Par Georges Gastaud, syndicaliste et ancien élu SNES – 5 décembre 2023 – Il fut un temps où la France, pays de d’Alembert, Galois et Bourbaki, était leader en matière d’enseignement des maths, et plus encore, de recherche mathématique de pointe et d’obtention de la Médaille Fields, le « Nobel » des matheux. Cela reste encore vrai – pour combien de temps ? – en matière de récompenses internationales, mais tout montre que dans le domaine de l’enseignement des maths, le niveau général est en voie d’effondrement. Et c’est ce que confirme le dernier classement mondial produit par les enquêteurs du dispositif international PISA.
Croyez-vous pour autant que nos ministres maastrichtiens successifs de l’Education nationale, les Jospin-Allègre, Châtel-Darcos, Vallaud-Belkacem, Blanquer, Ndiaye et Cie, vont s’interroger sur les ravages de leurs politiques scolaires d’euro-austérité, de compression des traitements, de destruction du métier d’enseignant, d’abandon des personnels par les instances hiérarchiques, de dévaluation des diplômes, de passage en classe supérieure quel que soit le niveau (non-)atteint, de démolition du bac, d’abaissement des exigences scientifiques en matière de définition, de calcul, de démonstration et de rédaction, de chute de la maîtrise générale de la langue française, cet idiome ringard méprisé par les autorités antirepublicaines de l’école dite républicaine ? Nullement bien sûr puisque dans l’école publique dévastée par quarante années de « construction » européenne, chaque fois qu’une contre-réforme maastrichtienne génère le pire, on en déduit qu’on n’est pas allé assez loin et qu’il faut encore aggraver la situation en poursuivant dans la même direction ! Etant entendu que l’école privée subventionnée par l’État est toujours là pour accueillir les « élites », l’enseignement public se voit ainsi voué au rôle de variable d’ajustement patronal en matière d’emploi et de « formation », et non plus d’accès à la culture pour tous…
Ce qui est bien triste, c’est qu’un nombre non négligeable d’enseignants « accompagne » cette dégradation méthodique d’une Éducation nationale qui était encore tenue, malgré les défauts et vices de construction résultant de son environnement capitaliste, pour l’un des meilleurs systèmes éducatifs au monde…
Cette soumission fort peu éducative pour les élèves est hélas très constable puisque, loin de se battre pour augmenter les salaires, sauver les retraites, refuser Parcours sup et la contre-réforme Blanquer-Mathiot du lycée, nombre d’enseignants se jettent comme des affamés sur le dispositif du PACTE qui, contre monnaie trébuchante, vise à détruire ce qui reste du statut et des fondamentaux de ce métier noble entre tous. La majorité au moins relative de profs qui continuent de lutter et d’enseigner des contenus de qualité, non pas avec l’institution, mais MALGRÉ elle, n’en est donc que plus admirable.
Surtout si cette majorité de profs authentiquement républicains prend conscience du fait que la « construction » européenne qu’on la force de « vendre » aux élèves en permanence, est antinomique de la logique de service public de qualité pour tous qu’ont toujours tenté d’instituer les fondateurs et autres reformateurs progressistes de l’école républicaine, de Condorcet aux grands Résistants communistes qui rédigerent le Plan Langevin-Wallon à la Libération…