Urgences fermées par dizaines, patients qui meurent sur les brancards dans des conditions indignes, nourrissons expédiés à l’autre bout de la France pour espérer une prise en charge, soignants qui craquent sous la pression de l’exploitation et de conditions d’exercices indignes, le tout doublés d’une politique de prévention aboutissant à une augmentation générale de la mortalité de près de 70 000 personnes ces trois dernières années… c’e n’est là que quelques mots sur la situation terrible de l’hôpital public en France. Résultat de 30 ans d’euro austérité qui l’on saigné à blanc, conduisant à fermer des centaines de milliers de lits d’hospitalisation, tarir la formation et le recrutement des médecins et infirmièr(e)s. C’est aussi dans ce contexte que la médecine de ville elle aussi fortement en crise – la pénurie de médecin et les salles d’attentes pleines, la difficulté à obtenir des rendez vous sont désormais la règle partout en France – voit se développer une colère forte. Avec une grève lancée par certaines organisation de médecins libéraux. IC vous propose la prise de position de deux médecins, l’un Christophe Prudhomme est une des figures de la CGT en défense des urgences, engagés avec LFI, l’autre est l’un des membres de la commission santé du PRCF. Ils interviennent respectivement sur la crise général du système de santé et le mouvement de protestation des médecins généraliste.
On observera que le réquisitoire de C Prudhomme à l’encontre de la privatisation de la santé et de la nécessité absolue de l’inscrire exclusivement dans le secteur public, pour justifier qu’il soit méconnait les instruments de cette privatisation : de fait le peuple Français s’est exprimer par referendum en 2005 pour rejeter les traités fondant l’Union Européenne qui imposent et organise cette privatisation. En imposant, depuis le traité de Rome le règne de la « concurrence libre et non faussée » c’est à dire de la libéralisation et de la marchandisation au profit des capitalistes de tous les services publics. Dont la santé. On ajoutera qu’au delà de la privatisation des soins, c’est aussi celle de leur financement qui est imposé : avec des directives saignant les mutuelles au profits des assurances et des banques. Et surtout avec un asséchement de la sécurité sociale au nom de l’euro austérité contre les salaires imposée par l’euro. En 30 ans l’Union Européenne aura ainsi ordonné aux gouvernants de la France à 63 reprises de réduire les dépenses de santé. C’est le même mécanisme, juridiquement contraignant à travers le Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne et le TSCG, qui impose à Macron la contre réforme réduisant les retraites et reculant l’age de départ. Ce qu’il applique avec morgue, violence et zèle. Pour une année 2023 de vrai changement en matière de santé, ce qui est une nécessité désormais vitale, faisons donc également le voeux de n’oublier de ne traiter aucune des causes profondes du mal : pour s’en sortir, il est urgent de sortir du capitalisme, donc de l’UE et de l’Euro.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
A propos de la grève des médecins, quelques remarques
Malgré quelques ajustements les honoraires des médecins n’ont pas été revalorisés depuis de nombreuses années. On peut comprendre leur mécontentement si, de plus, on tient compte de la réelle dégradation de leurs conditions d’exercice professionnel. Même si, avant impôts, le revenu annuel moyen 2021 des 103 500 médecins libéraux (généralistes et spécialistes) aura bien du mal à faire pleurer dans les chaumières (94 800 € !), les disparités sont énormes, du simple au sextuple, selon notamment la spécialité et selon le sexe également car la profession s’est énormément féminisée ces 20 dernières années et ces femmes consacrent volontairement moins de temps à leur exercice professionnel que les hommes (on peut le comprendre) : Leur revenu annuel moyen correspond aux 2/3 de celui des hommes. Difficile cependant de ne pas s’étrangler quand on entend revendiquer par certain le doublement du prix de la consultation ! rien que ça !
Curieuses professions que les professions médicales : il faut reconnaître les indéniables compétences professionnelles de l’extrême majorité de ces médecins, leur sérieux, leur dévouement envers leurs patients (notamment en ce qui concerne les généralistes « médecins de famille ») mais, en même temps, ils sont viscéralement individualistes, attachés à leurs prérogatives et à leurs intérêts catégoriels (ce qui fait qu’ils souffrent de leur dévalorisation générale dans la société), ferment « pudiquement » les yeux, pour la plupart, sur les conditions de vie de la population, crient haro sur l’Etat et la Sécu (qui les fait pourtant vivre !) et, en bons réactionnaires qui estiment qu' »il y aura toujours des riches et des pauvres »,… « votent à droite » ! Quelle indécence de réclamer le doublement des honoraires quand tant de leurs patients sont confrontés à des difficultés grandissantes dans leur vie de tous les jours !
Ceci dit, ce serait « jeter le bébé avec l’eau du bain » que de jeter un quelconque anathème sur ces professions : beaucoup de médecins sont les victimes inconscientes du système, en crise, qui les exploite, eux aussi : « on » ne répondra très probablement pas ou très partiellement à leurs revendications : on leur demandera surtout de toujours « mieux s’organiser » (en suscitant ainsi « l’appât du gain » chez certains d’entre eux prêts à multiplier les actes) car il n’est pas question, pour ceux qui nous gouvernent depuis 30 ou 40 ans, de laisser vivre dignement ni même survivre le magnifique système de santé issu du CNR et charpenté par l’inégalée Sécurité Sociale d’Ambroise Croizat.
Faire coexister un large secteur privé lucratif de la santé avec un secteur « public » plus ou moins étatisé et rabougri économiquement dans lequel évolueront des médecins (généralistes ou spécialistes) « de seconde zone » et les couches « défavorisées » de la population, bref une « médecine à deux vitesses », voilà le choix probable (le seul politiquement et économiquement possible pour elle ?) fait par le camp de la bourgeoisie ; Sauf à imaginer que le système s’emballe et aboutisse à une déreglementation totale et fondamentalement néfaste, une sorte de « loi de la jungle » ; sauf à imaginer que les forces vraiment progressistes de ce pays, PRCF en tête, viennent à bout, d’une manière ou d’une autre, du capitalisme mortifère qui nous plombe.
Alors, soutenir la grève actuelle des médecins, peut-être, ne serait-ce que « par principe » ; Impossible par contre de soutenir la revendication du doublement du prix de la consultation ; Sans avoir l’espoir de rallier l’ensemble du « corps médical » à nos idées, ne pas renoncer à lui fournir nos explications et nos propositions qui pourront faire, d’un certain nombre de médecins, nos alliés.
JCH pour la commission santé du PRCF
Pour une bonne santé en 2023
E. Macron et son ministre de la santé ne peuvent plus cacher à la population l’état de dégradation profonde de notre système de santé. Alors que nous nous targuions d’avoir soi-disant le meilleur système de santé au monde au tournant du siècle, 20 ans plus tard, l’organisation Samu Urgences de France, présidée par F Braun jusqu’à sa nomination comme ministre, décompte depuis plusieurs semaines les « morts évitables » dans les services d’urgence et les Samu. Cela ne vas pas beaucoup mieux en ville om le nombre de médecins généralistes ne cesse de baisser avec 6,5 millions de Français sans médecin traitant. A cela s’ajoute un système de financement renforçant les inégalités avec la généralisation des dépassements d’honoraires pour les spécialistes et une augmentation du renoncement aux soins pour des raisons financières. Dans le médicosocial, la situation est encore pire, avec le scandale d’ORPEA et plus généralement une prise en charge défaillante des résidents dans les EHPAD. Depuis des années, nous sommes un certain nombre à donner des explications précises sur les causes de cette dégradation que beaucoup ont refusé de voir en face, pensant que quelques aménagements du système seraient suffisants pour régler les problèmes. Il fat bien reconnaitre aujourd’hui que la réalité qui est que les libéraux considèrent la santé comme un service marchant au sein duquel les investisseurs peuvent dégager de juteux profits du fait d’une importante socialisation des dépenses et de marchés captifs, car il est rare que les patients puissent faire jouer une « concurrence libre et non faussée au sein d’un grand marché mondialisé ». Il est donc urgent d’engager un véritable débat sur le choix d’évolution de notre système de santé. D’un coté le secteur privé avec des médecins libres du montant de leurs consultations, des établissements privés lucratifs et des compagnies d’assurance aux primes variables en fonction de son niveau de risque. D’un autre coté un service public des santé pour la ville et l’hôpital permettant à chacun d’avoir un médecin traitant et un hôpital avec un service d’urgences à moins de 30 minutes de son domicile, avec un financement par la sécurité sociale, collecteur unique de cotisations et payeur unique de prestations gérées majoritairement par les financeurs, c’est à dire les assurées sociaux. Une solution s’offre à nous, pour cela : exigeons un référendum avec la question suivante : « le système de santé doit- il relever exclusivement du secteur public, en excluant toutes les activités marchandes ? » Je suis un éternel optimiste et je crois que la réponse serait massivement oui. Ce n’est pas la première fois que je fais cette proposition mais je pense qu’au regard de la gravité de la situation, l’urgence est là pour offrir une véritable alternative politique à l’accélération de la destruction de notre système social par les tenants du néolibéralisme. C’est mon vœu le plus cher pour 2023 !
Dr Christophe Prudhomme.