Dans le très intéressant journal de l’UL CGT d’Annecy en Haute Savoie( lire ci-après), les militants CGT font le lien entre la politique de tout anglais et la politique de casse sociale accelérée . La langue n’est elle pas le premier service public des travailleurs ? leur premier outil pour s’unir et défendre leurs droits ?
«In Annecy Mountains»
Dans le magazine de l’agglomération, le « Grand Annecy » N°3, de décembre 2017, il faut lire l’éditorial du président du Grand Annecy, Jean-Luc Rigaut :
« «In Annecy Mountains»: c’est désormais en ces termes que notre territoire rayonnera au-delà de ses frontières !.. »….
et les pages « Tourisme » 18 et 19,
« Désormais, ce territoire parlera d’une seule voix »…
Il faut lire ces pages qui nous éclairent sur l’ambition affichée de déposséder les citoyens de leur territoire. Alors que communes, cantons – et bientôt départements – issus de la Révolution française, perdent leur essence et leurs compétences au plus près des gens, nous voici projetés dans un nouveau « territoire » « In Annecy Mountains », des bords du lac aux cimes des Aravis, du Plateau des Glières au massif des Bauges…
Après nous avoir dépossédés, de manière terriblement violente, de la démocratie de décider au niveau des communes, voilà qu’on nous impose de parler la langue de l’Empire, dans la négation complète de l’article II de la Constitution (« la langue de la République est le français ») et de la loi Toubon du 4 août 1994 (« la langue française « élément fondamental de la personnalité et du patrimoine de la France, langue de l’enseignement, du travail, des échanges et des services publics »)» Alors que le français est le premier service public de France et le lien du socle social déjà bien fragilisé dans notre pays, toutes sortes de décideurs politiques et économiques, dans une configuration générale de relégation systématique du français au profit du tout-anglais, choisissent de substituer le business globish aux expressions françaises : c’est la stratégie « communication » des chasseurs de profits. Cette entreprise soustraite au débat citoyen par la réforme territoriale vise à instituer le Grand Marché Transatlantique avec sa langue des affaires et de l’entreprise, une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (Maastricht).
Ces acteurs politiques et économiques locaux affichent très clairement leurs « ambitions internationales », un « pari audacieux ». Les décideurs haut-savoyards veulent mettre la barre très haut pour que le « territoire » soit choisi par l’État comme « zone touristique internationale » à l’instar de celles déjà créées, à Paris, Nice, Cannes ou Deauville et où s’impose la déréglementation du travail, la caricature du « travailler plus pour gagner plus »… Les commerces peuvent y ouvrir les dimanches et jusqu’à minuit, sur la base de compensations salariales sans garanties de contreparties minimales pour les salariés… contreparties négociées au cas par cas…
Et pour arriver à leurs fins, les pouvoirs politiques et économiques sont prêts à vendre notre région comme une savonnette au travers d’ « une marque d’attractivité territoriale » !
Dans ce contexte imposé de pensée et d’économie unique, d’uniformisation culturelle et de discrimination entre l’élite mondialisée et les dominés méprisés baragouinant le globish, la résistance organisée s’impose.