Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales.
Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites.
Sun Tzu L’art de la guerre
L’UE, c’est la paix, l’euro c’est la prospérité pour tous, l’euro nous protège… Qui n’a pas entendu ces rengaines utilisées dans la propagande pour le oui à Maastricht? milles fois rebattues à nos oreilles des JT de BFN-TV et Cie jusque dans les livres scolaires de nos gamins, dans cette stratégie visant à les faire entrer comme une évidence dans nos cervelles en les répétant sans cesse. A tel point que certains à gauche en sont venus à perdre de vue ce qu’est l’UE, ce qu’est l’euro.
C’est qu’ils n’écoutent pas assez ce que disent les serviteurs de l’oligarchie capitaliste, ceux qui construisent l’UE, ceux qui dirigent d’une main de fer au service de la finance et du patronat les institutions européennes. Sans fards, ils disent pourtant très clairement ce que sont l’UE et l’Euro, ils exposent ce qu’est la politique ultra capitaliste que conduit par nature l’UE.
L’UE et l’euro sont respectivement une prison des peuples et une arme de destruction massive de nos acquis sociaux.
Il faut dire que dans le même temps certains état majors politiques et syndicaux euroformatés – subventionnés par la Commission Européenne au titre du Parti de la Gauche Européenne PGE et de la Confédération Européenne des Syndicats CES à condition qu’ils défendent l’intégration au sein de l’UE, mais cela n’a sens doute rien à voir – continuent de défendre la dangereuse illusion de la « réforme » de l’UE en une Europe sociale. C’est d’ailleurs là un mensonge éculé qui ne peut plus convaincre les travailleurs de ce pays. Pas plus que l’on ne rend un crocodile végétarien on ne peut rendre l’UE sociale et démocratique.
Chacun peut d’ailleurs constater que ce qu’avait prédit le PRCF dès le traité de Maastricht (tel Georges Gastaud dans son livre Mondialisation capitaliste et projet communiste 1997 le temps des cerises) à savoir que l’UE et l’euro allaient conduire à détruire nos acquis sociaux et réaliser le projet du MEDEF exprimé par M Gattaz père de revenir sur 1945 c’est à dire les conquis du Conseil National de la Résistance (CNR) mis en œuvre à la libération par les ministres communistes du PCF.
Rappelons nous les déclarations de M. Perigot président du CNPF, l’ancêtre du Medef : « On va enfin dépoussiérer la société française, nous dit-il, la débarrasser de ses scories ». « Quelle est la finalité de l’Europe, en matière sociale ? », ajoute-t-il, et la réponse est « à mon sens, c’est la flexibilité ». La grande erreur, nous avertit M. Périgot, serait de « rêver de vivre tous comme ceux qui vivent le mieux ». Et sans s’embarrasser de formules, il continue : « Unie, l’Europe devra définir un nouveau type de rapports sociaux fondés sur la flexibilité, le respect des différences, l’épanouissement des aspirations individuelles. Personne ne saurait gagner la bataille de l’Europe en préservant frileusement les acquis d’un monde aujourd’hui révolu. »
Ce n’est pas pour rien que les communistes se sont toujours opposés à la construction européenne. Car ils savaient que c’était une construction de la classe capitaliste contre la classe des travailleurs. C’est Robert Hue, Philippe Herzog et sa clique qui avec la mutation/liquidation des années 1990 ont fait prendre au parti communiste français un virage à 180° euroconstructif engageant le PCF dans la défense du funeste mensonge de » l’Europe sociale « . Ce virage, les communistes – et notamment ceux qui sont rassemblés aujourd’hui au sein du PRCF – l’ont combattu, privilégiant la lutte des classes à la luttes des places : Rappelons que Hue émarge aujourd’hui au coté du PS, et que Herzog est aujourd’hui conseiller spécial auprès du Commissaire Européen Michel Barnier (UMP). C’est sans doute cela « l’europe sociale » et « l’euro qui protège » que nous vantent ensemble les Hue, Herzog et autre Pierre Laurent président du PGE…
Ce n’est pas pour rien que massivement les classes populaires rejettent l’UE et l’euro.
La BCE exige que la France « améliore sa compétitivité » et menace les pays tentés de refuser l’austérité imposée par la Troïka (BCE, Commission européenne, FMI). Décryptage
Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne (BCE) institution en charge de la politique monétaire de la zone euro a donné un entretien au journal Le Monde le 22 avril dernier. Derrière le propos très formaté, les ordres de la BCE sont très clairs et les menaces à peine voilées.
- Sur la dette publique : « Les pays de l’union monétaire ont beaucoup réduit leurs déficits. Maintenant que la croissance revient, prolonger l’effort va permettre de faire baisser les ratios d’endettement public. »
Traduction : cela signifie que la BCE exige de poursuivre l’austérité pour engraisser les spéculateurs sur les marchés financiers. Les États doivent donc payer les sommes faramineuses – les intérêts qui courent dessus – qu’ils ont du engager pour « sauver les banques ». Rappelons que c’est les intérêts de la dette qui conduisent principalement au déficit public et à l’augmentation de la dette ! En 2013 les interets de la dette sont le second poste budgétaire de dépense de l’état avec 56 M€ pour un déficit budgétaire total de 75M€. Non ce n’est pas à nous travailleurs de payer la crise du capitalisme. Mais c’est bien la fonction de l’UE et de l’euro que de nous y contraindre ! - S’agissant des pays du Sud de la zone euro les plus brutalement frappés : Les peuples grecs, italiens, espagnols etc… seront étonnés d’apprendre que les coupes sombres, les privatisations brutales, bref la violente austérité imposée par la force au pays du Sud de la zone euro notamment la Grèce par la Troika sont appelés dans un euphémisme cynique par M Coeuré une « assistance financière« . Et que l’austérité ce n’est pas finie : »la rigueur s’atténue » dit il. Et pour cause, comment la Troïka pourrait elle faire plus les poches aux Grecs, aux Espagnols ou aux Portugais? d’autant qu’elle a maintenant à s’attaquer aux Français.
- S’agissant de la France, la journaliste l’interroge sur l’euro particulièrement fort qui désavantage la France notamment en raison de ses spécialisations économique. Et M Coeuré d’ordonner : « la solution pour Paris est donc d’améliorer sa compétitivité, comme le prévoit d’ailleurs le gouvernement. » Traduction : puisque la France ne peut pas jouer sur les taux de changes (euro oblige) et qu’elle doit affronter la concurrence libre et non faussée des pays de l’UE qui pratique le dumping social (et notamment l’Allemagne qui n’a pas de smic et qui a taillé dans la protection des travailleurs avec les lois Hartz conduisant à un nombre record de travailleurs pauvres) la BCE et l’UE contraignent donc à baisser les salaires. Car améliorer la compétitivité cela veut dire baisser les salaires. C’est ce que fait consciencieusement Hollande. Il n’a pas le choix, sauf à sortir de l’UE et de l’euro. D’où le CICE, d’où le pacte de compétitivité, d’où l’ANI tous ses cadeaux fait au patronat, ces baisses de salaires qui ne disent pas leur nom. (Voir à ce sujet le pacte de compétitivité un marché de dupe). M Coeuré ne fait d’ailleurs que rappeler la règle inscrite dans les traités : la BCE n’a pas pour but d’aider à financer les politiques sociales des états, mais à garantir la stabilité des prix. C’est à dire garantir la stabilité des capitaux ou pour parler clair protéger la rente des capitalistes. Cet objectif était d’ailleurs déjà affiché par le traité de Rome en 1957. Petite précision, ce point n’est pas négociable. Si on veut le changer, il faut l’unanimité des états membres. Y compris l’Allemagne…
- Et que se passerait il si la France refuse de couper dans nos salaires, refuse l’austérité exigé par la BCE :
« La France vient d’annoncer 50 milliards d’euros d’économies. Tarde-t-elle à se réformer ? questionne la journaliste Elle n’a pas été soumise aux mêmes pressions ni au même stress financier que les pays périphériques de la zone euro. Bénéficiant de la bienveillance des investisseurs, elle a pu décider elle-même du rythme de ses réformes. Mais cela ne signifie pas que celles-ci soient moins nécessaires. » C’est là une menace à peine voilée. Si le gouvernement n’applique pas les « réformes structurelles » exigées par ailleurs par le MEDEF et le commissaire Oli Rehn et bien la France sera attaquée sur les marchés financiers. Sans possibilité de se défendre puisqu’elle ne dispose plus de la souveraineté monétaire qui est entièrement dans les mains de la BCE. Mais M Coeuré est poli, contrairement à la Grèce, il laisse le choix à François Hollande d’appliquer les mesures décidées à Bruxelles dans l’ordre qu’il veut du moment qu’il les appliques toutes et maintenant ! - Vous doutez encore du sérieux de la menace? alors lisez cette réponse. Elle fait froid dans le dos :« Les taux souverains espagnols, grecs, italiens et portugais ont fortement baissé. Les marchés ne sont-ils pas trop optimistes ? demande la journaliste du Monde (rappelons que les taux exigés de la Grèce sont énormes le 28 février dernier il était seulement de 6,9%…)Non, à condition que les réformes se poursuivent. Les investisseurs ont confiance dans la dynamique de réforme des Etats de la zone euro, y compris la Grèce. Le niveau des taux n’est justifié que si les réformes sont mises en œuvre comme prévu. C’est vrai dans les petits pays comme dans les grands. » Si jamais un pays refusait l’austérité et bien la BCE veille au grain et laisserait donc les spéculateurs attaquer les récalcitrant… Pour arrêter l’offensive austéritaire contre les travailleurs, il faut sortir de l’UE et de l’euro…
- Toujours sur le niveau de l’euro, le financement des états et le rôle de la BCE. La journaliste fait remarquer que la zone euro est de fait en panne et pose la question des solutions pour relancer l’activité économique. M Coeuré évoque la possibilité de recourir à « l’assouplissement quantitatif« . De façon caricaturale, il s’agit tout simplement de créer de grande quantité d’euro. La question est de savoir à qui les donner. Et là M Coeuré est très clair, le mandat de la BCE interdit d’utiliser cet création monétaire pour financer les États. Pourtant ce serait un moyen pour la France de créer un grand pôle public industriel pour réindustrialiser le pays et réduire rapidement le chômage… Citons M Coeuré « les achats d’actifs devraient se faire dans le respect du mandat qui interdit à la BCE de financer directement les Etats« . Oui la BCE est prête à créer massivement des euros. Mais c’est pour les donner aux capitalistes qui en feront bien ce qu’ils veulent, c’est à dire se remplir les poches et poursuivre leur spéculations contre les états. Pourquoi les placerait ils dans une entreprise comme Alstom qui ne rapporte que 4% quand l’austérité en Grèce garantie 7% ?
- La BCE et la démocratie : »La BCE sera chargée bientôt de la supervision des banques. Cela ne fait-il pas trop de pouvoirs pour une seule institution ? Il est vrai que la BCE aura des pouvoirs accrus. Mais comme dans tout système démocratique, ces pouvoirs auront de fortes contreparties. En matière de contrôle bancaire comme de politique monétaire, l’institution sera redevable de ses décisions, selon des modalités qui ont fait l’objet d’un accord avec le Parlement européen. » Effectivement la BCE a des pouvoirs énormes. M Coeuré parle de contreparties… Soyons clairs, la BCE fait ce qu’elle veut. Le parlement n’a aucun contrôle. Non? et bien si !
La Fondation Schuman l’explique très bien : le parlement ne fait que donner son aval aux nominations des membres du directoire de la BCE, nommés pour 5 ans. Ni censure, ni choix, il fait office de chambre d’enregistrement. La BCE n’admet aucun contrôle par les peuples souverains. Jugez plutot :« La BCE est un organe indépendant des autres institutions européennes et des États membres14. Dans l’exercice des missions relatives à l’Eurosystème, ni la BCE, ni une BCN, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter d’instructions d’un organe extérieur. Pour garantir cette indépendance et une certaine stabilité, les statuts du Système européen de banques centrales (SEBC) prévoient :
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un mandat renouvelable d’une durée au moins égale à cinq ans pour les gouverneurs des BCN ;
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un mandat non renouvelable d’une durée de huit ans pour les membres du directoire (il convient de noter que les mandats ont été échelonnés pour les membres du premier directoire autres que le président afin d’assurer la continuité de cet organe) ;
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qu’un gouverneur ne peut être révoqué qu’en cas d’incapacité ou de faute grave (la Cour de justice de l’Union européenne est compétente pour connaître des litiges dans ce domaine). »
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Soit dit en passant vous pouvez constatez que quoi que vous voteriez aux européennes, cela ne nous fera pas sortir de l’austérité. Pour sortir de l’austérité, il faut sortir de l’UE et sortir de l’euro. Exactement ce que propose le PRCF.
La zone euro va mieux, la rigueur a permis de réduire les déficits, mais la monnaie unique contribue au tassement des prix. Voilà le tableau que dresse Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) et ancien du Trésor français, alors qu’Eurostat devait publier, mardi 23 avril, les chiffres 2013 de la dette publique dans l’Union européenne. Il appelle les Etats à poursuivre leurs efforts.
Les dettes publiques de la zone euro sont-elles soutenables ?
Les pays de l’union monétaire ont beaucoup réduit leurs déficits. Maintenant que la croissance revient, prolonger l’effort va permettre de faire baisser les ratios d’endettement public.
L’austérité demandée aux pays sous assistance de la « troïka » a eu un impact récessif plus fort qu’anticipé. Est-on allé trop loin dans la rigueur ?
L’assistance financière de l’Europe et du Fonds monétaire international (FMI) a donné du temps à ces pays pour infléchir des tendances économiques et financières qui n’étaient plus soutenables. N’oublions pas que, sans elle, l’ajustement aurait été plus brutal.
La rigueur s’atténue maintenant en zone euro, mais ce n’est pas parce que la dette revient à la mode. C’est parce que la plupart des pays ont fait le plus dur et commencent à en voir les fruits.
L’euro est-il trop élevé ?
La fascination pour le taux de change est une passion française, unique en zone euro. Le fait que la France est un des seuls pays de la zone dont les comptes extérieurs sont dans le rouge n’y est sans doute pas étranger. Or l’union monétaire prise dans son ensemble dégage un excédent courant : la solution pour Paris est donc d’améliorer sa compétitivité, comme le prévoit d’ailleurs le gouvernement.
Cela ne signifie pas que la BCE est indifférente au taux de change. Certes, nous n’avons pas d’objectif de taux, mais c’est l’un des facteurs que nous prenons en compte pour décider de la politique monétaire. La question est pour nous de savoir si le niveau et les perspectives d’évolution de l’euro risquent de freiner le retour de l’inflation à un niveau proche et inférieur à 2 %, qui est notre définition de la stabilité des prix et le coeur de notre mandat.
Il est certain que l’appréciation de l’euro depuis l’été 2012 a contribué au faible niveau actuel de l’inflation. Toutes choses égales par ailleurs, plus l’euro est fort, plus une politique monétaire accommodante est justifiée.
L’inflation basse observée dans la zone euro affecte également l’ensemble des économies avancées. Comment l’expliquer ?
Il n’y a pas de réponse simple à cette question. Plusieurs facteurs entrent en jeu. A commencer par la situation difficile observée sur le marché du travail de la plupart des pays industrialisés. Le taux de chômage reste très élevé dans la zone euro. S’il est plus bas aux Etats-Unis, de nombreux Américains se sont retirés du marché du travail.
A cela s’ajoute le désendettement des ménages et des entreprises, qui pèse sur leur consommation et leur investissement, et d’autres facteurs comme le ralentissement de l’économie chinoise, qui pèse sur le prix des matières premières énergétiques et alimentaires, ainsi que le tassement des prix de l’énergie, en partie lié au développement du gaz de schiste aux Etats-Unis. La question est de savoir si ces évolutions sont durables. C’est une question qui se pose à toutes les grandes banques centrales et pas seulement à la BCE
Comment la BCE pourrait-elle agir sur le niveau de l’euro ?
Nous disposons de plusieurs instruments dans l’éventualité où il serait nécessaire d’assouplir notre politique monétaire. Nous avons encore de la marge pour réduire le principal taux directeur .
Nous pouvons aussi faire passer en territoire négatif le taux de la facilité de dépôt – il rémunère les dépôts au jour le jour des banques auprès de la BCE. Enfin, lors de sa dernière réunion, le conseil des gouverneurs s’est déclaré unanimement prêt à étudier des solutions non conventionnelles, ce qui inclut potentiellement l’assouplissement quantitatif, si les circonstances l’exigeaient.
Cet assouplissement quantitatif concernerait-il des achats de dettes publiques ou privées ?
Dans l’éventualité où il serait envisagé, cet outil devrait intervenir sur une gamme d’actifs assez large pour injecter assez de liquidités dans l’économie. Le choix des actifs publics ou privés que devrait alors racheter la BCE dépendrait de trois considérations.
Une considération d’efficacité, d’abord, pour s’assurer que les mesures prises se transmettent bien à l’économie réelle, notamment au crédit aux entreprises. Une considération de faisabilité, ensuite. Les marchés financiers européens sont différents des marchés américains : un assouplissement quantitatif pour la zone euro serait donc différent du « quantitative easing » américain. Enfin, les achats d’actifs devraient se faire dans le respect du mandat qui interdit à la BCE de financer directement les Etats. La réflexion est en cours sur tous ces aspects.
J’ajoute qu’une initiative monétaire, quelle qu’elle soit, ne sera efficace que si les banques de la zone euro sont aptes à recommencer à prêter aux entreprises. La revue des bilans bancaires que la BCE mène cette année est cruciale. Si elle est perçue comme assez stricte et objective, elle permettra de rétablir la confiance dans le secteur.
La zone euro a-t-elle intérêt à développer le financement de l’économie par les marchés, comme aux Etats-Unis ?
Oui, même si l’idée n’est pas de copier les Etats-Unis. La croissance européenne repose presque exclusivement sur le financement des ménages et des entreprises par les banques. Cela a bien fonctionné pendant longtemps, les banques européennes ont fait leur travail. Mais la crise mondiale de 2007, puis la crise de la zone euro ont révélé que dépendre de façon aussi exclusive d’un seul mode de financement est un facteur de fragilité.
Développer le financement par les marchés, via les ABS (créances d’entreprises titrisées) ou par exemple, les émissions obligataires pour les entreprises de taille moyenne, rendrait le système financier plus équilibré et plus robuste aux chocs. C’est indispensable car par définition, on ne sait pas où la prochaine crise frappera.
Dans cette optique, la BCE et la Banque d’Angleterre suggèrent de revoir la réglementation européenne des ABS. Comment ?
Les régulateurs européens discutent en effet du sujet car la zone euro a besoin de ces instruments. C’est un chantier de moyen terme, dont l’objectif ne doit être en aucun cas de recréer le marché de la titrisation tel qu’il existait avant la crise.
Les « nouveaux ABS » doivent être différents des anciens. S’ils sont plus transparents et plus simples, alors ils seront moins risqués et la réglementation pourra prendre en compte ce moindre risque, notamment pour les exigences en fonds propres des banques et des assurances. Il ne s’agit pas de revenir sur la moralisation de la finance menée depuis 2008, mais d’encourager des instruments qui financent l’économie.
Les taux souverains espagnols, grecs, italiens et portugais ont fortement baissé. Les marchés ne sont-ils pas trop optimistes ?
Non, à condition que les réformes se poursuivent. Les investisseurs ont confiance dans la dynamique de réforme des Etats de la zone euro, y compris la Grèce. Le niveau des taux n’est justifié que si les réformes sont mises en oeuvre comme prévu. C’est vrai dans les petits pays comme dans les grands.
La France vient d’annoncer 50 milliards d’euros d’économies. Tarde-t-elle à se réformer ?
Elle n’a pas été soumise aux mêmes pressions ni au même stress financier que les pays périphériques de la zone euro. Bénéficiant de la bienveillance des investisseurs, elle a pu décider elle-même du rythme de ses réformes. Mais cela ne signifie pas que celles-ci soient moins nécessaires.
La BCE sera chargée bientôt de la supervision des banques. Cela ne fait-il pas trop de pouvoirs pour une seule institution ?
Il est vrai que la BCE aura des pouvoirs accrus. Mais comme dans tout système démocratique, ces pouvoirs auront de fortes contreparties. En matière de contrôle bancaire comme de politique monétaire, l’institution sera redevable de ses décisions, selon des modalités qui ont fait l’objet d’un accord avec le Parlement européen.
Marie Charrel
Journaliste au Monde
A lire :
- Mondialisation capitaliste et Projet communiste – Georges Gastaud 1997
- Lettre ouverte aux bons français qui assassinent la France – Georges Gastaud 20045
- Patriotisme et internationalisme – Georges Gastaud 2010
- Aux origines du carcan européen 1900 1960 Annie Lacroix Riz – 04/2014