Quel est donc ce régime politique qui en France réserve à sa jeunesse, chômage, précarité et misère? Après trois ans d’études, plus d’un jeune sur cinq est au chômage, ce qui représente 22% des moins de 25 ans. En général, ce sont 22,7% des jeunes de France qui sont sans emploi. On ne compte même pas ceux qui ne sont pas inscrits à Pôle Emploi… Et les jeunes qui après des études brillantes et acharnées acquièrent le plus haut grade de l’Université, le doctorat, sont, pour la plupart, également frappés par la même précarité.
Dans une tribune, un collectif de jeunes chercheurs dénonce ce tragique état de fait. Un cri de colère déjà relayé sur le terrain par les jeunes communistes des JRCF et bien volontiers relayé par www.initiative-communiste.fr.
Cette situation comme la destruction programmée de l’Université comme service public trouve son origine dans l’Union Européenne et le « processus de Bologne »où furent jetées les bases d’une université privatisée et espace compétitif à l’échelle de la mondialisation capitaliste. Application de l’idéologie ultra-libérale où les universités sont mises en concurrence: la loi du marché remplace les Lumières.
Rappelons également que la précarité, c’est bien ce que veut imposer pour l’ensemble du monde du travail Macron sous les ordres de l’UE et du MEDEF. Par exemple, les ordres donnés à la France par l’Union Européenne imposent de :
réformer le droit du travail afin d’inciter davantage les employeurs à embaucher en contrats à durée indéterminée; à faciliter, au niveau des entreprises et des branches, les dérogations aux dispositions juridiques générales, notamment en ce qui concerne l’organisation du temps de travail; à réformer la loi portant création des accords de maintien de l’emploi d’ici à la fin de 2015 en vue d’accroître leur utilisation par les entreprises; » mai 2015, courrier de la Commission Européenne à Michel Sapin (lire ici)
Avec la « libéralisation » du « marché » du travail pour accroître la « compétitivité ». En clair, supprimer les droits protégeant les travailleurs et permettant que l’emploi stable (CDI) soit la norme (aujourd’hui ce sont 75% des emplois) et non l’exception en faisant voler en éclat le code du travail. Mardi 23 mai 2017, le président Macron a confirmé devant les représentants des syndicats qu’il compte bien aggraver les dangereuses et scandaleuses loi Macron et Loi Travail, et cela d’une façon encore plus antidémocratique qu’à coup de 49.3, en procédant par ordonnances. Tel un dictateur. Et pour ceux qui n’auraient pas bien compris, son premier ministre a indiqué qu’il refuserait toute contestation sociale. D’ores et déjà l’ex-ministre de Hollande qui n’a mobilisé que moins de 18% des électeurs au premier tour, le président le plus mal élu de la Ve République, entend poursuivre la politique antisociale et d’exploitation des travailleurs commanditée par le MEDEF et dictée par l’Union Européenne.
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« Aujourd’hui, en France, même le diplôme universitaire le plus élevé est un passeport vers la précarité »
Dans une tribune au « Monde », un collectif regroupant deux cents titulaires du plus haut diplôme français dénonce la précarité à laquelle ils sont voués, faute de postes dans le secteur public, mais aussi dans le privé.
« Si vous vouliez trouver du travail, c’est un BTS qu’il fallait faire, pas une thèse. » Cette phrase a été adressée à l’un d’entre nous par sa conseillère Pôle emploi : elle figure parmi les témoignages collectés sur le site Doc en stock, destiné à rendre visible la précarité subie par des milliers de titulaires d’un doctorat privés d’emploi stable.Selon le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq), le taux de chômage des docteur.e.s avoisine aujourd’hui 10 %. C’est trois fois plus qu’en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, qui forment pourtant davantage de docteur.e.s que la France. Nous souffrons surtout de l’incertitude liée à notre situation : une récente note d’information ministérielle souligne que moins d’un.e docteur.e sur deux dispose d’un poste fixe dans les cinq ans suivant sa soutenance de thèse.
Si l’enseignement supérieur et la recherche demeurent la « voie royale » aux yeux de beaucoup de docteur.e.s, elle ressemble à un parcours du combattant. Malgré des besoins en hausse dans les universités en raison de l’augmentation du nombre d’étudiant.e.s, les recrutements de titulaires ont baissé de près d’un quart en dix ans.
Manque de transparenceAlors qu’on dénombre dans chaque discipline des dizaines de candidats légitimes pour chaque poste, le manque de transparence des processus de recrutement suscite l’amertume de nombreux postulants : critères de sélection informels, faible durée des auditions, absence d’information ou d’explication des décisions, etc.
Pour consolider notre expérience tout en subvenant à nos besoins, nous assumons malgré tout une grande partie des activités académiques. Les mieux lotis décrochent des contrats de recherche (post-doc), dont la durée (d’un mois à trois ans) et les conditions d’emploi sont très variables, et les modalités d’attribution souvent discrétionnaires.
Côté enseignement, c’est pire : il faut avoir un travail pour travailler à l’université ! Une fois docteur.e.s, nous devons justifier d’un autre employeur pour espérer faire des « vacations » : des cours payés à la tâche avec plusieurs mois de décalage et qui n’ouvrent pas droit à des allocations-chômage. Les universités se délestent ainsi des cotisations sociales, tandis que ces revenus sont imposables.Pour avoir le droit d’exercer notre métier, nous sommes nombreux à occuper en parallèle un emploi « alimentaire » sans rapport avec nos qualifications, ou à créer une microentreprise, paravent gestionnaire qui fait reposer sur nous le poids des charges administratives et fiscales. L’ubérisation de l’université est déjà bien avancée !
Atomisation. Ces situations peuvent durer des années. L’âge moyen du recrutement s’élève à 34 ans, environ cinq ans après la soutenance de thèse (laquelle a souvent déjà pris autant de temps). Durant cette période, nous écrivons gratuitement des articles et participons à des colloques – souvent à nos frais – pour espérer accéder à un poste de titulaire. Ce système ne peut se perpétuer que par la mise en concurrence et l’atomisation des conditions de travail, qui créent de la précarité à tous les niveaux, sous couvert « d’autonomie des universités ». Quant à celles et ceux d’entre nous qui s’orientent vers d’autres secteurs, ils se heurtent à un cruel manque de reconnaissance.
Dans la fonction publique, il n’existe pratiquement pas de voies d’accès réservées aux titulaires d’un doctorat. Ce type de recrutement, pourtant encouragé par la loi, se heurte à la frilosité des administrations et des grands corps de l’Etat. A quoi bon disposer d’un diplôme de niveau bac +8 s’il faut encore prendre une année supplémentaire, sans revenu, pour passer des concours auxquels d’autres se préparent en master ?
Forts de leur goût pour l’enseignement, de nombreux docteur.e.s passent néanmoins le capes ou l’agrégation, mais ce choix suppose de renoncer à la recherche.Le doctorat n’est malheureusement pas mieux reconnu dans le secteur privé. D’après le rapport 2014 sur « l’état de l’emploi scientifique en France » [du ministère de l’enseignement supérieur], les nombreux postes consacrés à la recherche au sein des entreprises sont majoritairement occupés par des diplômé.e.s d’écoles d’ingénieurs (55 %) ou des titulaires d’un master universitaire (16 %) plutôt que par des docteur.e.s (12 %).
Argent et compétence gâchésPendant que les entreprises nous négligent, le montant du crédit d’impôt recherche dont elles bénéficient a quintuplé en dix ans, pour atteindre près de 6 milliards. Deux fois le budget total du CNRS. Sans parler du détournement massif par certaines grandes entreprises de cette niche fiscale, censée encourager leurs dépenses de recherche & développement. Autant d’argent et de compétences gâchés. En France, seul un.e docteur.e sur quatre est employé.e dans le secteur privé, contre un.e sur trois aux Etats-Unis. Confrontés à l’absence de débouchés professionnels, nous sommes de plus en plus nombreux à être contraints de nous expatrier.
Ce tableau noir, c’est la vie quotidienne de toute une génération de docteur.e.s à l’avenir en suspens, avec tout ce que l’absence de contrat stable implique comme difficultés pour se loger ou pour fonder une famille, à souvent plus de 30 ans.Ces situations ont des causes structurelles, dont nous ne sommes pas les seules victimes : baisse des moyens consacrés aux services publics, dérégulation du marché de l’emploi, multiplication des contrats temporaires sans couverture sociale…
L’université subit elle aussi les conséquences des réformes néolibérales qui produisent de la misère et détruisent le lien social. Aujourd’hui, en France, même le diplôme universitaire le plus élevé est un passeport vers la précarité.
Collectif des docteur.e.s sans poste