Sanctionner à tout prix pour se justifier de s’être perdu dans une telle procédure
Dans une administration cornaquée d’une main de fer thatchérienne/reaganienne, il faut filer droit, et, pour être gratifié, faire du zèle. C’est ce que le Rectorat de Poitiers, par l’intermédiaire de sa Rectrice, Bénédicte Robert, fait, sur et contre les « 4 de Melle », 4 enseignants (syndiqués à Sud Éducation) qui, au printemps 2020, se sont mobilisés contre les nouvelles épreuves dites E3C du nouveau baccalauréat Blanquer, un Bac/Lycée « low cost ». Bien que les conseils disciplinaires des 4 mis en cause n’aient pas voté majoritairement en faveur de sanctions, la direction de l’administration décide, seule, comme elle le fait par ailleurs (Ministère du Travail, etc.), de celles-ci, à savoir, un déplacement d’office ; une exclusion temporaire de 15 jours sans traitement ; une rétrogradation de l’échelon 2 à l’échelon 1 ; un blâme. Ces sanctions sont, pour deux d’entre elles, « légères », et les autres sont plus sévères, sans être, fort heureusement, la plus grave possible (la révocation). C’est que le Rectorat n’a pas voulu perdre la face : par principe, parce qu’il s’était engagé dans cette mauvaise voie, il fallait sanctionner, malgré tous et malgré tout, et, EN MÊME TEMPS, il fallait que ces sanctions ne soient pas trop graves pour que le mouvement en faveur de ces enseignants ne se prolonge en s’aggravant.
Des décisions qui en disent si long sur les décideurs et, in fine, l’UE, la tutrice
Les 4 enseignants vont contester administrativement, et publiquement, par un prolongement des mobilisations, ces 4 décisions/sanctions. Elles traduisent l’état d’esprit de celles et ceux qui sont à la tête des administrations et singulièrement de l’Éducation Nationale : de ces fameux « démocrates » en faveur de la « liberté d’expression » quand elle se fait en dehors de leur périmètre de responsabilité, quand elle ne les concerne pas, quand ils la contrôlent, et sinon, dès que, au contraire, ils sont mis en cause, ils ne la contrôlent pas, ils perdent immédiatement leurs convictions de « démocrates ». Elles traduisent également ce que l’adoption de la loi Blanquer de la confiance/méfiance induisait : toujours plus affaiblir et mettre en cause les enseignants, y compris depuis l’assassinat de Samuel Paty qui a donné lieu à de grandes déclarations solennelles, creuses et mensongères. Elles traduisent, enfin, dans chaque pays européen, le sens de ce que l’Union Européenne exige de ses États membres : faciliter la « mobilité » des enseignants, y compris en les licenciant ! et ce, bien que l’UE publie régulièrement, notamment ces derniers mois, des textes publics par lesquels elle appelle ces mêmes États à renforcer leur « politique » dans l’Éducation, à augmenter le nombre et les salaires des enseignants. C’est que, une fois qu’elle a écrit cela, elle exige exactement le contraire de ces affirmations, dans les textes qui concernent la gestion budgétaire des États, notamment par le transfert de parties gérées par les éducations publiques à des entreprises privées, dont on connaît le principe néolibéral du meilleur « moins disant » ! Pour soutenir les 4 de Melle, ce que la commission Éducation du PRCF fait et vous appelle à faire, vous pouvez faire un don, même modeste, pour financer leurs actions juridiques et publiques : https://www.lepotcommun.fr/pot/n9i5n24r