Nous publions ci-dessous un article paru sur « Réveil communiste », le site de Gilles Questieaux, membre du PCF parisien. Depuis l’accession de Roussel au secrétariat national du PCF-PGE, certains membres de ce Parti se disant marxistes-léninistes tentent de se convaincre que le PCF est « revenu à ses fondamentaux ». La vérité, c’est que Roussel accumule les attaques contre l’URSS, Lénine et le centralisme démocratique, qu’il défend l’ancrage ravageur de la France dans l’UE et l’euro, qu’il ne parle jamais de révolution, de socialisation ni de pouvoir du peuple, qu’il s’est arrimé au PS pro-Maastricht comme l’arapède au rocher, qu’il a voté au parlement les crédits de guerre pour le régime otanien et pronazi de Kiev et qu’il s’est indécemment rendu, comme Darmanin, Ciotti et toute la réaction, à une manif factieuse de policiers dont le slogan honteux, scandé devant le Palais-Bourbon, clamait que « le problème de la police, c’est la Justice »… Certes, mais Roussel est un anti-Mélenchon fervent et cela fait passer tout le reste aux yeux de certains membres du PCF qui illustrent à leur insu le proverbe selon lequel « la souris ne connaît pas d’animal plus dangereux que le chat »… Cet anti-mélenchonisme brandi à toute occasion pour cultiver l’esprit de boutique dans le PCF n’est du reste que verbal puisque lors de toute échéance électorale sérieuse, la direction du PCF se tapit, tantôt dans le Front de gauche, tantôt dans la NUPES, tantôt dans le NPF dont Mélenchon est, de facto, la figure la plus connue.Alors que Roussel vient d’être éliminé dès le premier tour dans une circonscription du Nord historiquement détenue par le PCF, peut-on encore espérer que certains militants du PCF ou des JC vont enfin, non pas chercher des boucs émissaires extérieurs à leurs rangs pour rendre compte de l’échec retentissant de la gauche en général (29 % des voix en comptant celles de Hollande…) et de leur parti en particulier ? Et le rouge de la honte ne vient-il pas aux joues de certains dirigeants du PCF quand ils entendent le très patronal Édouard Philippe appeler à voter y compris « communiste » pour battre le RN, tout en refusant tout désistement macroniste en faveur d’LFI érigée en repoussoir absolu ? C’est justement parce que le PCF actuel, englué dans le soutien pseudo-critique à l’UE, dans une totale vassalité à l’égard du PS, voire dans les échanges d’amabilités de Roussel avec Macron, n’a plus rien à voir avec le grand parti ouvrier, marxiste et combatif des Duclos, Croizat, Manouchian et autre Krazucki, qu’un espace politique énorme a été abandonné au RN qui FEINT de défendre la Nation, les travailleurs et la paix mondiale. Et de même que Mélenchon n’a pas besoin de chercher ailleurs qu’en lui-même, en ses palinodies politiques, en son sectarisme et en ses tirades irréfléchies la cause de son rejet massif par l’opinion, y compris à gauche, Roussel n’a pas besoin de chercher en Mélenchon la cause de son piteux échec récent: car cette cause n’est autre que la dénaturation profonde et irréversible d’un PCF qui n’a plus, hélas, de communiste que le nom.
http://www.reveilcommuniste.fr/2024/04/melenchon-a-bon-dos-au-pcf.html
Roussel battu, et Mélenchon a encore bon dos au PCF
Les militants du PCF qui détestent Mélenchon lui reprochent un complot pour faire battre Fabien Roussel aux législatives, comme s’il ne pouvait pas y arriver tout seul. A force de faire campagne contre l’extrême-droite au lieu de faire campagne contre Macron, il a fini par faire campagne contre Mélenchon au lieu de faire campagne contre l’extrême-droite !
Le PCF était parait-il revenu aux fondamentaux (classe ouvrière, salaire, emploi, services publics, etc – mais pas un mot sur l’UE, il ne faut pas trop en demander !). Il y aurait sans doute de ce point de vue des choses à reprocher à Mélenchon, comme d’être un social-démocrate attardé et inconsistant au verbe gauchiste superficiel et cousu de fil blanc.
Mais comme ils croient tout ce qu’ils voient à la télé, ils lui reprochent plutôt d’être un dangereux islamo-gauchiste ennemi de nos institutions républicaines (sic).
Le style agressif et échevelé du tribun met à nu les prudentes contorsions de langage du PCF, sa lenteur à assimiler les nouvelles situations, ses choix à contre-temps et ses calculs pour ménager des partenaires de « gauche » qui sont souvent comme François Hollande ou Raphaël Glucksmann situés à l’extrême-droite du camp impérialiste.
Mélenchon rétropédale après ses grandes envolées, mais le PCF n’a pas besoin de le faire, il a bien trop peur de se lancer pour faire du vélo.
Certes ni l’un ni l’autre ne se sont trouvés au rendez-vous de l’histoire quand il s’est agi en février 2022 de refuser l’Union sacrée contre la Russie. On aura beau invoquer Jean Jaurès à tout bout de champ, c’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Et Roussel a fait du zèle dans le ralliement en fanfare à l’OTAN.
Puis Fabien Roussel s’est scandalisé lorsque Mélenchon a comparé le recteur de l’Université de Lille à Eichmann, mais il ne semble pas avoir eu grand-chose à dire quand ce même recteur a interdit la conférence de Mélenchon sur Gaza. Roussel prétend qu’il est « indéfendable » d’avoir dit ça. En réalité ce qui est indéfendable, c’est de ne pas organiser de grand meeting pour Gaza, avec Mélenchon et tout autre qui serait prêt à s’y joindre. Ce qui est indéfendable, c’est de participer aux campagnes de dénigrement des défenseurs de Gaza, sous prétexte d’antisémitisme instrumentalisé.
Les militants de base du PCF ont-ils donc complètement oublié que c’est leur propre parti qui a mis Mélenchon en selle il y vingt ans et en a fait la figure politique de premier plan qu’il est devenu ? Il s’agissait alors de trouver un prête-nom dans une opération pour sauver « la gauche » , ses élus, ses strapontins et ses postes des permanents, dans un projet de dissolution du PCF dans un rassemblement sinistre à l’italienne. Il se trouve que le prête-nom a été le plus malin, et que le parti a tiré les marrons du feu pour lui.
Quoi qu’il en soit au test de dis-moi qui te déteste je te dirai qui tu es Mélenchon passe mieux que Fabien Roussel, si on en croit la campagne de haine contre le premier dans la galaxie des médias.
Fabien Roussel a tenté timidement d’aller chercher les électeurs du RN sur leur terrain, et il a eu raison de le faire sans doute, mais à force d’hésitations et de prestations média consensuelles, il n’a pas convaincu, il a été battu dès le premier tour, et d’ailleurs François Ruffin a failli encourir la même mésaventure pour la même raison.
Aimer les beefsteak et susciter l’ire de Sandrine Rousseau, ce n’est pas suffisant pour retenir le vote ouvrier.
Et tout le monde sait bien qu’aucune politique sociale d’aucune sorte n’est possible dans l’Union européenne, et en participant aux guerres de l’OTAN. Il faut cesser de prendre les gens pour des imbéciles.
GQ, 22 avril – 2 juillet 2024