- Rassemblement parisien à 13h30 place de la Sorbonne vendredi – le PRCF appelle à participer aux mobilisations en cours contre la LPPR
Depuis le début de la crise sanitaire, il était clair que la « suspension » des contre-réformes promise par le gouvernement ne concernait pas le funeste projet de Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) ; cette annonce, implicite dans les propos de Macron dès le mois de mars dernier, est devenue officielle, avec une accélération du calendrier. Il est ainsi prévu une présentation en réunion multilatérale le 12 juin, pour un passage en Conseil des ministres le 8 juillet. Dans son cynisme mensonger habituel, le gouvernement présente ce projet comme un « cadeau » pour la recherche, avec de nouveaux moyens financiers, conditionnés à l’acceptation de l’euro-destruction, privatisation et précarisation qu’il contient, comme nous le dénoncions dès le début de cette année 2020. Pour résumer rapidement le programme macronien pour la recherche encore formellement publique, il s’agit de :
- généraliser encore davantage le financement sur projet, qui détruit la liberté de la recherche, impose le diktat du court terme et constitue souvent une privatisation (lorsque les fonds viennent d’entreprises privées) ou une régionalisation (de nombreux fonds viennent des régions) de fait ;
- généraliser la précarité et l’inégalité dans les rémunérations (qui seraient améliorées, mais presque uniquement par des primes) et des carrières ;
- mettre de fait en extinction le statut de la fonction publique et réduire encore plus le rôle structurant des grands organismes publics de recherche (CNRS, INSERM etc.) ;
- renforcer le Crédit Impôt Recherche et la subordination des projets de recherche fondamentale à la recherche industrielle, dont la faiblesse n’est pas attribuée à la désindustrialisation du pays, ni aux stratégies parasitaires du patronat français, mais bien sûr aux coopérations insuffisantes des chercheurs du public avec le privé !
On pourra trouver le projet de loi, fraîchement sorti, et une première analyse, ici.
Marche arrière toute : c’est la direction prise par la macronie, dans la droite ligne des politiques européennes, pour aggraver la situation d’une recherche en perte de vitesse progressive par rapport à celle de la Chine, par exemple, et entraver toute vision de long terme qui aurait pu nous faire gagner un temps précieux dans la crise sanitaire actuelle, et s’avérera encore plus nécessaire pour les crises sanitaires ou environnementales à venir. Pour mener des études cliniques rigoureuses (dont de tristes polémiques récentes ont illustré la rareté, y compris de la part de chercheurs ou de revues scientifiques de renommée internationale), en période d’urgence ou non, des moyens financiers et humains importants sont indispensables, mais aussi l’indépendance vis-à-vis des laboratoires pharmaceutiques que seuls le statut de la fonction publique et des financements publics récurrents suffisants peuvent garantir, et bien sûr une réindustrialisation du pays pour disposer du matériel nécessaire. Le gouvernement et l’U.E. préfèrent hypothéquer l’avenir plutôt que de renoncer, ne fût-ce qu’à la marge, à leur religion (gravée dans le marbre des traités européens) de l’assujettissement complet de toutes les activités à la « concurrence libre et non faussée ». Une seule réponse : la lutte de classes !
Et de fait, depuis décembre dernier, et surtout le début de l’année 2020, les universités et établissements publics de recherche connaissent leur plus importante lutte depuis des années, qui s’est intensifiée au cours de la première moitié du mois de mars. La situation sanitaire en a bien sûr interrompu la poursuite sous les formes traditionnelles, sans que la contestation cesse pour autant. Le déconfinement, chaotique et opaque, méprisant les représentants du personnel (dont l’administration a refusé de fait les prérogatives au sein des comités exceptionnels d’hygiène, sécurité et conditions de travail du CNRS tenus pendant la crise sanitaire), commence à voir la reprise effective des initiatives de toutes sortes. La convergence avec les luttes des hôpitaux et les autres luttes de classes, ainsi que la mise en cause de l’U.E. et du capitalisme (les vrais commanditaires de cette politique de sabotage de la recherche) devront être portées par les militants communistes dans les organisations syndicales de l’enseignement supérieur et de la recherche afin de se donner tous les moyens de gagner et de construire un avenir favorable aux travailleuses et travailleurs, mais aussi à la science, à la raison et à l’humanité dans son ensemble.
Adrien Delaplace et commission luttes du PRCF pour www.initiative-communiste.fr
- A lire : les communiqués syndicaux sur le sujet : de la CGT, de la FSU, de Solidaires
#LPPR fait l’unanimité… contre elle dans l’#ESR
— CGT FERC Sup (@CgtFercSup) June 9, 2020
Nous refusons d’être mis devant le fait accompli pic.twitter.com/GRHf0EcxBq