Mesdames et Messieurs qui, par antiphrase sans doute, vous déclarez « républicains » alors que vous détestez le petit peuple, et « gaullistes » alors que vous n’avez cure de la souveraineté nationale à laquelle vous préférez l’OTAN, l’UE et la « défense européenne », nous sommes nombreux, et pas seulement à gauche, à faire montre d’une certaine curiosité concernant votre état d’esprit présent. Voilà en effet qu’il y a a déjà 18 ans, vous vous êtes littéralement énamourés de « Nicolas », dont la « rupture » allait décoiffer la France et que, voici 8 ans, vous avez eu le coup de foudre pour Fillon qui allait enfin – sinon toucher à vos rentes, du moins liquider 500 000 emplois chez ces feignants de fonctionnaires qui font la fête jour et nuit dans les classes surchargées, les urgences asphyxiées et les autres services publics dépecés sur l’autel de l’euro-austérité. Très bien, bravo, telle est votre idéologie néolibérale, elle nous paraît détestable d’égoïsme mesquin, mais soit, soyons tolérants, même avec l’expression des pensées les plus réactionnaires…
Cependant on pourrait tout de même penser que des gens qui, comme vous, se sont jadis réclamé du chef de la France libre, dont le PCF a salué le patriotisme quand il est décédé en 1971, seraient quelque peu attachés à l’honneur, à la droiture et à ce qu’ils considèrent, même si c’est à tort, comme le service de l’intérêt général. Or en 2017 vous avez appris, apparemment sans rendre votre carte des LR, que votre candidat chéri, F. Fillon, faisait émarger (et pas pour le SMIG!) son épouse Pénélope aux frais de Marianne, c’est-à-dire de vos sacro-saints « impôts » (« mais que font-ils ne nos impôts? » se lamente soir et matin l’homme de droite normalement constitué…), sans qu’elle ait jamais pu prouver un travail réel, ledit Fillon ayant été finalement condamné par la justice française pour cela. On n’a pas alors distinctement entendu l’autocritique de votre parti…
Et voici qu’aujourd’hui, alors que votre ex-idole de 2007, celle que vous avez alors « vendue » aux Français en brandissant force drapeaux tricolores, s’apprête à porter un élégant bracelet offert par la justice pour corruption de magistrat, et que le même personnage est désormais jugé, rien que ça, pour une affaire de fraude électorale, de corruption par État étranger (en d’autres temps on eût parlé de haute trahison) et que toute cette affaire libyenne s’est achevée par des monceaux de sang. Une intervention militaire franco-américaine contre le peuple libyen conclue par l’assassinat de son chef d’État (que Kadhafi nous ait plu ou pas, ce n’était pas à nous, surtout s’il avait financé un candidat « français » de 2007 (!!), de dire aux Libyens qui choisir pour les diriger; surtout quand on sait ce que sont devenues la Libye… et l’Afrique occidentale depuis le « changement de régime » imposé en 2011 par Sarko et l’OTAN…). Une petite question doit tout de même vous être posée: êtes-vous fiers de vous et comptez-vous toujours conserver à votre chevet le portrait du Général… à moins que ce ne soit désormais celui de Trump, ou encore celui d’Eric Ciotti, l’homme qui, pour devenir à tout prix maire de Nice avec l’appui du RN, a piétiné toutes les règles de VOTRE mouvement pour rallier Le Pen aux législatives…
Vous avez néanmoins une excuse, chers « Républicains », c’est qu’en matière de contrefaçon politique, votre parti n’est guère pire, à l’égard de feu le gaullisme, que ne l’est le très belliciste PS actuel en matière de trahison du jaurésisme ou que ne l’est Fabien Roussel, qui préfère manifestement la fréquentation quotidienne de l’Elysée et de Matignon au combat de classe cher aux défunts Jacques Duclos et Henri Krazucki.
Mais après tout, tout ça n’est pas si grave, chers « Républicains », du moment qu’on ne touche pas aux dividendes du CAC 40 !