COMMUNIQUE DE LA COMMISSION LUTTES DU PÔLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE (P.R.C.F.), 4 mai 2023
Sans surprise, le Conseil constitutionnel des Fabius, Juppé et Cie a retoqué une seconde demande de référendum portant sur le retour à 62 ans de l’âge légal de la retraite. Ce nouveau camouflet infligé au mouvement social prouve à nouveau la nature totalement antidémocratique de la Vème « République » chapeautée par l’UE, verrouillée par le dispositif du quinquennat et totalement dévouée aux intérêts du grand capital.
Dans ces conditions, il est navrant que l’Intersyndicale emmenée par Laurent Berger continue de se caler sur le calendrier parlementaire et institutionnel pour organiser l’action (choix de la date du 6 juin) au lieu de partir avant tout de la combativité remarquable qu’ont encore révélée les belles manifestations du 1er mai, des manifs où le PRCF a joué tout rôle et a très bien été accueilli par les manifestants.
Il est encore plus désolant que Berger, auquel nous souhaitons une bonne retraite syndicale fort précoce, ait décidé de se rendre aux pseudo négociations organisées par Borne en vue de « tourner la page des 64 ans » et de lancer son nouveau train de contre-réformes commanditées par l’UE sur le RSA, les statuts publics, les lycées pros, les travailleurs immigrés, etc. Il est vrai que Berger demeure le président de la C.E.S., la confédération syndicale totalement acquise à l’UE qui, rappelons-le, appelle à reporter l’âge moyen de la retraite à 67 ans en moyenne dans les pays de l’UE. Mais si Berger a décidé de laisser tomber le mouvement, qu’il sache que, n’étant pas des moutons à tondre, les travailleurs n’ont pas besoin de berger!
Enfin, il est triste que la camarade Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT, ait cru bon récemment d’affirmer que tout syndicat est par nature réformiste [1]. Quelle méconnaissance de l’histoire de la CGT, qui a obtenu les plus belles avancées pour la classe ouvrière en 1906, 1936, 1945, 1968, quand la CGT revendiquait clairement, en vertu de ses statuts révolutionnaires, l’abolition de l’exploitation capitaliste et quand elle combattait de front le colonialisme français, l’impérialisme américain et l’Europe du grand capital et du réarmement allemand. Rappelons à ce sujet le mot de Lénine déclarant en 1905 que « les réformes sont la retombée des luttes révolutionnaires ».
Il faudrait au contraire partir du fait que des millions de travailleurs hostiles à la contre-réforme Macron ont compris que ce régime ne nous représente absolument pas et que ses institutions ne sont qu’une caricature visant à déposséder le peuple en se passant de son consentement quand l’UE et le MEDEF ont parlé. A l’inverse de certains dirigeants syndicaux et des dirigeants de la gauche établie, nombre de syndicalistes rouges ayant organisé les grèves reconductibles des éboueurs, raffineurs, énergéticiens, transporteurs, cheminots, dockers, ont fort bien compris, eux, que la situation bloquée du pays, par la faute du pouvoir et de ses mentors de l’UE, exige que soit désormais frontalement contestée dans nos luttes et dans nos explications publique, y compris d’un point de vue revendicatif, la légitimité de ce pouvoir du grand capital. Sans « ‘oublier » de dénoncer l’UE arrimée à l’OTAN qui nous entraîne chaque jour un peu plus vers une guerre mondiale impérialiste potentiellement exterminatrice contre la Russie, voire contre la Chine.
C’est pourquoi le PRCF et sa commission luttes, qui ont participé de manière dynamique à toutes les mobilisations à Paris, Lille, Marseille, Nice, Montpellier, Nantes, Rennes, St-Etienne, Nantes, Brignoles, Amiens, Tulle, Dunkerque, Arras, Avignon, Toulouse, Albi, etc., soumet au débat les propositions suivantes :
a) il faut refuser de cautionner de près ou de loin le pseudo dialogue social bidon de Macron et souligner au contraire fortement auprès des travailleurs la totale illégitimité de ce régime destructeur de la paix, de l’indépendance nationale et de l’ensemble des acquis sociaux et démocratiques issus de la Révolution française et du CNR
b) la date du 6 juin est trop tardive et cela provoque le mécontentement des travailleurs les plus engagés dans le mouvement. Mais surtout, il faut faire en sorte que dans les prochaines manifestations, le mouvement revendique clairement le retour aux 60 ans pour 37 ans et demi, l’abrogation de toutes les contre-réformes en cours ou en prévision (EDF, SNCF, Education nationale, Hôpital, ONF, statuts, etc.), l’interdiction des délocalisations et des plans de licenciement, l’augmentation générale des salaires et leur indexation sur les prix (l’argent pour les salaires, pas pour la guerre, pour les pensions, pas pour les marchands de canon, plus une arme française à destination du champ de bataille, engagement de la France pour la négociation et la désescalade !).
c) il faut oser mettre en cause, non seulement le valet du MEDEF et de l’UE-OTAN qui siège à l’Elysée, mais dénoncer auprès des travailleurs les énormes dépenses militaires prévues pour la mort ainsi que la responsabilité écrasante de l’UE dans la feuille de route qui détruit tout le social en France et dans d’autres pays européens
d) enfin, pourquoi ne pas mettre sérieusement en débat auprès des travailleurs, notamment de la classe ouvrière qui a porté la grève reconductible, l’idée d’une grande manifestation sur les Champs Elysées à Paris pour relancer le mouvement en grand, porter toutes les revendications et s’unir, y compris avec les Gilets jaunes et avec les militants politiques progressistes l’ensemble des revendications pour un changement radical dans notre pays. Il n’est pas vrai qu’une manif à Paris « enterrerait le mouvement », non seulement on peut alterner manifs locales et manifs centrales, mais à un certain degré de mûrissement du mouvement, il est indispensable de porter le combat dans la capitale du pays pour interpeller toute la nation et appeler au tous ensemble en même temps pour stopper les vrais casseurs de la France.
C’est indispensable, non seulement pour balayer ce pouvoir malfaisant et sortir notre pays du broyeur de l’UE et de l’OTAN, mais pour couper la route de l’Elysée à la pseudo patriote et fausse amie du peuple Marine Le Pen que Macron et Cie sont en train de propulser à la tête du pays pour y finir le sale travail de destruction du pays, de la démocratie et des acquis.
[1] Dans un entretien donné à Ouest France le 24 avril 2023, à la question « « le syndicalisme est par essence réformiste », a dit Philippe Martinez, votre prédécesseur. Vous êtes accord ?», Sophie Binet a notamment répondu que « Depuis la Charte d’Amiens en 1906, la CGT a une double mission. Transformer la société, car nous ne nous satisfaisons pas du monde du monde tel qu’il est. Et agir en partant du quotidien et du travail. Quand on est syndicaliste, on n’est pas dans une logique de grand soir. ». Elle n’a ainsi pas désavoué la position de P.Martinez et a, au contraire, confirmé l’orientation réformiste de la CGT.