C’est l’ébullition chez les lycéens alors que la catastrophe annoncée de la réforme du bac et de son contrôle continu se confirme dans les lycées. Une colère qui entre en résonance avec la mobilisation pour le retrait de la réforme des retraites. En effet la génération 2004 est celle qui est directement frappée en totalité et celle qui subit également de plein front la réforme du Bac et le désastre de la loi Blanquer.
Résultat: de nombreux lycées entrent dans l’action. Avec cette image ce 16 janvier, symbolique et forte, du prestigieux lycée Louis Le Grand à Paris, dont les professeurs sont en grève reconductible et qui est bloqué par ses lycéens.
Les élèves de Louis-Le-Grand bloquent leur lycée ✊ tous ensemble jusqu’au retrait 💥 pic.twitter.com/rvoBt57yEV
— Irène Dao (@DaoIrene) January 15, 2020
Communication des professeurs de LOUIS LE GRAND
Chers parents,
Nous avons été informés hier soir que des professeurs du lycée et des classes prépa étaient entrés dans un mouvement de grève reconductible.
Nous vous transmettons ci-après pour information le courrier que nous avons reçu pour expliquer les raisons de cette grève.
L’équipe de la FCPE LLG.
Lors
de la première journée d’action contre le projet de réforme des
retraites, le 5 décembre dernier, plus de la moitié des professeurs de
LLG, Secondaire
et CPGE confondus, étaient en grève. La mobilisation
s’est poursuivie lors des journées d’action qui ont suivi, le 10 et le
17 décembre, et hier 9 janvier.
Au-delà de la participation à ces
temps forts, une grosse quinzaine de collègues a décidé d’entrer à
partir d’aujourd’hui, vendredi 10 janvier en
grève reconductible. Nous souhaitons vous en expliquer les raisons.
Nous demandons
- l’abandon du projet de réforme des retraites
- et la suppression de la première session des épreuves communes de contrôle continu (les E3C).
Cette
réforme des retraites ne pénaliserait pas les enseignants
seulement, mais elle les pénaliserait plus lourdement que d’autres.
Chacun
comprend qu’une pension calculée sur les revenus de l’ensemble de la
carrière, comme le prévoit le projet, sera plus faible que la pension
calculée
sur les six derniers mois, comme c’est le cas aujourd’hui.
Cette évidence n’est contestée par personne et le président de la
République – par
exemple dans son intervention à Rodez le 3 octobre dernier – comme le ministre de l’Education nationale en sont convenus.
Les
mesures de compensation annoncées – augmentation des salaires,
et surtout des primes, pendant la carrière – ne peuvent pas nous
convaincre, et
au moins pour deux raisons.
– Les sommes évoquées
sont très inférieures à celles qui seraient nécessaires pour obtenir un
maintien des pensions au niveau de ce qu’elles
sont dans le système actuel.
–
Ces augmentations ne seraient accordées qu’en contrepartie
d’une redéfinition de « ce que sera le métier d’enseignant du XXIème
siècle »,
redéfinition dont on ne sait pas grand-chose, sauf qu’elle
passera par une augmentation du temps de travail. Nous n’avons pas
oublié que le ministre
de l’Education nationale avait présenté comme
une mesure en faveur du pouvoir d’achat des enseignants l’obligation qui
leur est faite désormais
d’effectuer une deuxième heure
supplémentaire, alors même que ces heures supplémentaires sont moins
payées que les heures normales.
Cette réforme rendrait encore moins attractif un métier qui peine déjà, vous le savez, à recruter.
Nous nous battons aussi pour la suppression de la première session des E3C.
Ces
épreuves remplacent les épreuves terminales dans plusieurs disciplines
et pour commencer, dès février, les langues vivantes, l’histoire-
géographie et les mathématiques en STI DD.
Dans
chacune de ces matières des épreuves différentes selon les lycées,
et parfois entre les classes d’un même établissement, seront organisées.
Les
épreuves dans certains lycées seront corrigées par les professeurs
de l’établissement. Ce sera le cas à LLG, et ce ne sera pas un avantage
pour
nos élèves puisque, chacun le sait, la notation est plus exigeante ici que dans d’autres lycées.
Ces
disparités seront aggravées par l’absence de concertation
entre correcteurs des différents établissements qui ont choisi un même
sujet, et
par l’absence de corrigé commun, à la différence de ce qui se passe jusqu’à maintenant dans les épreuves du baccalauréat.
Des
sujets différents et des modalités d’organisation et de
correction différentes selon les établissements transforment le
baccalauréat en un
examen purement local et non plus national.
La
multiplication des épreuves pour une même discipline – deux en
Première et une en Terminale – oblige à un bachotage permanent sur des
savoirs
parcellaires. L’ordre dans lequel sont abordées les notions
au programme ne dépend plus de l’initiative des enseignants. La liberté
pédagogique s’efface
au profit d’une vision standardisée de la transmission des connaissances.
Enfin,
les problèmes matériels ne cessent de s’accumuler, de
l’ouverture tardive de la banque nationale de sujets aux difficultés
posées par la
correction dématérialisée (connexion, débit etc.).
Il faut donc supprimer cette première session des E3C, et faire de la session de juin un examen unique et national.
Voilà,
en quelques mots, les raisons pour lesquelles nous sommes entrés dans
ce mouvement de grève reconductible. Nous serions heureux que vous
les fassiez connaître à l’ensemble des parents d’élèves du lycée.
Cette situation, nous le savons, est difficile pour vos enfants, pour nos élèves.
Mais l’importance des enjeux et les décisions très brutales, unilatérales du gouvernement nous ont contraints à une décision qui n’a pas de précédent dans le passé récent de notre lycée.
Dans cette circonstance, nous serions bien sûr heureux de pouvoir compter sur votre compréhension,
et même sur votre soutien.