEUX FRONTS, L’ONU APPELLE AU DIALOGUE
Vingt-quatre heures après l’autoproclamation de Juan Guaido «président par intérim» du Venezuela et sa reconnaissance par les Etats-Unis, le chef de l’Etat, Nicolas Maduro, a reçu jeudi un appui sans ambiguïté de ses alliés internationaux ainsi que de l’armée et de la Cour suprême. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a de son côté défendu le dialogue pour sortir de la crise.
Le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino, a dénoncé lors d’une conférence de presse, où il est apparu entouré de tout le haut commandement militaire, un «coup d’Etat» de la part du jeune président du parlement. «Loyaux toujours, traîtres jamais», ont lancé certains généraux devant les caméras. Lundi, une brève tentative de soulèvement d’un groupe de militaires avait été rapidement réprimée.
Nicolas Maduro a également pu compter sur ses alliés russe et chinois, qui ont dénoncé les «ingérences extérieures» qui mènent le Venezuela «vers l’arbitraire et le bain de sang». Vladimir Poutine a exprimé son «soutien» à M. Maduro dans un entretien téléphonique. Cuba, le Mexique, la Bolivie et l’Uruguay ont eux aussi réitéré leur appui au président élu en mai 2018.
Au sein de l’UE, Londres et Paris ont en revanche marqué leur soutien au coup de force tenté par Juan Guaido, tandis que Madrid demeurait plus vague, appelant seulement à des «élections libres».
Selon un décompte de l’AFP, une cinquantaine de pays – principalement américains – considèrent comme «illégitime» le deuxième mandat de Nicolas Maduro, investi le 10 janvier, estimant que les élections de mai dernier, boycottées par une partie de l’opposition et à l’issue desquelles il a été réélu, n’ont pas été transparentes.
L’aggravation de la crise politique intervient alors que le pays traverse d’importantes difficultés économiques dues principalement à l’hyperinflation, à la chute des revenus pétroliers et aux sanctions économiques, notamment étasuniennes. Mardi et mercredi des émeutes ont fait entre 13 et 16 victimes, selon des organisations de défense des droits humains. BPZ/ATS
NOTES
Au 1er tour, Emmanuel Macron avait obtenu 24% des suffrages avec une participation de 77%.
Amérique latine : quelles perspectives en 2019 ?
Interview 24 janvier 2019
Le point de vue de Christophe Ventura
L’Amérique latine a été marquée cette fin d’année 2018 par les élections de Jair Bolsonaro au Brésil et d’Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO) au Mexique. Or, les cycles électoraux ne sont pas terminés et les dynamiques politiques, aussi bien nationales (Venezuela, Brésil, Mexique, Bolivie…) que supranationales (Mercosur, Groupe de Lima, Alliance Pacifique…) seront à observer afin de comprendre les tendances et directions de la région. Par ailleurs, le jeu des États-Unis, de la Chine et de l’Union européenne tant politique, que stratégique, économique et commercial, risquent d’influer sur cette zone du monde. Le point avec Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS.
Des prévisions économiques à la baisse
L’année 2019 en Amérique latine sera particulièrement intense pour plusieurs raisons. Il faut tout d’abord s’intéresser au contexte économique général dans lequel la région se trouve. Celui-ci demeure durablement fragile et incertain. En effet, toutes les prévisions des institutions internationales, que ce soit la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) ou la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes des Nations unies (CEPAL) ont révisé à la baisse leurs prévisions pour l’ensemble de la région, et plus spécifiquement pour les pays d’Amérique du Sud.
Ainsi, un dernier rapport de la Banque mondiale estime que la croissance latino-américaine pour l’année 2019 sera en moyenne de +1,7% (au lieu 2,9% initialement prévu ; 0,6 % en 2018). Dans ce schéma, l’Amérique centrale et le Mexique seront sensiblement au-dessus. C’est donc l’Amérique du Sud qui va le plus être impactée par cette révision à la baisse des pronostics économiques dans la région. Par ailleurs, plusieurs pays seront en récession en 2019. Il y aura le Venezuela dont la Banque mondiale estime la contraction de l’activité économique à venir à -8% (après -18% en 2018). Mais il y aura également l’Argentine où elle atteindra – 1,7% (après – 2,8% en 2018). Cette situation – qui signifie une forte dégradation de la situation sociale pour une majorité de gens dans le pays – pèsera dans l’élection présidentielle prévue en octobre 2019. D’autres pays importants du Cône Sud seront également en année électorale, comme la Bolivie qui présente l’une des seules conjonctures économiques stable et même positive, avec une croissance qui va émarger autour de +4%, +4.3%. Le Brésil, quant à lui, devrait connaître une hausse de sa croissance (+2,2 % contre 1,2 % en 2018).
On est donc dans une région où les perspectives économiques sont tendanciellement, et à de rares exceptions près, revues à la baisse, le tout dans un contexte mondial très incertain, puisque marqué par les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine qui sont les deux principaux partenaires commerciaux de l’Amérique latine. Ces tensions commerciales interviennent de surcroît dans une phase de ralentissement structurel du commerce et des échanges internationaux, de volatilité accrue des marchés financiers, de baisse des investissements et d’augmentation constante de l’endettement des États et des entreprises au niveau mondial. Ces divers facteurs internes et externes nourriront la fragilité des économies latino-américaines. En effet, leur modèle de développement dépend largement de l’actualité des marchés financiers mondiaux, puisque les économies latino-américaines et surtout sud-américaines exploitent et exportent majoritairement vers les marchés internationaux des ressources naturelles, des matières premières et des matières agricoles. Les pays latino-américains se rendent très dépendants de la demande et des cours de ces marchés, mais aussi des capitaux internationaux et des technologies des grandes puissances dont ils ne disposent pas tous.
Des élections déterminantes en 2019
Dans ce contexte général, des événements politiques et géopolitiques seront à observer en 2019. Sur le plan politique, la région va poursuivre et finaliser son « super cycle électoral » qui a démarré en 2018. Cette année, des élections déterminantes se tiendront au Panama, au Guatemala et à El Salvador au premier semestre 2019, en Argentine, en Bolivie et en Uruguay pour ce qui est du deuxième semestre 2019. Ces élections seront clés, car susceptibles de modifier les majorités au pouvoir dans un contexte où l’Amérique latine fait face à un puissant vent de « dégagisme » politique qui affecte tous les gouvernements sortants, quelle que soit leur affinité idéologique et au cœur duquel se trouvent les « classes moyennes » latino-américaines frappées par les conséquences sociales de la crise économique (coup d’arrêt à leur ascension et à leur mobilité sociales, menace de déclassement, de retour à la pauvreté ou la vulnérabilité).
Il faudra par ailleurs suivre l’évolution des relations qui vont se développer entre le Brésil et le Mexique, les deux principales puissances latino-américaines. Ces pays ont désormais à leur tête deux gouvernements offrant des visages aussi nouveaux que différents : le gouvernement de Jair Bolsonaro au Brésil (jusqu’en 2022) et celui de Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO), élu lui pour six ans jusqu’en 2024. Le premier offre un profil « libéral-autoritaire » et plutôt aligné sur les États-Unis en matière de politique étrangère, le second un profil de centre-gauche et de restauration d’une souveraineté nationale plus marquée. Ce sont deux pays aux poids déterminants et primordiaux des points de vue politique, économique et géopolitique en Amérique latine. Pour ne donner qu’un seul chiffre, le Mexique et le Brésil représentent environ les 2/3 du PIB de l’Amérique latine.
AMLO montre d’ores et déjà sa différence sur les questions régionales, puisque le Mexique a décidé de ne plus suivre l’orientation de la coalition des pays latino-américains engagés contre le gouvernement de Nicolas Maduro à Caracas, en décidant par exemple, début janvier 2019, de ne pas apporter sa signature à la nouvelle déclaration du Groupe de Lima (ce dernier rassemble quatorze pays américains engagés contre le gouvernement Maduro) qui déclare le président illégitime et reconnaît l’Assemblée nationale comme seul pouvoir légitime. Cette déclaration est le point d’appui, avec le soutien de Donald Trump qui l’accompagne, de Juan Guaidó, le nouveau leader de l’opposition vénézuélienne reconnu par ces acteurs comme nouveau « président par intérim » du Venezuela.
Le Mexique (avec l’Uruguay) fait entendre une musique différente au nom d’une politique de non-intervention et de non-ingérence dans les affaires internes d’un pays tiers. Le nouveau gouvernement mexicain pourrait jouer un rôle dans la promotion d’une stratégie de dialogue pour tenter de faire baisser l’intensité de cette crise inflammable du Venezuela. Cette disponibilité est aujourd’hui la seule alternative à l’autre stratégie, celle du « changement de régime » voulu par Donald Trump et les pays du Groupe de Lima, ainsi que par une partie des États européens et des institutions de l’Union européenne.
La situation au Venezuela – où le scénario de guerre civile et d’intervention sous une forme ou une autre ne peut plus être exclu – sera le nœud des rapports de forces dans la région et de leurs prochaines évolutions.
L’Amérique latine, terrain des confrontations Chine/États-Unis
La troisième dimension des enjeux latino-américains pour l’année 2019 concernera les rapports de force qui s’installent entre les États-Unis et la Chine au niveau mondial. C’est évidemment lié aux tensions commerciales, mais également à la stratégie des deux pays dans cette région. L’Amérique latine est en effet une région stratégique pour les États-Unis et la Chine. Elle représente un gisement de ressources naturelles, de matières premières et de ressources énergétiques très important. La Chine y voit des intérêts liés à l’approvisionnement et à la sécurisation de son économie exponentielle. Les États-Unis, quant à eux, sont déterminés à s’installer comme puissance énergétique mondiale hégémonique des prochaines années, à partir de leur propre territoire et de la conquête de leur indépendance énergétique, et en constituant des cercles d’alliances dont l’Amérique latine doit faire partie. Les États-Unis proposent en ce sens de nouveaux partenariats avec certains pays latino-américains comme le Brésil, la Colombie ou le Pérou. Le même phénomène explique par ailleurs la persistance d’une politique très dure et agressive de Washington vis-à-vis de Caracas, notamment parce que le Venezuela représente un autre gisement déterminant en ressources énergétiques et minières.
Le rapport de force entre la Chine et les États-Unis va ainsi continuer de se construire et de s’exprimer à partir de la question latino-américaine. Cela constituera un autre fil conducteur de l’année 2019 en l’Amérique latine.
Vers des bouleversements de l’intégration régionale ?
D’autres éléments devront être suivis tels que l’évolution des négociations entre le marché commun du Sud (le Mercosur) et l’Union européenne, au point mort. L’aboutissement de ces négociations est un peu l’arlésienne. Elles sont aujourd’hui tributaires des orientations que prendra le Brésil (qui semble vouloir privilégier sa stratégie bilatérale plutôt que multilatérale) et de l’élection à venir en Argentine.
Sera également à l’ordre du jour l’évolution de l’intégration régionale qui est aujourd’hui totalement à l’arrêt, notamment du fait de la crise vénézuélienne et de ses conséquences géopolitiques. Deux sous-blocs continuent néanmoins à avoir une certaine dynamique. L’Alliance du Pacifique regroupe les pays latino-américains qui possèdent une façade pacifique (Mexique, Colombie, Pérou, Chili). À part désormais le Mexique, ces pays sont également ceux qui sont gouvernés par des gouvernements de droite et de centre droit. Ce sont également les pays les plus directement liés aux États-Unis par leur relation économique, commerciale et politique. Ainsi, l’Alliance du Pacifique et le Mercosur mettent en place bon nombre de passerelles voire de fusions entre eux, puisque ces deux blocs regroupent des pays aux gouvernements en phase sur les plans économiques et commerciaux.
Les évolutions dans tous ces dossiers dessineront le visage de la région latino-américaine en 2019.