« L’ancien communicant de François Hollande et candidat à la mairie de Paris, Gaspard Gantzer, va rejoindre à la rentrée « Balance ton post », l’émission de débats de Cyril Hanouna sur C8. » Ainsi titre Sud-Ouest le 17 juillet 2020, symbolisant les relations incestueuses entre les « politiques » et les « journalistes » – ou plus précisément, les carriéristes s’appuyant sur la politique et les éditocrates, animateurs et autres chroniqueurs commentant « l’actualité ». Gaspard Gantzer, arriviste hollandiste ayant rejoint la liste d’Agnès Buzyn pour les municipales à Paris, n’aura pas mis trop de temps à trouver une porte de sortie au pitoyable score de l’ancienne ministre de la Santé. Il complète ainsi une liste déjà bien fournie de « politiques » reconvertis en commentateurs télévisés, convaincus de disposer de « l’expertise » et de « l’objectivité analytique » pour décrypter « l’actualité » (ou plutôt, la course effrénée à l’audimat pour accroître les profits capitalistes) : que l’on songe à Roselyne Bachelot, qui s’est « illustrée » dans l’émission « Touche pas à mon poste » animée par… Cyril Hanouna, avant de devenir chroniqueuse sur LCI… où sévissait un temps l’ancien ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry ; que l’on songe à Jean-Pierre Raffarin, qui céda aux sirènes de Laurent Delahousse – expert en révérence asservissante envers le pouvoir – sur France 2 ; que l’on songe à Aurélie Filippetti et Axelle Lemaire, respectivement parachutées sur RTL et France Culture en 2017 ; et même Raquel Garrido, la compagne d’Alexis Corbière, également présente dans « Balance ton post » – au même titre que la « Républicaine » Laurence Sailliet.
Recruter des « politiques » et des « militants » sur les grandes chaînes médiatiques privées ou « publiques » : telle est la nouvelle mode à laquelle succombent de plus en plus de ces personnalités publiques trop heureuses de se donner en spectacle et de participer à des « débats » constituant de véritables foires d’empoigne servant toujours les « analyses » les plus caricaturales et sensationnalistes. De ce point de vue, le recrutement par Cyril Hanouna, outre Gaspard Gantzer, de Rokhaya Diallo, la militante « antiraciste » et indigéniste – qui estimait que le port du masque pour prévenir le coronavirus posait de nouveau la question du port de la burqa par les femmes musulmanes… –, et de Geoffroy Lejeune, rédacteur de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, promet de mettre en scène des confrontations qui ne manqueront certainement pas de « nuance » …
Parallèlement, éditocrates et pseudo-« journalistes », constatant le vide politique sidéral croissant dont ils sont au demeurant largement responsables par la propagation continue des projets macronistes – européisme béat, « régulation de la mondialisation », nécessité de « réformer » … – et lepéniste (avec le fameux triptyque « islam-insécurité-immigration ») sur les ondes, décident de se lancer activement en politique ou d’envisager de le faire. Ayant déjà franchi le Rubicon depuis des années, Bernard Guetta, chroniqueur traquant les opposant à l’UE en les taxant de « nationalistes », « xénophobes » voire « fascistes », est désormais eurodéputé au sein du groupe Renew Europe… dans lequel se trouve LREM ; quant à Laurent Joffrin, le voici qu’il se prend à envisager de créer un parti à « gauche » pour éculer une énième fois la litanie « socialiste » d’un Parti aux abois ; enfin, Eric Zemmour réfléchit à une éventuelle candidature pour 2022. Signalons que ce phénomène touche tout autant les « intellectuels » médiatisés, à l’image d’un Raphaël Glucksmann désormais eurodéputé « socialiste » ou d’un Michel Onfray croyant ressusciter le Front populaire en appelant à une « union des souverainistes » … soit l’antithèse totale de ce que fut réellement le Front populaire patriotique ET internationaliste, anticapitaliste ET antifasciste.
On aurait toutefois tort de croire que toutes les tendances politiques se retrouvent à parts égales dans cette fusion-acquisition entre politiques et éditocrates car deux tendances dominent nettement. D’une part, évidemment les chiens de garde de l’ordre établi, un ordre capitaliste euro-atlantique, défendant corps et âme les politiques d’euro-dissolution de la France et de la République, d’euro-démantèlement des services publics – il suffit de voir comment sont qualifiés tous les grévistes se battant pour sauver les services publics, à l’image des cheminots « preneurs d’otages » –, d’euro-destruction des conquêtes sociales et démocratiques, et d’euro-arasement des libertés publiques, que ce soient des macronistes patentés ou des Macron-compatibles comme Filippetti. ; autant d’éléments nourrissant la fascisation galopante qui touche également les grands médias, spécifiquement les chaînes d’« information » en continu. Car en effet, l’autre tendance gagnante est incontestablement la ligne nationaliste réactionnaire voire fascisante crachant son venin sur tous les boucs-émissaires – étrangers, musulmans, communistes, syndicalistes, etc. – et ne jurant que par la « France éternelle ». L’ironie du sort veut que plus cette tendance faussement « populaire » et « patriotique » hurle à la censure, plus elle colonise le temps d’antenne : outre le susnommé Zemmour, citons Charlotte d’Ornellas, qui travaille à Valeurs actuelles et intervient régulièrement à Radio Courtoisie ; William-Gilles Goldnadel, sioniste et anticommuniste qui sévit notamment sur C-News et RMC ; et peut-être bientôt… Marion Maréchal-Le Pen, sollicitée par C-News pour devenir chroniqueuse ; au passage, notons que les présentateurs eux-mêmes comme Pascal Praud versent dans cette dérive dangereuse. Saupoudrons le tout d’un zeste de faux « impertinents » permanents (parmi lesquels Rokhaya Diallo), et vous obtenez la télévision, la radio et la presse écrite dominante.Dans Les nouveaux chiens de garde, le regretté Michel Naudy, ancien journaliste de France 3, déclara : « Qu’on me cite, qu’on me cite un exemple d’un journaliste qui a commencé une carrière dans ce que vous appelez l’impertinence, la contradiction, le non-consensus, et qui n’ait pas été soit passé aux oubliettes, soit récupéré. Il n’y a pas d’alternative : le système jette, rejette tout ce qu’il ne peut pas récupérer ; si vous restez, vous ne restez jamais impunément à l’antenne, jamais. » On aura bien compris que les médias dominants, dont la nationalisation sèche constitue une urgence absolue conforme au programme du CNR qui prévoyait de séparer les médias des puissances d’argent, déploient toute leur propagande pour qu’advienne une confrontation structurelle entre le macronisme-le lepénisme, les deux faces d’une même pièce atlantiste, européiste et capitaliste, mais aussi antirépublicaine, antisociale et antipopulaire. Plus que jamais, il est urgent de combattre les médias dominants que dénonçait déjà Lénine : « dans notre société, ce qui se cache en fait derrière cet écran libéral [la liberté de la presse], c’est la liberté pour les classes possédantes, qui se sont accaparé la part du lion dans la presse, d’empoisonner impunément les esprits et d’introduire la confusion dans la conscience des masses » ; et pour cela, ne pas soutenir les faux « impertinents » de l’extrême-droite ou des euro-gauches, complices et alliés objectifs de Macron, mais rejoindre la seule alternative ouvrant une perspective pour le monde du travail, la République et la France : la sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme exterministe. Frexit progressiste, et vite !
FK pour www.initiative-communiste.fr
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