1.
Soupçonnée d’avoir mangé – et par deux fois –
Sans le payer, un pain au chocolat
D’une valeur de 39 centimes, Sarah,
Vingt-sept ans, a perdu son emploi
De caissière dans un Lidl de Nancy.
Fidèle aux règles du management
Lidl l’a virée – sans ménagement.
Licenciée par lettre et sans préavis.
2.
Qui faut-il donc plaindre ? La caissière qui a
Perdu son emploi ou bien le patron
Qui a perdu un pain au chocolat
Mais qui sur ses principes a tenu bon ?
Faut-il donc accuser le hard discounter
Dans cette affaire d’avoir manqué de cœur ?
Imaginez la perte en chiffre d’affaires
Si chaque employé s’offrait une douceur !
Qui mange un pain au chocolat
mérite le trépas
ou au moins le licenciement.
Mais celui qui fait son beurre
sur le dos de ses clients
nul ne saurait le traiter de voleur.
3.
Dans une complainte triste d’autrefois
Sarah aurait du coup perdu son logement
Puis, on lui aurait pris son unique enfant
Et elle serait tombée de plus en plus bas…
Elle se serait vendue pour un repas
Et aurait fini sa vie ici-bas
Dans les draps d’un hospice, à la Pitié
Salpêtrière ou à la Charité.
4.
Mais tant pis pour les chansons réalistes
Les chansons anciennes, plaintives et tristes…
Licenciée pour un pain au chocolat
Sarah n’a pas voulu en rester là.
Deux ans plus tard, elle faisait condamner
à huit mille huit cents euros d’indemnités
Lidl, aux Prudhommes, pour l’avoir virée
comme ça… après quarante CDD !
Qui donc est le voleur ?
Et qui mérite le licenciement
à défaut du trépas ?
Celui qui mange le pain au chocolat
ou celui qui fait son beurre
sur le dos de ses employés et clients ?
Francis COMBES
http://franciscombes.unblog.fr/2014/10/31/complainte-pour-un-pain-au-chocolat/