Quoi qu’il en coute, vous retournerez travailler le 11 mai. C’est ainsi que l’on peut résumer le discours de Macron, le jour de Pâques, ordonnant quoi qu’il en coûte de réouvrir les écoles manu militari. Sans aucune analyse sanitaire, sans qu’aucune autorité médicale ne l’ai recommandé. Sans jamais avoir démontré que l’épidémie serait finie ou du moins contrôlée à cette date.
Mais sur la revendication du MEDEF et du CAC40. Rouvrir les écoles en mode garderie pour renvoyer les parents au turbin.
Nous avons fait les comptes à partir des chiffres publiés par Santé Publique France pour estimer le risque pris sur la vie des français de ce pari du régime Macron UE MEDEF. Afin de compléter cette analyse statistique très simplifiée pour être didactique, nous publions également l’article diffusé par l’institut Pasteur sur la situation épidémiologique et la prévision par modélisation de son évolution.
La situation de l’épidémie dans les hôpitaux en France au 21 avril 2020
On le sait, les données sanitaires du nombre de personne contaminés et des décès en raisons du COVID-19 survenus dans les maisons de retraites et les EPHAD ne sont ni fiables ni exhautives. Elles n’ont d’ailleurs longtemps fait l’objet d’aucune publication d’aucune sorte par le gouvernement.
A défaut de tests de masse dans la population générale, y compris celles présentant des symptômes, et à défaut de la publication actualisée à date des statistiques de la mortalité enregistrée par l’INSEE (elles s’arrêtent au 10 avril), il est également impossible de suivre la situation actuelle de l’épidémie de COVID-19 par ce biais. Santé Publique France ne publie que des indicateurs partiels, à travers notamment les statistiques des consultations SOS médecins.
De fait, les seuls indicateurs existant depuis le début de la crise et dont on peut espérer une certaine continuité sont les chiffres des hôpitaux, publiés par le gouvernement sous couvert de Santé Publique France. En espérant qu’ils ne soient pas trop imprécis en raison des personnels soignants débordés, ou du risque toujours possible au vu de ce qu’est ce régime Macron au abois mentant sur les masques et le reste d’un maquillage des chiffres. Nous sommes pour le moment obligés de nous baser sur ces éléments, en présumant par hypothèse leur sincérité.
La situation dans les hôpitaux est suivi par 4 indicateurs de l’épidémie de COVID-19 publiés quotidiennement : le nombre de personnes actuellement hospitalisées, le nombre de lits de réanimation occupés, le nombre de retours à domicile des malades hospitalisés, et le nombre de décès.
C’est ce que nous avons représenté sur le graphique suivant
Le graphique suivant permet, par déduction en fonction du nombre de sorties, de décès et du nombre d’hospitalisés, d’estimer le nombre de nouvelles admissions chaque jour dans les hôpitaux en France.
On observe qu’au 21 avril, ce nombre reste du même ordre de grandeur que celui observé au tout début du confinement. Si les personnes hospitalisées représentent 20% des cas, ordre de grandeur parfois avancé, cela signifie qu’il y a ces derniers jours 7500 nouveaux cas quotidiennement.
On observe également que le confinement général a permis de casser la vitesse de la courbe épidémique de façon très nette au bout d’une période de 15 jours. Sans toutefois la stopper.
La comparaison entre le nombre de personnes hospitalisées chaque jour et le nombre de décès sur la période allant du 18 mars au 21 avril permet d’estimer la létalité pour les malades du COVID-19 hospitalisés : elle est de 16,2%. Un chiffre élevé, tordant définitivement le cou à tous ces éditorialistes qui durant tout les mois de janvier et février crachaient sur la Chine puis sur l’Italie en traitant le Covid-19 comme une « gripette ». La Chine alertait pourtant l’OMS depuis le 1er janvier…
En évaluant le délais moyen de décalage statistique entre la courbe des hospitalisation et la survenue des décès et en tenant compte de cette létalité, on peut estimer à partir des nouvelles hospitalisations les décès qui surviendront dans les jours à venir.
Sur le graphique suivant les ronds rouges représentent cette modélisation à partir des nouvelles hospitalisations enregistré, les points bleus les décès constatés. On note une assez bonne corrélation, confirmant que l’on peut utiliser cette ordre de grandeur pour une évaluation statistique prospective.
Qu’est ce que le R0 ? A combien l’estimer ?
Tout le monde a entendu parler du fameux R0. Derrière ce terme barbare se cache simplement ce que mathématiquement on appelle la raison d’une suite géométrique.
Schématiquement, cela revient à dire que le nombre d’infectés du jours J+1 peut se déduire en multipliant par RO le nombre d’infectés du jours J.
La proportion de cas grave et de décès dépendant de la maladie, ces indicateurs suivent donc la même évolution.
Il est donc possible simplement en divisant le nombre du jour par celui du jour précédent d’estimer un « RO apparent », qui va varier de façon plus importante chaque jour. Ce qui permet de vérifier l’efficacité ou non des mesures barrières.
le graphique suivant présente les R0 déduits du nombre de décès quotidiens depuis le début du confinement
Ce graphique permet de confirmer un effet de baisse très important généré par le confinement. D’un R0 initialement de l’ordre de 1,3, on atteint désormais un R0 inférieur à 1,1 (estimé à 1.04 sur la dernière semaine). Ce qui permet de ralentir fortement, mais sans la stopper la progression de l’épidémie.
L’estimation du R0 à partir des hospitalisations permet d’évaluer ce R0 à une valeur de 1,37 la première semaine du confinement, reflet des infections subies avant le confinement général. Une telle valeur correspond à un doublement du nombre de malades tout les trois jours.
Sur la semaine s’arrêtant le 21 avril, le R0 a été descendu à 0.99. Soit une valeur correspondant au quasi arrêt de l’épidémie. Il faut bien comprendre que dès lors que le R0 remonterait au dessus de 1, cela signifierait que l’épidémie serait relancée.
Que risque-t’il de se passer d’ici le 11 mai et ensuite ?
A partir de ces données, nous avons essayé d’évaluer par un modèle simple ce qui allait se passer d’ici le 11 mai et ensuite :
- tout d’abord en prolongeant à l’identique la dynamique de l’épidémie sous confinement général jusqu’au 11 mai. En appliquant les R0 de la moyenne de la dernière semaine jusqu’au 21 avril et à partir des chiffres d’hospitalisation, de réanimation et de décès du 21 avril. Cette modélisation est très frustre puisque ce n’est qu’un simple prolongement de courbe. Elle a le mérite de montrer de façon très compréhensible la tendance actuelle, sans préjuger des évolutions à venir, difficiles à estimer.
- puis selon deux hypothèses :
- la première la poursuite du confinement actuel, sans modification de ces R0
- la seconde faisant l’hypothèse que le déconfinement complet, en vertu du principe même cause, même effet nous conduirait à retrouver le R0 observé avant le confinement général. Pour tenir compte du fait que la population est normalement mieux sensibilisés, que les masques sont plus courent nous avons fait l’hypothèse optimiste d’un R0=1.2 pour les nouvelles hospitalisation et par conséquent les réanimations. Le nombre de mort est alors déduit en appliquant la létalité de 16,2% au nombre d’hospitalisé.
C’est ce qui est représenté sur le graphique ci-dessous, le cadre vert représentant la période de confinement général :
Ce graphique permet de tirer plusieurs enseignements :
- au 11 mai dans l’état actuel des choses, et sans évolution nouvelle de l’épidémie, nous ne serons pas sortie de la phase épidémique. Il y aurait toujours près de 25 000 malades hospitalisés et 3000 lits de réanimation occupés. Soit 60% des lits de réanimations existants dans nos hôpitaux.
- selon le rythme actuel, sous confinement général, la catastrophe sanitaire s’annonce d’ampleur. A la mi juin, selon le rythme de la mortalité actuelle, on pourrait déplorer 90 000 morts !
- si le déconfinement le 11 mai provoque une réaugmentation du R0 à un niveau ne serait qu’un tiers moindre à son niveau d’avant le confinement, une énorme catastrophe sanitaire est à redouter. Une seconde vague qui serait format tsunami : dès le 20 mai nous c’est 20 000 malades qui devraient être pris en charge en réanimation. Bien au delà des 6000 lits de réanimation disponibles en France… Et la projection à mi juin fait froid dans le dos.
La conclusion s’impose d’elle même :
- il est inenvisageable de ne pas tout tenter pour maîtriser cette épidémie. Prendre le moindre risque, pour des raisons soit disant de préservation de l’économie, revient à faire un pari aussi fou que criminel sur la santé du pays, au sens sanitaire comme économique. La France risquerait bien d’être mortellement touchée dans ses forces vives par une vague épidémique d’une telle ampleur, et ce avec des conséquences dramatiques pour des décennies. Quoi qu’en pense les exterministes qui sanctifiant au culte du profit capitaliste exhorte à demi mot de sacrifier nos ainés et les personnes fragiles pour ne pas porter préjudices aux profits des milliardaires. De fait, sans le dire, le régime Macron a déjà sacrifié par milliers des personnes agés, enfermées dans les EPHAD, privées de réanimation et d’accès à l’hôpital.
- la décision brutale et irresponsable de rouvrir les écoles apparait à l’aune de cette analyse statistique succincte comme criminelle. Rien ne permet de garantir la sécurité du déconfinement à la date du 11 mai. Ni pour les enfants, ni pour leurs parents, ni pour les enseignants. Les courbes suivantes viennent d’ailleurs montrer que selon les départements le pic épidémique n’est peut être même pas encore passé.
Zoom sur différents départements : l’épidémie n’est pas sous contrôle
les courbes suivantes présentent les décès survenus quotidiennement à l’hôpital du fait du COVID-19 jusqu’au 21 avril 2020 :
Ces différentes courbes permettent de mettre en évidence que :
- si la phase épidémique apparait en décrue dans le Haut Rhin, ce n’est pas le cas d’autres foyers épidémiques :
- l’épidémie est encore très active en région parisienne, en Seine Saint Denis et à Paris et la tendance à la baisse n’est qu’à peine amorcée
- elle est tout juste stabilisée dans le Rhône, autour de Lyon
- dans l’Oise second foyer épidémique principal initial identifié, le pic épidémique débouche sur un plateau. Dans les départements voisins, si le pic semble passé dans la Somme, ce n’est pas encore le cas dans Nord, et encore moins dans le Pas de Calais.
- Plus au sud, dans les Bouches-du-Rhône, l’épidémie pourrait bien encore être en phase ascendante, même si les tests massifs menés à Marseille décrivent plutôt une réduction de la propagation.
On le voit, on se demande bien ce qui a bien pu conduire Macron a crier victoire si vite ! Au contraire, c’est une évidence statistique, la priorité des priorités devraient être d’enrayer et bloquer l’épidémie.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Il ne faut pas oublier amis et camarades que les mathématiques statistiques sont un construction à posteriori mais que ce qui sauve de la maladie ce sont les dispositions d’organisation et politiques et les médicaments pas les mathématiques.