Depuis la mi octobre, quelques centaines de policières – parfois accompagnés de militants notoirement d’extrême droites pour ne pas dire conduits – organisent des manifestations illégales dans les grandes villes de France. Manifestations qui ne sont pas déclarées, à l’occasion desquelles, ils défilent armés et masqués. Bafouant donc au moins trois fois les lois protégeant la république contre les coups de force : il est strictement interdit aux policiers en service de manifester et par ailleurs, en application des revendications policières la loi impose une obligation de déclaration de manifestation et interdiction de masquer son visage. Deux dispositions qui ont largement servies à attaquer le mouvement social – et en particulier les manifestations pour le retrait de la Loi Travail – et à embastiller des centaines de militants, de syndicalistes, de travailleurs.
Personne ne peut oublier que de mars à septembre, les policiers qui manifestent illégalement prétendaient interdire les manifestations syndicales contre lesquelles ils ont déployés des violences abjectes. L’inaction du gouvernement est ici flagrante, avec un deux poids deux mesures symptomatiques de la fascisation en cours. Car comme le montre le communiqué des Avocats de France ces attroupements illégaux et armés n’ont pas des cibles anodines : institutions de la République et surtout l’indépendance de la Justice. Et leurs revendications (préemption de légitime défense c’est dire permis de tuer ou emprisonnement à tout va caractéristiques d’un état totalitaire) ne mettent absolument pas en cause les racines des maux bien réels auxquels font face la police : suppression massive de postes, politique du chiffre et utilisation répressive antipopulaire faisant détester la police résultant de l’euro austérité et de la violence capitaliste. Autant de points sur lesquels alertent les militants franchement communistes du PRCF.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Pour une police nationale totalement affranchie des pratiques xénophobes et de la violence d’Etat contre la classe ouvrière et contre la jeunesse en lutte.
Les militants du PRCF ne sont pas des irresponsables. Une véritable République, et a fortiori une République socialiste, auraient le devoir de protéger la population laborieuse contre les malfrats et, autant que faire se peu, de prévenir les violences. C’est dire combien nous sommes révoltés par la monstrueuse tentative d’assassinat dont ont été victimes récemment des policiers agressés par un commando déchaîné de trafiquants adeptes de la loi de la jungle. Contrairement à tant d’élus « socialistes » et de droite qui encensent la police nationale, mais qui approuvent l’euro-austérité destructrice des services publics et qui mettent en place des milites municipales, une « garde nationale », voire des groupes d’autodéfense pseudo-« citoyens », le PRCF refuse l’idée de shérifs municipaux armés recrutés par des élus politiques sur des critères obscurs : dans le principe, la protection de la population revient de droit à une police nationale totalement affranchie des pratiques xénophobes (type contrôles au faciès) et de la violence d’Etat de plus en plus systématique contre la classe ouvrière et contre la jeunesse en lutte.
Cette position républicaine de principe est radicalement incompatible avec le scandaleux et dangereux « deux poids deux mesures » que pratique actuellement le gouvernement PS à l’égard des policiers qui violent quotidiennement la loi en manifestant cagoulés, parfois armés et sans autorisation préfectorale, en utilisant leurs véhicules de service (alors que cela conduirait à la révocation d’agents EDF…) et en actionnant leur gyrophare. D’autant que certains policiers, encouragés par la droite et par le FN qui oublient pour le coup leur prétendu « légalisme de principe », réclament de manière irresponsable une modification des règles de la légitime défense et prétendent dicter leurs verdicts aux magistrats. Ces magistraits qu’a déjà insultés le président de la République dans un livre récent. Cette revendication mal déguisée d’un droit de tirer préventivement aboutirait à valider les pratiques sanglantes en honneur aux USA avec à l’arrivée, non pas une plus grande sécurité pour les policiers et pour les citoyens, mais une montagne de victimes innocentes, de balles perdues, de bavures racistes et… de policiers tirés à vue par les malfrats !
Il est insensé que certains syndicats, nommés par le communiqué du S.A.F., « couvrent » ces agissements illégaux et antirépublicains en appelant les policiers, qui dépendent du pouvoir exécutif, à manifester devant les Palais de justice, donc à faire pression (parfois en armes !) sur les juges et sur les avocats au mépris de la Constitution qui repose sur la séparation des pouvoirs.
Alors que des centaines de manifestants CGT, SUD, etc. ont subi de grossières violences policières sur ordre, que nombre d’innocents ont été inquiétés dans des conditions incroyables, alors que Valls s’acharne à faire condamner les Goodyear et les ouvriers CGT d’Air-France traités de « voyous », le PRCF condamne le comportement, non pas des policiers de base qui aspirent très légitimement à pouvoir pratiquer leur métier dignement (les professeurs, les cheminots, les postiers, les hospitaliers, les sapeurs-pompiers, etc. sont dans le même cas, et eux aussi subissent d’odieuses violences sans être toujours défendus par leur hiérarchie), mais des instigateurs très politiques de ces comportements lourds de menace pour les libertés démocratiques.
D’autant que tout cela se développe dans un climat de fascisation du pays, de flicage de la Toile par un Etat de plus en plus liberticide, d’état d’urgence à perpétuité. Nous invitons les policiers républicains, non pas à s’abstraire des lois communes qu’ils sont censées faire respecter par autrui, mais à sympathiser avec le mouvement ouvrier et démocratique en lutte pour une véritable République française démocratique.
Ensemble combattons aux côtés de la classe ouvrière les politiques actuelles, entièrement au service du MEDEF et de l’UE, car c’est elles qui détruisent le lien social, qui minent les services publics et la Fonction publique et qui favorisent la montée « à l’américaine » de l’insécurité sociale. Il y a urgence à construire en France un large Front patriotique et populaire tourné contre la fascisation et les régressions sociales qui mènent ce pays à l’implosion violente.
PRCF 5 novembre 2016
Communiqué du Syndicat des Avocats de France (S.A.F.) – Communiqué du Syndicat des Avocats de France sur les manifs illégales de policiers en armes.
Insurrection policière : Démocratie en danger
25 octobre 2016 Depuis plusieurs jours et plusieurs nuits, les policiers défilent dans les rues sans déclaration préalable, pour certains cagoulés, voire avec leurs véhicules de fonctions, leurs insignes et parfois leurs armes de service. Depuis le 25 octobre 2016, ils ont choisi de se rassembler devant les Palais de Justice à l’appel de certains de leurs syndicats (ALLIANCE, UNSA).
Ni le caractère dramatique de l’événement déclencheur de ce mouvement, ni les difficultés avérées des conditions de travail de nombre de policiers, ne rendent acceptable cette volonté désormais officielle d’intimider l’institution judiciaire.
Les revendications portant sur les moyens matériels (commissariats, voitures, équipements de protection) ou sur les conditions de travail (RTT, congés, sous-effectifs, paie), laissent place à une explosion des revendications politiques à l’égard, notamment, de la magistrature, taxée de faire preuve de « tolérance, complaisance, laisser-aller, laxisme », mais également à l’égard des avocats, « complices de ce laxisme ».
Au mépris de l’indépendance nécessaire de la Justice et de la séparation des pouvoirs, ces actions ont manifestement pour objectif d’exercer une pression en faveur d’une politique pénale toujours plus répressive et d’inciter le gouvernement à brider davantage la magistrature.
Contrairement aux affirmations policières, les statistiques, les chiffres record de la surpopulation pénale, montrent que l’institution judiciaire n’est pas, épargnée par cette tendance sécuritaire et fait au contraire preuve d’une surdité grandissante aux questions sociétales à l’égard desquelles le tout-carcéral serait l’unique et utile réponse.
Au demeurant, le rôle de la justice n’est pas de tenter d’apaiser une soif inextinguible de répression et de vengeance, que se plait à aviver l’extrême droite sous toutes ses formes.
Face à cela, les politiques ne semblent avoir d’autre réaction que de se montrer tolérants, compréhensifs, et de se contenter d’assurer que les auteurs d’actions contre les policiers seront sévèrement punis. Cette attitude du pouvoir, oublieuse notamment de ce que le Président de la République est constitutionnellement le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire (article 64 de la Constitution), est symptomatique du glissement des gouvernants vers une logique de jusqu’au-boutisme sécuritaire.
Le fait que ces réactions policières surviennent peu de jours après qu’ait fuité la phrase du Président de la République sur les magistrats interroge également sur le positionnement du premier d’entre eux.
Quand certains tracts, laissés sur les murs des tribunaux, proclament « Policiers agressés – République en danger », il est utile de rappeler que si les agressions de policiers mettent en danger les policiers, et affectent le maintien de l’ordre, ce sont les manifestations illégales de policiers et leur tentative d’intimidation de toute l’institution judiciaire qui mettent, elles, en danger la Démocratie et l’Etat de droit.
Paris, le 25 octobre 2016