L’ainsi-nommée Confédération Européenne des Syndicats a ouvert son congrès ce mardi 23 mai.
Alors que les détracteurs de la FSM (fédération syndicale mondiale) la diffament en l’accusant, sans aucun fondement, de soi-disant liens avec les autorités syriennes et iraniennes, avec pour stratégie de rabattre les syndicalistes d’Europe sur les très jaunes CSI (Confédération Syndicale Internationale) et C.E.S. (Confédération Européenne des Syndicats), la liste des intervenants au 15eme congrès de cette dernière(1), qui se tient à Berlin du 23 au 26 mai, ne laisse aucun doute sur sa nature totalement réactionnaire et sur son inféodation totale au grand patronat européen et à l’eurocratie bruxelloise.
Défileront ainsi à la tribune en allocution ou en discussion au cours du congrès :
- Pedro Marques, Vice-Président du groupe S&D au Parlement européen ;
- Terry Reintke, Coprésidente des Verts/ALE au Parlement européen ;
- Martin Schirdewan, Coprésident du groupe de la Gauche au Parlement européen ;
- Markus Beyrer, Directeur Général de BusinessEurope ;
- Evelyn Regner, Vice-Présidente du Parlement européen ;
- Oliver Röpke, Président du Comité économique et social européen ;
- Lucie Studničná, Présidente des groupes de travailleurs du Comité économique et social européen ;
- Nicolas Schmit, Commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux ;
- Dennis Radtke, Député européen ;
- Agnes Jongerius, Députée européenne ;
- Sara Matthieu, Députée européenne ;
- Stefan Löfven, Président du PSE.
Et cerise sur le gâteau, auront tribune libre au cours du congrès : Kai Wegner, Maire de Berlin du CDU, parti de centre-droit (!), Olaf Scholz, chancelier fédéral allemand (!!) et Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne !!! Que voilà un cénacle prolétarien qui augure bien de l’esprit de lutte qui présidera à ces assises « syndicales »!
Bref, tout un programme !
Qu’on soit clair : il s’agit du congrès de la C.E.S. : ces tristes personnages, qui ravagent les droits sociaux partout en Europe et particulièrement en France, tout en livrant quantités d’armes à la junte pro-nazi de Kiev poussant à l’escalade nucléaire avec la Russie, ont donc été INVITES !
Imagine-t-on Macron ou Roux de Bézieux invités à un congrès de la CGT ?
Et que dire des autres confédérations, notamment de la CFDT ou de FO, qui érigent en dogme l’indépendance de leur organisation à l’égard des partis politiques au niveau national français, mais qui acceptent et invitent au congrès de la CES (dont Laurent Berger est l’actuel président) tous les techno-politiciens et autres va-t-en-guerre professionnels de l’Union Européenne !
En tous cas, on ne peut s’empêcher de rire (ou de pleurer ?), en lisant le communiqué de la CGT sur le congrès de la CES (2), qui ose poser la question : « La C.E.S. va-t- elle être à l’offensive et proposer un agenda autonome ou pas par rapport à l’agenda de l’Union européenne ? » et d’y répondre plus loin que « La CGT est enfin entendue à ce sujet. Preuve en est, la secrétaire générale de la CES, l’Irlandaise Esther Lynch est venue manifester en France deux fois contre la réforme des retraites. Sa démarche témoigne d’une réelle volonté politique. »…
On rappellera, comme l’indiqué Initiative Communiste(3), que cette même Esther Lynch s’est gargarisée, dans une interview au Républicain Lorrain, qu’ « En Irlande, l’âge de la retraite a été établi par le dialogue social, après beaucoup de réunions. », alors qu’il a été porté à 67 ans ! Che Guevara n’a qu’à bien se tenir !
On rajoutera à ce palmarès les récents scandales de corruption avec l’Union Européenne qui ont secoué la C.E.S. par l’intermédiaire de son ancien secrétaire et qui était alors secrétaire de la C.S.I., Luca Vicentini.
Ainsi, après n’avoir quasiment pas soutenu les luttes en France (un communiqué de « soutien » lors de la bataille contre la contre-réforme des retraites et basta !) et avoir appeler à voter « oui » à la constitution européenne de 2005, la C.E.S. se révèle donc, une nouvelle fois, t’elle qu’elle est : la courroie de transmission des directives de régression sociale de la commission européenne de Bruxelles à la quelle elle est totalement inféodée.
Alors, si les liens entre la FSM avec de quelconques gouvernements relèvent du pur fantasme et de campagne de discrédit, il n’en va pas de même concernant la C.E.S., dont la liste des invités à son congrès devrait indigner n’importe quel militant des organisations syndicales françaises (et européennes), CGT en tête ! Mais silence dans les rangs car depuis l’époque de Viannet et Le Duigou, la CGT est officiellement devenue « euro-constructive », abandonnant du même coup son objectif fondateur d’abolition de l’exploitation capitaliste et son appartenance pluridécennale à la F.S.M., la centrale mondiale tournée vers la lutte des classes. Et tous les travailleurs mesurent ce que ce tournant euro-réformiste leur aura apporté depuis trente ans en matière de reculs salariaux, de casse des services publics, de démolition du produire en France industriel et de démolition de la Sécu, des retraites et des indemnités chômage.
Plus que jamais, pour la reconstruction d’un syndicalisme de classe et de masse, indépendant à l’égard du MEDEF, du gouvernement Macron, de l’UE et de l’OTAN et qui défende la paix et la souveraineté nationale, il y a urgence à ce que la CGT retrouve la rouge FSM, dans laquelle ses militants, que sont les travailleurs en lutte de l’EDF, des éboueurs, des raffineries et autres ports qui ont été la véritable avant-garde du mouvement populaire récent, ont d’ores et déjà toute leur place !
Rouge, rouge, rouge : la FSM est rouge !
Jaune, jaune, jaune : la CES est jaune !
La commission lutte du Pôle de Renaissance Communiste en France
(2) https://www.cgt.fr/actualites/international/un-15e-congres-pour-une-ces-plus-forte