Créée lors du congrès de Paris en 1945, la FSM devient la plus puissante organisation syndicale internationale. Sa ligne est claire : défense de la paix et lutte contre les régimes fascistes, défense du Travail contre le Capital et des peuples opprimés contre l’impérialisme ; elle sera, à ce titre, l’un des acteurs majeurs de la création de l’ONU, bien qu’elle n’y soit pas officiellement associée.
D’abord rejointe par des syndicats réformistes (britanniques et nord-américains notamment), la montée de la guerre froide antisoviétique, l’immixtion du gouvernement états-unien dans les affaires internes des syndicats, y compris à l’extérieur des États-Unis (France, Italie, etc.), la résistance des syndicalistes de classe à l’entreprise néocoloniale que fut le plan Marshall, auront raison de son unité et c’est en 1947 que s’opère la scission : les syndicats réformistes quittent la FSM et les syndicalistes réformistes et anticommunistes du courant dit « Force ouvrière » scissionnent la CGT avec l’aide de subventions massives venues des USA.
Cette scission débouchera sur la création de la Confédération internationale dite des syndicats libres (CISL), internationale syndicale anti-communiste et, de fait, pro-américaine, pro-capitaliste et pro-impérialiste, puisque financée par la CIA, le plus souvent par l’entremise de l’AFL-CIO états-unienne. C’est à la même période et pour les mêmes raisons qu’est créée, en France, Force Ouvrière (FO), de manière à « accompagner » l’éviction du gouvernement français des ministres communistes (Thorez, Croizat, Marcel Paul, François Billoux, tous cégétistes) qui venaient de mettre en place les grandes avancées sociales promises par le CNR : Sécurité sociale, retraites par répartition, code du travail protecteur, statuts, universalisation des conventions collectives, première forme du SMIG, nationalisation de Renault, des Charbonnages de France, d’EDF-GDF, création du CEA et redressement du CNRS, relance de l’Éducation nationale sous l’égide du savant communiste Henri Wallon, etc.
De son côté, la FSM est, elle, sur une ligne de syndicalisme de classe et de masse, anticapitaliste, défendant la démocratie populaire et l’unité syndicale internationale.
Elle soutient notamment les mouvements de libération nationale qui secouent le monde colonial dans la deuxième moitié du vingtième siècle . Tout comme elle soutiendra les grandes luttes dans les pays dit développés comme en France lors de la grève de mineurs de 1948, réprimée dans le sang par le ministre “socialiste » Jules Moch, puis de 1963 ou encore celle des mineurs britanniques de 1984-1985, sans oublier bien entendu les grandes grèves françaises de mai-juin 1968 et de décembre 1995, plus récemment, les mobilisations des travailleurs français pour les retraites (2003, 2010), pour le Code du travail (2016 et 2017), contre les privatisations, pour le soutien aux « Gilets jaunes »…
La FSM est également solidaire des syndicats des pays socialistes qui obtiennent le plein emploi des travailleurs, d’importants acquis sociaux (gratuité des soins, des études universitaires, des séjours de vacances, retraite à 60 ans pour les hommes et 55 pour les femmes, etc.), ce qui vaut à la FSM la haine des médias capitalistes qui n’ont jamais dénoncé, bien entendu, l’inféodation des syndicats jaunes aux États impérialistes et aux institutions de la guerre froide comme le Marché commun, prélude de l’Union européenne.
Toutefois, lors de la chute de l’Union soviétique et des positions réactionnaires et contre-révolutionnaires qui dominent une grande partie des dirigeants de l’URSS, parmi lesquels Gorbatchev et Eltsine, la FSM n’échappe pas à la règle et sa ligne dérive quelque temps, sauf à Cuba, vers un syndicalisme d’accompagnement, la référence à la lutte des classes est abandonnée de ses statuts et elle ne remet, donc, plus en cause le capitalisme. C’est d’ailleurs à cette époque et sur cette base que la CGT quitte la FSM. Ainsi, comme le rappelle Jean-Pierre Page, ancien dirigeant international de la CGT, la CGT n’a pas quitté la FSM parce qu’elle était révolutionnaire mais bien parce qu’elle ne l’était plus, même s’il est vrai que, contradictoirement, pesait aussi sur cette décision l’attraction exercée sur la CGT par la Confédération Européenne des Syndicats, réformiste et pro-Maastricht, pour laquelle militaient déjà de nombreux dirigeants de la CGT.
Il reste que le départ de la CGT de la FSM et son ralliement à la CES – qui eut pour condition la purge des statuts de la centrale abandonnant toute référence à la « socialisation des moyens de production » et à la « suppression du patronat et du salariat », et plus gravement encore, le ralliement de principe total de la CGT de Viannet, Thibault, Le Paon et Martinez à la « construction européenne » – n’auront eu que des retombées négatives pour la CGT en termes de combativité, d’influence dans la classe ouvrière et de résultats revendicatifs.
Malgré cet épisode, qui va l’affaiblir après de nombreux départs d’organisations syndicales, le congrès de La Havane – le choix de la capitale de Cuba socialiste comme lieu du congrès n’était pas anodin – en 2005, va marquer son retour au premier plan, grâce à la réaffirmation de la ligne qui en fit sa grandeur : de classe et de masse, résolument contre l’exploitation des travailleurs, anticapitaliste, pour la paix et contre l’impérialisme. Depuis, la FSM est dans une dynamique puissante et de plus en plus de syndicats la rejoignent partout dans le monde.
En France, elle s’est notamment illustrée par un soutien très actif à la grande grève de fin 2019 début 2020 contre la retraite à points. Étaient restées membres de la FSM, en dépit de la décision confédérale de rupture avec elle, les Fédérations CGT de la Chimie et de l’Agroalimentaire. Depuis lors, sur la base d’une intense bataille idéologique pour éclairer les natures de classes antagoniques de la FSM (de classe et de masse, opposée à tous les traités capitalistes supranationaux) et de la CES (pro-Maastricht, pro-constitution européenne, favorable à un dialogue social en position subalterne par rapport au patronat européen, etc.), bataille dans laquelle ont joué un rôle pionnier le Front Syndical de Classe et, sur le terrain politique, notre PRCF (pour ex., lors du 100ème anniversaire de la Révolution d’Octobre, les participants ont crié par centaines, en conclusion du message de salutation de la FSM, « rouge, rouge, rouge, la FSM est rouge ! », « jaune, jaune, jaune, la CES est jaune ! »), et sur la base bien entendu de leur propre réflexion, des structures importantes de la CGT ont rallié la FSM (statut de membres ou d’observateurs selon les cas) et/ou quitté la CES, ce mouvement de ré-affiliation international étant inséparable de la recherche d’une nouvelle ligne de classe et de masse pour la CGT française, que son évolution de plus en plus euro-réformiste a placé dans une crise grave (succession de défaites sociales, dévissage électoral au profit de la CFDT, crises de direction à répétition, etc.).
De l’autre côté, la confédération syndicale internationale (CSI) et la confédération syndicale européenne (CES) n’en finissent plus de décevoir les travailleurs tant il est clair qu’elles sont des instruments directs du patronat et, s’agissant de l’UE, de la Commission européenne. Mais qu’attendre de ces organisations ?
- Rappelons que la première, la CSI, est l’ancêtre de l’infâme confédération internationale des syndicats libres, qui était financée et dirigée par la CIA et celle-là même qui a soutenu le plan Marshall, la création de la Communauté du charbon et de l’acier (CECA), de la Communauté économique européenne puis de l’Union européenne, qui permirent également, notamment dans le sous-continent américain à l’aide de sa déclinaison régionale (Organisation régionale interaméricaine des travailleurs), l’avènement des pires régimes fascistes (soutien au coup d’État d’Augusto Pinochet au Chili ou à celui de la junte militaire au Guatemala, etc.).
- Rappelons que la C.E.S. a soutenu la mise en place de l’euro – cette monnaie unique taillée sur mesure pour le Deutsche Mark mais ruineuse pour toutes les économies et industries plus faibles de l’Europe du Sud, France comprise.
- Rappelons qu’elle a soutenu aussi l’adhésion – en réalité l’annexion – des ex-pays socialistes à l’UE avec d’énormes conséquences dramatiques pour leurs salariés : énormes plans d’austérité, privatisation-destruction de leurs industries, y compris les fameux Chantiers navals de Gdansk -, transformation de la main d’œuvre de ces pays en main d’œuvre nomade, véritable variable d’ajustement salarial dans les pays de l’Ouest.
- Rappelons aussi que la CES n’a jamais pipé mot contre les énormes dépenses d’armement de l’OTAN, dont l’UE est le « partenaire stratégique » officiel, avec les dangers pour la paix mondiale que cela comporte, et d’abord en Europe, et l’austérité salariale sans fin que cette course aux armements menée par le bloc euro-atlantique inflige aux masses populaires de l’UE.
- Rappelons enfin que la CES n’a rien fait pour soutenir les travailleurs grecs, italiens, portugais, espagnols, français, écrasés par l’euro-austérité et qu’elle n’a apporté aucune forme de soutien aux grandes luttes menées en France pour défendre les retraites et les autres grands acquis de la Libération.
Par bonheur, la base rouge CGT a quelquefois vaillamment réagi et, par ex., Thibault a été mis en minorité en 2005 quand il a proposé que la CGT, comme le demandait la CES, soutienne la constitution européenne. La révolte de la majorité du Comité confédéral national appelant à voter Non n’aura pas été pour rien dans le succès final du Non dont les ouvriers, employés et chômeurs formaient les gros bataillons.
Et nous ne saurions être aucunement rassurés par le fait que désormais, la CES soit directement présidée et dirigée par le jaune français Laurent Berger – l’actuel secrétaire général de la CFDT, le syndicat préféré du grand patronat. Chacun sait que le but de Berger est de dominer la CGT en France et les syndicats de classe (notamment grecs et portugais) en Europe, voire de les aborber en balayant toute opposition à la « construction » européenne du grand capital. Financée par l’UE, la CES ne soutient AUCUNE des grandes luttes des travailleurs partout en Europe et, en fait d’Europe sociale, elle ne propose que des illusions sur le « smic européen », le « service public européen », qui, dans l’état des traités européens et des rapports de forces existants, sont au mieux des vœux pieux, au pire des dangers pour les travailleurs français, tant les normes sociales et celles des services publics sont inexistantes dans une majorité de pays européens. À ce titre, pas un mot de soutien pour les innombrables luttes qui secouent la France sous le régime Macron. Il faut dire que l’un de ses principaux faits d’armes est d’avoir appelé à voter OUI à la constitution européenne… tout un symbole !
Malheureusement, nous ne pouvons que constater que la CGT est actuellement membre de ces deux organisations syndicales internationales réactionnaires, CES et CSI, et que la FSU elle-même demande à les rejoindre, affadissant sans cesse sa critique de l’UE pour mieux passer l’examen d’entrée à la CES…. On comprend mieux pourquoi notre CGT est dans cet état de désorientation et de désorganisation latente et pourquoi les travailleurs de France enchaînent les défaites sociales cuisantes qui mènent notre peuple tout droit vers la misère et vers le désarroi, en faisant une proie potentielle pour les racistes de l’extrême droite et/ou pour les communautarismes religieux, régionalistes et autres..
Mais la partie est loin d’être terminée. Revigorée par une base bouillonnante, qu’ont remobilisée les luttes contre la retraite par points et le quasi-soulèvement de classe des Gilets jaunes, la CGT retrouve ses couleurs, notamment la rouge qui lui manquait tant et lui va si bien. D’ailleurs, lors du dernier congrès de Dijon, la mention à la FSM a été réintégrée dans les documents d’orientation, au grand dam du bureau confédéral emmené par Philippe Martinez qui était farouchement opposé à cet amendement, voté et revoté par la majorité des délégués.
Aussi, nous nous réjouissons que, par l’effort du FSC d’une part, du PRCF de l’autre, mais aussi de syndicalistes de classe de plus en plus nombreux, de plus en plus de sections d’entreprise CGT, d’Unions locales, départementales ou régionales, de fédérations nationales de branche, continuent d’adhérer ou ré-adhèrent à la FSM, voire quittent la CES comme cela a été le cas de l’Union des Syndicats de Monaco. Ce mouvement peut et doit s’amplifier ainsi que celui qui amènera tôt ou tard les véritables syndicalistes à quitter la C.E.S. pro-Maastricht et présidée par le jaune Laurent Berger. Comme plusieurs centaines de militants l’ont crié lors du meeting PRCF du 4 novembre 2017 (en l’honneur de la Révolution d’Octobre), « jaune, jaune, jaune, la CES est jaune, rouge, rouge, rouge, LA FSM EST ROUGE !« . Par delà les divergences sur d’autres questions, l’unité des syndicalistes de classe hostiles à l’UE du grand capital et comprenant l’urgence qu’il y a à accrocher les luttes syndicales à une véritable perspective révolutionnaire – la socialisation des moyens de production – devient une question existentielle non seulement pour la CGT, non seulement pour la classe des travailleurs salariés, mais pour la continuité même de notre nation de plus en plus menacée de dissolution et d’implosion par la funeste « construction » euro-atlantique.
Déclaration de la commission Luttes du Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF), 21 novembre 2020
Martinez vient d’adhérer à EELV avec la fraction la plus à droite ultralibérale hyperatlantiste et anti-Chine communiste de sin grand ami Jadot.
Avec Martinez et sa clique (je voudrais bien connaître son salaire loin de celui qu’il devrait toucher chez Renault).