Récemment j’étais fâché.
J’étais remonté par cette institution qui nous demande d’exercer un métier qu’on ne sait pas faire et qu’on ne peut pas faire.Aujourd’hui, ils demandent aux municipalités et aux collectivités locales d’organiser un retour à l’école des élèves de familles « volontaires ».
Les directeurs/trices contactent les enseignant.e.s, les familles, les équipes municipales, pour commencer à organiser ce retour.
On reçoit des consignes d’effectifs, d’organisations logistiques et des protocoles sanitaires.Du point de vue d’un enseignant en école élémentaire on me demande ceci :
Proposer un enseignement à distance et le dispenser en présentiel.C’est-à-dire, faire la même chose que ces dernières semaines, mais en étant à l’école avec des élèves en responsabilité.
Vous saisissez la douille ? Eh bien elle est minime, elle ne représente qu’une petite part des incohérences inhérentes à ce retour en classe.
Ce souci n’impacte que ma personne et mon organisation. C’est un surplus de travail à produire en dehors du temps de classe qui n’aura d’incidence que sur ma propre production.Par exemple, en télétravail, je mettais entre 2 à 3h pour établir un plan de travail journalier, auxquelles s’ajoutent la différentiation (niveaux, personnalisation), la communication (mails, visios) et la remédiation (résolution individuelle des problèmes).
C’est-à-dire 6h de travail quotidien pour proposer une continuité pédagogique à distance.
Cela représente mon expérience personnelle, mais c’est sans doute très différent pour d’autres enseignants.À partir du 12 mai, nous devrons envoyer ces plans de travail aux élèves restés chez eux, puis aller à l’école.
Pour l’instant, il est prévu qu’en classe nous ayons 15 élèves. Ils devront être éloignés entre eux, mais aussi de l’enseignant. Ils ne pourront utiliser que leur propre matériel et limiter au maximum les déplacements dans la classe si on veut respecter la distanciation.
On sera donc contraint d’enseigner « à l’ancienne » en revoyant entièrement nos principes pédagogiques basés sur la coopération, le travail d’équipe, la manipulation et les interactions.
En gros, on devra se limiter à appliquer le plan de travail envoyé au préalable à tous les l’élèves.
Cela a aussi pour but de limiter les différences entre ceux venus à l’école et ceux à la maison.Je ne parle pas des élèves de maternelle, qui seront eux confrontés à la violence d’un retour à l’école où tout sera interdit, même jouer au « loup » ou au ballon (idem pour les élémentaires).
C’est marqué dans les textes reçus…Je ne parle pas non plus de contraintes sanitaires d’entretien des locaux, de la restauration, qui sont déjà un beau sac de nœud en temps normal.
Je ne parle même pas de la maladie, je ne me renseigne plus, je n’ai pas envie de savoir.
Donc non aujourd’hui je ne suis plus fâché. Ils ont réussi à faire pire.
Et ils nous féliciteront, ils diront qu’on a fait un excellent travail.
Puis ils continueront à essuyer la merde de leurs souliers sur notre dos.
Je suis désabusé.Gardez vos enfants à la maison, merci.
Jean instituteur
Les syndicats enseignants appellent à ne pas mettre en danger les élèves, leurs parents et les personnels en rouvrant les écoles le 11 mai
Si au niveau national, le principal syndicat d’enseignant le SNES-FSU n’a pas pris position clairement contre la réouverture des établissements scolaires le 11 ou le 18 mai, il appelle à la prudence (lire ici) : « Quelle que soit la date aucune réouverture n’est envisageable si les conditions sanitaires garantissant la santé et la sécurité des personnels et des élèves ne sont pas réunies : la santé des uns et des autres passe avant tout ! »
Communiqué de la CGT éducation : Face aux incohérences du gouvernement et aux pressions hiérarchiques, les personnels doivent s’organiser collectivement
Le Président de la République et le Premier ministre ont annoncé leur volonté d’imposer l’ouverture des écoles à partir du 11 mai, allant ainsi à l’encontre des avis de l’INSERM et du Conseil scientifique qui s’est exprimé le 16 avril, soit trois jours après l’annonce présidentielle.
Considérant que le risque de transmission est important dans les lieux de regroupement massif que sont les écoles ou les établissements scolaires et que les mesures barrières chez les plus jeunes seront difficiles à appliquer, les autorités sanitaires préconisent la fermeture de ces établissements jusqu’en septembre.
Si nous entendons que les avis scientifiques ne sont pas la seule base des décisions politiques, la CGT Educ’action considère qu’il est indispensable d’appliquer le principe de précaution afin de limiter les risques sanitaires encourus par les élèves et les personnels afin d’éviter une seconde vague.
Si nous comprenons la nécessité de travailler à un déconfinement, la volonté du pouvoir exécutif d’imposer une reprise rapide est une décision hasardeuse et dangereuse. Si malheureusement cette ouverture prématurée des écoles provoquait une résurgence de l’épidémie de Covid 19 dans notre pays, ce gouvernement porterait une lourde responsabilité politique et morale. De plus, nous dénonçons l’existence et le maintien de l’État d’urgence sanitaire qui permettent notamment de restreindre la liberté de circuler, de tenir réunion et qui s’attaquent au droit du travail. Les libertés ne sont pas négociables et encore moins au nom de l’intérêt économique. La CGT Éduc’action a bien compris que la décision arbitraire de réouverture a pour unique objectif la relance économique et que les questions sociales ou de décrochage ne sont qu’un prétexte ministériel.
Pour parvenir à cette réouverture, le ministère a produit des protocoles sanitaires et une circulaire pédagogique moins d’une semaine avant le 11 mai. La CGT Éduc’action considère que ces consignes s’opposent fortement car comment croire qu’un travail pédagogique puisse se faire correctement dans les conditions sanitaires imposées. C’est leurrer les personnels, les élèves et les familles que de leur faire croire que l’École sera la même que celle d’avant mars. Ce travail dans l’urgence insécurise tout le monde. Il ne permettra ni une réflexion ni un travail de préparation intense ainsi qu’une adaptation des locaux et des modalités d’accueil (restauration, transports, entretien). Notre organisation estime surtout que cette méthode de travail exigée par l’administration isole une nouvelle fois les seul·les acteur·trices de terrain (collectivités, directeur·trices d’école, chef·fes d’établissement) et dédouane les autorités de leurs responsabilités.
La CGT Éduc’action considère que les conditions sanitaires et pédagogiques ne seront pas réunies pour une reprise le 11 mai. Elle estime qu’il est nécessaire de laisser du temps pour que les collègues se réunissent et travaillent à l’élaboration des conditions sanitaires, pédagogiques et matérielles, qu’ils·elles jugeront nécessaires à leur retour au travail. Cette action collective est indispensable afin d’éviter l’isolement des personnels qui pourraient subir des pressions hiérarchiques. La CGT Éduc’action mettra à disposition des collègues tous les outils nécessaires leur permettant de faire valoir collectivement leurs droits (droit d’alerte, droit de retrait, interpellation des CHS et préavis de grève) et elle les accompagnera dans leurs actions et défense.
Au-delà de cette question des conditions de reprise immédiate, la CGT Éduc’action continue de revendiquer des moyens supplémentaires permettant une meilleure rentrée sécurisée 2020 pour les personnels et les élèves. La crise que nous traversons montre combien les Services publics sont indispensables pour l’ensemble de la population et particulièrement les plus précaires. Notre organisation appelle à se mobiliser contre les attaques gouvernementales faites aux droits des salarié·es et qui se concentrent actuellement dans la loi d’Urgence sanitaire. Au-delà de la crise sanitaire, la CGT Éduc’action rappelle que nous avons l’obligation de combattre la crise sociale directement issue de la politique du gouvernement et du patronat. Dès maintenant et en septembre, défendons nos conditions de travail.
Communiqué de l’intersyndicale du TARN :
Communiqué FO-SN FSU-SUD_11 mai – 2
Montreuil, le 07 mai 2020
FCPE : le volontariat des parents, une tartuferie
Pétition : le « volontariat » des parents est une tartufferie |
Tous les parents qui n’étaient ni en télétravail ni au chômage partiel et qui avaient choisi de garder leurs enfants suite à la fermeture des établissements scolaires étaient en arrêt de travail dérogatoire indemnisé par l’Assurance Maladie. Ils percevaient ainsi 90 % de leur salaire brut.Depuis le 1er mai, cette procédure d’arrêt de travail spécial Covid-19 pour garde d’enfant a été stoppée. Désormais, ces parents ont automatiquement été basculés vers le chômage partiel. Ainsi, ils perçoivent désormais 70 % de leur salaire brut, soit environ 84 % de leur salaire net.Comme on le voit, alors même que le confinement n’est pas terminé et que les écoles sont toujours fermées, les parents qui étaient en arrêt de travail dérogatoire voient leurs revenus baisser de 16 % !Aussi, alors même que la reprise est annoncée le 11 mai mais seulement pour une moitié des élèves (seuls 15 élèves maximum par classe pourront retrouver leur établissement), la partie des parents dont les enfants n’auront pas de place, sera bien obligée de les garder et, ce faisant, perdra 16 % de ses revenus, qu’elle veuille ou non reprendre son emploi !En outre, à partir du 1er juin, les parents qui eux choisissent de garder leurs enfants, perdent 16 % de leur salaire (une situation défavorable par rapport à ce qui leur était initialement proposé, à savoir un arrêt de travail dérogatoire), mais en plus, ils vont devoir justifier d’une impossibilité pour l’école d’accueillir leur enfant. En effet, seuls les parents munis d’une attestation délivrée par l’école prouvant qu’ils ne peuvent les y déposer auront le droit de percevoir le chômage partiel. Pour les autres, ce sera une perte totale de leur salaire, ou bien l’obligation de déposer des RTT ou des congés.Quant aux parents vulnérables gardant leurs enfants, ils ne devront pas donner à leur employeur cette attestation d’impossibilité d’accueil, mais une attestation d’un médecin prouvant qu’ils sont bien dans l’impossibilité de prendre le risque de scolariser en collectivité leur enfant.On le voit, la notion même de volontariat énoncée par le gouvernement est soumise à une pression financière que les parents n’ont pas à supporter. Il convient au contraire d’accompagner les familles dans cette période difficile, de ne pas rajouter de la difficulté à des situations déjà complexes, de ne pas précariser encore davantage les parents. Alors même que l’État n’est pas en capacité d’assurer une rentrée dans de bonnes conditions pour tous, nous demandons dans notre pétition qu’une prise en charge financière, sans aucune perte de salaire et sans aucun justificatif à produire, soit rétablie pour tous les parents qui souhaiteront ou devront s’occuper de leurs enfants jusqu’à ce que la situation sanitaire de notre pays permette un retour à l’école serein, humain et sécurisant. Le conseil d’administration national de la FCPE |
Les conseils du SNES FSU d’Aix Marseille
Au comité technique académique : la déclaration préalable de la FSU Aix-Marseille Nouveau
https://aix.snes.edu/declaration-de-la-fsu-au-cta-du.html
Les réponses de l’administration :
https://aix.snes.edu/reponses-de-l-administration.html
Droit d’alerte, droit de retrait : mode d’emploi Nouveau
https://www.snes.edu/IMG/pdf/memo_action_collective_covid19_-_v7.pdf
La check list avant réouverture du parfait élu en CA : Nouveau
https://www.snes.edu/LA-priorite-votre-sante-et-votre-securite.html
Régime des autorisations spéciales d’absence ASA : Nouveau
https://urlz.fr/cAC1
FAQ du SNES-FSU sur nos droits en cette période : Mise à jour
https://www.snes.edu/Reouverture-des-etablissements.htmlLe journal du SNES-FSU Aix-Marseille spécial : Nouveau
https://aix.snes.edu/IMG/pdf/399_web.pdf
L’avis du SNES-FSU Aix-Marseille sur la réouverture :
https://aix.snes.edu/sortie-du-confinement-et-retour-du.html
La santé au travail en période de pandémie du covid 19 :
cliquer ici https://aix.snes.edu/la-sante-au-travail-dans-le-cadre.html
L’analyse du SNES-FSU Aix-Marseille sur le protocole sanitaire national :
cliquer ici https://aix.snes.edu/du-protocole-sanitaire-national.html
La lettre du SNES-FSU Aix-Marseille au Recteur sur le rôle de la CHS et du Conseil d’administration de l’établissement:
Cliquer ici https://aix.snes.edu/IMG/pdf/20200504_Lettre_au_recteur_tenue_des_CA_coronavirus.pdf
La lettre du SNES-FSU Aix-Marseille au Recteur sur l’organisation de la semaine du 11 mai, le cumul présentiel/distanciel, la situation des personnels parents :
Cliquer ici https://aix.snes.edu/IMG/pdf/20200505_Lettre_au_recteur_semaine_du_11_mai.pdf
Sortie du confinement : adresse solennelle du SNES-FSU Aix-Marseille à la profession (28 04 2020) :
Cliquer ici https://aix.snes.edu/sortie-du-confinement-adresse.html
L’édito du SNES-FSU Aix-Marseille du 5 mai 2020 :We shall overcome
Cliquer ici https://aix.snes.edu/nous-esperons-tous-surmonter.html
Le communiqué intersyndical
Déclaration des organisations syndicales au CTM
Après le discours du Premier ministre devant l’Assemblée nationale, nos organisations syndicales ne peuvent que constater, à ce jour, que la date d’ouverture de l’École et l’organisation de la reprise sont précipitées.
La reprise scolaire envisagée par le gouvernement repose sur le volontariat des familles ce qui contrevient aux objectifs du système scolaire. Beaucoup d’entre elles d’ailleurs subiront des pressions économiques qui les contraindront à envoyer leurs enfants à l’École.
Les annonces du Premier ministre d’une reprise avec un cadre insuffisamment préparé mettent les personnels en difficulté et insécurité et font peser sur les acteurs locaux une responsabilité qui n’est pas la leur.
Les réalités matérielles existantes (sanitaires, superficie des salles de classe et des locaux…), le nombre d’adultes effectivement présents (enseignants, AESH et ATSEM) et les équipements de protection réellement disponibles font que les conditions sanitaires d’une réouverture des écoles n’ont pas été apportées par le gouvernement pour une reprise à partir du 11 mai.
Notre priorité est d’abord la santé des élèves et des personnels et l’ouverture des écoles doit être conditionnée à des garanties indispensables.
Nos organisations demandent au président de la République et à son gouvernement de renoncer à l’imposer, elles s’opposeront à toutes tentatives de pression sur les personnels.
Paris, le 05 mai 2020