Le PRCF incline son drapeau en hommage au camarade René LEFORT. La famille, accompagnée par une quarantaine d’amis et de camarades du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) étaient présents afin de rendre un hommage vibrant à René.
Léon Landini, Président du PRCF a rappelé sa vie militante en mettant en évidence l’engagement politique et syndical de René Lefort depuis sa prime jeunesse.
Ensuite sont intervenus le représentant du syndicat des ingénieurs et techniciens dans lequel militait René Lefort.
Puis ce fut au tour d’une responsable du syndicat des retraités de la RATP.
Pour conclure c’est notre camarade Jean-Paul Leroy, qui militait aux côtés de René, qui rappelant les soirées militantes passées en compagnie de René Lefort a souligné avec émotion la terrible perte pour tous qu’est le décès de René.
À la demande de la famille, cette cérémonie s’est terminée par le chant de l’Internationale.
Après la cérémonie, en hommage à René Lefort, une délégation du PRCF conduite par Léon Landini est allée déposer les fleurs dont les deux gerbes du PRCF au mur des fédérés.
Lorsque tout fut terminé, chacun et chacune ont quitté les lieux le cœur gros et l’âme en peine de perdre un si bon camarade.
L’hommage de LEON LANDINI, président du PRCF, aux obsèques de René LEFORT, militant du PRCF, l’un des fondateurs de la Coordination communiste pour la renaissance révolutionnaire du PCF.
Mesdames, Messieurs, chers camarades militants du PRCF, de la CGT et des autres organisations progressistes,
L’homme auquel nous disons adieu aujourd’hui a joué un rôle important, quoique méconnu, dans le mouvement ouvrier de lutte, dans les combats du PCF parisien, puis, quand ce grand parti se fut hélas engagé dans l’impasse suicidaire de l’opportunisme, dans l’action pour que renaisse en France le parti léniniste de combat dont nous manquons cruellement aujourd’hui.
Au sortir de ses brillantes études scientifiques à Sup Elec, le jeune ingénieur René Lefort devint cadre à la RATP.
Très vite, son talent professionnel lui permit de diriger une ligne de métro, ce qui est une lourde responsabilité quotidienne, quoi qu’en pensent ceux qui croient que la circulation des rames se fait toute seule.
Cette haute responsabilité n’a jamais empêché René d’exercer de hautes responsabilités à la CGT et de s’engager totalement, sans souci pour sa carrière, dans toutes les grèves pour la paix, contre le colonialisme (notamment contre les guerres d’Indochine et d’Algérie), pour la défense des libertés démocratiques, pour le progrès social.
Au PCF, auquel il avait adhéré dès 1944, René a toujours été à la fois un militant loyal et un adhérent critique.
Il se méfiait à juste titre de tout ce qui pouvait attirer son parti dans le piège d’une alliance délétère avec cette social-démocratie qui, des grèves minières de 48 à la faussement progressiste époque mitterrandienne, n’a cessé, soit de combattre violemment les ouvriers communistes, soit de les embrasser pour mieux les paralyser.
En 81, résultat logique du délestage idéologique consenti durant les années 70 (abandon de la dictature du prolétariat et du marxisme-léninisme, adoption par le PCF de la théorie réformiste du « socialisme au pas à pas », critique droitière de l’URSS), le PCF entra en position de caution archi-dominée dans le gouvernement Mauroy.
C’est alors que le chemin de René croisa celui de Georges Gastaud, engagé lui aussi dans la critique léniniste des déviations idéologiques et de la participation ministérielle sans principe à un gouvernement atlantiste, antisoviétique, européiste, où Delors jetait les bases de l’euro, synonyme d’austérité continentale à perpétuité. René écrivit alors son livre La gestion sociale-démocrate de la crise.
Par la suite, avec Georges, mais parfois avec des argumentations différentes, René combattit la nouvelle orientation soviétique incarnée par Gorbatchev.
Il avait compris que la prétendue « perestroïka » menerait à la déstabilisation totale du camp socialiste, donc à cette revanche contre-révolutionnaire du capital que l’on nomme « construction européenne » et « mondialisation ».
Quand l’URSS fut démantelée en 91, au mépris du référendum soviétique qui avait donné 76% des voix pour son maintien, et quand le journal L’Humanité, refusant de soutenir les communistes soviétiques persécutés par Eltsine, titra piteusement « PCF/PCUS, le jour et la nuit », René fut l’un des premiers à signer la Lettre ouverte au Comité central du PCF qu’avait diffusée nationalement la cellule Eloi Machoro de Lens.
Face aux nouvelles dérives du parti, balloté par l’opportunisme et le révisionnisme, les signataires de cette lettre décidèrent à l’automne 91 de se constituer en Coordination communiste pour la continuité révolutionnaire et la renaissance léniniste du PCF.
Pendant des années, alors que les animateurs de cette lettre n’avaient presqu’aucun moyen financier et technique, les militants de la CC, et notamment son secrétariat composé des camarades Lefort, Nardi, Sallé et Gastaud, animèrent une opposition marxiste-léniniste au sein du PCF. C’est aussi des syndicalistes de classe très actifs dans cette mouvance que vint l’idée de lancer le collectif Continuer la CGT auquel Lefort apporta très vite sa contribution experte.
Pour autant, René continuait de tenir le combat interne au PCF dans sa cellule du 13ème et de militer dans sa section CGT de retraités du métro.
Lors de l’épisode douloureux de la scission de la Coordination, en 99, René prit la parole au nom de ceux qui, tels Alleg, Pranchère et le comité du Pas-de-Calais, optèrent pour la Coordination des militants communistes du PCF.
Celle-ci devint par la suite Fédération nationale des associations pour la renaissance communiste. La FNARC s’associa au CNUC dirigé par Georges Hage et se transforma en 2004 en PRCF, fondé en 2004 sous l’égide des camarades Coignard, Hage, Pranchère, Gastaud, Flament, Nicolo-Vachon et de moi-même. Pour autant, René n’a jamais cessé d’aspirer, comme nous tous, à l’unité de combat de tous les communistes.
Ces engagements loyaux n’ont jamais empêché René de penser par lui-même en tant que grand intellectuel marxiste. On lui doit de nombreux écrits originaux sur l’approche marxiste de la souveraineté nationale ou sur les causes fondamentales de la contre-révolution en URSS. Un bilan de son œuvre méconnue, comme celle de tant d’écrivains marxistes de cette sombre période contre-révolutionnaire, reste à faire.
Entretemps, René n’avait cessé d’être un grand combattant internationaliste.
On se souvient de lui criant à gorge déployée « libérez Honecker ! » lors de la manif organisée devant l’ambassade allemande par le Comité Honecker fondé par nos camarades de Lens avec l’appui d’Alleg, d’Auchedé et le concours de Maurice Cukierman.
Il s’agissait alors d’expliquer, ce que tous constatent aujourd’hui, que la honteuse criminalisation de la RDA et de l’URSS ne pourrait conduire à terme qu’à banaliser les nostalgiques du fascisme et du nazisme, qui font aujourd’hui leur angoissant retour en Allemagne et au Japon.
René était aussi un grand ami de Cuba socialiste et l’un des dirigeants parisiens de l’Association France-Palestine.
Au sein de la CMC, René mit en place une commission internationale dont héritera la « commission internationale » du PRCF, d’abord présidée par Daniel Antonini, puis par Antoine Manessis, aujourd’hui en contact avec plus de cent organisations communistes de par le monde.
Quand l’âge et la maladie eurent éloigné René de la direction active, il ne cessa ni d’écrire, ni de militer à la base aux côtés de ses camarades du PRCF parisien. Honneur à Majid qui, sans être au PRCF, n’a cessé de l’accompagner, et à Jean-Paul Leroy qui, avec la famille de René que nous saluons, ont constamment été présents à ses côtés durant sa vieillesse.
René abhorrait le culte des personnes, et c’est donc moins pour dresser son panégyrique que pour faire connaître son engagement aux jeunes que nous avons rappelé ces jalons militants.
Camarade Lefort, tu auras traversé avec honneur l’interminable période d’humiliations infligées au mouvement ouvrier par l’opportunisme et la contre-révolution.
Quand la RDA est tombée en 89, tu disais à Georges Gastaud (qui ne peut être physiquement présent ce jour, étant au chevet de sa mère hospitalisée d’urgence dans le midi) qu’il faudrait bien trente ans au mouvement ouvrier pour s’en remettre. L’échéance fixée par René approche.
Alors que l’impérialisme menace la paix en Ukraine, en Corée et au Proche-Orient, alors que les travailleurs de France sont engagés dans un bras de fer avec Macron-Thatcher et que les communistes ont plus que jamais besoin d’un vrai parti de combat, j’affirme au nom du PRCF, mais je le crois aussi, au nom des progressistes ici présents, que la mémoire de René Lefort vivra dans la renaissance communiste prochaine.
Car, comme le disait Georges Dimitrov, « les contre-révolutions sont des parenthèses historiques, l’avenir appartient aux révolutionnaires ».
« La disparition de René Lefort laissera un trou béant dans les rangs du PRCF » , Jean Paul Leroy (PRCF)
Mesdames, messieurs, chers amis, très chers camarades.
C’est le cœur gros que je viens aujourd’hui dire adieu à mon ami, à mon camarade, à celui que je considérais comme mon père.
Dire que je suis ému le mot est faible, j’ai comme une boulle dans la gorge qui m’empêche de parler.
J’ai continuellement devant mes yeux l’image de René me conseillant et m’indiquant ce que voulait dire, que d’être un vrai communiste.
Que de fois nous a-t-il lu à mes camarades et à moi-même la dernière lettre écrite par Gabriel Péri, quelques minutes avant d’être fusillé, afin que son sacrifice serve d’exemple à tous les vrais communistes :
« Que mes amis sachent que je suis resté fidèle à l’idéal de toute ma vie.
Que mes compatriotes sachent que je vais mourir pour que la France vive.
Je fais une dernière fois mon examen de conscience. Il est très positif.
C’est cela que je voudrais que vous répétiez autour de vous.
J’irai dans la même voie si j’avais à recommencer
Je vais préparer tout à l’heure des lendemains qui chantent.
Je me sens très fort pour affronter la mort. Adieu et que vive la France»
Par ailleurs, je n’étais pas le seul à être ému en entendant la lecture de cette lettre.
Quel courage et quel exemple nous donnait Gabriel Péri.
Nous étions nombreux à venir demander conseil à René lorsque un évènement important se passait en France ou à l’étranger.
Nous les camarades de Pôle de Renaissance Communiste en France nous prenions plaisir à nous retrouver avec lui pour échanger, nos sentiments.
J’ai en mémoire, comme si cela s’était passé ce hier, les soirées où nous nous trouvions à cinq ou six camarades chez lui, pour mettre sous enveloppe des milliers de tracts établis par le PRCF et que allions une fois timbrés, déposer à la poste.
Tous ces courriers étaient destinés à des camarades communistes dont beaucoup d’adresses avaient été recherchées par René.
Après avoir préparé toutes nos enveloppes, René, avec sa gentillesse coutumière nous invitait à descendre à la pizzeria du coin pour que nous puissions nous restaurer.
Chaque soirée passée avec lui équivalait à une réunion de formation politique que René nous faisait, en nous expliquant qu’il fallait toujours se battre car les batailles que l’on ne mène pas, nous sommes à l’avance certains que nous ne les gagnerons pas.
S’il est vrai que chaque camarade qui disparaît laisse un manque, toutefois la disparition de René laissera un trou béant dans les rangs du PRCF.
Il nous manquera à tous et chacun d’entre nous portera son deuil dans son cœur.
C’est un grand bonhomme pour lequel nous avions tous un très grand respect qui s’en va et son départ nous laisse tous très malheureux.