La crise sanitaire du coronavirus prenant de court Emmanuel Macron, celui-ci par ses récents propos politiques laisse entendre qu’il aurait pris conscience que « la santé gratuite sans conditions de revenu (…) ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux,des atouts indispensables quand le destin frappe(…) il est bien des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché ».
Et pourtant l’illusion d’un Macron « transformé »en défenseur de « l’État-providence », « pas prisonnier de ces croyances » néolibérales, annonçant un plan massif d’investissement dans la santé public post covid-19 sera de courte durée.
Le plan Macron pour les hôpitaux, un plan de privatisation
La Caisse des Dépôts et Consignations annonce qu’à la demande d’Emmanuel Macron,elle travaille à un plan pour l’hôpital public. À regarder de près ce plan, l’intérêt général est confondu avec l’intérêt privé, il accélère au contraire la marchandisation de la santé conformément aux directives de l’Union Européenne d’€uro-austérité et étend sa privatisation.
Ce projet expose une série de propositions qui vont dans la continuité de la réduction de la dépense publique de ces dernières décennies et du plan Macron « Ma Santé 2022 » présenté en 2018 en l’aggravant.
Le « partenariat Public-Privé » (PPP) installé par Raffarin en 2007 qui a tant fait de dégâts dans le financement de l’hôpital public sera réactivé, ce « ppp » a créé un endettement massif à des taux élevés. Le secteur privé sera le grand gagnant dans la plupart des cas de ce nouveau plan. À commencer par la santé numérique : la priorité sera donnée aux 700 start-up privées. De grands groupes privés de l’assurance AG2R,La Mondial …soutiennent les plateformes de téléconsultation « Mes Docteurs » « le groupe VYV » pour ne citer que ceux-là. L’innovation numérique servant ici de « masque » au double jeu d’une prétendue qualité des soins (à chaque réforme cette notion apparaît) et de la contrainte financière.
Loin de mettre en cause les orientations délétères des réformes conduites depuis plus de 30 ans,ce plan place l’hôpital public en concurrence avec l’hôpital privé au niveau des rémunérations des personnels soignants et médicaux.
Au lieu d’envisager un financement public dégagé des banques privées, le plan prévoit une consanguinité généralisée de recours public/privé à des fonds spéculatifs qui étouffent l’hôpital public par l’endettement.
Au contraire, en finir avec l’euro- destruction de nos hôpitaux, de notre Sécu :
Il faut en finir avec ces plans de démantèlement de la santé publique qui ont fait perdre à la France depuis 2003 de 70 000 à 100 000 lits selon des études, qui font cruellement défaut pour affronter l’épidémie de COVID-19 mais pas seulement aujourd’hui, et ce alors que la population ne cesse d’augmenter.
Il faudrait à l’inverse prévoir une forte augmentation des effectifs de soignants : la crise du covid-19 est révélatrice de la souffrance des personnels et en même temps de leur courage pour affronter la pandémie.
Le PRCF ne le dira jamais assez qu’il faut sortir de l’Union Européenne que nous appelons « La prison des peuples » et « prison de la santé » pour le secteur hospitalier.
Cette UE de malheur met en concurrence tous les peuples d’Europe et les met à la remorque des intérêts capitalistes d’ États Unis.
Oui, il faut sortir de l’€uro pour sortir de ces budgets austéritaires que la BCE nous oblige à tenir. Sortir de l’OTAN pour défendre souverainement la paix, l’amitié et la solidarité entre les peuples dans le monde.
Un vrai plan d’investissement dans la santé public devra supprimer l’exercice du privé à l’hôpital public contrairement au projet CDC/Macron et en finir avec toute logique marchande. Et il faut évidemment abroger toutes les contre-réformes Raffarin,Roselyne Bachelot,Eric Woerth,Xavier Bertrand et Marisol Touraine.
Décider d’ investissements publics à la hauteur des besoins des hôpitaux et établissements de soins…constructions d’hôpitaux, de centres de soins de proximité, produire et installer des équipements hospitaliers modernes, financer un grand service de recherche expérimentale et appliquée au service du bien commun indépendant du privé en relation avec une coopération internationale (Cuba,Chine,Russie …) pour avancer dans la découverte de nouvelles thérapies. Une avancée vers une société révolutionnaire …le Socialisme
Commission Santé du PRCF
Le plan Macron CDC pour l’hôpital révélé par Médiapart
D’après Médiapart, la CDC s’est vu ordonner le 25 mars à Mulhouse par Macron de préparer un plan d’investissement pour l’hôpital.
C’est la direction de l’investissement de la Banque des Territoires, chapeautée par la Caisse des Dépôts et Consignations qui doit élaborer ce plan.
La note consultée et révélée par le journal a été écrite par Adelphe de Taxis du Poët (Responsable programme territoires et santé à la CDC) et Pierre Menet (Investment Manager – Impact Managed Funds & Platforms à la CDC).
Et le journal de relayer l’inquiétude des connaisseurs de l’hôpital sur ce plan :
«
« S’ils relèvent ici ou là quelques avancées, ils constatent qu’elle ne tire aucun enseignement de la crise sanitaire historique que
nous traversons et cherche à poursuivre et même à
accélérer les processus de privatisation rampante et de
marchandisation de la santé, qui étaient déjà à l’œuvre
les années précédentes. »
Consulté par Médiapart, Pierre-André Juven, sociologue relève :
« Ce document est le révélateur très net des orientations actuelles en matière de réformes de la santé: nécessité de faire plus de place au privé; croyance forte dans l’innovation numérique comme solution au double enjeu de la qualité des soins et de la contrainte financière;
responsabilisation et individualisation face au risque. Les quatre points généraux du document ne sont qu’un coup de tampon aux stratégies édictées depuis plusieurs années. Loin de remettre en cause les orientations délétères des réformes conduites depuis plus de vingt ans, ils conduisent à accélérer la casse de l’hôpital public. Ce document n’est pas seulement la marque d’une volonté d’étendre l’emprise du privé au sein de l’hôpital public, il traduit la conception technophile, néolibérale et paternaliste qu’une grande partie des acteurs administratifs et des responsables politiques ont de la santé. »
Le fait même de confier la rédaction de cette note à la CDC dénote d’une profonde idéologie, et d’un conflit d’intérêt. Idéologie car la CDC est un fond d’investissement, une « banque », et non un acteur de la santé. Conflit d’intérêt car la CDC est un des acteurs de la privatisation de la santé avec sa filiale ICADES-Santé, gros investisseur sur le marché de l’immobilier sanitaire (135 établissements de santé pour un patrimoine de 5,5 milliards d’euros), sans compter ses relations avec Korian, le principal groupe privé des EPHAD (maisons de retraite).
Pire! si le rapport évoque la problématique de la restructuration de la dette, c’est en fait pour se concentrer sur un subventionnement massif des ESPIC. Des établissement privés de santé à but non lucratif, relevant par exemple des mutuelles. Des établissements entrant en concurrence directe avec l’hôpital public. Encore pire, l’introduction de fonds spéculatifs de type private equity dans le financement des hôpitaux. C’est l’exact refus de ce qui est nécessaire pour les hôpitaux publics : l’augmentation pérenne de leurs budgets de fonctionnement. Une augmentation interdite par le plafonnement de l’ONDAM (objecif national de dépense de l’assurance maladie) imposée par le semestre européen.
Dernière proposition de la note, mettre en place des partenariats public- privé. Une vieille recette déjà mise en œuvre dans le plan hôpital 2007. Qui en a fait la preuve de sa dangerosité. Elle coûte très cher à l’hôpital public pour engraisser les investisseurs privés. Comme l’a prouvé la Cour des comptes, ou les désastreux exemples de l’hôpital sud francilien construit par Eiffage en PPP, comme ceux de Saint Nazaire, Bourgoin Jallieu, du Haut Limousin.