Au sortir de la guerre, les communistes mettaient en place un vaste plan de sécurité sociale. En application du programme du Conseil National de la Résistance le ministre communiste Ambroise Croizat crée – en s’appuyant sur la formidable mobilisation de la CGT – la sécurité sociale et notamment sa branche assurance vieillesse assurant à tous les travailleurs des retraites. Alors que le Parti Communiste est le premier parti de France, alors que le grand patronat largement compromis dans la collaboration est discrédité, la classe capitaliste ne réussi pas à faire échec à cette formidable avancée sociale. Une avancée sociale qui fait échapper le régime de la protection sociale au secteur privé, capitaliste. Avec la sécurité sociale, c’est en fait une très large partie de l’économie qui n’est plus sous le contrôle direct de l’oligarchie capitaliste. La retraite par réparation permet de sortir de la misère une large partie de nos « vieux ».
Depuis lors, le patronat n’a eu de cesse que d’essayer de casser la sécurité social. A l’image de ce président du MEDEF, D Kessler revendiquant que son programme c’est de « revenir sur 1945 ».
A l’opposé, présents dans toutes les luttes pour stopper les contre réformes des retraites, les militants du PRCF proposent dans leur programme candidat :
4.4. annuler les contre-réformes Balladur-Fillon-Woerth sur les retraites et revenir au droit pour tous de partir à 60 ans (55 ou 50 pour les métiers éprouvants pour la santé), à 37 ½ avec au minimum 75% du meilleur salaire; programme candidat du PRCF
Sous l’impulsion de l’UE, les réformes des retraites
Avec l’adoption de l’euro et son corolaire, les fameux critères de Maastricht recyclés depuis lors sous la forme du très contraignant pacte de stabilité et de croissance, la France c’est installé durablement dans le chômage de masse. Déstabilisant les caisses de retraites. Une déstabilisation d’autant plus importante que dans le même temps sous la pression des directives de Bruxelles et du grand patronat (qui sont exactement les mêmes) des très larges exonérations de cotisations sociales sont accordées au patronat.
Sous le prétexte de faire respecter les critères de Maastricht, des critères visant à encadrer la dette publique, la Commission Européenne n’a eu de cesse ces dernières décennies d’ordonner à la France de mener des « réformes » des retraites. C’est que les caisses de retraites sont intégrées à la dette publique au sens des critères de Maastricht. Ce qui permet à la Commission Européenne, en application du Pacte de Stabilité puis du traité budgétaire, de contraindre les Etats à réduire leur dépense de sécurité sociale. Cela fait ainsi partie des ordres données au gouvernement français ces dernières années. Mais la Commission Européenne a aussi contraint l’ensemble des pays européen à tailler dans les retraites. Dans le double objectif de réduire la part patronale dans le financement des retraites et ainsi de faire baisser les salaires, mais également de promouvoir les systèmes par capitalisation permettant de faire revenir dans le domaine du marché capitaliste le juteux domaine de la protection sociale.
Les réformes Balladur, Raffarin, Fillon ou Ayrault ont donc toute poursuivi le même but : réduire les pensions versées en reculant l’âge de départ à la retraite et en augmentant les durées de cotisation, avec le soutien du FN et de la CFDT. En 2003, comme en 2010 les travailleurs se mobilisent par millions contre ces réformes sans grand succès en raison de la division du front syndical réussie grâce à l’arme patronale qu’est la CFDT, mais également en raison de l’incapacité du mouvement social à dénoncer les commanditaires bruxellois de ces réformes et à construire une solide grève générale.
l’UE et le MEDEF se réjouissent : la pauvreté frappe à nouveau les retraités
Année après année, le Conseil d’orientation des retraites examine la situation financières des caisses de retraites. Son rapport de 2016 donne le sourire à la classe capitaliste. les gels des pensions, leurs diminutions grâce au recul de l’age de la retraite et l’augmentation de la durée de cotisation permettent de réduire drastiquement les déficits.
Dans son rapport 2015 sur les système de retraite (Commission européenne, Direction générale des affaires économiques et financières, «The 2015 Ageing report,Economic and budgetary projections for the 28 EU Member States (2013-2060) », mai 2015), la Commission Européenne se félicite que les réformes menées en France conduisent à la diminution de la part des retraites dans la richesse nationale. Pour être clair et net, cela signifie que ces réformes ont bien eu pour effet de faire diminuer la part des salaires versés aux travailleurs. Comme la richesse produite elle continue d’augmenter, chacun peut deviner qui empoche la différente : la classe capitaliste.
Ce n’est pour autant pas un succès, bien au contraire. Car le principal résultat des ces réformes, prévus et dénoncés par les militants du PRCF tout au long de ces dernières années, c’est l’appauvrissement des retraités. Et la misère pour nombre de chômeurs de plus de 50 ans.
Le COR tire d’ailleurs la sonnette d’alarme :
« la divergence d’évolution entre les revenus des actifs et ceux des retraités pourrait faire resurgir un risque de pauvreté ce qui appelle, pour l’avenir, une vigilance particulière »
Plus de 7% des retraités vivent sous le seuil de pauvreté. 1 million de retraités pauvres. C’est totalement inacceptable dans la 6e économie mondiale.
D’autant plus inacceptable que l’on en est qu’au début des effets de ces réformes. Selon les calculs du COR, les taux de remplacement (c’est à dire le pourcentage du dernier salaire toucher à la retraite) devraient s’effondrer passant de 80% au début des années 2000 à moins 65% en 2030.
Cela signifie qu’un salarié au smic en fin de carrière ne toucherait plus qu’une pension de 737€ par mois. Et à condition qu’il ai réussie à cotiser pour tous ses trimestres, donc qu’il n’ait pas subi de période de chômage.
Toujours selon les calculs du COR, pour les générations des années 1980 et 1990 la pension de retraite à 68 ans devrait diminuer de près de 30% par rapport au niveau des années 2000.
Ce qui se traduira par un effondrement du niveau de vie des retraités, de 20% à 30%.
C’est inacceptable. Oui il faut d’urgence une réforme des retraites, une vraie réforme, permettant d’éliminer la pauvreté pour les retraiter et de rétablir des pensions de retraites décentes. A l’opposé des directives de l’Union Européenne et du MEDEF pour qui l’unique fonction des retraites est d’être à terme un juteux marchés pour les sociétés privés d’assurance et les banques.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
- pour une information libre et engagée, lisez et abonnez vous à Initiative Communiste.
- Initiative Communiste n’existe que grâce à votre soutien, soutien militant et financier.