Par la Commission Luttes du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) – 4 décembre 2022
LA TENTATIVE DE PASSER EN FORCE DE MACRON ET DE BORNE EST UN SIGNE DE FAIBLESSE!
Servilement alignés sur les exigences de contenu et de calendrier de l’UE, les yeux fixés « quoi qu’il en coûte » sur l’application des funestes Accords européens de Barcelone signés en 2002 par Jospin et Chirac (« porter à 67 ans EN MOYENNE le départ de l’âge de la retraite en Europe »), Macron et Borne annoncent pour la mi-décembre, au moment où les Français préparent les fêtes, le lancement explosif d’une énième contre-réforme dictée par l’agenda maastrichtien du MEDEF et des gouvernements français successifs, qu’ils soient macronistes, PS ou LR. Cette nouvelle contre-réforme porterait l’âge légal minimal du départ en retraite à 65 ans, et chacun se doute que cette « dernière réforme des retraites » en préparerait d’autres, puis d’autres encore, comme celles, toutes négatives pour les travailleurs, de 1994 (Balladur), 2003 (Fillon), 2007 et 2010 (Sarkozy) retardant l’âge légal, allongeant la durée des annuités de cotisation, aggravant les décotes… et forçant de plus en plus de travailleurs à se tuer au boulot, à attendre au RMI pour toucher enfin leur pension, pour finir par ne percevoir que des revenus indignes et misérables. Sans parler des millions de femmes prolétaires, paysannes, petites fonctionnaires ou petites commerçantes qui, de la sorte, ne disposent pas réellement à leur retraite de pension leur assurant des revenus indépendants. Tout cela se met en place alors que l’âge moyen du premier pépin grave de santé se situe à 62 ans pour les hommes et à 64 pour les femmes, que la croissance vertigineuse de la productivité du travail en France profite bien plus au grand capital qu’aux travailleurs, qu’ils soient actifs (recul du pouvoir d’achat réel), retraités ou privés d’emploi (baisse continue des allocations chômage, dont sont exclus plus d’un million de chômeurs). Cette fébrilité du régime Macron marque surtout sa crainte du mouvement social et sa volonté de le prendre par surprise. Mais elle comporte aussi les conditions d’une riposte foudroyante du mouvement ouvrier et populaire à laquelle doivent fraternellement travailler tous les militants du mouvement syndical, politique et associatif du progrès social!
SE PREPARER A UN GRAND AFFRONTEMENT DE CLASSES POUR CET HIVER
Déjà, la totalité des syndicats – y compris ceux qui, comme la CFDT, portent une responsabilité accablante dans l’adoption des contre-réformes précédentes – annoncent qu’ils refusent la contre-réforme Borne à la fois sur son contenu et sur sa forme: jamais en effet on n’aura vu aussi clairement que le prétendu « dialogue social » dont se satisfont, faute de combativité, les confédérations françaises inféodées à la Confédération Européenne des Syndicats (C.E.S), n’est qu’une mascarade cachant mal les diktats antisociaux de l’UE et du MEDEF. En effet, après des simulacres de « concertation » qu’ont tristement cautionnés depuis des années l’ensemble des dirigeants confédéraux, Elisabeth Borne – la femme qui, avec le sieur Pépy, a démoli le statut des cheminots sur l’ordre de Macron – vient d’annoncer le contenu et le calendrier de la contre-réforme. Ce sont les mêmes que ceux qui étaient annoncés « avant » la concertation. Au point que le président de la CGC, qui avait lui aussi cautionné la pantomime gouvernementale, déclare qu’on atteint là « la limite du foutage de gueule »…
Sur la forme en effet, le gouvernement choisit le passage en force à coups de 49/3… et sans doute (qui en doute après ce que Castaner et le préfet de police Lallement ont fait aux Gilets jaunes?), et surtout, à coup de matraques de CRS et de lavage de cerveaux par les médias. Le pouvoir compte aussi sur le climat d’intimidation et d’indécente union sacrée belliciste qui accompagne la guerre en cours en Ukraine entre la Russie et le bloc belliciste de l’UE-OTAN alliée à l’inquiétant gouvernement pronazi de Kiev.
Enfin, ce gouvernement antisocial et antinational compte aussi sur les difficultés, voire sur la pauvreté de masse qui vont accabler cet hiver des millions de Français coincés entre montée des prix alimentaires, blocage des salaires réels, envol du prix du gaz (privatisé) et coupures d’électricité, crise des services publics provoquée par des décennies d’euro-austérité (hôpital, Education nationale, Poste, SNCF, EDF, etc.).
LE BUT REEL de la contre-réforme Borne: COUP DE GRÂCE AUX RETRAITES PAR REPARTITION CREEES PAR AMBROISE CROIZAT !
Sur le fond, soyons tous conscients que le passage de la retraite à 65 ans AU MOINS signifierait le coup de grâce pour le système de retraites solidaires mis en place, en même temps que la Sécu, les statuts, le CEA, le SMIG, le Code du travail et les conventions collectives, par les ministres communistes de 1945/47, les Thorez, Croizat, Paul, Casanova et autre Billoux. En effet, les jeunes générations accepteront-elles encore longtemps de cotiser pour les retraites et la Sécu alors que les salaires plongent, que les retraites sont de plus en plus tardives et que la précarité multiplie les périodes de chômage forcé et de décote sur les pensions? Il est évident qu’en réalité, en torpillant ce grand acquis social qu’était la retraite par répartition, l’UE du grand capital et ses exécutants locaux visent à promouvoir des systèmes de retraite par capitalisation à la fois injustes (seul les salariés les mieux lotis pourront se les offrir), incertains (car liés aux aléas boursiers, aux crises, aux guerres…) et profitables au grand capital spéculatif! Bref, ils veulent nous faire basculer dans un système à l’américaine alors que ce pays en crise globale est terriblement dur pour la classe laborieuse dont ni les vieux jours, ni les soins ne sont nullement garantis, avec en toile de fond le délitement des liens sociaux, l’insécurité de masse et un niveau sans égal de violence.
DU REFUS A LA CONTRE-OFFENSIVE DE CLASSE TOUS ENSEMBLE EN MÊME TEMPS
Dans ces conditions, l’heure n’est plus au seul constat. Alors que les directions confédérales se contentent de grommeler, que, malheureusement les directions syndicales, y compris celle de la CGT et de la FSU hélas, restent arrimées au briseur de grèves en chef qu’est Laurent Berger (après les cheminots, la CFDT confédérale a poignardé dans le dos les grévistes d’EDF et des raffineries), qu’elles restent enlisées dans la stratégie perdante des journées d’action sans lendemain, sans plateforme syndicale interprofessionnelle fédératrice, sans calendrier d’action montant vers le « tous ensemble en même temps », alors que pèse encore sur le mouvement social la phrase dévastatrice prononcée par Bernard Thibault en 2003 (« la CGT n’a pas vocation à bloquer le pays »: quelle insulte aux vaillants cégétistes en lutte de 1936, 1968, 1995!), l’heure est partout, dans les ateliers, les chantiers, les dépôts, les bureaux, les services publics, à une grande veillée d’armes sociale, démocratique et pacifique. Pas seulement pour se battre dos au mur en acceptant in fine de nouveaux reculs assortis de miettes provisoires, mais pour contre-attaquer et gagner : l’alternative est de perdre séparément ou de gagner tous ensemble en même temps sans craindre l’affrontement de classes salutaire entre le monde du travail, toutes catégories confondues, actifs, retraités et chômeurs, public et privé, statutaires, embauchés et précaires, Français et immigrés, hommes et femmes, et le trio malfaisant MEDEF-gouvernement-UE. C’est ainsi que notre classe a naguère gagné sous le Front populaire, qu’elle a arraché d’énormes avancées en 1945, qu’elle a gagné de fortes augmentations de salaires pour tous en 68, qu’elle avait jadis obtenu l’indexation des salaires sur les prix; une indexation qu’ont détruite Mitterrand, Delors et le ministre d’alors de la Fonction publique en 1984 (« tournant de la rigueur ») afin d’arrimer le franc au Mark (politique du « franc fort ») et de lancer la marche à l’euro, ce dispositif d’euro-austérité à perpète pour les salariés et les services publics.
SYNDICALISTES DE CLASSE: COMPTER D’ABORD SUR NOS PROPRES FORCES!
La balle est dans le camp des syndicalistes de lutte, notamment ceux de la CGT, de la FSU, voire de SUD et de FO. Il faut ensemble, à partir de la base (assemblées de travailleurs en lutte), en créant les conditions d’une grande démocratie ouvrière, et sans se laisser mener par le bout du nez par les dirigeants défaitistes des confédérations euro-formatés
a) dénoncer le MENSONGE PAR OMISSION qui fait que toutes les confédérations syndicales ont « un boeuf sur la langue » quand il s’agit de critiquer cette UE qui orchestre tous les mauvais coups à l’échelle continentale! Ras le bol de la Confédération Européenne des Syndicats présidée par Laurent Berger, cette courroie de transmission du patronat européen! Informons-nous sérieusement des positions de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM, pro-lutte des classes) qui, par le passé, accompagna toutes les grandes victoires de la CGT de Frachon, Séguy et Krazucki !
b) briser le climat d’union sacrée belliqueuse antirusse et antichinoise qui, tout en créant les conditions d’une possible troisième guerre mondiale exterminatrice, vise à mettre le mouvement ouvrier à la remorque des capitalistes : pour gagner la guerre de classe qui nous est imposée à l’intérieur de notre pays, il faut rejeter la guerre impérialiste en clamant partout: l’argent pour les salaires et les retraites, pas pour les actionnaires fauteurs de guerre!
c) refuser catégoriquement la contre-réforme des retraites sans cautionner le « dialogue social » bidon: ON NE NEGOCIE PAS LES REGRESSIONS, RETRAIT TOTAL DE CETTE CONTRE-REFORME et des PRECEDENTES, retour a minima à la retraite à 60 après 37 ans et 1/2 de cotisation, fin des décotes!
Refus de laisser exploser les pensions des cheminots, des électriciens et des fonctionnaires car leur arasement ne profiterait qu’au capital sans rapporter un sou aux travailleurs du privé, il achèverait de déstabiliser les services publics à la française et constituerait une défaite stratégique pour l’ensemble de la classe ouvrière!
d) élaborer les grandes lignes d’une plateforme syndicale fédératrice comportant au minimum la SUSPENSION IMMEDIATE des plans de licenciements du privé, des euro-privatisations ouvertes ou larvées (SNCF, EDF, Poste) et de toutes les contre-réformes visant l’Ecole publique, l’hôpital, l’Université, le CNRS, la territoriale, etc. Reconstitution et amélioration du Code du travail, des statuts, des conventions collectives, des diplômes nationaux, dont le bac – abrogation de Parcours Sup! -, SMIC à … euros, relèvement d’au moins 10% des salaires sur les prix, rattrapage de pouvoir d’achat, indexation sur les prix, blocage de ces derniers, abrogation des contre-réformes anti-ouvrières sur l’indemnisation du chômage, taxation des profit capitalistes et des super-profits du CAC-40 en particulier, nationalisation ou renationalisation des grandes banques, assurances et secteurs stratégiques de l’économie, plan massif de construction ou de réhabilitation de logements accessibles aux travailleurs!
Assez de la traque aux travailleurs immigrés qui n’a d’autre but que de nous diviser: la fin des migrations de masse doit résulter de l’augmentation générale des salaires en France (qui profiterait à l’emploi, comme en 1968), et d’une politique de coopération Nord-Sud favorable au développement de l’emploi dans les pays frères de l’Afrique francophone qui rejettent à raison le néocolonialisme.
e) élaborer par nous-même à partir des entreprises en lutte, et en tendant aussi la main aux étudiants et lycéens futurs travailleurs, un grand plan national de lutte montant vers le « tous ensemble en même temps » sans hésiter devant la perspective de bloquer le profit capitaliste comme avaient tenté de le faire les gilets jaunes ou, récemment les travailleurs CGT en grève des raffineries. On n’a rien sans rien! Ils cassent notre pays et nos acquis, bloquons leurs profits !
Par ailleurs, sachant qu’aucun grand mouvement social ne peut durablement triompher sans un grand projet politique révolutionnaire, le PRCF continuera de militer pour la reconstruction d’un parti communiste de combat, pour le renouveau et l’unité du syndicalisme de classe et de masse, pour une Alternative rouge et tricolore affrontant clairement l’UE supranationale et l’OTAN belliciste, pour une Europe des luttes clairement opposée à l’UE, pour un Mouvement communiste international promouvant un socialisme-communisme de nouvelle génération permettant à tous les peuples de partager la paix, de reconstruire un environnement vivable et de partager, en France et à l’international, les lumières, les progrès scientifiques et la fraternité.