Dèsormais plus de 25 ans après la réunification allemande et la fin de la RDA, l’heure est au bilan. Et il n’est pas flatteur, comme www.initiative-communiste.fr pouvait le démontrer chiffres et cartes à l’appui l’année dernière.
Vladimiro Giacchè, économiste italien, est l’auteur d’un livre sur l’unification allemande qui vient d’être publié en français: « Le second Anschluss : l’annexion de la RDA » (éditions Delga). Dans l’entretien suivant accordé à La Tribune, il dresse un bilan critique de ce qu’est devenu le pays 25 ans après sa réunification .
On pourra noter que, l’annexion de la RDA s’est traduit par son appauvrissement massif, obligeant près de 4 millions d’Est allemand à quitter la partie orientale de l’Allemagne. De fait, sans que les médias occidentaux ne s’en fassent l’écho, les Ossies votent avec les pieds et quittent massivement cette Allemagne de l’Est ravagée par son annexion par la RFA.
La réunification de l’Allemagne. Un des plus beaux succès de l’Europe issue de la chute du mur de Berlin ? La réalité est bien différente.
25 ans après, la distance entre les deux parties de l’Allemagne continue à s’accentuer, malgré les transferts d’argent public du gouvernement fédéral et de l’Europe. Fort d’une recherche scrupuleuse et des témoignages des principaux acteurs, l’auteur montre comment la réunification a signifié la complète désindustrialisation de l’Allemagne de l’Est, la perte de millions de postes de travail, et une émigration vers l’ouest qui dépeuple des villes entières.Le patrimoine économique du pays le plus prospère du bloc de l’Est a ainsi été dilapidé, spolié, saccagé, au prétexte d’une intégration à l’idéologie libérale dominante.
Après les ravages que cette même politique aveugle cause aux pays du Sud de l’Europe et au notre également, force est de constater que l’histoire de cette union qui divise parle également à notre présent.
VLADIMIRO GIACCHE
Le Second Anschluss. L’annexion de la RDA. (L’unification de l’Allemagne et l’avenir de l’Europe)
Prix : 19 euros
Référence : 978-2-915854-81-7
« L’ex-RDA est un Mezzogiorno au centre de l’Europe »
La réunification allemande est généralement présentée comme un succès économique. Etes-vous d’accord avec cette vision ?
Vladimir Giacchè. Non. Mais, ce n’est pas moi, ce sont les chiffres qui décrivent une réalité différente. Dans l’ancienne Allemagne de l’Est, plus de 40 % de la population vit de transferts sociaux. Le taux de chômage est un peu moins du double de celui de l’ouest, le PIB par habitant se situe environ à 75 % de celui l’ouest (mais dans le seul secteur privé, il est plus bas d’encore 10 %). Au cours de ces 25 années, l’émigration vers l’ouest a concerné un peu moins de 3,8 millions de personnes sur une population de départ de 16 millions de personnes, alors que seulement 1,8 million d’Allemands de l’ouest ont fait le chemin inverse.
Les conséquences de cette situation sont un écroulement de la natalité, un vieillissement de la population et un dépeuplement des villes. Il ne s’agit pas là d’opinions, mais de faits. Et c’est aussi un fait que l’ancien territoire de la RDA depuis la chute du mur de Berlin a connu un des taux de croissance les plus bas parmi les anciens pays du bloc de l’est. Si l’on ajoute à cela que la contribution de ces territoires au PIB total allemand est inférieur à celui de la RDA (moins de 11 % en 2011 contre 11,6 % en 1989), il paraît évident que l’on ne peut imputer la responsabilité de cette situation à ce qu’il y avait avant ou au seul régime d’Honecker. La RDA faisait partie du bloc socialiste, comme la Pologne, qui était alors beaucoup plus arriérée et qui, ensuite, a connu des taux de croissance bien plus élevés. On peut faire la même constatation pour la République tchèque et la Slovaquie, et d’autres encore. L’ex-RDA reste un Mezzogiorno au centre de l’Europe.
Comment expliquez-vous cette situation ?
Elle s’explique en grande partie par la façon dont a été conduite l’unification de l’Allemagne, en particulier l’union monétaire voulue par Helmut Kohl, qui a ouvert la voie à l’union politique réalisée le 3 octobre 1990, mais qui a désertifié industriellement l’Allemagne de l’Est.
Pourquoi ? Quelles ont été les conséquences pour l’ex-RDA et pour l’Europe des choix monétaires du gouvernement Kohl ?
L’union monétaire des deux Allemagnes, entrée en vigueur le 1er juillet 1990, a été réalisée au mépris des avis négatifs émis par les experts économiques du gouvernement d’Allemagne de l’ouest et même du président de la Bundesbank. Ces derniers mirent en garde contre une union monétaire faite à la hâte, sans prévoir aucune période de transition. De plus, elle a été réalisée avec des taux de change totalement irréalistes. Le taux d’un mark de l’ouest pour un mark de l’est était absolument insensé si l’on prend en compte le fait que les rapports commerciaux entre les deux Allemagne en 1989 étaient établis sur un taux (accepté évidemment par les deux parties) d’un mark de l’ouest pour 4,44 marks de l’est.
Ce taux de change a signifié une chose très simple : une réévaluation des prix des biens produits à l’est de 350 %. Le même gouverneur de la Bundesbank, Karl Otto Pöhl, a déclaré plus tard que, de cette façon, l’économie de l’Allemagne de l’Est « fut soumise à un remède de cheval auquel aucune économie ne peut survivre ». Et de fait, les industries de l’Allemagne orientale perdirent, littéralement en un jour, trois types de marchés : celui de l’ouest, celui de l’intérieur de l’ex-RDA et celui de la Russie et des pays de l’est. Alors que, dans le même temps, les industries de l’Ouest se virent ouvrir les portes d’un marché de 16 millions de consommateurs. Ce sont ces mêmes industriels de l’ouest qui ont parlé du « boom de la réunification » pour l’ouest. Mais, pendant ce temps, les « blühende Landschaften », les « paysages en fleurs » promis par Helmut Kohl à l’est ne sont jamais venus. Les Länder de l’est ne sont absolument pas, 25 ans après, en mesure de s’autosuffire, mais ils doivent encore dépendre des transferts massifs du gouvernement fédéral, qui, en grande partie, finance la consommation.
Et pour l’Europe, quelles ont été les suites de cette unification ?
Pour l’Europe, les conséquences de l’unification allemande (monétaire, puis politique) ont été en particulier l’accélération de la construction européenne voulue par Mitterrand pour « contenir » la puissance d’une Allemagne qui avait acquis à nouveau une centralité géopolitique en Europe. L’Union monétaire européenne elle-même était une partie de ce dessein. Ses résultats ont cependant été opposés à ceux que l’on espérait alors : la Banque centrale européenne est devenue une sorte de Bundesbank continentale et l’orthodoxie néolibérale allemande a fini par s’imposer à toute l’Europe.
L’unification monétaire allemande peut-elle être considérée comme un modèle de la création de l’euro ?
Je ne dirais pas que c’est un modèle, si on signifie qu’il s’agit d’une répétition ponctuelle et intentionnelle de toutes les caractéristiques de l’union monétaire. Ainsi, dans le cas de l’euro, il n’y a pas une réévaluation anormale des autres monnaies par rapport au mark dans la fixation du taux de change. On peut cependant souligner qu’une réévaluation a bien eu lieu et, par exemple, dans le cas de l’Italie, le président de la Bundesbank, Hans Tietmeyer – qui faisait partie de l’équipe de négociateurs de l’union monétaire allemande – négocia le taux de change avec beaucoup d’obstination.
Il existe cependant un parallèle possible ?
Oui, car l’essentiel est ailleurs. Aujourd’hui, beaucoup d’économies européennes souffrent des mêmes maux que celle de l’Allemagne de l’Est après l’introduction du mark de l’ouest : chute du PIB, désindustrialisation, taux de chômage élevé, déficit de la balance commerciale, émigration. Ce n’est pas un hasard. La monnaie unique a accentué la spécialisation productive en Europe, en renforçant le principal producteur de produits manufacturiers au détriment des pays ayant une productivité du travail plus faible. Ce processus a été aggravé par une politique mercantile allemande agressive – une politique économique qui mise tout sur les exportations, au point de sacrifier la demande intérieure.
Cette politique a été rendue possible par deux mouvements : les relations de sous-traitance avec les pays à bas salaires de l’est européen qui ne font pas partie de la zone euro et la réforme du marché du travail menée par Gerhard Schröder. Grâce à « l’Agenda 2010 », la dynamique salariale allemande s’est maintenue bien en dessous de l’inflation et même de l’augmentation de la productivité du travail. Cette productivité a, entre 2000 et 2012, augmenté de 14 %, mais les salaires réels ont diminué de 1 %. En France, dans le même temps, la productivité a progressé de 12 %, mais une grande partie de cette hausse a été transférée aux salaires.
La monnaie unique empêche une récupération de la compétitivité par le réajustement des taux de change et l’adoption d’une politique mercantile dans un tel contexte a créé des déséquilibres croissants des balances commerciales à l’intérieur de la zone euro. Ceci a conduit à une désindustrialisation progressive dans les pays de la périphérie, mais aussi en France, qui, en revanche, a permis à l’Allemagne, de renforcer grâce aux exportations la composante industrielle de son PIB.
Cette désindustrialisation est commune avec celle de la RDA ?
Cette désindustrialisation de la périphérie contient, à la longue, des logiques explosives, et rend nécessaires des transferts du centre vers la périphérie. Si je veux que la zone euro appauvrie et désindustrialisée continue à acheter mes marchandises, je dois financer ses consommations. C’est ce qui s’est passé avec la RDA. Mais c’est justement cette partie du modèle que l’Allemagne se refuse à copier. Elle préfère maximiser ses avantages à court terme.
Il est clair qu’une union monétaire qui alimente de tels déséquilibres en son sein ne peut résister à long terme. On ne peut davantage penser qu’elle puisse fonctionner par la pure et simple exportation du modèle de « l’Agenda 2010 » dans les autres pays. Pour deux raisons. La première est que toute politique mercantile fondée sur la déflation salariale suppose nécessairement que les autres ne suivent pas la même politique. Autrement, le seul résultat sera une course à la baisse des revenus et ce sera un appauvrissement généralisé. La deuxième raison est que la diminution des salaires dans les pays en crise affaiblit la demande et frappe les entreprises qui travaillent sur le marché intérieur, avec, comme résultat, de détruire la capacité productive et d’aggraver la crise. On l’a vu en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie et aussi en France.
Dans le nouveau mémorandum grec, il existe un « fond de privatisation » qui semble inspirée par la Treuhand allemande. Le parallèle vous semble pertinent ?
Il est absolument pertinent. La Treuhandanstalt, l’institution qui a privatisé entièrement l’économie de l’Allemagne de l’Est, a été explicitement proposée à la Grèce comme un modèle à suivre depuis 2011 par Jean-Claude Juncker, qui était alors président de l’Eurogroupe et est aujourd’hui président de la Commission européenne. « Je saluerais avec plaisir le fait que nos amis grecs créent une agence de privatisation indépendante, sur le modèle de la Treuhandanstalt allemande, dans laquelle des experts étrangers auraient aussi une place », a-t-il alors affirmé.
L’adoption de ce modèle a été définitivement établie dans le dernier « plan de sauvetage » de la Grèce signé par le gouvernement Tsipras. Et ceci est paradoxal : la Treuhand détruisit une richesse de l’ordre de 900 milliards de marks de l’ouest (environ 450 milliards d’euros, NDLR) et fut tâchée de scandales d’escroqueries et de corruptions. Il y a même eu une commission d’enquête parlementaire sur elle. Il s’agit d’une institution qui, avec le mot d’ordre: « la privatisation est le meilleur assainissement », opéra de fait une liquidation des actifs industriels de la RDA, déjà dévalorisés par l’union monétaire. Les conséquences pour la Grèce seront les mêmes : une liquidation du patrimoine d’infrastructures et des industries d’Etat.
source : Interview de par Romaric Godain – La Tribune
25 ans après la chute du Mur, la dure réalité en chiffres : chômage, revenus…
Aujourd’hui, les médias célèbrent les 25 ans de la chute du mur de Berlin. Discours convenus reprenant les slogans des vainqueurs de la guerre froide. Qui s’étonnera de cette autocélébration tapageuse de la chute d’un mur, alors que partout dans un silence médiatique assourdissant les mêmes sont les premiers bâtisseurs de murs de la honte, avec pour maître d’œuvre les USA, Israël ou encore aujourd’hui en Europe la junte pro UE de Kiev.
Combien d’éditorialistes pour clamer les louanges de la réunification, censée avoir apporter la richesse de la RFA à cette RDA présentée comme un échec total et combien pour parler de cette réalité censurée à l’heure où la crise du capitalisme s’aggrave, que la pauvreté frappe et que la guerre est à nouveau en Europe de ces nombreux allemands regrettant la RDA. Il est significatif de souligner que les « démocrates » capitalistes n’ont même pas pris la peine d’un vote pour demander leurs avis aux Ossies sur la réunification. Sur le plan économique, il s’est agit de se partager au plus vite et à vil prix les richesses de cette RDA, 8e pays le plus riche du monde.
25 ans plus tard, chômage, casse des salaires, UE totalitaire et la guerre à l’horizon : les travailleurs fêtent la chute du Mur
25 ans après la chute du mur, les travailleurs doivent se poser la question de savoir si l’effondrement du bloc de l’est – qui imposait de par sa seule existence aux pays occidentaux de devoir assurer un minimum de droits pour les travailleurs – quels progrès cela a eu pour eux. Une fois les pays de l’Est digérés, la crise économique est repartie de plus belle ; nos salaires sont en chute libre, les droits des travailleurs, les protections sociales volent en éclat sous les attaques du patronat. L’extrême droite est poussée en avant alors que la guerre a fait sa réapparition en Europe (Yougoslavie, Ukraine…)…
A l’Est, le miracle économique n’a pas eu lieu.
Les ex-pays de l’Est, intégré à marche forcée au sein de l’UE affichent des salaires de misère, permettant un dumping social effréné au sein de l’Union Européenne du Capital. Désindustrialisation, chômage, confiscation de la souveraineté populaire par une UE de plus en plus totalitaire, oui, les travailleurs devraient faire le bilan, pour savoir s’il doivent -avec les médiacrates de l’oligarchie capitaliste -célébrer la chute du mur de Berlin.
25 ans après la chute du Mur, la dure réalité en chiffres : chômage, revenus…
Loin de cette déferlante propagandiste – démontrant au passage que la liberté selon la démocratie bourgeoise est bien totale pourvu de défendre la dictature de la classe capitaliste – www.initiative-communiste.fr vous propose d’examiner quelques chiffres 25 ans après la réunification.
Ostalgie
Plus de 20 ans après la chute du Mur de Berlin, nombreux sont les Ossies à regretter l’Allemagne de l’Est, la RDA et son plein emploi comme le prouve notamment selon un sondage de l’institut Leipzig pour le magazine Super Illu et un sondage de l’Institut Emid pour le Berliner Zeitung.
Une majorité d’entre eux sont d’avis que l’ex-RDA avait « d’avantage d’aspects positifs que négatifs ». Jugez plutôt :
- 49% des habitants de l’ex RDA estiment que « il y avait quelques problèmes, mais globalement on y vivait bien ». et 8% soulignent que « la RDA avait surtout de bons côtés et qu’on y vivait heureux et mieux que dans l’Allemagne réunifiée d’aujourd’hui » : C’est 57% des Allemands de l’Est qui – pouvant faire la comparaison aujourd’hui – défendent la RDA. On est loin, très loin de la propagande médiatique de ce jours.
- 34% des anciens habitants de Berlin-Est se considèrent encore comme des Berlinois de l’Est
- 17% des Allemands de l’Est approuvent la phrase. « Il aurait mieux valu que le mur ne tombe pas
- 52% des Allemands de l’Est se considèrent traités comme des « citoyens de seconde zone »
- 44% des chômeurs souhaitent le retour du régime communiste qui fournissait un travail et un logement à tout le monde
Il est vrai que la chute du mur de Berlin, loin de se traduire par une hausse du niveau de vie s’est traduite par une vague de privatisation massive des industries est-allemandes (il ne fallait pas faire de concurrence au capitalisme ouest allemand !). Avec pour conséquence tout à fait nouvelle pour les allemands de l’Est l’apparition du chômage. Un chômage de masse. Car en RDA il faut le rappeler n’y avait pas de chômage. Dès 1990, il y avait 1 millions de chômeurs indemnisés, 3 millions d’actifs en situation de sous emplois pour près de 9 millions d’actifs. Une véritable catastrophe économique.
25 ans plus tard, les Länder d’ex RDA sont affectés par un taux de chômage du double de ceux de la RFA.La différence est tout à fait frappante si on place les taux de chômage sur une carte, pour l’année 2012
Entre 1991 et les années 2000, le nombre d’emplois dans le secteur industriel à l’Est a diminué de près de la moitié, alors que la production par actif occupé à augmenté de 1,7 ( 1,1 sur la même période en Allemagne de l’Ouest) dépassant désormais de 10 points la productivité en RFA…
Réunification? vraiment? clivage des niveaux de vie
Deux gamins allemands se parlent chacun d’un côté du mur de Berlin.
Celui de la RFA a une orange et s’en vante auprès de celui de la RDA:
-J’ai des oranges, j’ai des oranges nanana…
L’autre réfléchit puis répond:
-Oui mais moi j’ai le socialisme, nananana!
Le gamin de la RFA réplique :
– oui mais t’as pas d’orange…
Le mur tombe, le gamin de l’Est demande à celui de l’ouest :
– Elle est où mon orange?
Le gamin de l’Ouest lui répond :
– Non mais tu te crois où? socialiste va !
Selon les médias, c’est le retard économique et le niveau de vie inférieur en RDA qui aurait poussé les allemands de l’Est à faire tomber le mur, pour obtenir le même niveau de vie. Logiquement, 25 ans après la chute du mur de Berlin, (soit près de la moitié de la vie de la RDA tout de même), les différences devraient s’être effacées.
Force est de constater que ce n’est pas du tout le cas.
Le revenu par habitant reste inférieur de 33% à celui de la RFA, conservant la différence d’avant la chute du Mur. La chute du mur en fait n’a pas eu de réels effets sur les revenus des allemands de l’Est.
Loin de s’accompagner d’un mouvement de rattrapage salarial, c’est en fait une compression relative des salaires qui a eu lieu à l’est. Comme en témoigne le graphique suivant pour les salaires dans l’industrie. Dès 1993, un mouvement de baisse des salaires est engagés, dans des proportions plus importante à l’est qu’ à l’ouest. Dès 2002, les coûts salariaux unitaires dans l’industrie deviennent inférieurs à l’Est qu’à l’Ouest… Au passage, ce graphique démontre également l’intense politique de guerre aux salaires menée en RFA dès la chute de la RDA.
25 ans plus tard, les emplois dirigeants restent pour les allemands de l’ouest, quand les allemands de l’est doivent se contenter des fonctions subalternes.
Structure de l’emploi en Allemagne de l’ouest et de l’est (1er trimestre 2010)
Fonction / qualification |
Allemagne de l’ouest¹) |
Allemagne de l’est |
Position dirigeante |
10,9 |
8,8 |
Activités hautement qualifiées mais non dirigeantes |
23,7 |
19,9 |
Qualification de niveau moyen |
41,6 |
49,3 |
Techniciens spécialisés |
15,3 |
15,9 |
Fonctions simples |
8,5 |
6,1 |
Total |
100 |
100 |
Source : Statistisches Bundesamt. ¹) Berlin compris. http://rea.revues.org/4176
Si les revenus salariaux restent très inférieurs à l’Est qu’à l’Ouest, c’est également vrai concernant les revenus du patrimoine.
En 2008, par an et par habitant, le revenu issu du patrimoine s’élevait à seulement un peu plus de 2 000 € (en termes nets) à l’est, contre non moins de 5 200 € à l’ouest. Certes, les Allemands de l’est ont vu nettement progresser leur patrimoine, mais celui-ci est loin d’atteindre le niveau de l’ouest ; et l’épargne qu’ils prélèvent sur leurs revenus courants est elle aussi inférieure à celle des Allemands de l’ouest. (source)
Cette différence de revenus est équivalente à la différence entre transfert sociaux (impôts sur le revenu,cotisation sociale et prestations sociales monétaires ) pour lesquels en 2008 les allemands de l’Est percevait 3300€ de plus que les allemands de l’Ouest… De quoi relativiser fortement les transferts sociaux Est Ouest mis en avant à grands cris.
Deux decennies ont passé depuis la réunification de l’Allemagne. Pourtant, les landers d’ex-RDA, s’ils ont été intégré au modèle capitaliste et aux institutions de la RFA, ils restent loin de la richesse de la RFA.
Sur l’immigration Est – Ouest, avant et après la chute du mur
Il y a eu une très importante immigration de la RDA vers la RFA dans les années de l’après guerre. Comment la partie occidentale de l’Allemagne, la plus vaste, nettement moins affectée par les destructions de la guerre (l’essentiel des combats a eu lieu à l’Est, la défaite nazie étant essentiellement le fait des victoires de l’armée soviétique), notamment dans ses riches régions de la Bavières, de la Ruhr et disposant des principaux ports et surtout dispensée de payer des dommages de guerre et recevant une aide massive des USA aurait pu ne pas être la plus attractive que la partie orientale, plus petite et totalement détruite, en particuliers pour ces millions d’allemands quittant les pays de l’Est où ils s’étaient installés? On parle de près de 3 millions d’immigrés de l’Est vers l’Ouest. Ce qui ne veut pas dire que personne à l’Ouest n’a immigré en RDA. Selon les estimation, 700 000 allemands de RFA émigrèrent en RDA.
Ce qu’il faut souligner c’est qu’au contraire de la RFA qui faisait tout pour encourager l’immigration, à des fins de propagande idéologique, la RDA a au contraire une une politique dissuasive , refusant près de 30% des demandes d’immigrations, puis refusant les demandes de ré-immigration depuis l’Ouest.
Il est également important de rappeler que la décision de partitionner l’Allemagne fut le résultat des initiatives occidentales (réunification des zones, création du deutch mark…), et non de faits de la partie soviétique.
Si la propagande occidentale a monté en épingle cette réalité complexe des migrations inter RFA-RDA – la qualifiant de vote avec les pieds – il convient de noter que 25 ans après la chute du mur, et alors que la RDA n’est plus et que l’on ne peut donc plus mettre en accusation le modèle socialiste, les migrations de l’ex RDA vers la RFA se poursuivent.
Les actifs, en particulier les jeunes continuent d’émigrer des Länder de l’ex-RDA vers la RFA alors que dans le même temps la chute brutale de la natalité (divisé par deux), contribue à un vieillissement accéléré de la population de l’Est
RDA / RFA : sociologie politique des blagues
Après tous ces chiffres, terminons sur une note moins sérieuse, mais néanmoins instructive : deux blagues qui circulaient à l’ouest ou à l’est après la la réunification :
- A l’est : Un Ossi à un autre :
« Ton boulot c’est quoi en ce moment ?
– Ben, justement, rien.
– Joli travail.
– Oui, mais quelle concurrence ! » - A l’Ouest : Un chef du personnel à un Ossi candidat à une embauche :
« Vous ne trouvez pas que vos prétentions salariales sont un peu élevées ? Vous n’avez aucune qualification, pas d’expérience, et vous voulez 10 000 marks par mois ?! »
L’Ossi :
« Eh, le travail est bien plus dur quand on ne sait pas ce que c’est ! »
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