Le ministre Blanquer avait prévenu à l’automne 2021, à l’occasion de la première journée de formation à la laïcité : les valeurs de la république, on les transmet ou on quitte l’enseignement. Dans cette logique, l’oral du CAPES (concours de recrutement des futurs enseignants) fût agrémenté dès la session 2022, d’un oral « d’entretien » censé évaluer chez les candidats, la maîtrise de ces valeurs à travers des mises en situation professionnelles. Le jury de capes de philosophie, en accord avec les consignes de l’inspection générale, a pris le parti d’aborder philosophiquement cet entretien comme un « exercice de philosophie pratique et appliquée » afin d’éviter le piège d’une restitution mécanique, voire dogmatique de ces valeurs, que seule une approche dialoguée et raisonnée peut rendre compatible avec les exigences liées à l’enseignement de la philosophie.
Sous prétexte d’avoir divulgué trop tôt les résultats aux lauréats du capes de philosophie, la présidente du jury Sylvia Giocanti a été limogée, alors que les explications apportées par les ressources humaines du ministère laissent peu de doute sur la vraie raison de cette éviction. Il semble évident qu’une mise au pas de l’ensemble du jury de capes de philosophie soit à l’oeuvre derrière cette décision aussi inhabituelle qu’autoritaire.
La commission philosophie de la revue étincelles s’inquiète donc de cette volonté d’assujettir les institutions scolaires et universitaires qui garantissent une indépendance du corps enseignant à l’égard du pouvoir politique et de tout conformisme idéologique. Nous réaffirmons notre soutien à Madame Giocanti, professeure des universités et notre attachement à la souveraineté des jurys de concours.
Georges Gastaud et Jean-François Dejours pour la com philo.