L’annonce de près d’un millier de suppressions d’emplois par General Electric en France le mois de juin dernier a rappelé une affaire d’État, l’affaire Alstom, dans laquelle Macron, alors ministre des Finances a joué un rôle de premier plan. Plusieurs procédures judiciaires menacent désormais celui qui occupe le palais de l’Élysée. De fait, l’affaire De Rugy ne devrait pas masquer cette affaire, bien plus grave, qu’est l’affaire Alstom, emblématique de ce qu’est le régime Macron. Un régime de privatisations et de destruction de la France pour remplir les poches des milliardaires.
L’affaire Alstom – GE : résumé
Retrouvez le dossier spécial affaire Alstom :
Dans le secteur de l’énergie et des transports, plusieurs multinationales se disputent le marché mondial. Notamment l’américain General Electric, l’allemand Siemens et le français Alstom. Ce dernier est en pointe dans les fabrication de turbines (électro-nucléaires, à gaz ou hydrauliques) ainsi que dans la fabrication des trains à grande vitesse et des métros. C’est dans ce contexte que Washington, s’appuyant sur ses lois extraterritoriales, obtient la condamnation pour corruption de dirigeants de la multinationale française et lui impose une amende énorme (à l’issue d’une procédure de plaider coupable, Alstom paye une amende de 772 millions de dollars et un de ses dirigeants est emprisonné). Et dans la foulée, l’américain GE avec le soutien du PDG d’Alstom, alors sous pression des tribunaux américains, se lance dans l’acquisition d’ Alstom. Cette acquisition de la branche énergie, pour une bouchée de pain, d’ Alstom – un des outils productifs et industriels stratégiques de la France – est finalisée à toute vitesse sous la pression de Macron, alors ministre de l’Économie et des Finances. L’ex-banquier prétend qu’un accord garantit à la fois la création de 1000 emplois, des investissements dans l’appareil de production et le maintien des équipes de direction stratégique en France. 3 ans plus tard, c’est exactement l’inverse qui se produit. Des milliers d’emplois supprimés, les usines de production des turbines à gaz et hydrauliques liquidées, les centres de décisions stratégiques déplacés hors de France. L’accord paraphé par Macron est foulé au pied avec le soutien de Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie du régime Macron.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là, elle pourrait bien avoir des suites judiciaires.À moins que les procureurs du parquet, dont le chef à Paris vient d’être nommé par Macron, sous les ordres du ministre de la Justice du régime Macron, ne fassent traîner l’affaire ou pire ne l’enterrent….
Affaire Alstom-Macron : ANTICOR dépose plainte
Le 17 juillet la bien connue association de lutte contre la corruption ANTICOR a annoncé avoir déposé une plainte contre X auprès du parquet de Paris pour « corruption » et « détournement de fonds publics ».
D’abord la plainte vise des faits de corruption. En effet, de façon étonnante, si la justice américaine a poursuivi le groupe Alstom pour des faits de corruption dès la fin 2010, il n’y a eu aucune poursuite en France contre les patrons d’Alstom, alors que devant les juges américains les patrons d’Alstom ont reconnu le versement de pots de vin dans divers marchés (Indonésie, Arabie Saoudite, Égypte, Taiwan, Bahamas). L’avocat d’Anticor, Étienne Tête, explique au journal Le Monde : » la loi pénale est « applicable aux délits commis par des Français hors du territoire de la République, si les faits sont punis par la législation du pays où ils ont été commis » ». Et de préciser, « On a donc des aveux de corruption devant le juge américain, des faits établis et signés par celui qui était alors président-directeur général d’Alstom [Patrick Kron], mais des corrupteurs qui ne sont pas poursuivis sur le plan pénal en France, comme ce devrait être le cas » . Cette partie de la plainte concerne donc les patrons d’Alstom.
Mais la plainte vise également des détournements de fonds publics. En effet, sur décision de Macron, le 21 juin 2014, un accord est signé entre l’État, Alstom et General Electric. Il prévoit que l’État dispose d’une option d’achat sur 20% des actions d’Alstom. Or, l’État n’activera jamais ce droit lors de la fusion annoncée le 26 septembre 2017 entre Alstom et Siemens. La conséquence, la perte d’un gain de 250 millions d’euros. Sans compter l’importante plus-value liée à cette fusion. Le grand gagnant de l’affaire ? le milliardaire Bouygues. La perte pour l’État est estimée entre 350 millions et un demi milliard d’euros.
Anticor avait déjà déposé une plainte contre X en 2018 pour détournement de fonds publics par négligence, classée sans suite par un parquet, bien plus prompt, chacun peut le constater, à enquêter sur la foi des accusations du FN contre la France Insoumise.
Le député PCF Roussel et le député LR Marleix déposent des signalements au parquet.
Rapporteur d’une mission d’information, Olivier Marleix, député LR, a saisi la justice d’un signalement en janvier 2019. Ce afin d’obtenir une enquête sur les circonstances de la prise de contrôle de la branche énergie d’Alstom par GE. Le député emploie des mots très forts, dénonçant un « pacte de corruption », qui pourrait être au profit de celui alors ministre de l’Économie… Emmanuel Macron. Le député, dans sa saisie du parquet, souligne le rôle « personnel actif et déterminant » de Macron dans la vente. Il remarque également que différents intermédiaires financiers, au sein des banques conseils, avocats d’affaires et agences de communication, bénéficiant des rémunérations générées par la cession, figurent sur la liste des donateurs de la campagne présidentielle de Macron ou au sein des organisateurs de dîners de levée de fonds de cette campagne. En novembre 2018, sans que cela ne fasse la une des médias, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire sur les comptes de LREM, concernant 144 000 euros de dons perçus en 2017 et dont la commission des comptes de campagne n’a pas réussi à identifier l’origine. Alstom a versé pour près de 300 millions d’euros de frais pour cette vente. Une proportion de 3,5% de la vente, trois fois supérieure aux montants habituellement pratiqués d’après les observateurs.
Par ailleurs, le député PCF du nord, Fabien Roussel, a annoncé le 11 juillet dernier avoir saisi le parquet national financier de « soupçons d’optimisation et de fraudes fiscales de Général Electric ».
Les proches de Macron dans l’affaire Alstom récompensés
C’est avec effarement que les ouvriers d’Alstom / GE ont découvert que dans la promotion 2019 de la légion d’honneur figure Corine de Bilbao. La dame est l’ex- directrice générale de GE France de 2016 à 2019. C’est notamment elle qui avait monté l’accord s’engageant à la création de 1000 emplois, signé par Macron. Un accord qui s’est transformé, pour finir, en la suppression de 1000 emplois.
Mais ce n’est pas tout. En avril 2019, Bilbao est remplacée. Pas par n’importe qui. Par un certain Hugh Bailey. L’homme est conseiller de Macron quand il était à Bercy, durant le montage de la vente à la découpe d’Alstom à GE. Très exactement, conseiller aux affaires industrielles et aux financements des exportations. En clair, comme l’explique L. Santoire, délégué CGT d’ Alstom Power system : « c’est celui qui va gérer les élus et faire l’interface avec Macron. Il concrétise ce qui nous choque énormément et qui symbolise l’intérêt partisan du Président : la validation de chacune des étapes du plan GE en faveur des seuls actionnaires «
Bonjour,
à lire aussi sur cette affaire, l’interview de Mr Frédéric Pierucci (ancien cadre dirigeant d’Alstom arrêté à sa descente d’avion par le FBI à New York, a fait 2 ans de prison avant d’être libéré après la cession d’Alstom Energie à G.E.) par Campion du Figaro/Vox, parue le 6 Juin 2019. lien vers l’article ci-après.
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/le-bilan-de-la-vente-d-alstom-est-catastrophique-pour-l-emploi-et-pour-notre-souverainete-20190604
Cordialement.
L.Pringard