On se souvient que dans la suite de la scandaleuse résolution adopté par l’Assemblée Nationale dans le cours de l’escalade belliqueuse dans la fascisation, une certaine presse se fait toujours plus soucieuse de servir la machine de propagande de guerre. Comme cette résolution servant la « demande des autorités de Kyiv » et derrière elle les donneurs de l’ordre de l’Axe USA UE OTAN, c’est ainsi que Médiapart s’en est pris dans une charge aussi violente et fascisante que nauséabonde à l’historienne française spécialiste de l’entre deux guerres, Annie Lacroix-Riz. Une oukaze tellement carricaturale et confusionniste qu’elle les a conduit à devoir publier un droit de réponse. Mais le droit de réponse c’est aussi celui de 2000 soutiens qui publiquement et par pétition s’adresse au rédacteur en chef qui est l’autorité responsable de cette fangeuse manipulation. Au moment même où se tient en France le procès bien réel et factuel de militants nazis, pour préparation d’attaques terroristes, qui reconnaissent avoir voulu d’après les informations citées par le journal Le Monde rejoindre les milices nazies d’Ukraine pour s’armer, quiconque a le moindre soucis des élémentaires valeurs démocratiques ne peut qu’entendre et rejoindre cet appel des 2000.
A Edwy Plénel (directeur de Médiapart), Fabien Escalona et Pauline Graulle (rédacteurs de l’article incriminé)
A Edwy Plénel (directeur de Médiapart), Fabien Escalona et Pauline Graulle (rédacteurs de l’article incriminé)
Copie à Thomas Chopard, maître de conférences à l’EHESS
Copie aux 1976 pétitionnaires
Paris le 19 juin 2023
Madame, Messieurs,
Le 28 mars 2023, à la demande du gouvernement ukrainien, l’Assemblée Nationale a voté une résolution qualifiant de génocide volontairement perpétré par l’URSS contre le peuple ukrainien la famine de la période 1932/33, ceci alors que cet épisode historique ne fait aucunement l’objet d’un consensus universitaire. Dans le contexte du conflit OTAN-Russie en Ukraine, il ne faut d’ailleurs pas être grand clerc pour comprendre la portée et l’objectif d’un tel vote…
Suite à ce vote, Médiapart a publié le 31 mars un article s’étonnant de l’abstention ou du vote contre de la part des députés LFI ou communistes. Mais dans cet article signé de Fabien ESCALONA et Pauline GRAULLE, un véritable lynchage médiatique honteux est effectué de Mme Annie LACROIX-RIZ, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris-Cité, historienne reconnue pour son travail rigoureux sur archives et qui a le seul tort de ne pas abonder dans le sens de la « thèse » soutenue dans cet article. Elle y est qualifiée par les auteurs de l’article ou par citation interposée de Thomas CHOPARD (en copie), de « négationnisme pur », de « complotisme », le tout agrémenté d’un appel implicite à sa censure médiatique.
L’ignominie et l’insulte sont inacceptables, ne peuvent être banalisés, ni servir d’argument ! Ces procédés sont indignes et révélateurs d’une perte d’indépendance de votre média, ce qui ne peut qu’accentuer la méfiance des citoyens envers les moyens « d’information » en général. Et quand la diabolisation, le mépris, l’étiquetage, prennent le pas sur l’argumentation et la discussion contradictoire, c’est la démocratie qui régresse !
De nombreuses personnes ont à tel point été choquées qu’une pétition de soutien à l’historienne maltraitée a été initiée. Le texte de cette pétition, que vous trouverez ci-dessous, a été signé par près de 2000 personnes dont de très nombreux enseignants, universitaires, intellectuels, des élus aussi, l’association La libre pensée, et des citoyens connaissant la rigueur du travail de cette historienne.
Alors que le danger d’une extension de la guerre en Ukraine est réel, que des sommes folles sont dépensées en surarmement et en préparation au pire, que de trop nombreuses organisations peu responsables sombrent dans une nouvelle « union sacrée », permettez-nous de garder la tête haute et de ne pas être dupe sur l’objectif du rouleau compresseur politico-médiatique que vous alimentez par votre article.
A chacun son combat…
Veuillez recevoir, Madame, Messieurs, mes salutations vigilantes et indignées.
Gérard TOLLET, syndicaliste, enseignant à l’université Paris 12 – UPEC (Créteil), récemment retraité.
Pétition de soutien à l’historienne Annie LACROIX-RIZ suite à l’article de Médiapart : L’ignominie et l’insulte ne peuvent servir d’argument !
Le 28 mars 2023, l’Assemblée Nationale s’est saisie indirectement d’une demande du gouvernement ukrainien et, par un vote allant des écologistes en passant par le PS et allant jusqu’à l’extrême droite, a reconnu la grande famine de 1933 en Ukraine comme un génocide perpétré volontairement par l’URSS. Dans le contexte du conflit OTAN-Russie en Ukraine, chacun se fera une idée de la portée et de l’objectif d’un tel vote.
Mais indépendamment de l’avis que l’on peut avoir d’une part sur ce vote (il y aurait beaucoup à dire) et d’autre part sur la triste période évoquée, un fait grave est intervenu qui dépasse les limites de l’acceptable.
Dans un article de Médiapart daté du 31 mars 2023 relatant ce vote et intitulé « Comment la grande famine ukrainienne de 1933 est venue percuter la gauche française », l’historienne Annie LACROIX-RIZ, professeure émérite à l’université Paris-Sorbonne, a été une nouvelle fois l’objet d’insultes outrancières autant injustes qu’injustifiées. Affublée de qualificatifs injurieux tels que « négationnisme pur », « complotiste », elle n’a que le tort de ne pas abonder dans le sens du quasi consensus politico-médiatique actuel, sachant que ce consensus n’existe pas au niveau de la recherche universitaire sur le sujet. Et les rédacteurs de l’article d’en rajouter en s’étonnant de l’invitation de l’historienne dans certains médias (nommément cités), ce qui n’est ni plus ni moins qu’un appel implicite à la censure !
Arriver à une telle bassesse de la part de Médiapart est lamentable, répugnant, malhonnête. La question qu’on peut légitimement se poser alors est pourquoi ces journalistes sombrent-ils dans de tels caniveaux ? Et pourquoi aussi des députés ont-ils voté les yeux fermés cette qualification de « génocide » ? Deux réponses sont possibles :
– d’une part, la tentation de discréditer une fois de plus toute remise en cause du capitalisme, où que ce soit, passée (certes imparfaite), présente et future et ceci, par tous les moyens (simplification, caricature, exagération, voire mensonge pur…).
– D’autre part, et c’est très certainement la raison majeure, l’alignement de plus en plus net de ces gens sur les atlantistes et les va-t-en-guerre qui veulent entraîner notre pays et le monde dans l’apocalypse meurtrière.
Et la plus belle réponse à ces questions se trouve dans la déclaration du député écologiste Aurélien Taché citée dans l’article en question : « Même si je comprends qu’il puisse y avoir débat sur le caractère génocidaire de l’Holodomor, au bout d’un moment, il faut faire de la politique ! » Quel bel aveu !
S’ajoute aussi à cela la volonté bassement politicienne de faire diversion et division à gauche, dans la période actuelle de lutte unitaire et très majoritaire contre la réforme régressive des retraites…
Quoi qu’il en soit, l’insulte (« argument » de ceux qui n’en ont pas…) qui est faite ou relayée dans cet article ne peut faire oublier le travail scrupuleux d’historienne sur archives qu’Annie LACROIX-RIZ mène depuis longtemps et qui gêne au plus haut point. Mais à l’évidence, le rouleau compresseur politico-médiatique est en marche qui tente une nouvelle fois par tous les moyens d’étouffer tout débat réel, toute réflexion argumentée, toute voix discordante qui ne va pas dans le sens des choix politiques du pouvoir et des intérêts de la finance. Il n’a que faire de la rigueur scientifique qui pourtant devrait s’imposer sur la base des faits, de témoignages, d’archives. Si le champ historique n’est en cela pas la seule victime de ce rouleau compresseur, c’est de loin le domaine le plus sensible.
Or, lorsque l’Histoire est déformée et utilisée à des fins politiques grossières, en ignorant les désaccords et controverses ainsi que la recherche universitaire en cours, il est de la responsabilité des élus (tous n’ont pas sombré dans ce piège lors de ce vote à l’A.N.), des citoyens, de sentir cette instrumentalisation et de s’en dégager au plus vite avant qu’une version erronée ou déformée des faits devienne l’Histoire officielle… Quand la diabolisation, le mépris, l’étiquetage, prennent le pas sur l’argumentation et la discussion contradictoire, c’est la démocratie qui est en danger, d’autant que ces méthodes peuvent rapidement déteindre sur le peuple…
Et quand le milieu universitaire est touché par cette maladie, les conséquences sont pires encore car c’est l’essence même de la démarche scientifique de dialogue, de confrontation d’idées, de recherche qui est remise en question.
Pour toutes ces raisons, nous alertons, dénonçons ses pratiques honteuses et apportons notre soutien à cette universitaire maltraitée.
On ne s’habitue pas à l’ignominie, on la dénonce et on la combat !