D’après les chiffres de l’INSEE publiés en décembre dernier, la production industrielle a continué de se réduire cette automne, perdant 0,2 % après une baisse de 1,4% en septembre.
De son coté, la production manufacturière, a continuée elle aussi de reculer en octobre 2016 (lire ici les chiffres) : sur un an la production manufacturière a reculé de 0,8% loin de la reprise annoncée par le gouvernement et les médias du système capitaliste
Dans le détail l’institut de statistique nationale indique que sur un an, » la production recule nettement dans les industries extractives, énergie, eau (−2,5 %), dans les industries agroalimentaires (−1,7 %) et dans les biens d’équipement (−1,5 %). Elle diminue légèrement dans les « autres industries » (−0,2 %). En revanche, elle croît dans les matériels de transport (+0,9 %) et, plus modérément, dans la cokéfaction et raffinage (+0,3 %) »
Ces chiffres démontrent la poursuite du mouvement de désindustrialisation de la France, résultat de la crise du système capitaliste et des effets de la construction européenne dont le but est d’assurer le durcissement de l’exploitation capitaliste, notamment en favorisant les délocalisations des systèmes de productions industrielles. A l’image par exemple du secteur stratégique de l’automobile, qui est l’un des cœurs du système de production industrielle en France (lire ici)
La récente annonce de la probable prise de contrôle des chantiers naval de l’atlantique de Saint Nazaire, bradé par le groupe coréen STX qui les avaient récupérés lors du démantèlement d’Alstom provoqué par la Commission Européenne, est un nouvel exemple des coups portés à l’appareil productif en France. Avec des conséquences dramatiques terriblement probables pour l’emploi déjà annoncées par les syndicats à Saint Nazaires.
A lire :« Reprise économique » et réalités de classes… #chômage #désindustrialisation #baisse des salaires
Les propositions du PRCF pour la réindustrialisation
Parmi les propositions du PRCF, deux des dix entrées fixées par le résumé du programme du PRCF intéresse directement la réindustrialisation :
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Nationalisation démocratique – sans indemnités pour les gros actionnaires – des banques et des secteurs-clés de l’économie, notamment du CAC-40, mais aussi de l’énergie, des autoroutes, des aéroports et de la grande distribution ; contrôle strict des flux de capitaux aux frontières. Les travailleurs et les usagers seront largement associés à la gestion par l’Etat démocratique.
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Reconstruction du « produire en France » industriel, agricole et halieutique avec l’objectif de rééquilibrer le commerce extérieur, de satisfaire les besoins avec des productions nationales s’articulant aux coopérations internationales. A partir du nouveau secteur public industriel, une planification démocratique adossée à l’intervention des travailleurs déploiera l’innovation et mettra la grande distribution nationalisée au service de l’agriculture paysanne ; les banques aideront les PME, l’artisanat, le commerce de proximité, l’installation des jeunes ménages ; la taxation du fret autoroutier européen transitant par la France servira à la ré-industrialisation du pays.
Dans le détail, le titre IV du programme 2017 du PRCF prévoit de nombreuses dispositions pour favoriser le produire en France, afin de supprimer le chômage et d’assurer une production respectueuse de l’environnement :
1) Viser la disparition du chômage
a) Relance de la production en France
Redémarrage des productions sabotées par le capital et ses intérêts financiers, dans l’industrie et dans l’agriculture. Relance géographiquement équilibrée, notamment de l’industrie lourde (chimie, métallurgie), de l’industrie textile par la participation de l’Etat. Arrêt des aides financières publiques à des entreprises privées sans droit de regard et d’intervention de l’Etat dans leur gestion. Versement des allocations chômage tant que le travailleur privé d’emploi n’aura pas retrouvé une embauche équivalente à son précédent travail.
Dénonciation des concessions d’exploitation accordées à des sociétés étrangères, et création d’entreprises sous propriété nationale, démocratiquement constituées et contrôlées par leur propriétaire, la Nation, pour exploiter toutes les ressources de notre sous-sol qui nous sont nécessaires (cela éviterait par exemple que se renouvellent des vols comme celui du minerai de fer lorrain commis à grande échelle par les capitalistes franco-allemands, au moyen de galeries forées à partir de puits sarrois, alors même que des voleurs obtenaient, du reste très facilement, du gouvernement à leur service la fermeture des mines de Lorraine).Levée du secret bancaire pour les entreprises .
b) Développement des entreprises et services publics
Limitation des droits des propriétaires privés et création d’un mode nouveau de propriété, la propriété nationale, en procédant par les voies légale et constitutionnelle. Afin de limiter les droits des propriétaires privés, il faut leur imposer la règle suivante :
➔Les propriétaires de tout bien privé soumettront la gestion de leurs biens aux conditions suivantes :
- ne pas faire obstacle, ne pas agir contrairement à l’utilité sociale,
- ne pas agir de manière à porter préjudice à la sûreté, à la liberté, à l’existence ou à la propriété d’autrui.
Quant à la propriété nationale, elle devra obéir aux règles suivantes :
➔La Nation gère les objets de sa propriété dans le but d’assurer à chaque membre du peuple, à son conjoint, à ses enfants et à ses vieux parents, de vivre dans la dignité ; la Nation est obligée d’atteindre ce but : cela restreint et circonscrit ses droits de propriétaire ; en particulier,
- la nation ne peut en aucun cas aliéner les objets de sa propriété ;
- la nation doit contrôler strictement les biens qui représentent par leur nature un danger pour la population ; elle doit établir ce contrôle de telle manière que l’existence de ces biens, lorsqu’elle se justifie, ne soit plus dangereuse; les centrales nucléaires de production électrique sont dans ce cas, comme de nombreuses autres installations;
➔La Nation gère ses propriétés directement, sans déléguer ses pouvoir à l’Etat : à tous les niveaux auxquels doit s’exercer l’autorité nationale, le peuple assemblé élit directement un conseil populaire, et le mandate pour gérer les biens nationaux, ou pour participer à leur gestion ; les pouvoirs de ce conseil étant ceux d’un magistrat, ce conseil pourra être appelé conseil magistral et populaire ;
➔propriétaire de capitaux investis dans l’économie et des entreprises que ces capitaux contrôlent, la Nation conduit tout aussi directement les processus du travail de ces entreprises : parce que les travailleuses et travailleurs, ouvriers, techniciens et ingénieurs de toutes qualifications sont des citoyens de plein droit, ils participeront en tant que propriétaires et en tant que travailleurs à la conduite du travail, et nous savons, pour les connaître, qu’ils sauront y engager leur responsabilité, comme ils savent l’engager dans le travail lui-même.
Deux remarques s’imposent ici :
- en France, notre expérience sociale nous présente des cas d’entreprises dans lesquelles les travailleurs participent de droit à toutes les décisions, y compris à celles qui déterminent la politique d’entreprise : ce sont les coopératives ouvrières de production ou de consommation ; l’expérience de ces entreprises est contradictoire, mais très riche, surtout en ce qui concerne les rapports du travail et de la connaissance ; il est de notre devoir de mettre cette expérience en valeur, afin de l’investir dans les transformations futures de notre société.
- le fait que l’entreprise soit devenue propriété nationale stérilise, heureusement pour les travailleurs, son immersion dans le marché : c’est cela qui rend indispensable la planification de l’économie de toutes les entreprises nationales ; l’objectif que visera cette planification sera l’intérêt de la nation, c’est à dire du peuple travailleur tout entier ; par conséquent, les salariés des entreprises nationalisées auront qualité pour participer à l’élaboration des plans et pour surveiller leur exécution : dès lors, tous les aspects de la planification participent de l’exercice des droits de la nation propriétaire, et tous les conseils magistraux et populaires, définis ci-avant, exerçant les droits de la propriété nationale participeront eux aussi de droit à tous les niveaux des processus de planification concernant les entreprises dont ils gèrent la propriété : il n’y a pas de propriété nationale sans planification pleinement démocratique, et par conséquent, la planification nationale ne peut en aucun cas être confiée à une administration technocratique : c’est un service public, lui-même soumis à la propriété nationale, qui sera chargé de cette tâche ; toutes proportions gardées, il y a une analogie entre le futur service public de planification nationale et la Sécurité sociale telle qu’elle était constituée et gérée avant la cinquième République.
Sur ces bases :
Renationalisations sur la base des nationalisations de 1945. 100% du capital des services publics à l’Etat, y compris pour les ex-sous-traitants privés. Nationalisation de tout le système bancaire et de crédit, des compagnies d’assurance, du réseau de distribution de l’eau, des firmes d’armement, de tous les monopoles et secteurs-clés de l’économie sans indemnités pour les gros actionnaires, des grandes surfaces commerciales et de leurs filiales associant dans la gestion démocratique les producteurs et les consommateurs. Indemnisation des petits et moyens actionnaires conditionnée à la coopération à la transition de la propriété capitaliste à la propriété socialisée qui les exclut de toute prérogative sur les entreprises. Création de tous les emplois statutaires nécessaires au bon fonctionnement de services publics. Obligation de fonctionnement de tout le secteur nationalisé selon des critères de service public, de qualité et bon marché, et non de rentabilité financière pour éviter les nationalisations en trompe-l’œil des années 80. Gestion démocratique des entreprises publiques associant à tous les niveaux, de manière tripartite, les représentants de l’Etat, des usagers et des salariés. Gratuité totale des soins. Développement des transports en commun. Aide aux départements sous-développés.
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