Dans un livre paru à la veille de son élection de 2007, Sarkozy tonnait contre l’ensemble des statuts gagnés par les travailleurs dans notre pays : « statut de l’artisan, du fonctionnaire, de l’enseignant », il appelait à ratiboiser tous les acquis sociaux et à imiter l’Angleterre thatchérienne et les USA reaganiens pour « libérer l’entreprise » ; en clair, il s’agissait de permettre au grand capital d’écraser tout le monde, salariés et petits entrepreneurs, au nom du « renard libre dans le poulailler libre » (c’est ainsi que Marx définissait le libéralisme).
Malheureusement, certains salariés, et une majorité de petits entrepreneurs, ont adhéré aux mensongers discours néolibéraux contre les statuts et contre les prétendues « charges » patronales (qui ne sont rien d’autre que le salaire différé et mutualisé des travailleurs salariés grâce auquel les anciens ont une retraite et les malades une garantie de soins médicaux). Plus gravement encore, depuis le Traité de Maastricht (1992) – que le PCF de Georges Marchais avait dénoncé – la France n’est plus un pays souverain : en effet, elle dépend de l’U.E. qui se définit (article VI) comme une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » dans laquelle les directives de Bruxelles l’emportent en droit sur la constitution elle-même. Cela implique entre autres que les « lois » et décrets pris en France peuvent être cassés à tout moment à Bruxelles, ou par la jurisprudence européenne, dans laquelle le poids de Berlin et de Washington, sans parler des groupes de pression financiers de toutes sortes, est déterminant.
Bref – et cela ne dédouane en rien nos gouvernants UMP et PS successifs qui sont totalement complices de cette démission nationale – la France n’est plus un pays souverain, et quand des flibustiers comme les instigateurs américains d’Hubert Pop viennent « casser » le marché intérieur (et bientôt, il en ira de même des supermarchés pour broyer les officines pharmaceutiques…), ceux-ci se moquent du droit national et de la loi française, qui n’est jamais valable qu’en première instance : ils font appel à l’échelle supranationale, ils jouent la montre, ils continuent d’empocher la différence, et tant pis pour les chauffeurs de taxi qui ont payé des licences à des prix prohibitifs et qui pourront difficilement les revendre à bon prix lors de leur retraite professionnelle.
Cela ne signifie nullement qu’il n’y ait pas de problème réel avec la manière quasi-féodale dont est actuellement régie l’accès à la profession de taxi, mais cela doit être réglé dans le cadre de la souveraineté nationale, par la négociation, en préservant le niveau de vie des chauffeurs et avec le souci de permettre un développement de la profession où l’offre ne suit pas la demande. En tout cas, ce n’est pas au grand capital prédateur de faire exploser un métier sans souci de la casse sociale.
Quant aux usagers et aux chauffeurs « Hubert Pop », ils sont aussi des victimes du système dans une économie française à la dérive où l’emploi industriel a été massivement délocalisé par les pirates du MEDEF, où il y a cinq millions de chômeurs réels et des millions de précaires et de travailleurs pauvres : dans une telle jungle, qui s’appelle le capitalisme, chacun essaie de survivre sans souci du voisin ! Même si l’on comprend la colère des chauffeurs de taxi contre l’incurie d’un Etat qui s’est lui-même lié pieds et poings à la sacro-sainte Europe de Maastricht, c’est bien le grand capital, son U.E. et ses gouvernants euro-complaisants et couchés devant les U.S.A. qu’il faut d’abord incriminer.
Soyons clairs : UberPOP doit être interdit en France car non seulement son développement ferait sauter de manière déloyale la profession de taxi, mais cela créerait un précédent pour faire sauter, à partir des USA et de leur totale mainmise sur l’internet, l’ensemble des statuts existant en France ou ailleurs pour protéger les « petits » contre les « gros ».
En contrepartie de leur solidarité avec les chauffeurs de taxi, les salariés et les forces progressistes sont en droit d’attendre un peu de solidarité de la part des petits entrepreneurs quand les ouvriers défendent leur emploi ou leur salaire, quand les enseignants, les personnels d’Air-France, les marins, les dockers, les personnels hospitaliers ou les cheminots défendent leur statut. En train, en avion, en tramway, en métro, en bateau ou en taxi, RAS-LE-BOL de l’U.E. ATLANTIQUE qui détruit notre pays et ses acquis sociaux. Cessons
tous, quand une catégorie professionnelle de travailleurs, salariés ou « indépendants », est forcée de se mettre en grève, de relayer le discours des médias capitalistes sur « le grand public pris en otage ». Tous ensemble et en même temps, mettons en accusation le grand capital et son U.E. atlantique fauteurs de régressions sociales dans notre pays en crise grave.
Commission luttes du PRCF, 26/06/2015