Dans la soirée du 7 décembre, tous les secrétaires généraux des confédérations syndicales ont été convoqués pour le lendemain matin par Mme Borne pour « discuter » de la contre-réforme annoncée des retraites.
Dès le lendemain, il n’en manquait pas un pour défiler à Matignon. Pour s’entendre dire comme prévisible que, quoi qu’il en soit des « discussions », en réalité des palabres, le pouvoir lancera (courageusement!) cette contre-réforme durant les fêtes, qu’elle sera présentée comme un avenant au budget de la Sécu (donc, qu’il n’y aura pas de vote parlementaire, ni même de 49/3) et que, de toutes manières, l’âge de la retraite sera repoussé à 65 ans (ou, ce qui revient au même, que la durée de cotisation sera encore relevée, comme l’ont déjà fait Balladur, Fillon et Touraine). Ce que 75% des Français sondés refusent, et vive la démocratie et la « souveraineté du peuple » !
Aussitôt sorti de Matignon, Martinez a annoncé qu’il avait avancé d’ultimes propositions pour surseoir au report de l’âge légal: des propositions qui, naturellement, ont été balayées d’un revers de main par Mme Borne, ce grand commis non pas « de l’État », mais du MEDEF et de l’UE, vrais commanditaires de cette énième contre-réforme. Quant à Laurent Berger, le co-président de la CES et de la CFDT, il a fait martialement déclaré qu’il envisageait une mobilisation en janvier. Histoire naturellement d’être présent dans l’Intersyndicale et de la rabattre vers un agenda revendicatif petit-bras avec deux ou trois journées d’ (in-)action avant, on connaît la musique, d’appeler à plier les gaules…
Comment des syndicalistes ayant en responsabilité le sort de vingt millions de salariés peuvent-ils encore montrer tant de servilité à l’égard d’un pouvoir qui n’a cessé de les humilier et de les promener depuis six ans? Et qui porte actuellement un projet de loi liberticide visant à criminaliser d’éventuels Gilets jaunes bloqueurs de rond-point…Mais il est vrai que les mêmes dirigeants ont tous appelé à voter Macron en mai 2017, puis en mai 2022, soi-disant pour faire barrage à l’extrême droite (rappelons que Macron soutient en Ukraine un régime pronazi et qu’il a été le premier à courir à Rome pour féliciter Melloni, la nostalgique déclarée de Benito…). Masochisme, collaboration de classe, voire collaboration dépourvue de toute classe?
Moralité: Syndicalistes de luttes qui, à la CGT notamment (notamment les courageux raffineurs, énergéticiens, cheminots, etc.) êtes les héritiers légitimes de la grande CGT combative de Frachon, Croizat, Séguy et Krazucki, ne comptez que sur vous-mêmes pour construire le « tous ensemble en même temps » sans lequel il sera impossible de bloquer le profit capitaliste (comme en 36, 68 et 95) et de sauver le régime de retraite par répartition hérité de Croizat et du CNR!
Par Floreal PRCF – 8/12/2022