La désindustrialisation tue. Et la crise sanitaire du COVID-19 vient de le démontrer à nouveau. Elle tue, d’abord, les ouvriers qui en sont les premières victimes : condamnés au chômage, à la précarité, à la misère. Le chômage de masse est directement responsable de 20 000 morts chaque année en France d’après l’INSERM. Elle tue, également, car elle prive le pays des moyens de production nécessaires pour disposer des biens indispensables à la satisfaction des besoins de la population. Y compris, lors des crises sanitaires de la capacité à produire rapidement sous le contrôle populaire. Dans notre France euro-désindustrialisée.
5 milliards d’euros payés par le peuple… pour fermer des usines Renault
Un prêt de 5 milliards d’euros garantis par l’Etat cela signifie que toi, lecteur, contribuable, Macron t’engage à rembourser ce prêt si Renault ne le fait… y compris les intérêts dont va bénéficier la banque privée qui l’accorde. Cette garantie vient également au bilan de la dette de l’Etat.
De garantie, Renault n’en donne aucune et pour cause, le régime Macron n’en a imposé aucune. Pas même de maintenir l’emploi et les usines en France. Pourtant 5 milliards d’euros c’est énormément d’argent. Pour donner l’ordre de grandeur de la somme, cela représente l’intégralité des salaires du 15 mars au 15 juin de 694 444 ouvriers qui seraient payés 2000 € net par mois. Rappelons que Renault ne compte que 180 000 salariés au total dans le monde dont un peut moins de 50 000 en France. Ce prêt de 5 milliards permettrait ainsi de fournir la trésorerie pour payer les salaires des employés de Renault en France durant…. 41 mois soit 3 ans et demi ! Donc, non Renault ne manque pas d’argent et la crise du COVID-19 ne saurait justifier la suppression d’un seul emploi en France.
Tout en demandant ce prêt, le patronat de Renault, dont l’Etat est actionnaire, a déclaré « « Nous n’avons aucun tabou et nous n’excluons rien »« .
Flins, Choisy, Dieppe, Caudan dans le viseur !
En réalité dans la presse il est déjà annoncé la fermeture de 4 usines en France :
- Flins ou 2600 ouvriers produisent la Renault Zoé électrique (et actuellement des masques) et la Nissan Micra
- la Fonderie de Bretagne à Caudan, 385 ouvriers au cœur de la production industrielle puisqu’ils fabriquent le coeur des automobiles (pièces en fonte de transmissions, moteurs et châssis)
- Dieppe, 386 ouvriers fabriquant l’Alpine A110.
- Choisy qui est spécialisée dans la réfection des moteurs et boîtes de vitesse et emploie 263 ouvriers
- Douai l’une des plus grandes usines de Renault en France verrait la suppression de la production de 4 véhicules dont les historiques Scenic et Espace, au profit de soit disant véhicules électriques. C’est le même chemin qui avait été donné à Flins…
Mais Renault n’annonce évidemment pas de réduction de sa production, il s’agit en réalité d’un plan de délocalisation qui ne dit pas son nom. En 2019 Renault a produit 3 818 411 véhicules dont seulement 17.9% ont été produits en France, avec 8.5% de véhicules de moins assemblés en France par rapport à 2018 et, ce, alors que 35.6% des véhicules sont produits en zone eurasienne. De fait, 2019 a été la dernière année de production sur le sol français du véhicule le plus vendu en France, la Clio. Celle-ci n’est désormais plus fabriquée… qu’en Turquie !
Nationalisons Renault !
Ce nouveau scandale intervient par ailleurs à la suite de l’affaire Ghosn, où le PDG de Renault a été incarcéré au Japon en raison d’une enquête sur des détournements de fond : les vidéos de son anniversaire à Versailles payé par Renault, ont alors fait le tour du monde. Ce sont les mêmes qui disent maintenant que Renault doit faire 2 milliards d’euros d’économies et qu’il faudrait fermer des usines pour cela.
Près de 4000 ouvriers sur le carreau et un pan stratégique supplémentaire de l’outil de production industriel qui va être détruit ! Sauf si on se bat pour l’empêcher. Comme le montre le communiqué du PRCF 94 ci-après, les communistes seront au premier rang de ce combat.
De fait l’outil industriel a été construit par les ouvriers, financé par leur travail. Il doit donc être nationalisé, sans indemnité. Si on peut garantir un prêt de 5 milliards à Renault, c’est que l’on peut construire immédiatement un grand Pôle public de l’industrie… moins coûteux et beaucoup plus efficace. Indispensable pour l’avenir de notre pays et faire face souverainement à tous les défis du 21e siècle.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
NON à la fermeture de Renault-Choisy !
Communiqué 24/05/2020 du PRCF 94
Depuis le 15 mai 2020, la presse annonce la fermeture prochaine du site de Renault Choisy. Cette manière de procéder semble être la marque de fabrique du groupe Renault qui, comme en 2012 lors de son chantage à la fermeture probable d’usines (notamment celle de Flins), fait de nouveau la démonstration de sa conception unilatérale du dialogue social en passant par voie de presse pour transmettre ses messages.
Ce ne sont que les 25 et 26 mai prochains que les organisations syndicales seront reçues par la direction générale du groupe. La latence entre rumeurs et communication officielle semble n’être que la répétition de la stratégie délibérée de 2012 consistant à générer un climat de peur pour ensuite conditionner, dans un « accord de compétitivité », le maintien d’une partie de l’activité à l’acceptation de moins disant sociaux.
La direction du groupe Renault pourrait donc prendre la décision de profiter de la crise sanitaire pour poursuivre la stratégie financière de Carlos Ghosn (de sinistre mémoire) en profitant des structures de libre-échange de l’Union Européenne pour délocaliser et externaliser les activités industrielles et d’ingénieries avec pour seule boussole, des niveaux de marge à deux chiffres par véhicules vendus.
En 2011, le groupe Renault avait déjà bénéficié d’un prêt de trois milliards d’euros qui lui avait finalement servi à financer les délocalisations dont celle (intégrale) de la Clio 5 en Slovénie et en Turquie. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le prêt de cinq milliards d’euros que s’apprête à garantir l’État (dont l’ambition est de « participer au financement d’un réel projet industriel au service du progrès social et de la redynamisation de la filière automobile française »), n’aura comme conséquences que d’accentuer la dynamique des délocalisations, de compromettre le devenir de l’ingénierie et de l’outil industriel de Renault en France.
Le PRCF 94 appelle donc tous les travailleurs à se solidariser avec les salariés de Renault Choisy et à faire du maintien de ce site un enjeu national de conquête de la souveraineté populaire contre l’Union européenne du Capital.