Après la révolution de 1848, le suffrage était déclaré « universel ». Et pourtant, durant 100 ans il ne le fut pas pour les femmes. Le 21 avril 1944 est une date qui marque l’histoire de notre République et de celle de la lutte pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Le droit de vote des femmes, comme chacun des droits conquis par celles ci, a été obtenu par des combattantes dont l’opiniâtreté a permis de ne jamais renoncer.
Gisèle Halimi, (avocate et figure du féminisme en France) est une des femmes qui se sont battues pour ce droit, ainsi que Hubertine Auclert, qui revendique des droits politiques sans restriction : « Si les femmes ne participent pas à l’écriture de la loi, elles n’ont aucune chance de se faire entendre ».
La revendication du droit de vote pour les femmes date de la Révolution française, au moment où le suffrage censitaire masculin est mis en place. Très tôt, des figures tentent de s’imposer, comme Condorcet ou Olympe de Gouges (auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, en 1791), qui défendent les droits politiques des femmes au nom de l’égalité de tous les citoyens. Pourtant, les luttes pour l’universalisation du vote laissent longtemps les femmes de côté.
En 1917, l’URSS fait adopter le droit de vote des femmes par le gouvernement provisoire. Et au lendemain de la Première Guerre mondiale, les associations féministes, sur le modèle anglo-saxon, prennent de l’ampleur et réussissent à imposer la question du suffrage féminin dans le débat public. Des résistances persistent dans le champ politique, mais on ne peut nier le rôle désormais essentiel des femmes dans la défense du pays et la reconstruction de celui ci. La France était l’un des rares pays européens à ne pas avoir encore accordé le droit de vote aux femmes, la plupart de ses voisins l’ayant fait dès la fin de la Première Guerre mondiale.
Les revendications féministes réapparaissent avec la IIIe République (1870-1940). Les droits politiques des femmes sont excessivement marginaux et celles qui militent en faveur de l’égalité politique sont ridiculisées. L’instauration de la démocratie devrait alors permettre l’égalité.
En 1909, Ferdinand Buisson rédige un premier rapport sur l’opportunité du droit de vote des femmes en France. Son processus législatif est interrompu en 1914 par la Première Guerre mondiale.
Au sortir du conflit, en 1919, le suffrage des femmes revient devant la Chambre des députés. Après de longues discussions, un amendement est déposé proposant de donner l’égalité politique aux femmes à 21 ans et pour toutes les élections, en plus de l’éligibilité.
Le texte est adopté à une large majorité, mais le Sénat le bloque et opte, vis-à-vis des droits politiques des femmes, pour un attentisme latent jusqu’à l’effondrement de la IIIe République.
Après l’adoption d’une proposition de loi instaurant de droit de vote des femmes aux élections municipales et cantonales (dont l’une de Marcel Cachin), pour les élections municipales des 3 et 10 mai 1925, le Parti Communiste Français présente 10 femmes en position d’éligibilité sur ses listes, alors que les femmes n’ont toujours pas le droit de vote en France ; 7 d’entre elles sont élues, dont Joséphine Pencallet, meneuse avec Charles Tillon de la grève historique des sardinières en Bretagne, et 6 femmes du « bloc ouvrier et paysans » dans la Région Parisienne. Elles siègent et prennent part aux débats et décisions au même titre que les hommes, mais cette situation ne perdurera pas et l’élection de ces femmes est finalement invalidée.
1936 : en juillet, la Chambre des députés se prononce à l’unanimité pour le suffrage féminin, mais le texte n’est jamais inscrit à l’ordre du jour du Sénat. Le Front Populaire nomme trois femmes ministres : Irène Joliot Curie, Suzanne Lacore et Cécile Brunschvicg, mais cette expérience ne fut pas renouvelée lors du 2è gouvernement Blum.
Enfin, à la suite de l’amendement que Fernand Grenier dépose le 24 mars 1944 à l’ Assemblée consultative provisoire à Alger, le droit de vote des femmes est établi en France. Dans l’article 17, Fernand Grenier, représentant du Parti communiste, exige que les femmes soient électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes : « dans le domaine de la lutte contre l’ennemi, les femmes se sont révélées les égales des hommes, elles ne doivent plus être traitées en mineures et en inférieures ».
Mais ce n’est pas parce que les femmes ont le droit de vote qu’elles doivent aller voter le 9 juin pour les élections européennes. Bien au contraire, conscientes de leur rôle, elles doivent elles aussi s’abstenir, afin de refuser la destruction de la France par son passage à une Europe des régions, ou « saut fédéral européen ».
Sylvie, pour la commission condition féminine du PRCF