N’en déplaise à quelques sectaires français pseudo-léninistes qui ne soutiennent un processus révolutionnaire que s’il s’agit d’une dictature du prolétariat dûment estampillée, le président vénézuélien Maduro a compris que le putsch brésilien en forme de « révolution » orange qui vient d’écarter la présidente élue (Dilma Roussef) visait à « retourner » toute l’Amérique latine, engagée depuis plus d’une décennie, dans un processus difficile et contradictoire d’émancipation nationale et sociale.
Car les oligarques brésiliens, comme leurs homologues argentins, veulent à la fois déstabiliser la CELAC et l’ALBA (Alternative bolivarienne des Amériques), construite par Cuba, par le Venezuela, par la Bolivie d’Evo Morales, le Nicaragua sandiniste, l’Equateur de Corréa… Manifestement, Obama n’a feint de se désengager du Proche-Orient que pour rétablir la domination néocoloniale de Washington sur son « arrière-cour » revendiquée, l’Amérique latine. Nos camarades cubains, qui ont marqué des points ces dernières années en isolant l’Oncle Sam sur la scène panaméricaine, ne sont pas dupes et Raoul, tout autant que Fidel, ont bien compris en léninistes qu’ils sont, que la « carotte » états-unienne dissimule toujours le gourdin et que la politique du sourire états-unien n’était rien d’autre qu’une continuation de la même politique par d’autres moyens, d’apparence plus « civilisée ».
Au Venezuela, après des années de progrès liés à la politique progressiste – pas toujours conséquente – du grand Hugo Chavez, le pays a été déstabilisé par la stratégie économique délibérée d’écrasement des prix du pétrole codécidée par les USA et par leur féal saoudien. A la faveur des graves difficultés socio-économiques qu’elles ont entraînées (étaient également visés la Russie, l’Iran, etc.), la droite et le patronat putschistes ont engagé la déstabilisation du pays pour balayer les avancées sociales de l’ère chaviste. De même au Brésil, le nouveau « président » putschiste a-t-il annoncé à peine élu, des coupes claires dans les budgets sociaux, une attaque en règle contre les retraités et une diminution de l’impôt des riches.
Certes il ne faut pas idéaliser les pouvoirs progressistes et patriotiques inconséquents qui se sont succédé ces dernières années en Amérique latine. Émanant davantage de la petite bourgeoisie patriote que du prolétariat et de la paysannerie, ils ont souvent navigué entre une ligne de concession au grand patronat et une ligne proprement patriotique conséquente qui ne peut conduire qu’à l’affrontement décisif avec la réaction, qu’à la révolution socialiste et à la dictature du prolétariat et de ses alliés, paysans, populations indigènes longtemps méprisées, etc. Parvenu à un certain seuil, le processus « bolivarien » ne pourra en effet que conduire à un saut qualitatif révolutionnaire : la révolution prolétarienne et paysanne, soit, si l’affrontement avec l’oligarchie n’est pas mené jusqu’au bout, au triomphe de la contre-révolution fasciste et à la recolonisation intégrale du sous-continent sud-américain.
Manifestement, l’heure d’un bras de fer historique est venue au Venezuela et aucun progressiste véritable, ni a fortiori aucun marxiste-léniniste, ne peuvent « snober » le sursaut patriotique et progressiste de Maduro en se déclarant indifférent et en donnant des leçons à un peuple dans la tourmente. Alors que la droite vénézuélienne exige un référendum révocatoire pour destituer le président élu, celui-ci résiste, proclame l’état d’urgence (nos « libéraux-libertaires » français auront-ils le culot de protester alors que la totalité ou presque des députés « républicains » et « socialistes » français ont prorogé sans états d’âme l’état d’urgence ICI ?) et appelle les « chemises rouges » du parti bolivarien, soutenu de manière critique, mais néanmoins, fraternelle, combative et dynamique, par le PC vénézuélien, à contre-attaquer.
Il est évident que le PRCF est 100%t aux côtés de ceux qui refusent la destitution de Maduro, dont l’éviction ouvrirait une phase de fascisation aiguë au Venezuela tout en détruisant l’ALBA et en isolant Cuba socialiste. Si l’ALBA est détestée par les oligarques – et par la fausse gauche française, inévitablement accompagnée de gôôôche par les sectaires – ce n’est pas en raison de ses supposés « échecs », mais bien de ses succès : les néolibéraux redoutent le « mauvais exemple » d’un ensemble de pays latino-américain qui brisent les traités supranationaux mis en place par Washington (ALENA par ex.), tout en cultivant la coopération égalitaire d’Etat à Etat. Si le Venezuela progressiste tombait, le modèle alternatif ou potentiellement alternatif de l’ALBA se disloquerait, et cela nuirait gravement aux progressistes européens, notamment français, qui veulent sortir par la gauche de l’UE atlantique et néolibérale, balayer le ruineux Traité transatlantique en cours de négociation, en finir avec l’OTAN : en un mot, recouvrer la souveraineté des Etats-nations d’Europe pour leur permettre de coopérer égalitairement… et de rouvrir – non dans les mots mais dans la pratique – l’option socialiste sur notre sous-continent.
C’est pourquoi le PRCF réaffirme son total soutien au PC vénézuélien qui pratique intelligemment le soutien critique au pouvoir bolivarien, et plus généralement, au peuple vénézuélien en lutte et au président Maduro. Pas de socialisme sans élargissement de la démocratie populaire et sans mise hors de combat de l’oligarchie fasciste*, et réciproquement, pas de démocratie véritable, n’en déplaise aux putschistes vénézuéliens, contre la souveraineté nationale des peuples et contre les intérêts des classes populaires.
*de ce point de vue, les théoriciens révisionnistes d’Europe qui rêvaient d’un « socialisme du 21ème siècle » sans révolution prolétarienne, sans parti communiste et sans dictature du prolétariat, sont cruellement démentis par les faits actuels. Oui le marxisme-léninisme, qui n’a cessé d’expliquer que la transition entre capitalisme et socialisme passe nécessairement par une rupture révolutionnaire décisive, reste on ne peut plus valable au 21ème siècle !
- Léon Landini
- Georges Gastaud
- Pierre Pranchère
- Antoine Manessis
Les USA rêve toujours de dominer le monde et ils y sont presque arrivés, mais à mon avis c’est un trompe l’œil.