Le président chinois, Hu Jintao, arrivé en Italie pour participer au sommet du G8, a décidé de repartir pour Pékin à cause des événements de la province du Xinjiang. L’article de Jean-Paul Desimpelaere, « Xinjiang et Tibet : du pareil au même » permet de mieux comprendre les véritables raisons de la nouvelle crise qui secoue la Chine.
Source: Jean-Paul Desimpelaere (Investigaction)
Le dimanche 5 juillet 2009, de violentes émeutes ont secoué les rues d’Urumqi, capitale de la province chinoise du Xinjiang. Elles ont causé la mort de 156 personnes et ont blessé plus d’un millier d’autres. Ces chiffres dépassent de loin ceux des émeutes à Lhassa en mars 2008. Pourtant le caractère des émeutes est similaire : des bandes de personnes descendent dans les rues, cassent, mettent le feu aux boutiques et tabassent les gens. D’après la police chinoise, environ 1500 personnes ont été arrêtées. Nul ne contredira que des tensions sociales et ethniques existent en Chine, mais qu’elles soient utilisées dans un jeu géostratégique à échelle internationale n’est pas souvent mentionné par nos médias. Voici quelques réflexions à ce propos, et encore plus précisément à propos du « front uni dalaï-lama – Xinjiang ».
Dans nombre d’interviews (e.a. dans son allocution au Parlement européen, le 4 avril 2008), le 14ème dalaï-lama se dit concerné de près par « la lutte des Ouïgours du Xinjiang ». Il nomme cette région le « Turkestan oriental » et estime qu’elle devrait devenir indépendante. Durant les dix dernières années, de nombreuses associations de défense pour l’indépendance du « Turkestan oriental » ont surgi en Occident. Le comité central se nomme « World Uyghur Congress » et siège à Munich, en Allemagne. Leur présidente vit aux Etats-Unis et est fière de pouvoir annoncer que leur mouvement a pu se développer grâce au soutien de la « National Endowment for Democracy » (NED), la sœur jumelle de la CIA, mais pour les opérations « pacifiques ». Dans le bilan financier de la NED figurent quatre organisations ouïgours d’opposition à la Chine qui, ensemble, ont officiellement reçu plus de 500.000 $ en 2008. Voilà donc le lien avec le dalaï-lama : ils ont les mêmes sponsors.
De plus, ils se concertent : la première conférence de « l’alliance » (Tibet, Turkestan oriental, Mongolie du Sud) eut lieu à New York le 16 octobre 1998 et réunissait des bonzes de l’administration Clinton, des représentants du dalaï-lama, des Ouïgours et des Mongols. Pour l’occasion, le dalaï-lama avait écrit ce message : « nos trois peuples ont des liens historiques forts ; à présent ils sont réunis dans la lutte contre l’occupation chinoise. L’empire soviétique s’est désintégré et les différents peuples ont retrouvé leur liberté. Aussi, suis-je optimiste pour l’avenir de nos nations respectives ». Le but de tout ceci me paraît assez clair : attiser et sponsoriser des conflits ethniques qui régulièrement éclatent dans différentes régions de la Chine, afin de la briser, la faire exploser, à l’exemple de l’Union Soviétique.