L’une des caractéristiques de l’opération dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen, est le nombre et la taille des pays engagés dans la coalition.
Les Saoudiens contribuent à hauteur de 100 avions de chasse, 150.000 soldats et quelques unités navales, le Bahreïn déploie 15 avions de chasse, imité par le Koweït. Le Qatar engage quant à lui 10 avions de chasse et la Jordanie 6. Même le Soudan a promis d’envoyer trois avions. L’Égypte déploie un nombre non défini d’unités navales et aériennes, et annonce que des forces seront envoyées sur le terrain «si nécessaire». En comparaison, les contributions aux actions engagées contre l’Etat islamique en Syrie sont dérisoires.
Pourquoi cette opération de guerre qui a déjà fait son lot de dizaines de morts civils? L’Arabie Saoudite, sunnite, ne veut pas laisser s’installer au Yémen un pouvoir proche de l’Iran chiite. Un député iranien disait « Nous sommes déjà au pouvoir à Damas, Beyrouth et Bagdad ». Or le Yémen (25 millions d’habitants) situé au sud de l’Arabie Saoudite, est frontalier avec elle ; il est en proie à une guerre civile et une rébellion chiites Houthis tente d’instaurer à Sanaa un régime que l’Arabie Saoudite considère à la botte de Téhéran, dans ce pays frontalier du royaume saoudien.
Ingérence scandaleuse dans un pays indépendant, souvenons nous des cris d’orfraie de la « communauté internationale » lors de l’intervention militaire irakienne au Koweït, intervention qui provoqua la première guerre du Golfe, l’intervention des bombardiers et des soldats saoudiens et les canonnades de la flotte de guerre égyptienne contre les rebelles chiites semble laisser le monde indifférent.
Les États-Unis jouent un rôle ambigu gardant deux fers au feu. D’un côté la vieille alliance avec les Saoud, de l’autre la volonté de normaliser les relations avec l’Iran et retrouver avec ce nouveau « partenaire » iranien, la place qui était la sienne du temps du règne des Pahlavi. Équation délicate pour l’impérialisme d’autant que certains cercles du pouvoir américain sont réservés sur cette stratégie et souhaitent en rester aux alliances traditionnelles entre USA, Arabie Saoudite et Israël. La réception de Netanyahou au Congrès en est un signe.
Reste que ces guerres locales pour l’hégémonie régionale font le jeu à terme de la stratégie impérialiste d’émiettement du Proche-Orient, de transformation des luttes sociales et de libération nationale en guerres de religions afin de permettre à l’impérialisme de conserver l’arme du pétrole, sa position géostratégique et sa maîtrise des sources d’énergie, éléments clefs de sa lutte contre la Russie et la Chine et sa volonté d’hégémonie mondiale.
Antoine Manessis, commission « International » du PRCF
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Le Parti Communiste Libanais appelle à des actions pour mettre fin aux ingérences extérieures au Yémen
Au moment où la droite sioniste tente d’accentuer sa guerre contre le peuple palestinien, à travers l’élargissement des massacres, des détentions, des expulsions et des destructions, mais aussi en intensifiant la colonisation, afin d’imposer le projet « Israël, Etat des Juifs du monde », au moment où on assiste à l’augmentation des dangers du plan étasunien visant à émietter le Monde arabe en une multitude de mini Etats confessionnels et au moment où le terrorisme, toléré par les Etats-Unis, tente de faire une plus large poussée au Liban, en Syrie, Irak, Libye et Tunisie, le Yémen est, de nouveau, dans le collimateur à cause des divisions confessionnelles qui se sont transformées en une guerre civile menaçant l’unité du pays et du peuple.
Et, tandis que tous les Etats du Golfe s’immiscent dans les affaires intérieures de ce pays et mobilisent les armées et les énergies, tandis que les menaces pleuvent, surtout de la part de l’Arabie saoudite et de l’Iran, le peuple yéménite, et avec lui tous les peuples arabes, vit une grande tragédie qui n’aboutira qu’à un surplus de catastrophes et ne mènera qu’à de nouvelles divisions intestines permettant le libre passage des projets impérialistes et sionistes, que le mouvement de libération nationale arabe avait combattus durant des décennies entières.
L’incendie provoquée par cette nouvelle guerre, alimentée par les Etats réactionnaires arabes et régionaux, au service d’intérêts connus et partant de rêves d’expansion et de domination, va, si on n’y met pas un terme, s’élargir à toute la région arabe et moyenorientale. Personne ne pourra y échapper. Voilà pourquoi, les peuples arabes et les forces démocratiques et de gauche dans les pays arabes, surtout dans la région du Golfe, sont appelés à descendre dans les rues afin de manifester, par tous les moyens, leur volonté de stopper cette guerre. Elles sont appelées à pousser dans le sens du dialogue, loin de toute intervention étrangère, saoudienne ou iranienne, arabe ou étrangère ; et, ce, afin de garantir l’unité du Yémen et d’aider à la réalisation des slogans qui furent à la base du soulèvement populaire et des aspirations du peuple yéménite, afin de réaliser des reformes politiques et socio-économiques pouvant lui garantir une vie libre et décente.
Le Parti Communiste libanais