Casino est historiquement lié à la ville de Saint-Étienne. Créé à Saint-Étienne, l’entreprise s’est développée au point d’être implantée sur tout le territoire français. Aujourd’hui, suite à des choix catastrophiques de son actionnaire majoritaire, choix dénoncés dans les grandes largeurs par les syndicalistes depuis un bail, la société Casino croule sous les dettes. L’annonce de sa liquidation a jeté un terrible froid, un vent de résignation économique et a réveillé la colère latente des Stéphanois et prioritairement des très nombreux employés. Le siège social de casino est situé à Saint-Étienne et emploie 2000 personnes, sans parler de tous les emplois dans les centres de dépôts et dans les magasins, soit environ 2000 salariés de plus. À l’échelle nationale, Casino emploie environ 50 000 salariés.
Nous allons faire une rapide rétrospective sur Casino depuis juillet 2023. Économiquement, Casino est extrêmement précaire, la situation de ces 3 dernières années est considérée comme catastrophique par la CGT. L’endettement du groupe Casino est maximal. C’est dans ce climat économique qu’un investisseur, Daniel Kretinsky a fait une offre de rachat considérée comme « la moins pire » par les syndicats. Il s’était engagé oralement (la méfiance est de mise) à conserver les magasins Casino. Mais déjà la CGT alertait sur le risque du passage des hypermarché et des supermarchés en franchise. De plus, la CGT dénonce le fait que l’offre de rachat de Kretinsky soit adossée à un fonds d’investissement britannique, ce qui est, le moins que l’on puisse dire, un mauvais signal.
La CGT accuse directement les choix stratégiques très discutables de l’actionnaire majoritaire Naouri dans la diminution du chiffre d’affaires et de la fréquentation des hypermarchés et supermarchés Casino. Les syndicats avaient annoncé la catastrophe imminente et consécutive des choix du PDG, ce fameux Mozart de la finance. Personne n’a daigné tendre l’oreille aux mises en garde répétées des syndicats, les salariés du groupe Casino en paient donc le prix fort aujourd’hui.
Mais l’histoire s’est accélérée, le jugement du tribunal de commerce de Paris du 25 octobre 2023 ouvre les procédures de « sauvegarde » accélérée du groupe Casino sur une durée de deux mois. Divers rassemblements ont eu lieu, notamment le 5 décembre, ainsi que le 11 décembre devant le siège de Casino. La CGT dénonce l’offre de rachat présentée par Kretinsky, offre qui a substantiellement changé depuis juillet 2023, et qui n’est plus en adéquation avec les « engagement oraux ». Bizarre, vous avez dit bizarre …
Le lundi 11 décembre, le plan de « sauvegarde » a été prolongé de 2 mois par le tribunal de commerce de Paris. Le délai expirera le 5 février 2024. En substance le groupe Casino compte céder 404 magasins, y compris les magasins franchisés. Cela représente 325 supermarchés et 52 hypermarchés.
Une manifestation à Saint-Étienne a été organisée le 17 décembre en signe de contestation pour la sauvegarde du groupe casino et de ses emplois. Le groupe casino a ensuite annoncé lors d’une réunion le 19 décembre avec l’intersyndicale entrer en négociation exclusive avec le groupe Auchan et Les Mousquetaires dans le cadre de la vente des hypermarchés et supermarchés Casino.
Pour faire simple, les salariés de Casino apprenaient en juillet 2023 le rachat de casino par un milliardaire tchèque Daniel Kretinsky qui « s’engageait » à conserver magasins, entrepôts, gérants, et le siège social du groupe à Saint-Étienne. Le 27 novembre 2023, soit à peine quatre mois plus tard, les salariés déchantaient en apprenant la vente aux plus offrant des magasins sans aucune garantie pour leurs emplois et conditions de travail.
Les créanciers et actionnaires du groupe Casino ont été appelés à voter du 21 décembre au 11 janvier pour avaliser ou non le projet de plan de sauvegarde négocié ces derniers mois. C’est sans surprise que l’on apprend donc le 11 janvier que le plan de sauvegarde a été avaliser par 98,87% des actionnaires et créanciers. Ce plan de sauvegarde a pour but de « sauver » casino, par sauver nous devons comprendre sauver la rentabilité des actifs financiers des actionnaires et des créanciers. Pour ce faire, le groupe casino va restructurer sa dette. D’une part en vendant une partie de ses magasins comme nous l’avons précédemment dit, d’autre part par la vente du groupe au milliardaire Kretinsky sans aucune forme de garantie pour les emplois et les conditions de travail des salariés.
On voit bien la voracité des capitalistes en jeu dans cette question. Ils sont les responsables de cette situation économique catastrophique, conséquence d’une gestion calamiteuse avec des investissements qui ont plongé le groupe Casino dans un endettement massif. Désormais pris au piège de l’endettement, ces mêmes capitalistes veulent retirer un maximum de leurs actifs, et récupérer un maximum des prêts qui ont été accordés à Casino, au détriment des salariés qui ne sont qu’une variable d’ajustement du plan de « sauvegarde ».
La situation de la lutte est d’autant plus préoccupante qu’on sent une résignation profonde dans la ville même qui a vu naître Casino. Des travailleurs s’inquiètent par ailleurs de ce qui est vécu comme une impréparation et manque de communication des centrales syndicales dans les appels lancés en soutien à Casino. Des appels à se rassembler la veille au lendemain, un jour de semaine, par exemple. Comment peut-on sérieusement créer les conditions d’un grand rassemblement social et populaire avec un tel niveau d’impréparation ? Cela pose en-effet la question du syndicalisme de combat qui semble peu à peu disparaître au profit du syndicalisme d’accompagnement, de service, pour répondre à ces sérieuses batailles pour l’emplois, pour l’outil de travail. Dès le 22 décembre nous avons pu observer des mouvements de grève dans les entrepôts de casino, les entrepôts Easydis. On peut également observer la mise en grève des entrepôts de Corbas, Limoges, Gael, Saint-Bonnet-les-Oules, Toulon, Auxerre ou encore Andrézieux-Bouthéon. Alors même que les centrales syndicales appellent à venir soutenir dans la Loire les entrepôts en grève de Saint-Bonnet-Les-Oules et d’Andrézieux bouthéon, nous n’avons observé aucun appel sur l’entrepôt présent à Saint-Étienne même. Les syndicats ne semblent pas en mesure de mettre en grève les salariés de l’entrepôt d’Easydis dans la ville où se trouve le siège social de casino. Aux rassemblements faméliques de dernières minutes se succèdent bien peu d’actes concrètes … Il y a bien eu une manifestation « plutôt » réussie le 17 décembre, mais concrètement depuis plus rien de significatif. La résignation semble donc avoir remplacé la lutte acharnée et combative. Les syndicats semblent comme suspendus aux négociations du groupe casino, posant la question de la construction d’une perspective mobilisation et de lutte faites pour peser sur le rapport de force.
KR – PRCF 42 pour www.initiative-communiste.fr