Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a annoncé que suite au confinement et à l’arrêt d’une partie de l’économie française (puisque nombre de secteurs « essentiels » ne sont pas à l’arrêt comme Airbus, Peugeot, Amazon, etc.) il allait falloir faire des économies.
Pour l’instant on ne connaît pas la mesure de ces économies et notamment QUI les supportera. Mais comme les premières mesures prises par le gouvernement n’ont pas été de produire en urgence masques et autres tests mais bien de démolir le Code du travail (60 heures par semaine, suppressions de jours de congé…) il n’y a aucune illusion à se faire : ceux qui devront contribuer à « ces économies » sont les mêmes qui sont au turbin aujourd’hui!
Les cures d’austérité (pour les travailleurs) dictées par l’Union Européenne et le MEDEF nous ont conduit dans cette situation catastrophique
D’ailleurs, les cures d’austérité (pour les travailleurs) dictées par l’Union Européenne et le MEDEF, qui nous ont conduit dans cette situation catastrophique, qui ont réduit les services publics à peau de chagrin (hôpital en tête) et ont sans cesse démantelé le Code du travail, avaient pour principal prétexte la crise des « subprimes » de 2008. À l’époque, nous subissions le quinquennat Sarkozy, au cours duquel Bruno Le Maire sévissait déjà comme ministre de l’Agriculture et durant lequel Emmanuel Macron était membre (à partir de 2010) de la commission présidée par Jacques Attali, dont le rapport remis à l’époque au gouvernement porte un nom qui résonne aujourd’hui comme un magistral aveu : « une ambition pour 10 ans »[i]. Quelle ambition et quel résultat!
Bref, comme le disait Einstein :
« il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre ».
Albert Einstein
Par conséquent, afin de faire des propositions concrètes pour sortir de la crise et non pas nous y enfoncer davantage par une nouvelle cure d’austérité qui s’annonce dévastatrice pour le monde du travail, nous proposons de réaliser les « économies » suivantes :
- suppressions de la « flat taxe » Macron sur les revenus du capital ;
- retour de l’ISF, avec une assiette plus grande et un taux d’imposition plus fort ;
- suppression des crédits d’impôts (crédit d’impôt recherche, innovation…) ;
- suppression de toutes les baisses de cotisations sociales (pardon, des « charges »!) qui ont cassé les budgets de la Sécurité sociale, de l’hôpital public et des retraites ;
- suppression de toutes les subventions au secteur privé et nationalisation sous contrôle des travailleurs des entreprises qui se gavent et qui ne vivent que de ces subventions ;
- augmenter le nombre de tranches à l’impôt sur le revenu pour le rendre plus juste et avec des taux très élevés pour les dernières tranches (de 1970 à 1983 l’impôt sur le revenu comptait 14 tranches, le taux d’imposition de la dernière était de 65 %!) ;
- taxation très forte des revenus du capital ;
- établir un impôt sur les sociétés juste, qui impose fortement les groupes du CAC40 ;
- renforcer la lutte contre la fraude fiscale en donnant à l’administration fiscale des moyens humains, matériels et législatifs nécessaires à ses missions pour faire entrer l’argent dans les caisses de l’État ;
- quitter l’Union Européenne :
- pour en finir avec les directives criminelles (casse des services publics, de la Sécu, du Code du travail, des retraites…) de cette institution totalitaire,
- pour en finir avec la concurrence débridée entre tous les travailleurs et pour permettre de relocaliser l’industrie,
- pour en finir avec l’évasion fiscale,
- et pour cesser de contribuer au budget européen, qui ne finance en aucun cas la solidarité (demandez aux Italiens!) mais les régimes fascistes de l’Est qui en sont les très grands bénéficiaires[ii] (en Pologne, Hongrie, Lettonie…) ;
- quitter l’€uro, pour reprendre la main sur notre monnaie et mettre en place une politique monétaire résolument tournée vers les travailleurs et les services publiques ;
- quitter l’OTAN et donc cesser de financer cette organisation impérialiste belliciste ;
- construire de nouveaux traités internationaux basés sur la coopération, la solidarité et l’amitié entre les peuples, à l’image de l’ALBA en Amérique latine ;
- nationaliser sous contrôle des travailleurs toute entreprise en difficulté (et qu’on ne vienne pas nous dire que cela « coûtera », puisque ces entreprises ne vaudront plus grands chose du fait de leur bilan économique!)
- créer un large secteur public de l’industrie (énergie, pharmacologie, métallurgie, textile, armement…) avec des entreprises nationalisées sous contrôle des travailleurs, afin non seulement, de maîtriser notre production (qui produit quoi, quand et où) et de lui donner une dimension écologique, mais en plus de faire entrer de l’argent directement dans les caisses de l’Etat ;
- nationaliser le secteur bancaire ;
- augmenter les salaires (eh oui! Le dernier pic de croissance en France date de 1969 avec 7,1 %! De même en 1968, alors que le pays fut TOTALEMENT à l’arrêt pendant plus d’un mois, la croissance fut de 4,5 %[iii] . La raison? Une augmentation du SMIG de 35 % (!) et une augmentation de tous les salaires de 10 %, qui ont conduit à une augmentation de la consommation et donc à une augmentation de la croissance. CQFD) ;
- rebâtir l’ensemble des services publics détruit (hôpital ; éducation nationale ; recherche ; transport ; poste ; communication…) et les redéployer sur tout le territoire national pour repeupler les zones rurales et semi-rurales, afin de désengorger les métropoles, dont l’existence est, non seulement une hérésie écologique, mais permet en plus une propagation bien plus rapide et dévastatrice des épidémies ;
- renforcer très largement la recherche publique (CNRS), pour avoir demain de larges moyens scientifiques, afin, entre autres, de lutter contre les vagues d’épidémies ;
- …
Voila, nos solutions pour « faire des économies »!
Peut être que certains en lisant ces quelques lignes hausseront les épaules, trouvant ces propositions naïves ; utopiques voire même purement idéologiques et totalement déconnectées de la réalité .
Toutefois, on leur objectera l’Histoire de notre pays, notamment l’après Seconde guerre mondiale, quand dans un pays ruiné par la guerre et l’Occupation, les ministres communistes (Maurice Thorez ; Marcel Paul ; Ambroise Croizat…) créèrent le statut de la fonction publique et la Sécurité sociale ; nationalisèrent les grandes banques, l’énergie et une partie de l’industrie ; etc. Ce qui était possible hier l’est forcément aujourd’hui.
La grande différence entre ce « hier » et notre « aujourd’hui », c’est qu’à l’époque la France était dotée d’un parti communiste marxiste-leniniste de masse et d’une CGT de classe forte de 5 millions membres.
Alors, faisons nôtre la maxime de Che Guevara : « soyons réaliste, exigeons l’impossible » et créons tous ensembles les conditions pour que ce qui nous parait aujourd’hui impossible se réalise demain…
par Thom pour www.initiative-communiste.fr
[i] qui prévoyait notamment 40 milliards d’économies réalisées par l’État, les collectivités locales et la Sécurité sociale!
[ii] C’est-à-dire qu’ils reçoivent plus de l’UE qu’ils n’y contribuent ; à l’inverse, la France est contributeur net, elle donne plus à l’UE qu’elle ne reçoit.
[iii] https://www.insee.fr/fr/statistiques/2830613#graphique-figure1