L’État opprime et la loi triche,
L’impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche,
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois :
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits !L’Internationale
L’appareil de propagande médiatique du régime veut profiter du mouvement des gilets jaunes pour imposer l’idée qu’il faudrait réduire les « impôts » en France. Comme si l’impôt n’était pas essentiel pour le fonctionnement de l’État, c’est-à -dire des services publics, écoles, établissements de santé, routes et transports, sécurité etc… essentiel pour chacun et dont justement les gilets jaunes déplorent la fermeture tout azimut dans les territoires, de la ruralité aux banlieues et quartiers populaires. Non ce que les travailleurs, en gilets jaunes ou pas, réclament c’est la fin de la politique fiscale de la taxe. C’est-à-dire celle de l’impôt indirect, frappant du même montant le pauvre et le riche. Par exemple la TVA, première ressource du budget de l’État, ce sont 153 milliards d’euros par an. Eh bien un couple avec un enfant qui a un revenu annuel inférieur à 20 000 € la paye à hauteur de 10.6%, près de deux fois plus que les 6.3% du même couple gagnant 100 000 €.
Le mouvement dit « des gilets jaunes » met en cause la fiscalité et l’économie françaises dans leur ensemble
par Jean-Pierre Combe
Le mouvement « des gilets jaunes » pose des problèmes concrets aux rédactions de notre presse d’argent, qui ne savent où adresser leurs deux ou trois reporters de confiance pour trouver à quoi se résume ce mouvement et quel en est le guide ou l’inspirateur.
Les directions des partis politiques institutionnalisés aimeraient bien trouver cette information, ainsi que, bien entendu, Monsieur Macron, son équipe et ses mandants.
De l’autre côté, les femmes et les hommes qui forment les barrages sont perplexes devant les huit « porte-paroles » que la Télévision vient de placer à la tribune : comment ont-ils été désignés et par qui ?
Ces questions interfèrent avec le contenu présenté au public des revendications et avec son évolution : il est clair que si la presse d’argent, ou le gouvernement, réussit à imposer aux « Gilets jaunes » un, deux ou une demi-douzaine de « porte-paroles », cela restreindra la revendication discutée publiquement aux quelques objets dont ces quelques-uns pourront discuter : cette intuition est la cause de la perplexité des « barragistes », alors que nombre d’entre eux sont certes frappés par l’augmentation des taxes sur les carburants, mais souffrent bien davantage des autres augmentations des taxes, et de prélèvements, de toutes les injustices dont chacun de ces prélèvements apporte sa part, et aussi du fait que les salaires et les pensions sont bloqués depuis des années et que, depuis des années, le patronat capitaliste vend ses actions aux capitalistes étrangers, ferme les usines de notre pays, met fin aux activités industrielles de production dans toutes les branches.
TVA, TICPE… l’imposition indirecte est par nature injuste, frappant plus les travailleurs que les capitalistes
En vérité, la diversité des « barragistes » est telle qu’elle met en cause l’ensemble de la fiscalité et l’ensemble de la conduite de l’économie de notre pays par les propriétaires de ses capitaux dominants.
Cette situation doit, à mon avis, conduire les communistes à rappeler la position de principe des communistes français en matière fiscale : l’imposition indirecte, c’est-à-dire celle que constituent les taxes de toutes natures, est essentiellement injuste :
les impôts versés par les pauvres sous la forme de taxes amputent leurs salaires et leurs pensions d’une très forte proportion (en France, cela se situe entre le quart et la moitié), alors que le total des taxes versées par les riches ne représentent qu’une part minime de leurs revenus personnels.
C’est pourquoi les communistes se sont opposés à l’instauration de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) (on se souvient de la première page de l’Humanité qui annonçait sa prochaine mise en vigueur en combinant trois caractères d’affiche avec ses caractères ordinaires pour traduire le sigle TVA par Tout Va Augmenter !) : la TVA prélève en effet 20 % des sommes que paient la plupart des salariés pour acheter tout ce dont ils ont besoin pour vivre, ce qui représente 20 % du salaire de tous ceux qui n’ont pas la possibilité d’épargner !
Et c’est aussi pourquoi les communistes ont si longtemps (jusque vers 1 970) revendiqué la refonte de la fiscalité communale, qui repose entièrement sur l’imposition indirecte.
Revendiquer une fiscalité juste, fondée sur l’imposition directe, progressive, redistributive
Il est temps de relancer la revendication communiste d’une fiscalité juste, fondée exclusivement sur l’imposition directe, par laquelle chaque citoyenne et chaque citoyen paiera une part progressive de ses revenus personnels ; progressive, cette part augmentera avec le revenu de la personne contribuable, à partir d’une proportion symbolique, puis minime pour les personnes dénuées de ressources ou dont les ressources sont minimes, jusqu’à une proportion très importante que devront verser les personnes les plus riches, dont les revenus personnels sont les plus élevés.
Les revenus personnels sont les salaires et pensions, les revenus de l’épargne, des biens et des propriétés, les bénéfices commerciaux, les dividendes et jetons de présence versés par les sociétés aux actionnaires, y compris les « salaires » des PDG et leurs « parachutes dorés », quand il y en a.
Il est bien évident que l’impôt sur le revenu est dû à l’État par les personnes : l’évasion fiscale (qui détourne de nos finances publiques des sommes actuellement supérieures au budget de l’État) doit être considérée comme un délit grave et combattue avec vigueur et efficacité !
Bien d’accord avec l’essentiel de cet article, à une nuance près : de manière générale la TVA (et la plupart des autres impôts indirects) devrait être supprimée, mais il faudrait veiller à ne pas le faire – et même peut-être à l’augmenter ! – sur les produits de luxe réservés aux grands bourgeois… Et ne pas non plus supprimer la taxation de produits qui sont parfois consommés de façon courante par les couches populaires, mais sont inutiles et nocifs, comme l’alcool et le tabac.
Dans le prolongement de cette réflexion, la question de la fixation des prix dans une société socialiste, voire même pour des revendications plus immédiates, pose de nombreux défis, et le levier de la cotisation sociale (cf. les travaux de Bernard Friot, notamment) offre des pistes très intéressantes (quoique ne résolvant pas tout) pour de nombreux produits utiles et indispensables qui devraient être gratuits, ou au moins largement subventionnés, avec un financement socialisé par ladite cotisation.